[Lieu] Vers Roquebrune

[Voyageuse]

Quête : un convoi peut en cacher un autre...

Zaïu et Venlitia quittèrent donc Solarcis par un petit matin d'automne, plein de courage et d'entrain, en direction de l'est. Leur objectif de la journée était tout simple : trouver Roquebrune. La première borne rencontrée leur annonça qu'ils étaient sur la bonne voie, mais aussi qu'il leur restait quatre lieues à parcourir, et non deux ou trois comme l'avait annoncé leur interlocuteur de la veille. La marche s'annonçait longue, et particulièrement harassante vu la chaleur qui régnait.
Ils croisèrent plusieurs charrettes, pleines de légumes et de volailles qu'on venait vendre au marché. Deux convois, venus de Solarcis, les doublèrent à vive allure. Les gens, sur cette route décidément très fréquentée, semblaient tous privilégier le cheval à la marche à pied.

[Venlitia]

La guerrière regarda s'éloigner un nouveau convoi qui venait de les dépasser à toute vitesse en mordant à belles dents dans un morceau de viande séchée que leur avait empaqueté le serveur de la Couverture à Carreaux. Elle jeta un regard à Zaïu qui avait fini par décider d'économiser son souffle depuis une bonne demi heure et qui semblait ruminer la même idée qu'elle alors que le soleil montait à son zénith : pourquoi n'avaient-ils pas négociés des montures ?

Elle farfouilla dans le sac de victuailles que l'elfe portait sur le dos (c'était son tour) et en sortit une pomme qu'elle fourra dans les mains de son compagnon avant d'en prendre une pour elle également.
T'as raison ! L'été devrait être fini ! ...

Ils marchèrent encore quelques longues minutes sous le soleil jusqu'à ce que Venlitia avise une zone ombragée, en bord de route, par un grand chêne sous lequel elle décida de faire une halte.
On ferait bien de demander des montures à ce gars, à Roquebrune, pour le reste de la route, qu'est-ce que tu en dit?

Elle lui tendit l'outre à laquelle elle venait de se désaltérer.

Une nouvelle charrette venait au loin par la route depuis Solarcis et Vanny sourit à son compagnon avant d'avancer sur le milieu du chemin avec un geste de bienvenue pour le voyageur qui approchait doucement.
Je ne serais pas contre le fait que celui ci nous prenne à son bord!

[Voyageuse]

La charrette qui approchait, au pas tranquille de sa monture, semblait vide -suffisamment, en tout cas, pour accueillir deux voyageurs à bord. Son conducteur les aperçut de loin. Souriant, il inclina la tête en guise de salut et mit sa monture au pas.
La charrette fut alors dépassée par un cavalier galopant à vive allure sur la route. Apercevant Venlitia au milieu du passage, et ne s'attendant pas à trouver un tel obstacle juste devant lui, celui-ci tenta de freiner sa monture, mais un peu trop tard et un peu trop brutalement. Déséquilibré, il se trouva désarçonné et chuta, atterrissant juste aux pieds de la jeune pirate.

[Zaiu]

Hé ben voila ! On veut faire le malin avec une conduite sport, on ne respecte pas le code du chemin et on se retrouve les 4 fers en l'air. N'empêche, les choses auraient pu bien pu mal tourner. Le cheval aurait pu percuter Venlitia, ce qui aurait transformé cette-dernière en nemesis notoire de la race équine. Le cavalier aurait percuté le conducteur de calèche qui aurait pu percuter à son tour le pauvre Zaïu . L'elfe aurait alors laissé tomber sa pomme et le premier cheval se serait étouffé avec avant de s'effondrer sur Venlitia. Tout le monde aurait pu mourir et avoir leur dépouille offerte aux corbeaux.
Zaïu se secoua la tête se disant qu'il écoutait trop les crieurs publics et les colporteurs. Il se porta au chevet du coursier pour jauger de son état.

Vous n'êtes pas trop tout casser Monsieur ?

[Venlitia]

Venlitia rouvrit un œil et chassa la poussière qui s'était soulevée sur le chemin en agitant la main devant elle.
Et bien! En voilà un qui était pressé!

Zaïu, à qui s'adressait la boutade, se trouvait déjà au chevet du bonhomme. La jeune femme les contourna et attrapa fermement la bride du rapide destrier qui piaffait au milieu du chemin en roulant des yeux, avant qu'il ne transmette sa peur au paisible cheval de trait de la carriole qui venait de s'arrêter à leur niveau. Elle s'adressa aux nouveaux venus en les regardant tour à tour, rapidement pour le voltigeur dont son ami s'occupait, et avec un grand sourire pour le conducteur de charrette.
Bien le bonjour messieurs!

[Voyageuse]

Le cavalier trop pressé eut une grimace à l'adresse de Zaïu.
" Je... Non, non... Vous inquiétez pas, je suis solide. Et bonjour à vous aussi, ajouta-t-il à l'adresse de Venlitia et du charretier. Si vous pouvez juste m'aider à me relever..."
Sans attendre de permission, il s'agrippa à la main du jeune elfe pour se redresser, puis tituba et faillit s'affaler sur lui, se rattrapant de justesse en agrippant son sac au passage. Ils réalisèrent qu'il ne s'agissait pas d'un jeune et vaillant coursier mais d'un homme aux cheveux blancs, à l'équilibre apparemment précaire.
Le charretier, un homme d'âge mûr aux cheveux sombres et à la barbe fournie, observait la scène en secouant la tête d'un air incrédule.
" Oh là là, mon bon monsieur... qu'est-ce qui vous faisait galoper comme si vous aviez un démon des Abysses aux trousses ? C'est vraiment pas prudent !"
Il s'exprimait avec lenteur, détachant chaque syllabe.
" Juste un petit paquet à livrer, répondit le cavalier en désignant une boursouflure aux côtés de sa veste. Mais ne vous inquiétez pas, il n'y a pas de mal."
Il s'approcha de sa monture, qui s'était calmée presque instantanément lorsque Venlitia s'en était approché, et en reprit la bride en remerciant chaleureusement la jeune femme. Puis il se mit en selle avec une souplesse surprenante pour son âge, et repartit aussitôt au galop.
" Drôle de type", marmonna le charretier.
Puis il fixa les deux aventuriers d'un air interrogateur, sans paraître pressé de se remettre en route.

[Zaiu]

En effet.

Répondit Zaïu qui observait circonspect le coursier s'éloigner à vive allure.

Seriez-vous disposé à prendre deux passagers Monsieur de la Charette ? Zaïu ne dit pas un et demi à cause de sa taille puisque Venlitia compense largement. Mais elle pourra masser vos épaules laborieuses pendant que nous deviseront sur le dérèglement climatique. Nous allons là-bas.

Et il fit un geste vague du bras vers l'horizon.

Ah ! J'oubliais : s'il vous plait.

Et il fit sa moue de chat qui demande de l'attention.

[Venlitia]

Ce petit bonhomme ne cessait de la prendre à parti auprès des gens! Venlitia récupéra ses affaires derrière l'arbre qui les abritait du soleil en cachant ses joues rosies et en cherchant un moyen de décliner l'invitation à masser qui que ce soit, non mais!

Elle revint se planter aux côtés de son compagnon de route avec un sourire et fit craquer ses phalanges de façon fort peu féminine.
Il faudrait que je reprenne le coup de main sur Zaïu alors, j'ai cassé la clavicule du dernier auquel j'ai "prodigué des soins" !

Elle rit de bon cœur et envoya la paume de sa main claquer dans le dos de son camarade. Ah! L'humour! Avant d'acquiescer aux déclaration de Zaïu.
Oui, nous allons chercher un paquet à livrer nous aussi! A Roquebrune, c'est sur votre route?

[Voyageuse]

" Oui, oui, c'est bien sur ma route", acquiesça le charretier d'une vois traînante.
Il avait un accent indéfinissable, sans doute celui des gens du cru.
"Je vais plus loin, mais je peux vous déposer en route. C'est toujours agréable d'avoir de la compagnie... Par contre, ma Brisette n'est pas très vigoureuse. La charrette est vide, heureusement, mais je ne sais pas si elle réussira à transporter deux passagers de plus. On va voir ce que..."
Il fut interrompu par un galop tonitruant. Deux autres cavaliers arrivaient à vive allure, et pilèrent en les apercevant. Ils portaient un uniforme, que Zaïu et Venlitia auraient été bien en peine d'identifier avec certitude, n'étant pas de la région. Il leur parut toutefois semblable à celui de la milice de la cité de Solarcis, par la couleur comme par l'emblème cousu à la poitrine, évoquant un soleil.
Les deux hommes ne perdirent pas de temps en salutations.
" Pardonnez notre interruption, mais auriez-vous vu un cavalier filer à vive allure par ici ?"

[Zaiu]

Zaïu était en train de se tenir à la charrette en toussant tout ce qu'il pouvait tant la claque de Venlitia avait été offerte sans ménagement. Pas étonnant qu'elle casse des clavicules cette brute ! Pour la prochaine fois, il se proposera de faire le massage lui-même pendant qu'elle fera la causette. Avec sa diplomatie toute naturelle, elle pourra deviser de pillage et d'incendie de port avec un sympathique métayer du cru pendant que lui, Zaïu, ne viendrait à pas à son secours. Mais alors pas du tout !

Il fut tiré de ses sombres ruminations vengeresses par l'arrivée en trombe de deux nouveaux cavaliers. Comme s'ils n'étaient pas déjà suffisamment couverts de poussière ! Il ne lui en faudrait pas beaucoup plus pour évoquer qu'on est bien mieux en foret. Bien qu'il y ait beaucoup moins de cavaliers et de charrettes en milieu sylvestre... Et pour ce qu'il en savait, l'aventure requiert au moins un de ses éléments. On ne peut pas tout avoir.

Du reste, Zaïu n'eut pas le loisir de répondre. Avec sa taille, il avait pris une vilaine poussière dans l’œil et se le frottait était beaucoup plus urgent.

HRP : Bonne année 2020 ! \o/

[Venlitia]

Venlitia épousseta ses habits en retenant une quinte de toux. Décidément, ça aimait les effets de manches par ici ! Les nouveaux arrivants avaient l'air de faire partie de la milice de Solarcis. Vu qu'ils n'avaient pas croisé d'autre patelins notable depuis leur départ, c'est tout du moins ce qui lui venait à l'esprit.

Elle haussa les épaules pour le charretier et désigna laconiquement aux miliciens, d'un pouce par dessus son épaule, la route qu'ils suivaient déjà.
Il avait l'air en bout de course votre bonhomme, s'il s'est pas arrêté pour boire quelque chose avec son cheval vous le retrouverez canné dans moins de dix lieues!

"C'est pas beau de cafter" disaient la plupart de ses compagnons, mais la guerrière pensait pour sa part que "quand on a le cran de se mettre dans la mouise, il faut assumer et avoir celui de s'en sortir comme un grand"
En plus, mentir à la milice devant témoin ne semblait pas le meilleur moyen d'amorcer une carrière d'aventurier prolifique. Et le zigue avait plutôt l'air de quelqu'un qui ne s'arrêterait pour rien au monde, elle espéra pour lui que ça le sauverait.

[Voyageuse]

" Espérons...."
Les deux gardes repartirent immédiatement à fond de train, sans se donner la peine de les saluer ni même de les remercier. Le charretier haussa les épaules et se tourna vers les deux jeunes aventuriers.
" Je vous laisse monter... heu... Mais installez-vous tout au fond, ajouta-t-il d'un ton prudent en jetant un regard inquiet à Venlitia. Vous serez mieux."
Ils seraient surtout à distance suffisante pour éviter tout bris intempestif de clavicule.

La charrette ne contenait que deux gros ballots au contenu inconnu, qui s'avérèrent être aussi confortables que des coussins. Ils reprirent la route paisiblement, leur hôte jetant de temps à autre un regard un peu suspicieux vers ses passagers. Devant eux, les gardes avaient disparu à l'horizon.
" Vous connaissez du monde à Roquebrune ? hasarda le charretier, d'un ton poli. J'dis ça, parce qu'on voit pas souvent des étrangers sur cette route..."

[Zaiu]

Zaïu non, Monsieur de la Charette. Il est arrivé intempestivement par la mer il y a quelques jours.

Le jeune aventurier s'était assis bien confortablement,s'appuyant sur Venlitia comme un chat grimpant sur son maitre sans demander quelconque permission. C'était quand même romantique comme situation. Comme il ignorait si sa compagne connaissait ce mot, il s'abstint de faire la remarque.

Les charettes, c'est quand même mieux que les bateaux, au moins, ça coule pas, devisa-t-il avec un air rêveur et rassuré.
Toi Venlitia, tu as l'air d'être une vraie célébrité avec tous tes voyages pétaradants ! A ce propos, tu n'as pas le mal de terre ?

[Venlitia]

Venlitia s'était assise vers le bord de la plateforme, balançant les jambes le long au rythme des cahots. Zaïu, appuyé contre elle, usait encore une fois de sa capacité à rebondir de sujets en sujets à une vitesse étourdissante.
Non, pas le mal de terre non.

Quant à sa célébrité, elle haussa les épaules.
Tu sais, je pense que ce qu'il y a en mer et ce qu'il y a sur terre, c'est difficile de tout relier. J'étais peut-être une célébrité dans ma "famille", comme toi dans la tienne je suppose. Mais je ne savais même pas que Solarcis existait, alors que Solarcis sache que j'existe, ou les autres patelins. Pfou! Ce serait étonnant! Toi par contre tu as vécu sur ce bout de terre non? Si ça ce trouve c'est toi la célébrité dans le coin!

Elle se retourna vers le charretier, obligeant Zaïu à se contenter de son sac de fourrage et s'enquit de l'état de leur vaillante bête de somme.
Brisette tient le coup? Vous pensez qu'il y a des chevaux à vendre à Roquebrune? Se morigénant à voix haute. C'est un détail auquel on aurait du penser avant de partir de la ville... Des coursiers sans chevaux, on commence bien nos aventures!

[Voyageuse]

" Roquebrune, c'est tout petit, s'exclama le conducteur. On voit qu'vous z'êtes pas d'ici. Y'a juste quelques fermes... Y z'ont des chevaux, mais ils s'en servent. Et j'crois pas qu'y ait de maquignon là-bas. Enfin, j'en ai jamais entendu parler. P't'être que vous pourrez quand même négocier avec un fermier, si vous en avez vraiment besoin... Mais c'est bien plus facile d'en trouver à Solarcis. Y'a un bon haras juste à l'entrée, j'suis sûr qu'ils pourraient vous louer une bête ou vous la vendre.
Il haussa les épaules et fit claquer son fouet, mettant sa jument au trot.
" J'espère que votre colis n'est pas trop lourd, pour que vous puissiez au moins revenir avec jusqu'en ville..."

[Zaiu]

C'est vrai que les deux aventuriers avaient fait preuves d'amateurisme. Mais Zaïu était persuadé que les distances seraient moins grandes. Optimiste, il se convainquit qu'ils avaient fait le bon choix. Le voyage est source de rencontre. Puis Zaïu n'était pas pressé, surtout au regard de sa longévité.

Que transportez-vous Monsieur ? C'est tout mou et ça a l'air très confortable. Zaïu peut s'appuyer dessus ? Et puis vous allez où aprés ? On pourra peut-etre louer vos services à vous !

[Voyageuse]

Le marchand se retourna.
" Oh, ça ? C'est du tissu. Des étoffes diverses achetées en ville. Ma femme est couturière. Mais vous pouvez vous appuyer dessus, ça ne craint rien."
Il sourit.
" Et donc, pour répondre à vot' question, mon p'tit gars, non, j'pourrai pas vous prendre au retour. J'vais au-delà de Roquebrune, j'habite à plusieurs lieues, et j'compte pas rev'nir en ville avant la prochaine veille. Mais vous inquiétez pas trop. Au pire, vous pouvez attendre demain : y'a des paysans qui partent chaque matin d'bonne heure pour aller vendre leurs légumes au marché. On vient juste de croiser l'vieux Mathéo, par exemple, c'est la charrette là-bas, il descend tous les jours en ville. Y z'accepteront sûrement des passagers en plus, s'ils sont pas pleins et si vous aidez à décharger."

[Venlitia]

La guerrière haussa les épaules.
On ne sait même pas où on va nous envoyer après qu'on aie réceptionné leur "important paquet".

Elle sourit et tapota l'épaule de Zaïu pour partager son idée.
Hey! Si ça se trouve c'est un truc énorme et on aura notre propre charrette!

[Voyageuse]

La route se poursuivit, paisible, serpentant entre les champs cultivés et les vergers. L'automne approchait, et les paysans avaient fort à faire pour rentrer les dernières récoltes. Le charretier en salua quelques-uns de la main, au passage.
Ils virent revenir, face à eux, les deux gardes en uniforme, seuls et la mine sombre. Sans doute bredouilles. Ils ne leur accordèrent pas la moindre attention et poursuivirent leur chemin.

Ils aperçurent enfin, peu avant la mi-journée, leur destination : quelques habitations serrées les unes contre les autres, et quelques autres parsemées dans les champs. Un petit chemin de terre quittait la route principale pour rejoindre le hameau. Au-delà, il se poursuivait en direction de la mer, toute proche à en juger par l'odeur délicate des embruns qui leur parvenait. Ils se souvenaient que leur commanditaire avait parlé de la dernière maison en longeant la côte.
" C'est là qu'vous laisse ! Roquebrune c'est ça, à droite. Moi, j'continue ma route tout droit," expliqua le paysan en arrêtant sa charrette à l'intersection.

HRP : en fait, j'attendais Zaïu... mais il n'a peut-être rien à dire...