[Quête] Ce que les vagues ne sauraient effacer

[Chandara]

Chandara ne pouvait pas décemment donner tort au garçon et le loua pour sa volonté de conserver ce qui constituait effectivement une sorte de monument : il fallait bien reconnaîre que cette crique ensevelie valait le détour et que le navire captif en formait la piècxe maîtresse. La paladine consentit donc à escorter son jeune acolyte jusque sur le pont extérieur avec la mission d'essorer consciencieusement leurs vêtements avant de poursuivre leur agréable exploration. Elle entreprit de procéder de même, non seulement pour donner l'exemple mais aussi parce que déambuler dans des vêtements gorgés d'eau sâlée était loin d'être agréable.

[Taliesin]

Une fois sur le pont, Quentin se dirigea tout droit vers le bastingage. Là, il ôta ses bottes et entreprit d'en vider le contenu par-dessus bord. Puis ce fut de sa tunique qu'il se défit et dont il débuta le patient essorage.
Tout en procédant, il observait avec attention les environs. Il fallait admettre que cette grotte ne manquait pas d'attraits et qu'il était plaisant de s'y attarder, de s'y laisser bercer par les chants mêlés des oiseaux et des vagues.

[Chandara]

La paladine garda un oeil sur son jeune compagnon tout en procédant elle aussi à un essorage en règle de ses effets : après avoir retiré et égoutté ses bottines et les avoir laissées à sécher contre le bastingage, elle avauit retiré ses chausses gorgées d'eau et avait fini par les étendre à proximité pour leur permettre de continuer à sécher. Elle désigna à Quentin un endroit où il pourrait suspendre sa tunique s'il avait l'intention de s'occuper de ses autres vêtements. Autant rentabiliser le temps et l'espace !

[Taliesin]

De retour près du bastingage, Quentin poussa une subite exclamation et se pencha par-dessus bord.
-Mais c'était qui, ce truc ?! lâcha-t-il d'un ton aussi stupéfait qu'incrédule.
Et il garda le regard rivé sur les vagues.

[Chandara]

Quentin n'en était ni à sa première dérobade ni à sa première découverte et Chandara restait de nature confiante. La paladine n'hésita donc pas un seul instant à le rejoindre au niveau du bastingage et à se pencher par dessus pour tenter de voir ce qui avait alarmé le garçon. Comme elle ne vit rien de prime abord qui ressembla à un danger, elle se pencha un peu plus en avant et demanda avec curiosité :

- Qu'est-ce que tu as vu ?

[Taliesin]

-Je ne sais pas... avoua Quentin.
Il se redressa, poursuivit d'un ton hésitant :
-J'ai vu un drôle de reflet, du coin de l’œil, alors je me suis penché en me disant que j'avais rêvé. Eh bien.. Non.
La paladine l'entendit se rapprocher d'elle tandis qu'il poursuivait ses explications avec sérieux.
-Il y avait une ombre dans l'eau, assez grande. Mais je n'ai pas pu bien l'observer parce qu'elle est passée sous la coque. Oh, mais...
Il claqua des doigts.
-Je sais ce que c'était !
Il bondit. Chandara le sentit lui tirer brusquement les chevilles, lui faire perdre l'équilibre, la pousser vers l'avant...
Elle se sentit basculer, tomber.
-C'était une paladine que j'ai vu dans l'eau !
De fait, après un grand bruit d'éclaboussure, il y en avait bien une qui barbotait près de la coque du navire !

[Chandara]

Chandara avait poussé une exclamation de surprise qui avait dû réjouir le perfide musicien. La paladine mit plusieurs secondes à refaire surface, une expression toujours incrédule marquant son visage, comique écho à l'expression qu'avait affiché Quentin quelques minutes plus tôt. Elle leva le regard, n'en revenant toujours pas du toupet du garçon et craignant presque de voir à ses côtés une menace ayant justifié cette agression.

- Comment... Comment as-tu pu me trahir ainsi ?! Attends donc que je t'attrape !

Son effet de colère feinte était gâté par ses faussettes amusées. Déjà la jeune femme se mettait à nager en direction de l'échelle de coupée.

[Taliesin]

Penché loin au-dessus d'elle, Quentin fronça les sourcils.
-Hum, peut-être ai-je dépassé les bornes des limites, cette fois...
Il recula d'un pas.
-Je crois... Oui, je crois que je vais remonter l'échelle de coupée : cela vaudra mieux pour ma sécurité.
Et il s'en fut, non sans chanter à tue-tête, sur un air bien connu :
-Plouf, quand vot' palouf fait plouf...

[Chandara]

La paladine fut cette fois scandalisée par tant d'audace, bien qu'elle soit persuadée que le jeune garçon n'était animé d'aucune malice. au lieu de barboter lentement, elle se mit à nager aussi vite qu'elle put tout en admonestant Quentin de ne pas exécuter sa menace :

- Tu ne crains rien, je ne suis pas en colère ! Et tu ne peux pas rester seul sur ce bateau, c'est trop dangereux.

Elle n'était pas très sûre d'avoir été convaincante ni même de vraiment avoir cherché à l'être aussi se pressait-elle pour atteindre l'échelle et ne pas laisser le temps au barde d'agir inconsidérément.

[Taliesin]

Mais... il était déjà trop tard.
Lorsqu'elle parvint près de l'échelle de coupée, celle-ci était hors de portée et continuait à remonter à vive allure le long de la coque, tirée avec entrain par un Quentin qui continuait à chantonner, à présent sur un nouvel air :
-C'est palouf qui prend la mer...

[Chandara]

Chandara était éberluée que Quentin ait osé mettre sa menace à exécution ! Cela dépassait les bornes en effet et ce n'était plus vraiment un jeu : rester seul à bord d'un navire antique s'était s'exposer à bien des dangers sans lui laisser l'opportunité d'intervenir. Elle se demandait donc quelle mouche avait piqué le garçon et étudia les options qui lui restaient s'il s'entêtait. Peut-être y avait-il une ancre à laquelle elle pourrait tenter de se hisser pour rejoindre le pont principal ?

- Quentin, ce n'est plus amusant, c'est dangereux !

[Taliesin]

Chandara n'obtint aucune réponse : Quentin continua à chantonner tout en achevant de remonter tranquillement l'échelle de coupée.
Seule bonne nouvelle dans cet étrange tableau : la paladine n'était pas dépourvue de tout moyen pour retourner à bord du navire puisqu'elle vit pendre, à quelque distance, l'épaisse chaîne de l'ancre... L'escalader serait quelque peu acrobatique mais cela n'avait rien d'impossible.

[Chandara]

Pour tout autre paladin, cela aurait pu s'assimiler à un défi mais Chandara avait appris à grimper aux arbres et à se hisser à des endroits improbables bien avant d'apprendre à manier une épée ou utiliser ses talents -semblait-il bien émoussés - de persuasion. La paladine se dirigea donc sans hésiter vers l'ancre salutaire et chercha une prise pour commencer son ascension discrète vers le pont du bateau. Elle songea que Quentin serait bien surpris si elle parvenait à surgir dans son dos alors qu'il pensait lui avoir coupé la seule issue pour le rejoindre. L'idée de la tête qu'il ferait alors suffisait à lui donner le sourire voire même de voir l'incident sous un jour indulgent.

[Taliesin]

Se hisser le long de cette chaîne humide sans la faire trop grincer, ce qui aurait dévoilé sa manœuvre, ce n'était pas évident. Ou, à tous le moins, cela réclamait de progresser avec lenteur. La jeune femme eut donc tout le loisir d'entendre les variations auxquelles s'adonnait le musicien, pastichant toujours des airs traditionnels. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il débordait d'imagination, allant de "Chandy, Chanda, petite paladine" à "Chanda, Chanda, mon petit plongeon", en passant par "Chanda-barbota, dis-moi pourquoi...".

HRP : Ce message n'est pas écrit par Taliesin mais par un affreux méchant ayant piraté son compte. Il ne saurait donc être tenu pour responsable de ce qui y est écrit.

[Chandara]

Le répertoire de Quentin était impressionnant mais la façon dont il l'utilisait pour la tourner en dérision la laisser grandement dubitative quant à ses intentions. Si c'était une sorte d'hommage, il était on-ne-peut-plus maladroit et il était plus probable que le garçon s'enfonçait sciemment dans sa prise de position. Un choix dont il devrait répondre et assumer les conséquences malgré la mansuétude qu'elle avait à son égard. Mais grimper à cette maudite chaîne glissante réclamait l'essentiel de sa concentration aussi Chandara se focalisait pour l'heure sur cette tâche.

[Taliesin]

Lentement mais sûrement, Chandara poursuivait son ascension, accompagnée par le cliquetis discret de la câine, le chant des oiseaux et celui du barde, toujours aussi inventif. Mais voilà qu'après une ultime variation commençant par "Sur la plage abandonnée, paladines et crustacés", il se taisait.
Et lorsqu'enfin elle enjamba le bastingage pour se retrouver sur le pont, elle le découvrit totalement désert...

[Chandara]

La paladine se fit la réflexion qu'elle ne s'était sans doute pas assez montrée discrète, permettant à son indiscipliné jeune compagnon de se carapater hors de portée de son courroux. Elle n'était pour autant pas si inquiète : il n'avait guère pu s'éloigner étant donné qu'elle l'avait entendu chanter quelques instants plus tôt encore. Et puisque Quentin semblait pris d'une frénésie d'irrévérence, elle songea aussitôt qu'il ait pu défier un autre interdit qu'elle avait posé avant sa mésaventure aquatique. Le regard de Chandara alla donc derechef vers les hauteurs et le nid de pie pour y chercher trace du jeune musicien.

[Taliesin]

Quentin aurait-il pu monter tout là-haut en si peu de temps ? Difficile mais pas impossible, surtout le connaissant... Quoi qu'il en soit, Chandara ne l'aperçut ni dans les cordages, ni dans le nid-de-pie - même s'il était toujours envisageable qu'il s'y soit recroquevillé pour échapper à la vue.
Ce qui n'échappa pas à la vue de la paladine, en revanche, ce fut l'entrebaillement de la porte menant à la dunette. Pourtant, il lui semblait bien l'avoir refermée lorsqu'elle en était sortie, un peu plus tôt...

[Chandara]

C'était déjà ça : le jeune musicien ne semblait pas s'être mis en danger en grimpant dans les cordages usés par les éléments. Chandara n'excluait pas tout à fait cette possibilité mais elle jugea plus prometteur de se diriger vers l'évidence que constituait cette porte entre-ouverte. Elle avait l'intention de garder profil bas même si la retraite de Quentin prouvait qu'il s'était au moins attendu à ce qu'elle parvienne à remonter sur le pont.

[Taliesin]

La voici dans une coursive complètement déserte. Au xol, elle pouvait voir la petite flaque qu'ils avaient laissée en entrant pour la première fois et, au-delà, des tracsd es pas humides, sans doute laissées par Quentin. Mais elles étaient ténues et ne tardaient pas à disparaître.
Pour le reste, l'endroit était silencieux, si l'on excluait les craquements du navire. Et cela faisait une drôle d'impression de se retrouver seule sur ce batiment sans doute vieux de bien plus d'un siècle et pourtant extraordinairement - sinon surnaturellement - bien conservé...

[Chandara]

Ce décor vide lui laissait une impression étrange. Etait-ce parce que la paladine avait perdu l'habitude de se retrouver si seule, même temporairement, ou y avait-il autre chose qui dérangeait ses sens de paladine ? La jeune femme était en tous cas partagée entre l'envie d'appeler Quentin dans l'espoir d'obtenir une réponse de sa part et celle de rester discrète, à l'affût d'un quelconque danger dont elle ne se serait même pas soucié quelques minutes plus tôt. Pour l'heure, elle opta pour cette approche pondérée, se hâtant de suivre les petites traces humides tant qu'elles demeuraient visibles.

[Taliesin]

Elle atteignit une première porte, laissée entrouverte.
Jetant un regard par l'entrebâillement, elle eut un choc en remarquant des silhouettes installées autour d'une table. Des silhouettes vêtues comme des officiers de marine et parfaitement immobiles.
Et pour cause : l'instant suivant, la paladine constatait qu'il s'agissait des dépouilles d'hommes morts depuis probablement des décennies, sinon des siècles. Si le temps les avait réduits à l'état de squelettes, il n'était pas parvenu à les disloquer, ni même à les faire changer de position. Quant à leurs mises, elles semblaient comme neuves.

[Chandara]

Chandara n'était pas née de la dernière pluie : elle s'était attendue à finir par retrouver des traces de l'ancien équipage du bâtiment fantôme. Mais il y avait quelque-chose de profondément dérangeant dans la mise en scène macabre et les anomalies qu'elle avait sous les yeux. Ajoutant à cela la disparition de Quentin et son étrange comportement qui avait précédé, la jeune femme appela ce dernier par son prénom avec plus qu'une pointe d'angoisse et d'urgence dans la voix. Il ne pouvait pas être loin, même si ce qui se trouvait dans cette salle l'avait effrayé.

[Taliesin]

Elle n'obtint aucune réponse.
Mais quelques instants plus tard, elle entendit un bruit sourd dans une pièce voisine.
Un choc. Quelque chose qui tombe, sans doute.
Quant à savoir quoi...

[Chandara]

C'était malgré tout la meilleure piste qu'elle avait sous la main pour le moment. Alors, non sans une certaine prudence, la main sur la poignée de son arme, la jeune femme se dirigea vers la pièce en question avec toute la prudence que lui permettait le sentiment d'urgence qui l'animait.

[Taliesin]

La pièce suivante était une chambre luxueuse - du moins, aussi luxueuse que pouvait l'être une cabine de navire.
Les quartiers du capitaine, assurément.
C'était là que se trouvait Quentin, étalé de tout son long sur un tapis.
Chandara remarqua aussitôt le médaillon qu'il tenait encore à la main : c'était celui qu'ils avaient découvert dans la grotte près de Bordeleau.
Elle remarqua, aussi, le coffret sur le bureau devant lequel s'était effondré le jeune musicien.
Un coffret doré icnrusté de rubis, comme le pendentif.
Un coffret grand ouvert.

[Chandara]

Ce qu'avait pu contenir le coffret l'alarmait mais c'était sans commune mesure avec l'angoisse et l'inquiétude fébrile qui l'avait gagna en voyant Quentin apparemment inconscient. Elle se précipita vers lui, la peur au ventre et se pencha pour examiner son état, se préparant à lui prodiguer des soins. C'était tout ce qu'elle pouvait faire pour son jeune ami...

[Taliesin]

Lequel ne semblait pas en si mauvaise forme que cela.
D'abord, il n'était pas mort, ce qui était déjà un bon point.
Ensuite, il n'était pas blessé. Même pas la moindre égratignure.
En vérité, il semblai tsimplement profiter d'un sommeil paisible, comme si le moelleux tapis lui avait paru parfaitement convenir à une sieste impromptue.

[Chandara]

L'endroit - et encore plus le moment - était tout sauf propice à une sieste aussi Chandara n'était-ele pas prête à se rassurer de ses premières constatations. La jeune femme se pencha donc sur le corps allongé de Quentin et lui secoua doucement l'épaule pour l'enjoindre à reprendre connaissance. Ce faisant, elle pouvait l'examiner de plus près au cas où quelque-chose d'inquiétant ait pu échapper à son premier examen.

[Taliesin]

Lorsqu'elle le secoua par l'épaule, le jeune musicien grommela quelque chose d'incompréhensible - une protestation, peut-être ? - mais demeura endormi. Pour le reste, de ce qu'elle pouvait en voir, il était totalement indemne.
Elle en était là de son examen lorsqu'elle perçut quelque chose, à la limite de l'audible.
Quoi exactement ?
Elle n'aurait su dire, mais cela lui avait fait penser à un murmure.
A l'écho d'un murmure, plutôt...
Et cela n'était pas venu de Quentin.