[Lieu] Belred Luyn

[Voyageuse]

Caleb avait dit de ne pas la laisser partir à moins de trente-cinq pièces d'or. Elle pouvait donc être satisfaite. Mais elle était consciente que n'importe qui, à commencer par Mathieu, aurait tenté de monter le prix. Elle décida donc de tenter sa chance, sans trop insister toutefois. Et puis, si marchander était ici une tradition, elle devait tout simplement s'y conformer.
" Oh... On m'avait dit qu'elle en vaudrait quarante..."

[Galathée]

L'elfe renifla.
" Elle en vaut peut-être quarante là d'où tu viens, mais pas ici, et pas aujourd'hui. Nous avons nos guérisseurs, nous aussi. Je te la prends jusqu'à ce qu'un autre humain vienne me l'acheter... et vu le passage en cette saison, elle pourrait être périmée avant que ça arrive ! Je t'en donne trente-cinq et c'est tout. Si ça ne te satisfait pas, tu peux chercher ailleurs."

[Voyageuse]

Astrée n'insista pas. Elle n'était pas taillée pour le marchandage, et trente-cinq pièces d'or étaient déjà un prix qui lui suffisait pour l'usage qu'elle voulait en faire. Et l'argument de la commerçante était valable.
Elle haussa les épaules avec une moue résignée.
" Alors va pour trente-cinq pièce d'or... Mais sinon, je me demandais, vous n'auriez pas une écharpe bien chaude à me proposer dans votre boutique ?"

[Galathée]

" Je ne fais pas dans le pratique. Les écharpes que j'ai ici sont des pièces de cérémonie ou anciennes, répondit l'elfe. Si tu cherches quelque chose pour te protéger de l'hiver, tu fais mieux d'aller voir dans les échoppes autour des trois aulnes."
Elle s'était penchée derrière son comptoir et en sortit la somme requise : trente-cinq pièces d'or. De quoi acheter 700 flèches.
" Maintenant, ne traîne pas."

[Voyageuse]

" Merci beaucoup !, répondit Astrée en souriant. Diola lle..."
Elle ne comptait bien évidemment pas acheter sept cent flèches. Mais il lui fallait également un bon bâton et de quoi se payer quelques nuits d'auberge : bivouaquer dehors en cette saison n'avait rien d'enviable.
Elle s'inclina poliment et ressortit dans le froid hivernal. Il ne lui restait plus qu'à se mettre en quête des armes qu'elle cherchait.

[Galathée]

Comme la ville n'était pas très grande, et qu'elle avait une représentation plus ou moins claire, désormais, de son agencement, elle ne dut pas chercher très longtemps. Les elfes ne parlaient pas très bien le commun, et certains semblaient vraiment réticents à lui adresser la parole, mais d'autres se montrèrent plus accueillants et la guidèrent jusqu'à l'endroit où étaient rassemblés les commerces. Il s'agissait d'une sorte de halle couverte, où s'alignaient des échoppes de toutes sortes. Il y avait principalement des elfes, mais Astrée repéra aussi un halfelin, plusieurs humains et quelques demi-elfes. Aussi son arrivée ne suscita-t-elle pas de commentaires. Il y avait des vêtements, des armes, de l'équipement et la nourriture, comme sur un marché ordinaire. Astrée n'avait plus qu'à faire son choix.

[Voyageuse]

Dimitri avait dit qu'il s'occupait du ravitaillement, elle n'avait donc pas à se préoccuper de nourriture. Mais étant habituée à ne compter que sur elle-même dans ce domaine, elle jetterait tout de même un coup d'oeil aux étals, à la recherche des quelques aliments de base qu'elle avait toujours sur elle, juste au cas où : fruits séchés, noix, viande séchée, un peu d'huile et de farine, un peu de sel également. Bien évidemment, elle pouvait toujours conjurer des baies magiques, mais puisqu'ils avaient un yack pour transporter leurs affaires, autant en profiter.
Mais le plus important était de renflouer sa réserve de flèches -avec des flèches elfiques de bonne qualité. Et de retrouver un bâton. De hêtre, avait conseillé Caleb. Elle se dirigea donc vers l'armurier le plus proche.

[Galathée]

Chacun avait sa spécialité et elle ne put pas trouver le tout au même endroit. Le spécialiste en archerie avait des flèches et des arcs, mais les bâtons étaient à un tout autre endroit. Les flèches elfiques étaient un peu plus chères que les flèches ordinaires : 1 pièce d'or et 5 pièces d'argent la vingtaine. Le prix était affiché, il n'y avait donc pas lieu de craindre une quelconque arnaque. Elle put donc se procurer ce dont elle avait besoin. Quant aux bâtons, la chose était plus complexe : il y en avait de tailles variables, dans une multitude de bois différents, au bout ferré ou troué pour y passer une lanière ou serti d'une pierre, gravés ou simples, colorés ou laissés dans leur couleur naturelle. Lorsqu'elle s'approcha, l'elfe qui les vendait lui jeta un regard un peu hautain, mais la laissa regarder la marchandise, bras croisés.

[Voyageuse]

Elle voulait un bâton de combat aussi simple que possible, donc non coloré, pour qu'il puisse passer inaperçu voire être confondu avec un grand bâton de marche. Elle connaissait la taille à laquelle elle était habituée, et eut tôt fait de sélectionner les quelques spécimens qui lui correspondaient.
Il lui fallait du hêtre, et elle était capable d'en reconnaître la couleur et l'agencement des nervures. Un trou pour y passer une ficelle était utile, une pierre enchâssée ne servait à rien sauf si elle était magique. Un bout ferré rendait l'arme plus durable et certains coups plus douloureux... Mais l'essentiel était qu'il soit parfaitement équilibré. Il lui fallait le tester.
Elle montra du doigt celui qui semblait lui correspondre le mieux.
" Neldor dagora wandil ? Est-ce que je peux essayer de le prendre en main ?"

[Galathée]

L'elfe ne parut guère impressionné par ses rudiments d'elfique mais il fallut qu'elle fasse un geste vers le bâton pour qu'il hoche sèchement la tête. Elle prit donc l'arme entre ses mains et elle était parfaitement équilibrée, agréable en main, solide et légère à la fois. L'elfe se fendit d'un sourire, sans doute conscient qu'elle ne pouvait que l'apprécier.
" Deux or." annonça-t-il.
C'était très cher pour un bâton, mais Astrée pouvait reconnaître un travail de qualité : ce n'était manifestement pas un bout de bois qu'on avait ramassé sur le bord de la route et qu'on avait vaguement taillé.

[Voyageuse]

Elle acquiesça sans hésiter et tendit la somme demandée.
" Très bon bâton", dit-elle avec un sourire appréciateur.
Un compliment n'était jamais inutile. Et elle était satisfaite de son achat. Ce bâton lui correspondait parfaitement : il était suffisamment discret pour n'attirer aucune convoitise tout en étant efficace. Il restait à espérer qu'elle ne le perde pas bêtement au cours d'une mésaventure...

Elle avait acheté tout ce qui lui était indispensable, et elle décida de flaner un peu et de s'autoriser, peut-être, un peu de superflu. De quoi écrire, par exemple. Elle se souvint que son couteau de chasse était également tombé entre les mains des illithids : elle n'était pas certaine que le couteau en bois phosphorescent de Félandaris, trop petit, le remplace efficacement. Il lui fallait également une écharpe, peut-être un bonnet de laine... et une couverture de plus. Elle aviserait en fonction de ce qu'elle trouverait.

[Galathée]

Il y avait de quoi faire. Des couteaux de chasse de divers modèles, des écharpes, des capuchons et des toques fourrées (le concept de bonnet semblait échapper aux elfes, mais les alternatives étaient nombreuses), des plumes et de l'encre, ou du parchemin, du papier réalisé à base d'écorce, des stylets à la mine de plomb, des couvertures tissées de poil ou coupées dans la peau d'un animal. Il suffisait à Astrée de faire son choix, d'échanger quelques gestes avec les marchands, de payer la somme due et de poursuivre ses emplettes. Les elfes paraissaient assez ravis de la voir approcher, d'ailleurs... Il était sans doute rare qu'une visiteuse refasse tout son équipement — ou presque — en une fois.

[Voyageuse]

En cette saison, les clients devaient être rares, et puisqu'elle avait de l'argent en poche, Astrée ne bouda pas son plaisir. Elle trouva une couverture tissée plus grande que la peau du naurruin -mais moins chaude-, une écharpe dans les tons chaleureux de l'automne, une toque fourrée qui masquait moins la visibilité qu'un élégant capuchon -et peu importe qu'elle lui donne un air un peu masculin-, un crayon à mine de plomb et un peu de parchemin, un bon couteau de chasse et même deux hameçons pour la pêche.
Même si beaucoup d'autres choses la tentaient, elle resta raisonnable, consciente qu'elle devrait loger dans des auberges pour une durée indéterminée. Changer de bottes ou de manteau n'avait pas de sens ici : il valait mieux attendre d'être dans un pays montagneux où les textiles seraient plus adaptés. Acheter un magnifique arc elfique était extrêmement tentant mais certainement trop ruineux pour sa bourse.

Se souvenant de sa première visite de la ville, elle songea à Palen et Jill, qui devaient être rentrés passer l'hiver à Anarion, certainement. Par acquis de conscience, elle décida tout de même d'aller longer la rivière en direction des trois chutes, à tout hasard, avant de rentrer à l'auberge. Elle verrait rapidement si la barque informe qui était le camouflage du Martin-Pêcheur était toujours là. C'était, bien sûr, très peu probable.

[Galathée]

Effectivement, elle eut beau suivre la Sylvestre de l'entrée à la sortie de Belred, tout au long des quais, elle ne vit aucune trace ni de la barquette en ruines, ni du Martin Pêcheur révélé. Elle se risqua à poser la question à un elfe qui réparait un piège à écrevisses et se vit confirmer que Palen et Jill étaient bien repartis, plus d'un mois plus tôt déjà. Les journées étaient courtes et la nuit tomba rapidement, forçant la druidesse à rejoindre son auberge : la cité elfique n'était pas très éclairée, au sol du moins. Dans les hauteurs, c'était autre chose, mais la zone n'était pas aisément accessible, peut-être même privée. A l'auberge, il n'y avait pas franchement plus de monde — il était encore tôt malgré la nuit — mais on installait déjà une estrade pour les musiciens. Il y avait bien sûr moyen de s'attarder dans la salle... ou de se replier dans les hauteurs.

[Voyageuse]

Elle n'avait pas de raison de s'attarder dans la salle, et préféra monter dans sa chambre pour trier ses affaires, plier ses vêtements, préparer ses bagages et vérifier qu'il ne lui manquait rien. Tout devait être prêt pour le départ du lendemain : elle se lèverait certainement un peu tard vu la fatigue accumulée, et Dimitri n'était pas spécialement enclin à la patience. Les journées étaient courtes et ils auraient déjà un petit contretemps puisqu'il faudrait récupérer Kimik.
Une fois ses bagages terminés, ses projets pour la soirée étaient tout tracés : dîner tôt, terminer le repas par une bonne camomille ou quelque chose d'équivalent, peut-être écouter quelques minutes la musique pour le principe, par politesse, et se coucher tôt.

[Galathée]

Journées courtes, longues nuits, Astrée émergea dans la pénombre précédant le lever du soleil avec le sentiment qu'il était déjà tard. Elle n'eut besoin que de quelques minutes pour rassembler ses affaires et descendre au rez de chaussée pour attraper un petit déjeuner copieux. Prince dormait toujours dans son cou, ignorant — ou faisant mine d'ignorer — qu'on lui demanderait bientôt de quitter son perchoir douillet pour affronter le froid. Dimitri fit son apparition dans l'auberge alors que la druidesse terminait de manger. Il la repéra rapidement et marcha jusqu'à sa table.
" Bonjour. Bien dormi ? Parée ?" dit-il, sans pour autant s'asseoir.

[Voyageuse]

" Oui, je suis prête. J'avais bien besoin de dormir..."
Elle sourit, détendue.
" Il va falloir qu'on passe à la Guilde récupérer Kimik, ils m'ont chargée de la ramener. Mais si tu veux une tasse de thé, n'hésite pas, on peut prendre cinq minutes... Bien dormi de ton côté ?"
Elle avait eu le temps de réfléchir un peu à son sujet la veille, mais n'en avait pas tiré de grande conclusion, hormis le fait que Dimitri fuyait le contact physique -sauf dans les cas de nécessité bien sûr, par exemple lorsqu'il l'avait guidée pour communiquer avec les loups qui l'encerclaient-, et qu'il refusait d'être réconforté ou même d'extérioriser ce qu'il ressentait. Elle espérait que les nouvelles qu'il avait reçues étaient bonnes, et songeait qu'il avait peut-être, là-bas, une famille... voire une épouse ? Elle ne le lui souhaitait pas : il était du genre à vouloir rester fidèle des siècles de séparation allaient être impossible à vivre. Mais elle devait garder cette possibilité à l'esprit : elle pouvait expliquer son recul.
Elle lui poserait la question, tôt ou tard... mais il n'était pas nécessaire de débuter la journée par des tensions s'il ne souhaitait pas en parler. Il valait mieux attendre qu'il ressente l'envie de se confier. Car, à ce sujet, elle partageait l'opinion de Kaljivahu : il devait avoir besoin de parler de sa peine, de sa frustration, de son mal du pays... ou, tout simplement, de pouvoir parler librement de sa vie avec quelqu'un qui connaissait son secret.

[Galathée]

" Oui. Je propose qu'on ne traîne pas : il fait glacial et nous n'avancerons sans doute pas très vite vu l'état de la route. Je n'ai rien contre les bivouacs à la dure, mais les sites accessibles sont rares et si nous pouvons rallier une auberge, ce sera toujours ça de pris..."
Il finit par prendre une chaise.
" Mais termine à ton aise. Il parait que tu es venue par cette route. Est-ce que tu as repéré des endroits convenables ? Je sais qu'il y a quelque part une auberge qui élève des crocodiles, mais à part ça..."

[Voyageuse]

" Il y avait des auberges à intervalle régulier, dans mon souvenir. La prochaine est en bord de rivière et était relativement fréquentée... et elle n'est pas très loin, en fait. Donc on a un peu de temps, tu peux même boire un thé. Au coeur des bois, il y en avait juste assez pour en trouver une par nuit, même au rythme lent du yack. Mais les journées d'été sont plus longues, donc il est possible que nous arrivions parfois à la nuit tombée. Heureusement que tu y vois clair, tu nous guideras..."
Elle avala une gorgée de thé et chercha du regard une tasse pour le servir. Elle fit un effort pour se remémorer l'itinéraire.
" Outre l'auberge aux crocodiles, je me souviens d'une sorte d'auberge fortifiée dans une zone où vivent des trolls, au nord de celle des crocodiles. Ce sera la dernière avant d'arriver à Nauru. Les autres, plus proches d'ici, n'avaient rien de remarquable. Sinon, on a dû faire attention dans le secteur de la tribu d'Eyri, puisqu'ils n'aiment pas trop les humains. C'est à trois ou quatre jours d'ici.... juste avant l'auberge aux crocodiles, en fait. Ils cherchent apparemment des prétextes pour pouvoir entrer en conflit. il me semble que c'est eux qui avaient placé plein d'ossements plus ou moins sacrés sur la route, qu'on n'avait pas le droit de toucher. On avait franchi l'obstacle grâce aux pouvoirs de génasi de Kalju..."
Elle laissa échapper un soupir, ramenée à la tristesse de son décès.
"Mais ils te connaissent, donc ça devrait se passer sans souci. Tu les avais rencontrés en ramenant Eyri ?"

[Galathée]

" Brièvement. Ils ne m'ont pas cherché de noises. Ils sont très sauvages, du coup, ils perçoivent en partie mon essence. Ils ne peuvent pas savoir exactement ce que je suis, mais ils sentent que je ne suis pas humain. Ils ont l'habitude des entités étranges... Cela les oblige au respect."
Il pinça les lèvres.
" J'espère que cela aura eu l'effet d'adoucir la punition d'Eyri. Ils l'avaient envoyé au dehors pour qu'il fasse ses preuves et il est rentré la queue entre les jambes. Je ne crois pas qu'il aura la vie facile dans les années à venir."

[Voyageuse]

" Il est allé au bout. Il a pu expliquer que cela était dû à de la magie drow, et ce sont quand même leurs ennemis... Et la faille est stabilisée. Ils pourraient donc considérer qu'il n'est pas rentré totalement bredouille... et ne pas se montrer trop durs. Et l'envoyer seul à l'aventure alors qu'il ne parle pas le commun, c'était peut-être rude comme épreuve."
Elle sourit, puis son expression s'assombrit.
" Mais ce qui l'a démoli, c'est de perdre son cerf... Et je m'en veux pour cette histoire. En même temps, je ne pouvais pas savoir qu'il y avait des griffons et qu'ils s'attaquaient aux chevaux. Je ne connais pas ces montagnes.

[Galathée]

" Tu as bien vu ce qui est arrivé à la mule de Mathieu, pourtant, dit Dimitri. Je vous ai prévenus qu'il y avait des créatures aériennes qui guettaient les herbivores. Nous avons dû sacrifier cette mule pour sauver Kimik et le cerf. Après, tu n'es pas responsable de l'insubordination d'Eyri, seulement de la tienne."
Conscient qu'il s'était montré sec, il eut une petite grimace et s'éclaircit la gorge.
" Pardon. Ce qui a eu lieu, a eu lieu, et ne changera pas. Je t'attends dehors."
Il s'éloigna et sortit aussitôt.

[Voyageuse]

Astrée leva mentalement les yeux au ciel. Certes, ils savaient qu'il y avait des créatures susceptibles d'attaquer le cerf, tout comme elles avaient attaqué la mule. C'était d'ailleurs l'une des raisons qui la poussaient à agir. Mais elle ne savait pas que les créatures avaient un goût particulier pour le cheval… Quant à sa propre insubordination, elle ne regrettait pas son choix. Elle ne savait pas où était Dimitri à ce moment-là et il était de son devoir d'aller chercher l'elfe une fois qu'elle avait amené les autres à bon port. Toutes ses habitudes de rôdeuse le lui commandaient. Et si Dimitri était incapable de le comprendre, tant pis. N'aurait-il pas fait la même chose ? Mais évidemment, il était sorti avant qu'elle puisse lui poser la question. Peut-être qu'il aurait abandonné l'elfe à son sort, en considérant qu'il le méritait pour avoir désobéi ?
Avec un soupir, elle acheva son thé, prit son sac, paya sa chambre et sortit dans le froid hivernal. Il leur fallait récupérer Kimik… et renoncer à expliquer pourquoi elle n'avait pas obéi ce jour-là. Cela n'était pas si important, après tout… Et puis, il ne pouvait peut-être pas comprendre. C'était sa nature d'être aussi raide. Elle devait l'accepter tel qu'il était. Elle ne le changerait pas...

[Galathée]

Comme il le lui avait dit, Dimitri l'attendait à l'extérieur, près d'un grand cheval rouan aux fontes bien remplies. Il fallait encore qu'Astrée s'occupe de sa propre monture, à moins qu'elle n'ait décidé de d'abord aller chercher Kimik. Elle avait l'impression de percevoir toute la réticence de Prince qui ne voulait pas (voulait pas, voulait pas, voulait paaaaaas) quitter son nid douillet pour jouer au cheval sous la bruine. Car le ciel était couvert, il faisait encore gris sombre, et le froid était déjà perçant. Le mercenaire ne quitta pas l'épaule de sa propre monture, attendant sans doute qu'Astrée prenne ses propres décisions.

[Voyageuse]

Astrée ordonna mentalement à Prince de se trouver une cachette pour se transformer à l'abri des regards et de la rejoindre. Il savait à quoi s'attendre : elle lui avait expliqué qu'ils reprenaient la route et il avait dû apercevoir l'autre monture. Elle lui promit du fourrage en abondance à l'arrivée.
En attendant qu'il se décide, elle s'avança paisiblement vers le cheval de Dimitri.
" Bonjour Recha... Ravie de te voir enfin, murmura-t-elle doucement en lui caressant le chanfrein. Tu me tenais bien compagnie sous forme de pierre dans ma poche, mais c'est moins doux..."
Elle se tourna vers Dimitri avec un sourire.
" Il est magnifique. Mais je pense qu'on pourra profiter de la présence de Kimik pour le décharger un peu..."
Elle-même n'avait pas de véritable harnachement pour Prince : cela aurait été trop encombrant lorsqu'il redevenait abeille ou écureuil. Elle fixait son sac avec quelques sangles légères et montait à cru. Mais puisqu'elle comptait utiliser Kimik, elle n'avait rien à fixer pour le moment : elle se contenterait de déposer ses bagages en équilibre sur le dos de sa monture et de marcher à côté de lui sur la centaine de toises qui les séparait de la Guilde.

[Galathée]

Prince dut se faire prier. Il n'avait aucune envie de voyager par ce temps, l'hiver c'était pour dormir, et Dimitri eut un sourire en percevant la réticence de l'écureuil qui se cramponna au col de sa maîtresse pour ne pas devoir toucher terre. Une fois au sol, il piailla de mauvaise humeur pendant quelques secondes avant de s'enfuir en quelques bonds.
" Je l'ai dit : il aurait meilleur caractère s'il pouvait hiberner."
Il flatta l'épaule de Recha.
" Je vais garder mon matériel avec moi. Ce sont des peccadilles pour Recha et en revanche, il appréciera peu l'odeur de ce qui aura voyagé avec Kimik."

[Voyageuse]

" Oh, comme ça, Monsieur Recha a le bec fin..."
Elle sourit.
" Il aura intérêt à rester devant le yack, alors, pour ne pas être incommodé. Prince préfère aussi être à l'avant, mais lui, c'est plutôt pour le plaisir de pouvoir galoper de temps en temps. Quoique, avec un ciel aussi bouché, il n'aura sans doute pas envie de s'amuser... Et de toute façon, on sera dans l'ombre de la forêt. Il n'aime pas la Lorien. Ça manque trop de soleil à son goût. Il a un besoin vital de lumière solaire..."

[Galathée]

" Il a besoin de printemps." dit le mercenaire d'un air entendu.
Le petit cheval miel avait surgi, agitant sa crinière, l'air aussi mal embouché sous forme équine que sous forme écureuil. Le grand étalon rouan baissa les oreilles mais Dimitri lui souffla quelque chose à l'oreille et il se tempéra, agitant la tête comme s'il chassait les mouches. Les elfes alentours parurent surpris de voir un cheval sans harnachement se promener librement dans leur cité, mais Astrée put rapidement charger son compagnon, mettant fin à son errance. Ils mirent ensuite le cap sur la guilde des montagnards, où Astrée n'avait plus qu'à récupérer Kimik avant qu'ils se mettent en route.

[Voyageuse]

Astrée flatta l'encolure de Prince, l'encourageant à mi-voix, lui promettant une montagne de friandises à la pause. Elle comprenait sa mauvaise humeur, vu la météo. Mais d'un autre côté, un cheval n'hibernait pas, lui : il serait peut-être plus à son aise sous cette forme...
Une fois à la guilde, elle se dirigea aussitôt vers les écuries, comme on l'y avait autorisée. Ses maigres bagages ne pèseraient pas grand-chose sur le dos de Kimik : un gros sac de vêtements et d'ustensiles divers, ça n'était rien pour un yack. Elle n'avait même pas une tente digne de ce nom, juste un petit abri de toile. Il fallait espérer que toutes les auberges soient ouvertes...
" Tu les a prévenus que tu partais quelques jours ?", fit-elle en désignant du menton le bâtiment principal.

[Galathée]

Il parut surpris.
" Non. Pourquoi le ferais-je ?"
Puis il ouvrit la bouche, comme il comprenait.
" Non. Mon association avec Raevan... est entre moi et Raevan. Ce n'est pas à moi de décider si d'autres personnes sont au courant, et pour l'heure, je n'ai rien signé. De ce que je comprends... Il est préférable de compartimenter un maximum, question de prudence."