[Lieu] Les Rocheuses du Dragon

[Galathée]

" Je n'ai pas l'intention de m'adapter à votre décision, Astrée. Je suis venu vous trouver uniquement parce que je vous trouvais... incroyablement imprudente. A présent, je vais reprendre ma position... et attendre. Ce que vous faites, c'est votre problème. Je ne peux pas protéger toutes les têtes brûlées du monde, je l'ai appris il y a très longtemps déjà, et je ne suis pas homme à combattre les chimères."
Il la regarda droit dans les yeux.
" Ensuite, méfiez-vous de ce que vous prenez pour acquis. Tuer un homme n'est pas difficile. Tuer un loup pas davantage."

[Voyageuse]

Elle soutint son regard avec calme.
" Je songeais juste à ma vitesse de fuite."
En tant que panthère, elle pouvait sûrement fuir efficacement beaucoup de prédateurs. Enfin... Sauf s'ils volaient... ou utilisaient des armes à distance.
" Mais merci de vos avertissements. Vous, vous attendez quoi, au juste ? De voir ce qu'il va se passer d'ici l'arrivée des renforts, au printemps prochain ? Et surtout... est-ce que ça vous ennuierait de me dire où vous vous cachez, au cas où je découvre quoi que ce soit d'utile à partager ?"

[Galathée]

" Mon intention est d'attendre les renforts, oui, et peut-être de leur indiquer où commencer à chercher. Mais ils vont arriver bien plus vite que le printemps... A mon avis, ils seront là d'ici une veille maximum, sans doute moins. J'ai confiance dans nos messagers : ils sauront leur transmettre l'urgence de la situation."
Il eut un sourire.
" Quant à l'endroit où je vais rester jusque là... Je ne vais pas vous en informer, non. Je vous trouverai au besoin."

[Voyageuse]

" Et si c'est moi qui doit vous trouver ?"
Elle secoua la tête, puis sourit, taquine.
" Hum... En fait, il suffit que je crie très fort, je suis sûre que vous réagirez !"
Elle avait bien noté ses paroles, cependant : il indiquerait aux secours où chercher, alors qu'il refusait de le lui indiquer, à elle. C'était extrêmement frustrant, mais elle ne voyait pas comment le convaincre de coopérer. Et dire que Mathieu le surnommait le paladin... Un vrai paladin aurait tenté quelque chose, sûrement !
" Mais j'ai encore une question. Est-ce que vous avez vu un indice qui indiquerait la nature du danger ? Est-ce que vous avez envisagé la possibilité... qu'il puisse s'agir tout simplement d'humains, des derniers arrivés par exemple ?"
Car elle n'oubliait pas complètement l'idée qui lui avait traversé l'esprit dès le départ, sans doute à cause de tous ces racontars concernant l'hypothèse d'un tunnel entre Ithillion et la Lorien, ajoutés à cette histoire de faille et à ses mésaventures récentes. La disparition de Kalju, bien sûr, infirmait totalement cette hypothèse. Enfin... sauf s'il n'avait pas été enlevé.

[Galathée]

" Je n'ai aucune certitude mais je pencherais, a priori, pour des drows. Nous sommes chez eux, nous farfouillons dans leurs affaires, et s'il y a bien une région d'Hélonna où ils pourraient avoir des avant-postes, c'est ici. Ils n'ont nul besoin de s'exposer à l'hiver et circulent bien plus aisément que vous et moi dans la montagne. Ils sont aussi experts à dissimuler leurs traces."
Il eut un léger sourire, un peu goguenard.
" Après, je sais que ce sont des créatures de Mère Nature. Mais croyez-moi, vous aimerez davantage les yétis. Ils ont un rapport brutal... mais un peu moins cruel... à leur environnement."

[Voyageuse]

" Je pense aussi que je préférerais les yétis, sans hésitation..."
Les drows étaient-ils aussi cruels que le disait leur réputation ? Y avait-il une part d'exagération dans ces légendes ? Elle aurait bien voulu le savoir, au fond.
" Mais ça fait des années que le site est exploré sans qu'il se passe jamais rien. C'est étrange qu'il se passe quelque chose juste maintenant, au moment même où Kalju ressent la présence d'une faille qui s'agrandit depuis des jours voire des veilles... Il y a forcément un lien."
Elle secoua la tête, puis eut un demi-sourire.
" En fait... vous devriez me dire ce que vous avez pu trouver comme piste... Surtout si elles se dirigeaient ailleurs que vers l'île. C'est le meilleur moyen de me dissuader d'aller voir là-bas..."

[Galathée]

" Si je vous dis que la piste se dirige loin vers les sommets, vous allez me croire ?" demanda-t-il avec une légère pointe d'ironie.
Il secoua la tête.
" Vous présumez de ce que je sais. Et ma décision, à cet égard, est irrévocable. Mais sans doute, oui, les archéologues ont-ils dérangé quelque chose... On a parlé d'explosifs, me semble-t-il ? Il y a donc peut-être un lien entre tous ces événements, l'instabilité, les drows, le reste. Cela ne change rien au fait que vous feriez mieux de rejoindre vos yétis."

[Voyageuse]

Astrée soupira.
" Je comprends bien votre position. Mais... je suis viscéralement incapable de reprendre ma route, comme ça, en sachant que Kalju est quelque part et qu'il a besoin d'aide. Je ne peux pas l'abandonner. C'est... contraire à ce que je suis au fond de moi. Je ne pourrai pas me pardonner de ne rien avoir tenté."
C'était un simple constat, énoncé d'un ton calme. Elle ne cherchait pas à le convaincre d'agir.
" Il reste possible qu'il soit simplement coincé quelque part, que sa disparition n'ait rien à voir avec les autres. Donc je dois continuer à le chercher, au cas où. Cela m'aurait aidé de savoir quels secteurs il avait déjà complètement explorés et où il se dirigeait... mais vous n'en savez rien ?"

[Galathée]

" Non." dit simplement le mercenaire.
Il poussa un bref soupir.
" Je vous aurai prévenue. J'ai, moi aussi, fait ce que je pouvais. Je vous souhaite... que ce soit sans douleur."
Puis il fit volte-face et repartit dans les ruines enneigées.

[Voyageuse]

Astrée le regarda s'éloigner avec regrets. La solitude, subitement, lui parut insupportable. Elle aurait voulu qu'il reste, qu'ils cherchent Kalju ensemble. Elle aurait dû insister, essayer, au moins... Puis elle se souvint qu'il lui restait quelques baies magiques, et qu'elle aurait pu, au moins, lui en proposer. Elle finit par s'avouer qu'elle cherchait n'importe quel prétexte pour le retenir.
Elle prit une profonde inspiration, puis décida de suivre ses traces. Même si elle ne repérait pas sa cachette, savoir dans quel secteur des ruines il avait élu domicile pourrait peut-être s'avérer utile... ou pas. On ne pouvait pas savoir. Dans le doute, il valait mieux anticiper.

[Galathée]

Le parcours du mercenaire s'écartait du lac et repartait vers la périphérie du site. Elle suivit sans mal ses traces, même si elle ne put l'apercevoir : il semblait avoir pris une bonne avance, rapidement. Mais il était vrai que la vue n'était jamais complètement dégagée dans ce dédale. Astrée devina cependant où il allait avant d'y être et en eut la confirmation en y arrivant. Ses pas menaient jusqu'à la porte de l'abri. Il avait dessiné une flèche dans le neige, qui pointait vers l'intérieur, et inscrit : PROTEGEZ-VOUS du bout d'un doigt. Et bien sûr, il n'était pas dans l'abri.

[Voyageuse]

Elle leva les yeux au ciel, hésita une seconde, puis, sur une impulsion, répondit au-dessous du message, par le même moyen.
" Plus facile à deux."

Bien sûr, il ne lirait probablement pas le message. Et même dans le cas contraire, il feindrait de ne pas l'avoir lu. Pourtant, rester ensemble était bien évidemment la meilleure des choses à faire. Ils auraient pu veiller l'un sur l'autre. Alors, pourquoi n'avait-elle pas insisté en ce sens ? Par simple respect de ses choix ?
La réponse lui vint, évidente : pour ne pas le mettre en danger. Elle avait mis en danger Eyri en voulant l'aider, elle avait mis en danger Kalju en voulant l'aider. Elle ne voulait plus mettre en danger personne.
Elle sentit subitement un profond découragement l'envahir. Elle ne prenait, à l'évidence, que de mauvaises décisions, qui n'aboutissaient qu'à des catastrophes. Que devait-elle faire, maintenant ? Continuer ses recherches ? Elle n'y croyait plus : Dimitri avait réussi à doucher son bel optimisme. Partir ? Elle en était foncièrement incapable. Se terrer ici en attendant que le monstre, s'il existait, sorte de sa tanière ? A quoi cela servirait-il ? Il ne viendrait pas forcément ici, d'ailleurs...

Une boule s'était formée au fond de sa gorge. Elle détestait se trouver ainsi indécise. Elle avait conscience d'avoir les nerfs à fleur de peau, ce qui n'avait rien d'étonnant dans les circonstances présentes. Elle avait l'envie absurde d'aller près du lac et de hurler, pour faire apparaître le fameux danger en question et en avoir enfin le cœur net. Elle avait envie de chercher un moyen de traverser jusqu'à l'île, rien que pour savoir.
Elle avait conscience, cependant, qu'elle ne devait pas prendre la moindre décision avant d'avoir retrouvé un minimum de sérénité. Et se perdre dans de sombres pensées ne l'y aiderait pas. Il valait mieux qu'elle bouge. Elle rechercha, à nouveau, la piste de Dimitri. Elle voulait juste savoir dans quelle direction le chercher en cas de besoin. Si elle ne le trouvait pas, elle retournerait un moment aux abords du lac : Kalju était certainement allé dans ce secteur, c'était le plus probable.
Il restait le problème du yack. L'enfermer par une si belle journée lui paraissait cruel, et puis, avoir un peu de compagnie, même bovine, était appréciable. Mais elle serait plus discrète sans lui. N'ayant aucune confiance en son jugement du moment, elle décida de lui laisser le choix : elle pouvait lui accorder encore une heure de promenade, après tout. Ensuite, elle s'obligerait à la discrétion

[Galathée]

Kimik avait l'air d'avoir envie de musarder... pas forcément de suivre la jeune femme. Rentrer dans l'abri, par contre, était hors de questions : elle pila des quatre sabots dans la neige et refusa d'avancer. Il semblait qu'Astrée allait devoir trouver un moyen de la motiver à se déplacer... mais de toute façon, elle devait se rendre à l'évidence : les traces de Dimitri menaient à l'abri et nulle part ailleurs. Il avait pris soin de ne laisser aucune empreinte à partir de là.

[Voyageuse]

Évidemment.
Il lui restait à espérer qu'en cas d'urgence, si elle l'appelait, il accepte de se montrer. Mais après tout, il n'y avait pas de raison qu'elle l'appelle. Puisqu'il ne voulait pas être mêlé à quoi que ce soit et qu'elle ne souhaitait pas lui faire prendre des risques inutiles...

Avec un soupir, elle revint à pas lent en direction du lac, en encourageant Kimik à la suivre. Bien sûr, le yack ferait ce qu'elle voudrait : Astrée savait qu'elle reviendrait d'elle-même là où se trouvait la nourriture quand elle aurait faim.

Pour sa part, elle avait besoin de faire le tri dans ses émotions, d'évacuer ses idées trop sombres, et marcher l'y aiderait. Ou méditer, peut-être. Oui : à la réflexion, méditer était une bonne idée. Elle se demandait si elle était capable de mieux percevoir cette étrange force, et si celle-ci était plus puissance à proximité du lac. Elle décida donc d'aller s'asseoir non loin du lac pour méditer un moment. Mais elle prendrait soin de s'installer hors de vue de l'île, cachée dans les ruines les plus proches, par prudence. Et Prince veillerait sur elle.

[Galathée]

Kimik la suivit un moment, puis prit son propre chemin de traverse, à la faveur d'une intersection. Le ciel commençait à se voiler, mais rien de bien inquiétant pour l'heure : des nuages lointains, blancs, qui ne promettaient rien de sinistre. Astrée parvint en bordure du lac sombre, regarda vers l'île sans rien voir de neuf, puis put se trouver un coin pour méditer. Comme la veille, elle perçut le manque d'êtres vivants autour d'elle, toute cette minéralité ancienne, omniprésente, et cette pulsation étrange, qu'il lui était difficile de qualifier franchement d'hostile, mais qui n'appartenait en tout cas pas au monde ordinaire de la Nature. Elle était, oui, nettement plus forte au bord du lac, mais Astrée n'était pas pour autant sûre qu'elle émanait de l'île. Non. Elle semblait imprégner tout le site, à des degrés divers.

[Voyageuse]

Astrée ressortit de sa séance de méditation plus calme. Un petit peu plus sereine -pour autant qu'on puisse approcher la sérénité dans de telles circonstances.
A défaut de parvenir à appréhender quoi que ce soit au sujet de cette étrange force, elle s'efforça, à nouveau, de comprendre ce qui avait pu se passer. C'était une tentative tout aussi vaine, bien sûr. Elle ne comprenait pas. Tous les témoignages semblaient indiquer que les archéologues n'avaient pas l'intention de prendre des risques, d'utiliser des explosifs ou de la magie trop violente. Et pourtant, une faille s'était créée, puis agrandie. Peut-être s'agissait-il d'un passage venant des tréfonds obscurs... ou peut-être son hypothèse de tunnel ithilien était-elle fondée. Mais, finalement, l'un n'excluait pas l'autre : que la faille soit due aux archéologues ou à des Ithilliens, elle avait pu aboutir à rouvrir un passage vers les royaumes elfes noirs.

Par prudence, elle songea qu'il valait mieux considérer que Dimitri avait raison, que des elfes noirs étaient à l'origine des disparitions, et qu'ils pouvaient débouler à tout moment. Elle les imaginait mal agir en plein jour : ils craignaient certainement la lumière du soleil. Elle se sentait donc en relative sécurité pour le moment. Mais peut-être se fourvoyait-elle ? Maedron, à Bortheïas, ne la craignait pas... elle décida qu'il avait dû s'habituer.
Si les elfes noirs étaient bien responsables de tout ça, elle songea qu'ils avaient dû emmener leurs prisonniers loin au-dessous de la surface de la terre. Dans ces circonstances, espérer pouvoir les secourir n'était-il pas totalement illusoire ? Même si des renforts arrivaient, ils ne seraient pas assez forts... et dix jours auraient passé. Ils allaient probablement se contenter de chercher à refermer le passage.

Elle soupira. A priori, la situation était désespérée. Certes, elle ignorait le sort que les drows réservaient à leurs prisonniers, mais ça devait être un enfer, toutes les rumeurs le disaient. Ils seraient esclaves, certainement. Les mangeaient-ils vraiment ? Les torturaient-ils ? Elle aurait voulu savoir ce qui relevait de la légende et ce qui était réel. Elle était curieuse d'en connaître davantage... Et elle s'inquiéta de ressentir tant de curiosité, là où elle n'aurait dû éprouver que de la peur ou du dégoût. Peut-être la souffrance était-elle un concept abstrait tant qu'on ne l'avait pas vécue. Elle essaya de se souvenir de Mélandis, mais elle était trop jeune à l'époque pour comprendre, réaliser. Les elfes noirs étaient certainement pires...

Elle chassa ces pensées stériles et jeta un coup d'oeil au ciel. La météo ne semblait pas inquiétante, mais elle songea qu'elle devrait se préoccuper de Kimik avant peu. Il serait dommage qu'il lui prenne l'envie de sortir du complexe pour rejoindre le plateau aux trolls à la recherche d'herbe.
Elle se mit donc en marche, revenant sur ses pas, à la recherche des traces de Kimik. Elle en profitait, par acquis de conscience, pour vérifier chaque recoin, chaque cachette, au cas où Kalju s'y trouve. Mais elle n'y croyait plus vraiment... Et il fallait aussi qu'elle se préoccupe d'effacer ses traces avec son bâton. Juste par prudence.

[Galathée]

Retrouver Kimik ne fut pas difficile : le yack ne cherchait en rien à cacher son passage et il traçait de larges sillons dans la neige. Son parcours ne ressemblait à rien de précis mais il avait beaucoup circulé, et Astrée dut marcher un moment avant de retrouver l'animal. Kimik l'accueillit d'un meuglement tranquille mais sonore puis poursuivit sa route entre les pierres, sans lui prêter guère attention.

HRP : un d100, m'dame

[Voyageuse]

HRP : 47

Astrée décida d'abord de la laisser divaguer encore un moment. Il faudrait tôt ou tard la mettre à l'abri, pourtant. Et ensuite, idéalement, effacer toutes les traces, ce qui allait prendre un certain temps... Ou peut-être pouvait-elle se contenter d'effacer les traces les plus proches de leur abri, et laisser une fausse trace en évidence, partant vers les montagnes, hors du site ? L'autre option était de laisser le yack en liberté, y compris pendant la nuit, et de n'effacer que ses propres traces. Mais si vraiment des elfes noirs, ou d'autres créatures des profondeurs, venaient explorer les lieux pendant la nuit, cela équivalait à sacrifier l'animal, et cette perspective ne lui plaisait guère...
Bien sûr, tout cela reposait sur des hypothèses. Il n'y avait aucune certitude qu'il y ait des elfes noirs, aucune certitude qu'ils reviennent. Mais Astrée songeait que manquer de prudence mettrait également Dimitri en danger. Mieux valait trop de précautions que pas assez.
Elle allait donc s'efforcer de convaincre Kimik de bien vouloir rentrer à l'abri... et sans attendre le soir.

[Galathée]

Kimik semblait tracer sa route avec une certaine détermination et Astrée eut toutes les peines du monde à la convaincre de revenir en arrière. Butée comme un âne, la vache poilue résista, gratifia la druidesse de nombreux meuglements outrés, avant de céder. Le froid piquant ne la gênait bien sûr pas le moins du monde et le danger que lui projetait la jeune femme était bien trop flou pour l'impressionner. Par contre, Astrée eut l'impression que le yack commençait à s'inquiéter de son propriétaire, même si, dans un esprit aussi simple, c'était assez imprécis.

[Voyageuse]

Astrée s'efforça de lui projeter des sentiments rassurants, masquant de son mieux sa propre inquiétude. Elle avait bien sûr continué ses recherches, tout en suivant la piste de Kimik, mais sans succès. Et elle ne pouvait, hélas, rien faire de plus, à part continuer à explorer le site... Et elle ne pouvait pas compter sur le yack pour trouver Kalju à sa place. Kimik avait déjà, elle aussi, parcouru le site en tout sens, sans succès. Il aurait fallu un bon coup de pouce de Tymora pour trouver quelque chose...
Elle ramena donc Kimik près de leur abri. Mais, n'ayant pas le cœur à l'enfermer, elle décida de simplement l'attacher, à l'extérieur, au soleil. Elle pourrait ainsi la rentrer à la tombée de la nuit tout en limitant le nombre de traces. Elle lui laisserait une bonne longueur de corde, et recherchait un peu de fourrage à lui laisser en guise de consolation.
Elle allait ensuite se remettre en chemin, refaire le tour du site, et continuer à chercher tout en effaçant ses traces. Elle comptait essayer une technique artisanale pour gagner en efficacité : attacher deux morceaux de ficelle aux extrémités de son bâton, le poser à plat sur la neige, et avancer en le trainant à plat derrière elle.

[Galathée]

Cette initiative, bien qu'ingénieuse, fut une catastrophe. Les allées étaient trop étroites et inégales, les rochers mal alignés, parfois tombés, et son bâton ne cessait de se coincer et de la ralentir. Sa progression, déjà difficile, en devint d'une lenteur formidable. Dans le même temps, cela lui permettait d'explorer les lieux avec plus d'attention, d'observer chaque recoin, chaque pierre, chaque cul de sac dans le dédale.
Il était midi quand elle avait attaché Kimik et l'après-midi continua à défiler, sans qu'elle trouve quoi que ce soit. Le soleil fut masqué par les nuages. Elle réalisait, au fur et à mesure qu'elle progressait, qu'il lui restait encore mille couloirs à parcourir, comme le site se dérobait sous ses pas, ou se modifiait jusqu'à devenir infini. Le fait qu'elle efface ses traces au fur et à mesure n'aidait pas : si elle était capable de distinguer son propre passage à quelques signes, de temps en temps, elle reprenait aussi parfois des chemins qu'elle avait déjà arpentés plus tôt.
La pluie se mit à tomber, fine et glacée, pas tout à fait neige. Astrée était maintenant sur le bord opposé du lac à celui qu'elle avait atteint plus tôt. La perspective sur l'île était à peine différente.

HRP : un d100 again ?

[Voyageuse]

HRP : 83

Elle était totalement découragée par l'immensité de la zone à explorer. Retrouver Kalju, s'il était là, était une tâche impossible. Mais chercher le génasi et effacer ses propres traces lui occupait l'esprit et l'empêchait de broyer du noir. Elle ne cessa donc pas ses recherches, poursuivant sa route autour du lac, explorant au passage les ruines adjacentes. Elle surveillait l'île du coin de l’œil, au détour de l'une ou l'autre allée, en se demandant s'il était possible d'y accéder et si elle recelait réellement du danger. Les archéologues n'y allaient-ils que lorsque l'eau se retirait ? Avaient-ils une barque ? Étaient-ils là-bas ? Elle se demandait si elle ne devrait pas déplacer son campement pour être en vue du lac, au cas où il s'y passe quoi que ce soit, mais c'était absurde : elle n'y était présente qu'à la nuit, lorsqu'elle dormait, et elle ne verrait donc rien...
Le soir approchait, et elle décida d'accélérer le pas pour se rapprocher peu à peu de leur abri, en songeant que la pluie se transformerait en neige qui se chargerait d'effacer les dernières traces : il n'était plus indispensable de les masquer soigneusement.

[Galathée]

Alors qu'elle quittait les abord du lac, Astrée eut soudain l'impression d'apercevoir quelque chose, une lumière, quelque part sur la gauche, en bordure de l'eau. Il ne faisait pas encore vraiment sombre, mais il y avait eu quelque chose, un éclat furtif, désormais disparu. Peut-être juste un reflet. Une illusion projetée par la neige. Difficile à dire. Elle pouvait aller voir, bien sûr, cela ne lui prendrait que quelques minutes, mais ce n'était pas complètement sur son chemin.

[Voyageuse]

Elle n'hésita pas et décida de se diriger vers la lumière entraperçue : après des heures et des heures à chercher complètement au hasard, elle n'allait pas bouder le premier signe qu'elle voyait, aussi infime soit-il. C'était peut-être un simple effet de son imagination, bien sûr, ou le reflet de la lumière sur un caillou brillant. Encore fallait-il qu'il y ait une lumière à refléter... Au mieux, elle pouvait espérer trouver une trace de la présence de Dimitri.
Elle se dirigea donc vers le rivage. Par prudence, elle s'efforçait d'avancer sans bruit, en longeant les rochers pour que sa silhouette ne se découpe pas trop nettement.

[Galathée]

Elle parvint sans trop de difficultés à se glisser jusqu'aux environs approximatifs de l'endroit où elle avait vu la lueur. Il ne semblait n'y avoir rien ni personne, juste les mêmes ruines, les mêmes rochers, les mêmes symboles incompréhensibles usés par le temps, les mêmes allées débouchant sur la plage de galets noirs et s'enfonçant dans le dédale des corridors tracés autrefois.

[Voyageuse]

Elle eut, une seconde, la tentation d'appeler à voix haute, presque par provocation, juste pour rompre le silence et la solitude, pour voir s'il se passait quelque chose en réponse à son appel. Mais elle s'obligea à la prudence, et se contenta d'écouter, longuement, le moindre bruit pouvant indiquer une présence. Puis elle songea qu'elle n'avait peut-être vu qu'un reflet, celui d'une lumière venue d'ailleurs, et elle observa les alentours, laissant son regard porter dans toutes les directions, y compris vers les montagnes. Mais peut-être était-ce juste un effet de son imagination : elle avait tant désiré voir quelque chose...
Elle se dit qu'apercevoir une lumière était un peu incongru, à la réflexion : si Kalju était là, il se serait montré, et un autre humain également : elle avait circulé dans la journée sans chercher à être particulièrement discrète. Ce pouvait être Dimitri, évidemment. Mais les elfes noirs, eux, n'avaient pas besoin de source de lumière....
Par acquis de conscience, elle fouilla les alentours, à la recherche de traces indiquant un passage récent.

[Galathée]

Elle ne vit pas de traces mais par contre, elle trouva la source de l'éclat qu'elle avait entraperçu. Dans l'un des piliers de pierre noire, encore plus ou moins d'aplomb, était serti un morceau de verre noirci, un peu comme un miroir, mais sans en avoir la face argentée. La lueur verte, qui vacillait dans le lointain, ne le frappait plus directement, raison pour laquelle il ne scintillait plus comme au moment où elle l'avait vu depuis la rive, mais elle devait sans nul doute le toucher de temps à autre.
De ce morceau de verre poli, Astrée en aperçut un autre, un peu plus loin dans le couloir qui s'ouvrait dans le dédale. Il y en avait encore un troisième plus loin. Et un quatrième encore. C'était peut-être un hasard, ou pas, mais Astrée eut l'impression que la neige était un peu moins égale dans cette allée, comme bosselée.

[Voyageuse]

Intriguée, elle décida de suivre l'allée. Elle se demandait pourquoi les elfes noirs avaient décidé d'incruster des morceaux de verre dans la pierre, ici précisément. Il semblait inutile de vouloir indiquer une piste : ils devaient savoir se repérer dans ce dédale, lui semblait-il. Il devait y avoir une autre raison.... ou pas. Mais la couche de neige semblait moins lisse : peut-être avait-on effacé des traces de pas récentes... ou plus probablement, la neige de la nuit passée les avait effacées.
Elle s'avança avec prudence, silencieusement, allant de morceau de verre en morceau de verre, en prenant soin d'effacer ses traces pour ne pas signaler son passage : il n'était pas impossible que le couloir débouche quelque part et qu'elle ne revienne pas sur ses pas.

[Galathée]

Le parcours de miroirs semblait se diriger vers un ensemble de pierres plus serrées, toujours aussi sombres, sur lesquelles étaient tracés des symboles usés. Astrée avait toujours l'impression de fouler un sol qui l'avait déjà été, ses bottes s'enfonçaient dans une neige plus meuble à certains endroits mais plus tassée à d'autres. Le dernier miroir se trouvait en hauteur, sur une pierre qui avait dû, autrefois, être perchée au sommet de deux autres, mais celle de gauche s'était effondrée et la pierre était désormais de guingois. Il y avait cependant toujours moyen de se glisser en dessous et d'entrer dans ce qui devait être une sorte de grotte ou un passage couvert de pierres alignées. Il y faisait néanmoins sombre et il était impossible de voir ce qui se trouvait au-delà de ce semblant de portail en ruines.

[Voyageuse]

Cela ressemblait à l'entrée de quelque chose, d'un temple, d'un complexe souterrain peut-être, et Astrée avait envie de savoir ce dont il s'agissait. Mais elle sentait des signaux d'alerte s'allumer dans son esprit : dans le noir, elle n'y voyait rien. Les elfes noirs, eux, s'il y en avait, y voyaient parfaitement. S'enfoncer là-dessous était dangereux.
Elle se mit de côté pour ne pas être trop visible et hésita, se mordillant l'index. Devait-elle chercher à avertir Dimitri ? Mais elle ne savait pas où le trouver, et il refuserait de la suivre. Et puis, il semblait avoir une idée de l'endroit où les prisonniers avaient été emmenés, donc elle ne lui apprendrait rien. Peut-être devait-elle attendre le lendemain ? Car la nuit allait tomber, et s'il y avait bien des elfes, ils choisiraient ce moment pour sortir. Enfin... Peut-être. Dans ce cas, elle pouvait se trouver nez à nez avec eux. Mais d'un autre côté, même si elle renonçait à aller voir, elle n'était pas à l'abri du danger : ils pouvaient la trouver s'ils décidaient de sortir explorer le site.
Enfin... s'ils existaient bien. Ce pouvait aussi être un passage trouvé par Kalju, et simplement ses traces. Il aurait pu ensuite faire une mauvaise chute. Mais elle dut s'avouer que ce scénario était tout de même assez peu probable.

Sa curiosité était plus forte que sa prudence. Elle décida d'écouter très attentivement, durant de longues minutes, si elle entendait le moindre signe de vie. Puis, s'il n'y avait rien d'inquiétant, elle se glisserait par l'ouverture en se coulant contre les rochers. Elle verrait bien ce qu'elle pouvait distinguer à la faible lueur venant de l'ouverture.