[Ambre] Utopia, un monde idéal...

[Voyageuse]

Eleina se contentait d'observer en silence, décidée à ne pas se faire remarquer. Fidèle au rôle qu'elle s'était fixée, elle ignorait Musin et fixait Schmid, qui semblait commander l'opération, observant toutefois à la dérobée le comportement du collègue de son père. Le petit sourire qu'il affichait le lui rendait encore plus antipathique. Réussirait-elle à le convaincre qu'elle n'était pas Chloé ? Elle se demandait si les nouveaux arrivants avaient eu le temps d'identifier celle qui les avait attaqués à l'arme blanche... et si son père avait malencontreusement parlé de ses talents en ce domaine.
Au pire, elle se rabattrait sur l'autre rôle qu'elle avait prévu de longue date dans ce genre de circonstances, avec une histoire suffisamment proche de la vérité pour être inattaquable. Tout ce qui importait était d'éviter des ennuis à son père et de se sortir de là... et, accessoirement, de ne pas nuire à ses compagnons d'arme. Voire à les aider à filer, mais ça... c'était compromis, pour l'heure.

[Vel Cheran]

Alors que le dénommé Caillot regagnait les rangs avec un regard noir, Schmid activa l'oreillette-casque accrochée au côté droit de son visage.

"Ici Schmid, amenez les bétaillères."

Il avisa alors qu'Eleina le fixait et lui fit un geste du menton.

"Qu'est-ce que tu regardes ? Baisse les yeux !"

Musin se racla la gorge.

"Lieutenant, je me permets de vous rappeler notre discussion de ce matin."

Les "bétaillères", en l'occurrence des fourgons pénitentiaires, entraient dans le parking.

"Quelle discussion ?" aboya Schmid.

"À propos de certains terroristes que le Ministère souhaite interroger."

"Vous les interrogerez après qu'on les aura embarqués."

"Vous savez bien que non. Pas après les camps."

[Voyageuse]

Eleina ne baissa pas les yeux quand l'officier de police le lui ordonna. Elle se contenta de cesser de le fixer et de détourner le regard pour observer calmement ce qui se passait autour d'elle, sans insolence ni provocation, mais sans soumission. C'était un simple petit geste de rébellion, anodin et à peine visible... mais non, elle ne se soumettrait pas et ne ramperait pas terrorisée devant eux. Elle n'avait pas peur et n'avait pas envie de leur faire croire le contraire. Elle était certaine de se tirer de ce mauvais pas, d'une façon ou d'une autre. Ils ne faisaient pas le poids contre elle. Ils l'ignoraient ce dont elle était capable.
Elle écouta avec intérêt l'intervention -presque polie- de Joachim Musin. Évidemment, elle ferait partie de ces terroristes que le ministère allait interroger, puisqu'il l'avait repérée. Ce qui signifiait qu'elle ne pourrait pas grand-chose pour aider ses compagnons emmenés dans les camps, malheureusement... Enfin, sauf si elle cherchait activement à retrouver ces camps, organisait une évasion, puis leur procurait une fausse identité. Tout un programme qu'elle n'était pas certaine de mener à bien.
Mais l'essentiel était qu'elle s'en sorte, elle. Elle avait tissé peu de liens avec les résistants, pour la plupart d'entre eux. Bien sûr, il y avait Katharina, et deux jeunes gens sympathiques de l'équipe... Elle les aiderait dans les limites de ce qui serait possible sans prendre trop de risques pour elle.
Ce n'est qu'après quelques secondes qu'elle se demanda en quoi consistait cet interrogatoire. Qu'ils s'avisent de tenter de lui faire du mal... et ils le regretteraient amèrement.

[Vel Cheran]

L'interruption de Musin avait détourné l'attention du lieutenant, et il ne remarqua pas le manque d'obéissance d'Eleina.

"C'est mon opération. Cessez d'interférer ou je vous embarque aussi."

Joachim Musin arrêta soudainement de sourire. Il fixa Schmid droit dans les yeux, sans ciller.

"Vous n'en ferez rien, si vous voulez garder votre poste. Je vous rappelle que je suis mandaté par le Ministère de la Paix Intérieure, et qu'à ce titre, je suis supérieur à n'importe quel flic. Touchez à un seul de mes cheveux et vous finirez vos jours au fond d'un lac avec un parpaing attaché aux chevilles."

Eleina avait évidemment entendu parler du Ministère de la Paix Intérieure, et elle vit toutes les personnes présentes frissonner à ces mots : il s'agissait des services secrets d'Utopia, dont l'opacité était encore pire que les camps de rééducation. Il était connu, dans les milieux autorisés, qu'aucun suspect ne sortait jamais du MPI.

Les yeux de Schmid s'étrécirent en encaissant cette humiliation devant ses propres hommes.

"Très bien, monsieur l'agent. Choisissez vos victimes, et que nos routes ne se recroisent plus jamais."

"Ne vous inquiétez pas trop à ce sujet", lui répondit Musin en retrouvant son sourire.

Il s'avança vers les prisonniers et promena son regard sur eux.

"Il me faut celui-ci et celle-là" dit-il en désignant deux résistants qu'Eleina ne connaissait pas.

Trois policiers, à l'uniforme différent des autres, s'avancèrent pour menotter et emmener les deux personnes désignées. Le regard de Musin se déplaça négligemment et s'arrêta sur Eleina.

"Oh, embarquez elle aussi."

[Voyageuse]

Le Ministère de la Paix Intérieure... Bien sûr. Il n'y avait rien d'étonnant à ça. C'était donc de là que venaient les "nouvelles méthodes" apportées au ministère du Vivre-Ensemble par ce Joachim. Ils avaient apparemment décidé de durcir la répression, de faire parler quelques résistants, de démanteler tout le réseau et de les "rééduquer"... ou les faire disparaître, à défaut. Elle était quasiment sûre que son père ignorait l'allégeance réelle de son collègue... Enfin, elle l'espérait.
Elle évita de regarder les deux jeunes résistants qui avaient été désignés par Joachim, et qui devaient être encore plus terrifiés que ceux qu'on emmenait dans les camps. S'ils restaient ensemble, elle pourrait les faire évader en même temps qu'elle, mais dans le cas contraire, elle ne donnait pas cher de leur peau.

Elle ne marqua aucune réaction lorsqu'on la désigna à son tour, ayant compris depuis le début qu'elle ferait partie des "victimes", comme l'avait dit le flic. Elle leva simplement les yeux vers Musin, brièvement, froidement, sans laisser paraître le moindre éclat de connaissance dans son regard. Être interrogé au MPI était évidemment très différent de l'être par les bureaucrates du ministère de son père. Ils devaient maîtriser tous les arts de la torture.... Et elle sentit un léger nœud se former dans son estomac à cette idée. Mais non, elle ne devait pas laisser le moindre sentiment de peur l'envahir. Elle était plus résistante qu'un humain ordinaire, et elle imaginait déjà une bonne demi-douzaine de moyens de s'enfuir. Le seul véritable souci était de parvenir à protéger la réputation de son père.
Elle attendit calmement qu'on la menotte et qu'on l'emmène à son tour.

[Vel Cheran]

Eleina fut menottée et emmenée avec les deux autres résistants, pendant que le reste du groupe était entassé dans les fourgons. Musin les guida vers un véhicule banalisé de type utilitaire, dont le grand coffre contenait deux rangées de trois sièges, placées face-à-face perpendiculairement au conducteur. Un grillage et une vitre percée de quelques trous les séparaient des deux sièges avant.

Le policier qui emmenait Eleina monta en premier avec sa prisonnière et, après l'avoir attachée, s'assit en face d'elle, de sorte qu'Eleina se retrouva à côté de la grille de séparation, avec les deux autres prisonniers à sa gauche.

"Tout le monde est là ? Alors on y va !" lança Musin d'un ton débonnaire après que le policier gérant Eleina lui ait adressé un signe de tête.

[Voyageuse]

Eleina observait la configuration des lieux, songeant que le trajet était probablement le meilleur moment pour s'évader. Une fois dans les sous-sol du ministère -car elle l'imaginait volontiers caché dans un sous-sol-, et entourés d'agents spéciaux armés, la chose serait plus difficile. Alors qu'ici... il lui suffisait de conjurer une clé ou un passe-partout pour ouvrir ses menottes, puis une arme à feu si elle en avait le temps. Les trois policiers face à eux seraient vite abattus -ou tenus en respect s'ils avaient rangé leur arme. Ce serait plus compliqué si elle devait utiliser son sabre... d'autant qu'elle ne pourrait pas l'utiliser à travers la vitre pour menacer le conducteur et l'obliger à s'arrêter.
" Et où va où ?" questionna-t-elle d'un ton badin tout en observant attentivement la vitre de séparation afin d'estimer sa solidité.
La question n'avait rien d'anodin : si par miracle on lui répondait, elle saurait estimer le temps de trajet.

Elle se demandait pourquoi Musin n'avait pas encore dévoilé son identité, mais il pouvait y avoir tout un tas de raison à cela : qu'il souhaite préserver la réputation de son père trop haut placé dans un ministère -pourquoi pas, après tout?-, ou faire pression sur lui pour une raison quelconque, ou qu'il souhaite au contraire l'aider à fuir -mais ça, elle en doutait fortement.

[Vel Cheran]

Le véhicule décolla et sinua entre les piliers du parking obscur. Après plusieurs tours et détours - Musin semblait parfaitement savoir où il allait -, ils atteignirent une ouverture, qui à en juger par son aspect avait été fraîchement creusée dans la paroi. De l'extérieur, on pouvait constater que la police avait fait un trou dans un massif panneau publicitaire pour accéder à cet endroit.

"On n'est pas dans une visite guidée alors on se tait", répondit Musin d'un ton sans réplique.

Ils s'insérèrent dans la circulation et prirent la direction du centre de la cité. Les trois policiers du Ministère semblaient détendus, mais ils ne quittaient pas des yeux leurs prisonniers - tout du moins était-ce l'impression qu'ils donnaient, puisque leurs visages étaient masqués derrière la visière sombre de leurs casques blindés. Les rebelles étaient simplement entravés par leurs menottes et leur ceinture de sécurité - manifestement, on avait jugé que c'était suffisant pour les maîtriser. Il faut dire que la vue d'une arme à feu dissuade souvent toute envie d'évasion.

[Voyageuse]

Eleina se tut, comme on le lui demandait, et se concentra aussitôt sur l'objet qu'elle voulait faire apparaître. Elle positionna ses mains de façon à ce que sa main droite recouvre négligemment le trou de la serrure de sa menotte gauche, pour la dissimuler, et s'efforça de conjurer une clé adaptée à la forme de la serrure, l'une de ces clés passe-partout qu'utilisent les cambrioleurs pour ouvrir toutes les serrures similaires. Elle espérait réussir à la créer directement dans le trou de la serrure, et, par tâtonnement, à l'adapter à la forme voulue. Il lui suffirait de la saisir discrètement entre ses doigts et de la faire tourner... sans aller jusqu'au déclic, qui attendrait le moment où elle serait à nouveau attentive à ce qui l'entourait et prête à agir -et peut-être armée si elle en avait le temps.

C'était une conjuration précise, plus complexe que ce qu'elle avait pu tenter par le passé, mais elle était confiante. Il n'était pas nécessaire que la forme soit parfaite : elle avait suffisamment de force pour forcer la serrure si la concordance n'était qu'approximative. Il lui fallait simplement du temps... et elle n'était pas certaine qu'il lui en reste suffisamment pour conjurer une arme ensuite. Elle aviserait en fonction de la circulation. Jamais elle n'avait autant souhaité être coincée dans des bouchons.

Le regard dans le vague, apparemment dans les nuages, en réalité totalement concentrée, elle s'efforçait toutefois de ne pas perdre complètement le contact avec la réalité. Juste au cas où ils semblent arriver à destination avant la fin de sa conjuration.

[Vel Cheran]

Ils prirent plusieurs détours, ce qui eut pour effet de faire perdre rapidement tout sens de l'orientation aux passagers. Dans le même temps, Musin avait fait descendre leur véhicule proche du sol, tout en évitant soigneusement les zones les plus encombrées - autant pour les souhaits secrets d'Eleina. Néanmoins, l'agent du MPI ne semblait pas pressé d'arriver, ce qui laissa à sa prisonnière le temps d'entamer sa conjuration. Le policier lui faisant face lui jeta un coup d’œil, avant de détourner le regard vers les autres passagers.

La serrure des menottes ne semblait pas très complexe. Au bout d'un temps qui parut excessivement long à Eleina, mais qui en réalité ne dépassa pas le quart d'heure, elle sentit sous sa main droite une petite clef se matérialiser dans la serrure de sa menotte gauche.

[Voyageuse]

Eleina effleura la petite clé avec un soulagement certain, puis prit quelques instants pour observer ce qui l'entourait et réfléchir à la suite des événements.
Le plan idéal idéal aurait été de conjurer une arme à feu, et de s'en servir pour menacer les trois policiers face à elle. Si l'un d'eux faisait mine de réagir, une balle dans le poignet aurait tôt fait de le désarmer, sans qu'il soit nécessaire de le tuer. Avec l'effet de surprise, ils n'auraient pas le temps de tirer sur elle.
Mais elle ne reconnaissait pas les rues, et elle n'avait pas la moindre idée du temps qu'il lui restait. Et du temps, il en fallait un minimum pour conjurer une arme. Elle décida donc qu'il était plus prudent d'agir sans attendre.
Elle se concentra, répétant mentalement ses gestes : tourner la clé discrètement, ôter sa menotte aussitôt puis décrocher sa ceinture et bondir sur le policier qui lui faisait face pour lui arracher son arme. Puis reprendre sa place et s'en servir aussitôt pour désarmer ses deux comparses : un tir sur le poignet tenant l'arme serait probablement suffisant. Ensuite, si tout allait bien, il suffirait de menacer de les tuer pour convaincre le chauffeur de s'arrêter...
Elle inspira lentement, expira calmement... et tourna la clé, prête à se détacher et à bondir sur son vis-à-vis.

HRP : je suppose que ce sont des ceintures de sécurité ordinaires qu'elle peut dé-clipser facilement... Sinon, tu me dis.

[Vel Cheran]

HRP : oui, ce sont des ceintures de sécurité tout à fait classiques, ouvrables facilement.



La clef tourna doucement dans la serrure, avant de libérer la menotte gauche d'un "clac" sonore. Aussitôt, Eleina se détacha et bondit sur le policier qui lui faisait face pour lui prendre son arme. Néanmoins, celui-ci ne réagit pas comme prévu : au lieu de tenter de se défendre, il se tourna vers ses deux collègues. Au moment même où Eleina tirait dans la main du deuxième policier pour le désarmer, son vis-à-vis traça un symbole dans les airs : le policier blessé à la main s'effondra. Mais le troisième était encore armé et, par pur réflexe, leva son arme vers Eleina et tira. Simultanément, le véhicule fit une violente embardée, déviant le tir au dernier moment pour loger la balle dans le plafond.

Avant qu'il n'ait le temps de tirer une deuxième fois, le premier flic dessina un nouveau symbole dans les airs dans sa direction, et son collègue armé se figea, comme pétrifié.

L'action n'avait duré que quelques secondes, et les deux autres prisonniers étaient restés figés sur la banquette.

[Voyageuse]

Eleina en resta quelques instants bouche bée, fixant son vis-à-vis sans comprendre.
" Vous êtes..."
Son ton était mi stupéfait, mi interrogatif : "vous êtes qui?" s'apprêtait-elle à demander. Mais elle n'acheva pas sa phrase. L'inconnu venait d'utiliser un sortilège devant elle, ce n'était pas un humain ordinaire. Qui était-il et que faisait-il là ? Elle savait -ou croyait savoir- qu'aucun ambrien ne pouvait venir ici sans être guidé par son père biologique... Mais ces questions pouvaient attendre.
Pour l'heure, l'essentiel était qu'ils étaient dans le même camp. Enfin, a priori. Et ils devaient filer. Ce qu'elle verbalisa aussitôt.
" Faut sortir d'ici."
Musin, devant, avait forcément entendu les coups de feu. La vitre qui les séparait était probablement à l'épreuve des balles... mais il y avait des trous.
" Arrêtez le véhicule, lui ordonna-t-elle d'un ton sans réplique. Si vous tenez à votre vie et à celle de vos hommes..."

[Vel Cheran]

Le policier qui avait usé de sorcellerie détacha ses deux collègues avant de frapper deux coups contre la vitre de séparation. Du coin de l’œil, Eleina vit Musin se pencher pour appuyer sur un bouton du tableau de bord - il n'avait manifestement pas été bouleversé le moins du monde de la scène qui venait de se produire - et la porte arrière du véhicule s'ouvrit. Le policier jeta alors ses deux collègues par-dessus bord avant de refermer la porte et de relever sa visière.

"Accroche ta ceinture", dit Fiona à sa nièce, "nous avons un long voyage à faire."

[Voyageuse]

Eleina haussa un sourcil en voyant la réaction de Musin. Ainsi, lui aussi en était ? Qui était-il donc ? La présence de Fiona, en revanche, ne la surprenait pas vraiment, puisqu'elle faisait partie des rares ambriens capables d'arriver jusqu'à cette ombre. Les questions pourquoi, comment, où, qui, se bousculaient dans sa tête... mais il y avait plus urgent. Elle ne pouvait tout simplement pas partir comme ça.
" Il faut d'abord que je prévienne ma famille d'adoption", fit-elle, catégorique, avant de désigner du menton les deux autres "résistants". " Et eux, c'est qui ?"
L'ampleur de la supercherie lui donnait le tournis : un ambrien s'était fait passer pour un agent des services spéciaux pendant une certaine durée, et il avait apparemment des complices mêlés aux résistants... C'était juste incroyable.

[Vel Cheran]

"Aucune idée", répondit Fiona en haussant les épaules.

"Je les ai choisis au hasard pour ne pas éveiller les soupçons", expliqua Musin."Puisque tu ne les connais pas, je préfère qu'on se débarrasse d'eux avant de passer chez tes parents, histoire qu'ils n'en sachent pas plus sur toi."

Fiona hocha la tête et, pendant que la porte arrière se rouvrait, elle se leva et se dirigea vers les résistants.

"Eh, déconnez pas, on est avec elle, hein !" s'exclama l'un des deux, effrayé, en essayant de s'éloigner de Fiona - tentative vaine puisque sa ceinture était toujours bouclée.

[Voyageuse]

Ouah, 3 posts ? C'est Byzance !
(edit : bonnes vacances !)

Fiona n'allait tout de même pas ?... Eleina réalisa qu'elle connaissait très peu sa tante, en réalité, et que celle-ci était très probablement capable d'éliminer deux innocents s'ils s'avéraient être des témoins gênants. Ils n'étaient après tout que des humains. Mais en l'occurrence, ce n'était pas nécessaire, et elle intervint aussitôt.
" Si c'est pas trop demander, on pourrait peut-être s'arrêter pour qu'ils puissent descendre en un seul morceau ?" suggéra-t-elle d'un ton neutre.
Elle veillait à ne donner aucune information qui puisse permettre de l'identifier, et ni Musin ni Fiona n'avaient dit quoi que ce soit de compromettant. Certes, les deux jeunes gens avaient assisté à une scène étrange et incompréhensible, mais ils n'iraient certainement pas s'en vanter.

[Vel Cheran]

HRP : t'as de la chance, j'étais sur ma lancée


Fiona soupira, visiblement peu concernée par le sorts des deux prisonniers. Son regard croisa celui d'Eleina, et elle hocha la tête.

"Ok, ça ne nous coûtera pas trop de temps.

Tu as entendu ?" ajouta-t-elle à l'adresse de Musin.

"J'ai compris, j'ai compris, on va faire notre bonne action du jour", répondit Musin d'un ton blasé.

Le véhicule piqua rapidement vers le sol, avant de se redresser subitement pour s'arrêter d'un coup à hauteur du bitume, secouant violemment ses passagers.

"Je ne m'habituerai jamais à tes gamineries" fit Fiona en levant les yeux au ciel. "Allez, tout le monde descend ! Et tâchez de ne pas vous faire prendre la prochaine fois !"

Elle ouvrit la porte, enleva les menottes des deux rebelles et leur fit signe de sortir. L'un des deux jeta un regard interrogateur à Eleina, avant de partir avec son camarade sans demander son reste. Fiona referma la porte et donna deux coups secs sur la cloison de séparation.

"Allez, on passe chercher Hélène et Matthieu et on s'en va !"

[Voyageuse]

" On emmène mes parents... les Danvers avec nous ? s'étonna Eleina comme ils prenaient de l'altitude. On va où, d'ailleurs ? Et... c'est qui, lui ?" ajouta-t-elle avec un geste du menton en direction de leur chauffeur.
Leur destination ne pouvait être qu'Ambre, elle en était quasiment certaine -ou peut-être l'espérait-elle si fort qu'elle s'en faisait une certitude. Elle voulait juste obtenir confirmation.
Quand à Musin, elle avait du mal à émettre la moindre hypothèse... ou plutôt, elle n'en avait qu'une, qui était davantage un voeu pieu qu'une possibilité réaliste : elle avait si souvent imaginé, rêvé, espéré, que son père biologique viendrait la chercher pour lui faire découvrir cet autre monde... Musin pouvait-il être Bleys déguisé ? Elle n'osait pas l'espérer.

[Vel Cheran]

HRP : pfff, Galathée avait raison, tu hackes tous les scénarios...



"Lui ? Un gamin qui a oublié de grandir..." soupira Fiona à destination de Musin, qui se contenta d'éclater d'un rire sonore. "On va mettre les Danvers à l'abri, ça sera plus prudent. Il se passe des choses bizarres dans les Ombres, en ce moment, et Utopia n'est plus très sûre... depuis un peu trop longtemps, d'ailleurs."

Pendant qu'elle parlait, Eleina avait commencé à retrouver ses repères, et elle était désormais certaine qu'ils se dirigeaient vers la périphérie de la ville, dans la direction du manoir familial. Musin leur tournait toujours le dos, mais il semblait avoir légèrement changé : est-ce qu'il ne venait pas de gagner quelques centimètres ? Ses épaules n'étaient-elles pas moins larges quelques minutes plus tôt ? Et est-ce que ses cheveux n'étaient pas en train de s'éclaircir ?

Fiona suivit le regard d'Eleina et acquiesça à sa question silencieuse.

"Depuis qu'il a appris à faire ça, il ne s'en lasse plus."

Le véhicule banalisé se posa en douceur devant l'entrée du manoir, et le chauffeur en descendit. Il n'avait plus rien du Joachim Musin qu'Eleina avait rencontré la veille au soir : plus grand, plus musculeux, il avait une barbe et des cheveux rouge feu, et un regard bleu pétillant - ou inquiétant ? Eleina avait vu juste, car l'homme qui allait maintenant sonner à la porte du manoir n'était autre que Bleys, prince d'Ambre, frère de Fiona, mais surtout son propre père biologique.

[Voyageuse]

Eleina en resta bouche bée. Il y avait des années qu'elle espérait que ce jour viendrait, que son père l'emmènerait là-bas... et maintenant que ce souhait secret semblait sur le point de se réaliser, elle était incapable de dire quoi que ce soit. Et puis, cet homme aux cheveux roux avait beau être son père biologique, il restait un quasi-inconnu qui l'intimidait. Elle aurait sans doute dû prononcer quelques paroles aimables et polies, ou au moins le saluer, mais elle se trouva incapable de trouver quoi dire et se contenta de le fixer, d'un air ahuri. Peut-être, aussi, que la description de Fiona -"un gamin qui a oublié de grandir"- n'aidait guère Eleina à lui attribuer la moindre once de paternité.

Puis elle réalisa subitement qu'ils étaient arrivés, et que dans quelques secondes ils seraient face à ses parents adoptifs -si toutefois ceux-ci étaient là. Et qu'il ne fallait surtout pas qu'ils sachent...
" Heu... si vous pouviez éviter de leur détailler les circonstances... je veux dire, les flics, tout ça... ils ne sont plus très jeunes... faut leur épargner les émotions."
Elle fronça subitement les sourcils.
"D'ailleurs, qu'est-ce que vous faisiez là-bas, vous deux ?"
La coïncidence lui semblait trop incroyable pour être un hasard... mais pourtant, aucun des deux ambriens ne pouvait savoir qu'elle se trouverait parmi les résistants ce matin-là.



HRP : c'est pas du hacking, c'est juste qu'elle ne connaît que 2 ambriens pouvant se rendre en Utopia ; puisqu'elle a Fiona en face d'elle, elle songe forcément à Blyes pour le second, d'autant plus qu'elle l'espère depuis des années.
Et puis, son score en combat couvre la stratégie, donc je me dis qu'elle doit être capable de raisonnement logique, et avoir tendance à anticiper sur l'action, à émettre des hypothèses...

(Là où c'est du hacking c'est quand, à ta première description de Musin, j'ai aussitôt pensé "tiens, ça pourrait être un ambrien... peut-être..."... hypothèse écartée ensuite... puis laissée en suspens... ou quand je me suis dit que Fiona ou Blyes viendraient la tirer d'affaire...)
Et ne t'en fais pas, c'est juste que mon imagination vagabonde toujours et imagine des suites immédiates, qui parfois se vérifient et parfois pas, mais ça ne change rien au plaisir de l'histoire (et rassure-toi -ou inquiète-toi-, je ne laisse paraître dans le post que les idées qui peuvent traverser l'esprit du PJ, je garde les dizaines d'autres pour moi).

(mais ne dis pas à Gal que j'ai quelques idées sur ce qu'elle me prépare, elle déteste que je devine... alors que moi, ça me donne juste hâte d'y être)

[Vel Cheran]

"Ne t'inquiète pas trop pour eux, ils en savent plus qu'ils n'en ont l'air", lui lança Bleys par-dessus son épaule avant d'appuyer sur la sonnette.

Fiona était restée en retrait avec Eleina, contemplant le jardin - ou plutôt surveillant les alentours l'air de rien.

"On a fait notre possible pour te tirer de là", répondit-elle sans interrompre sa surveillance. "L'intervention de police était déjà lancée quand Bleys en a eu vent ce matin. On a réussi à obtenir l'autorisation d'en faire partie, à la dernière minute."

Derrière eux, un conciliabule eut lieu, et Bleys revint avec Hélène Danvers, un peu secouée - mais peut-être moins que craint par Eleina.

"Matthieu est au ministère, évidemment", soupira Bleys en arrivant. "On passe le chercher et on va vous mettre tous les deux à l'abri."

"Non", trancha Fiona d'un ton sans réplique. "Cette Ombre devient trop dangereuse pour y traîner tous les trois. Je m'occupe des Danvers, tu t'occupes de ta fille. On se retrouve en Ambre."




HRP : peu importe, je t'en veux terriblement Et c'est Bleys, pas Blyes, voyons !

[Voyageuse]

Eleina croisa les bras et répliqua d'un ton presque aussi intransigeant.
" Si cette ombre est si dangereuse, on ferait mieux d'aller ensemble chercher mon père adoptif, non ? Je ne suis plus une gamine... et d'ailleurs je me serais très bien sortie d'affaire sans aide. Même si c'est gentil à vous d'être venus, bien sûr," ajouta-t-elle d'un ton plus doux pour tempérer sa déclaration.
Elle était sûrement censée faire preuve de reconnaissance, mais elle était habituée à se débrouiller seule depuis des années, et avait une confiance totale -sûrement excessive- en ses capacités à faire face à tous les aléas imaginables.
" Et puis, qu'est-ce qu'il y a de si dangereux ici ?"

[Vel Cheran]

Le visage de Fiona s'assombrit devant ce refus. Elle jeta un regard à Bleys, qui haussa les épaules, l'air indécis.

"Tu l'as entendue comme moi" répondit-il à sa question muette.

"Eleina, nous sommes tous en danger ici. Cette Ombre... Quelqu'un - nous ne savons pas encore qui - a modifié Utopia dans notre dos, peut-être depuis longtemps. C'est une menace trop grande pour être négligée - et tu n'es pas encore armée pour y faire face. Bleys doit t'emmener au plus vite en Ambre pour parcourir la Marelle, tant que nous en avons encore la possibilité. Nous n'avons que trop tardé à ce sujet."

Bleys tenta de prendre une approche diplomate et s'approcha d'Eleina.

"Écoute, je t'expliquerai tout en route, mais pour le moment, le temps presse. Aie confiance en Fiona, elle saura mettre les Danvers à l'abri. Sans aide."

[Voyageuse]

Eleina lui retourna un regard sombre. Elle n'était pas d'un naturel très discipliné, et obéir sans comprendre les tenants et les aboutissants de l'affaire ne lui plaisait guère. Et puis, elle ne reconnaissait aucune autorité à ce presque inconnu -qu'il soit son père n'y changeait rien, c'était plutôt le contraire.
Néanmoins, elle avait tendance à faire confiance à Fiona, cette tante qui lui avait tout appris de ses origines et de ses capacités surprenantes.
" Je sais que Fiona fera au mieux... Mais...."
Elle chercha vainement un argument. Si vraiment il fallait avoir parcouru la Marelle pour pouvoir faire face à cette menace, elle n'était sans doute pas de taille, effectivement.... Mais cela lui coûtait de l'admettre : ce danger invisible et abstrait lui était difficile à appréhender.
" Faire un saut au ministère, ça prend moins d'une demi-heure... Le danger est-il urgent à ce point ? J'ai quand même le temps de récupérer mon sabre dans la maison ?"
Son ton était devenu moins vindicatif, et même vaguement inquiet.

[Vel Cheran]

"Tu sais, Fi, elle n'a pas tort", acquiesça Bleys.

Il semblait vouloir éviter de contrarier sa sœur, ce qui le contraignait à ne pas trop prendre parti.

"On perdra plus de temps à rester ici à argumenter qu'à aller chercher Matthieu."

Fiona croisa les bras sur sa poitrine, l'air revêche.

"Eh bien, puisque tout le monde a l'air d'être d'accord, très bien ! Va donc chercher ton arme, Eleina, et allons tous récupérer Matthieu au Ministère ! Je suis sûr que personne n'aura l'idée de nous chercher là-bas."

"Elle déteste perdre un débat", glissa Bleys avec un sourire en coin.

[Voyageuse]

Eleina songea que cela lui faisait un point commun avec sa tante.
Elle avait bien sûr des myriades de question en tête : qui donc voudrait les rechercher ? Pourquoi ? Quel était ce danger mystérieux ? N'était-il pas possible de venir aussi en aide à ses amis résistants (elle devinait que non)... mais elle jugea que le moment n'était vraiment pas propice à ce genre de discussion. Il valait mieux profiter de la permission difficilement arrachée.
" J'arrive tout de suite", fit-elle simplement, avant de se précipiter à l'intérieur de la maison.
Son katana était dans sa chambre, en haut de l'escalier, à l'abri de son saya -un fourreau de bois-, bien caché dans un placard. Le glisser à sa ceinture et redescendre ne prendrait qu'une minute. Ce n'était pas ça qui les mettrait en danger... elle l'espérait.

[Vel Cheran]

Lorsqu'Eleina revint à l'entrée, elle constata que Fiona et Bleys n'avaient pas perdu de temps : tout le monde était dans le véhicule et n'attendait plus qu'elle. Alors qu'elle montait à l'arrière, Fiona tendit à sa mère ainsi qu'à elle des équipements de police : pantalon en kevlar, gilet pare-balles, rangers, casque et fusil mitrailleur. Bleys referma les portes et décolla rapidement.

"Vous passerez mieux inaperçues avec ça", dit Fiona pour toute explication. "Et vous serez protégées, au cas où."

Elle semblait toujours de méchante humeur, mais prouvait au moins qu'elle savait garder les idées claires.

[Voyageuse]

Eleina acquiesça et la remercia d'un sourire.
Elle enfila l'équipement, et soupesa d'un air connaisseur le fusil mitrailleur avant de le fixer à son épaule. Elle ne précisa pas qu'elle n'avait pas besoin de toutes ces protections contre les balles : après tout, s'ils étaient vus et s'il y avait du grabuge, sa résistance aux tirs surprendrait moins leurs assaillants... Et comme l'avait dit Fiona, ils passeraient davantage inaperçus.
Enfiler ce costume tant honni par les résistants lui faisait cependant une drôle d'impression, et elle fronça les sourcils, une fois habillée, hésitant au moment d'enfiler son casque.
" Tu ne crois pas... que ça aurait été plus simple qu'on soit en civil ? On serait juste toutes les deux à la recherche de mon père... de Mathieu... pour une affaire de famille... Pourquoi est-ce qu'on aurait des ennuis ?"
Parler de son père adoptif en utilisant le mot "père", devant son père biologique, la mettait un peu mal à l'aise : elle craignait que Bleys en soit vexé. Mais c'était le terme qui lui venait spontanément...
" Je veux dire... Un ministère, c'est juste des bureaux, il ne s'y passe jamais rien. Et on peut même lui téléphoner pour qu'il nous rejoigne à l'extérieur..."

[Vel Cheran]

"C'est vrai", reconnut Fiona, "mais nous craignons une intervention... extérieure. Extérieure à cette Ombre, je veux dire."

Bleys avait lancé leur fourgon vers le centre-ville, prenant peu à peu de la vitesse. La circulation était devenue dense, les travailleurs partant ou revenant de leur pause déjeuner. Ils parvinrent à se faufiler parmi les véhicules, jouant de la sirène si nécessaire, avant d'atteindre la limite des bus aéroporteurs. Là, ils furent les seuls à se déplacer indépendamment, ce qui facilita leur progression et permit à Bleys d'accélérer encore davantage.

"Et si cette intervention extérieure t'est destinée, il y a fort à parier que Matthieu soit une cible potentielle. S'il n'est pas en danger, nous improviserons. Dans le cas contraire, nous serons prêts."