[Ambre] Huis'Adra

[Vel Cheran]

HRP : en provenance d'ici

Ils naviguaient désormais dans une mégapole technologiquement très avancée, remplie de gratte-ciels aux formes inhabituelles et d'éclairages au néon. La circulation aérienne était particulièrement chaotique, aucune règle de conduite ne semblant la réguler.

Les passagers purent constater que leur véhicule avait changé lui aussi, ressemblant davantage à une sorte de petite barge volante qu'à un catamaran. Leurs vêtements étaient eux aussi différents, entièrement synthétiques et près du corps, dans des couleurs plutôt criardes.

"Nous y voilà."

[Galathée]

Harold, dont la couleur de prédilection était le bleu orage et qui avait horreur de se faire remarquer, découvrit avec désespoir la mode en vogue dans l’Ombre qu’ils venaient d’atteindre. Il le manifesta par un léger haussement de sourcils et un soupir inaudible. Le destin avait décidé de le mettre à l’épreuve mais il en sortirait immanquablement grandi (enfin… on pouvait toujours espérer). Au moins, Eleina était dans son élément et désormais, ils avaient tous l’air d’appartenir à sa petite équipe de superhéros. Pour le reste, elle avait géré les arbres, les trous noirs et les vers, elle se débrouillerait bien avec la circulation dense qui filait autour d’eux. Il était même prêt à parier qu’elle n’aurait pas perdu une once de son énergie une fois qu’ils seraient rendus.

[Voyageuse]

Eleina, concentrée sur la conduite, n'avait même pas remarqué la transformation des vêtements -ce genre de détail accessoire lui passait toujours complètement au-dessus de la tête, et elle était tellement habituée aux vêtements synthétiques de couleur vive qu'ils n'attiraient pas son attention.

Elle se trouvait désormais dans un paysage presque familier, avec ces gratte-ciel aux équilibres improbables et ces véhicules volants. Mais la ressemblance avec son monde d'origine s'arrêtait là : la taille de ce véhicule n'avait rien de commun avec les petits scooters et automobiles volants auxquels elle était habituée, et surtout, surtout, elle n'avait jamais conduit dans une circulation aussi anarchique. Elle s'attendait à chaque instant à voir débarquer les hommes en gris chargés de réguler la circulation, pour rappeler à chaque conducteur qu'il n'y avait que trois niveaux possible, tous à sens unique et avec vitesse imposée, et à retirer illico les permis de conduire des contrevenants.

Elle manqua emboutir deux autres véhicules arrivant sur sa droite, un autre arrivant par-dessus -mais quelle idée de descendre de niveau ailleurs qu'aux emplacements prévus pour ça?-, et, après quelques jurons et coups de frein violents, il lui fallut se rendre à l'évidence : non, ici, il n'y avait visiblement pas ce genre de règle. Peut-être, d'ailleurs, n'y avait-il rien ressemblant à un permis de conduire. Tous ces chauffards auraient été passibles de peine de prison en Utopia.
Un peu pâle, elle décida de s'extraire rapidement du maelstrom en prenant de la hauteur, espérant que la circulation y serait moins dense.

[Féérune]

Luonto soupira. Civilisation, trop de civilisation ! elle admira cependant la cité lumineuse, aux angles trop aigus à son goût mais étrangement belle. La sensation du tissu sur sa peau avait subtilement changé, plus fraîche et plus douce, comme une espèce de satin ; les manches larges de son élégant manteau vert sapin avaient laissé place à des manches près du corps d'un ton turquoise. Le reste de son vêtement, rouge cerise, ne parvenait pas à jurer avec ses cheveux. Elle en fut soulagée. Paraître, oui, le paraître est important... Même si ce n'est pas l'essentiel...

Missou, qui remontait de sa cachette, observa son nouvel environnement et décida qu'il méritait une petite exploration. Il se mit à voleter autour de la barque volante en pépiant.

- Hé ! j'aime bien, tous ces bâtiments sont un peu grands ! hé ! tu me ferais un nichoir qui ressemble à ça ? Pas si grand, évidemment, à ma taille... Oh ! il est rigolo, Harold, avec ces couleurs !

Luonto n'écouta qu'à moitié.

- Dominic, je suppose que nous y sommes... Belle ville, vraiment. Sais-tu s'il y a des impairs que nous devons éviter ? Il n'est pas toujours facile de savoir se fondre parmi les habitants d'une cité inconnue, malgré ces nouveaux vêtements.

[Vel Cheran]

Dominic s'étira en bâillant et revint de l'avant de la barge.

"Bon, ça ne s'est pas trop mal passé. Encore une descente aux enfers à laquelle j'ai survécu."

Il adressa un clin d’œil à Eleina.

"Bien joué, beaux réflexes, surtout avec le ver. Je n'aurais pas voulu finir au fond de son système digestif."

Il désigna une structure ressemblant à un empilement de plateaux de verre, comme un gigantesque service à vaisselle.

"Pose-toi là, on va continuer à pied. Ça sera moins dangereux."

Il se tourna enfin vers Luonto :

"Concernant tes inquiétudes, Lulu, ne t'inquiète pas trop sur l'étiquette ici : elle est aussi chaotique que la circulation. Même les marginaux n'attirent pas l'attention, tu sais... D'ailleurs, si vos vêtements ne vous plaisent pas, n'hésitez pas à les changer. Ils aiment bien le kitsch par ici, mais les couleurs ternes vous feront au pire passer pour des has been. Rien de bien méchant."

[Voyageuse]

Eleina obtempéra sans discuter et se dirigea vers l'étrange construction en évitant, in extremis, toute sorte de véhicules volants non identifiés. Plus ils étaient hauts en altitude, et moins ils risquaient d'accident, mais le risque était mortel en cas d'accrochage. Elle avait besoin de toute sa concentration pour réussir à atteindre le toit de l'immeuble en question, et n'entendit rien de ce qui s'échangeait concernant leurs vêtements ou autres soucis d'étiquette.
Elle finit par se poser, guidant leur véhicule d'une main un peu tremblante, immensément soulagée de finir à pied et de ne plus avoir à gérer ce flot ininterrompu de véhicules venant en tout sens. L'endroit où ils se posaient, à l'aspect de verre, semblait trop fragile à son goût, et elle craignait de briser l'immeuble si elle atterrissait trop brutalement. Mais Dominic devait savoir ce qu'il faisait en les invitant à se garer ici.

[Féérune]

Luonto poussa un long soupir. Domi ne saura jamais prononcer mon nom correctement...

- S'il te plaît, mon cher, je te prie d'utiliser le diminutif de Luonto et non pas de Lucette... Loulou !

Missou se mit à rire et ne manqua pas de donner un avis d'esthète.

- Hé, au lieu de snober Domi, change plutôt les couleurs de ta tenue ! les manches rouges et le reste turquoise, ça t'ira beaucoup mieux... Non, tiens ! donne donc un ton un peu plus vert au turquoise !

La princesse haussa les sourcils d'un air faussement exaspéré et apporta les modifications suggérées par Missou à ses vêtements.

[Galathée]

Comme Harold voulait passer inaperçu, il estima qu'il était préférable de conserver des vêtements « ordinaires ». C’est-à-dire jaune poussin à zébrures violettes, ravissant, comme si le destin avait creusé dans son esprit et choisit le pire. Si Martin appréciait cet endroit, c’est qu’ils ne seraient probablement pas faits pour s’entendre, aussi étroits soient leurs liens du sang. Cela n’avait guère d’importance. Dès qu’Eleina aurait terminé de poser leur coucou, ils pourraient se mêler aux gens. Un autre type de descente aux enfers, mais plus classique.

[Vel Cheran]

Avec un sourire complice, Dominic s'excusa platement auprès de sa cousine pour avoir ainsi écorché son surnom. Une fois leur appareil posé, il jeta son sac sur son épaule droite et descendit à terre d'un bond léger.

"Et maintenant, on cherche une aiguille dans une botte de foin."

Il posa la main gauche sur sa hanche en jetant un coup d’œil sur les immeubles voisins.

"Heureusement, Martin m'a présenté à des amis à lui la dernière fois qu'il m'a emmené ici. Des musiciens qui officient tous les soirs dans un club de jazz. Je pensais commencer par là, mais si vous avez une autre idée..."

[Féérune]

Des musiciens de JAZZ ? Luonto se retint de hurler. Ayant subi un joueur de saxophone féru de free-jazz, elle en avait été durablement traumatisée.

- Euh... Ils jouent aussi chez eux ? On n'aura pas à rester longtemps chez eux... Euh... Je veux dire, il ne faudrait pas déranger des artistes...

Artistes ! péteurs de notes anarchiques, plutôt ! mais la princesse, en personne bien élevée, se garda de livrer le fond de sa pensée. Missou, lui, avait compris et riait sous cape - enfin, sous chevelure.

[Voyageuse]

Eleina sourit intérieurement. Elle partageait un certain manque d'enthousiasme pour une soirée jazz, mais pour des raisons diamétralement opposée : certes, le jazz avait un petit charme désuet qui plaisait particulièrement à sa mère adoptive, mais elle-même n'y avait jamais été sensible. Elle préférait des musiques un peu plus... sonores. Rythmées. Des sonorités plus tranchées. Ou plutôt... électriques ? Bref, plus modernes ! Le jazz correspondait à la génération de ses grands-parents, dans son ombre... ou peut-être même plus ancien. Elle n'en savait rien, ayant totalement séché ses cours d'histoire de l'art.
" De toute façon, on n'a pas d'autre piste, fit-elle, pragmatique. S'ils n'ont rien d'utile à nous dire, on n'aura même pas de piste du tout. Il faut bien commencer quelque part... Mais si on sait où les joindre sans attendre le soir, c'est encore mieux !"
Le soir, d'ailleurs, c'était quand exactement ? Avec ces étranges voyages dans les ombres, elle n'avait plus aucune notion du temps.

[Galathée]

Harold observait les lieux, faussement détendu. Il aurait aimé pouvoir mettre les mains dans les poches, mais évidemment, sa combinaison ridicule n’en avait pas. A la mention des jazzmen, il acquiesça sans en penser grand-chose. Il préférait la musique solitaire et réflexive, qu’il avait apprise et pratiquée durant son enfance princière sur le grand piano à queue de la salle de réception du palais rebman, mais il n’avait rien contre quelque chose d’un peu plus moderne (tant qu'on ne lui demandait pas de danser).
Ce qui l’inquiétait était davantage le niveau sonore : il avait horreur du bruit. Mais si cela pouvait réduire la botte de foin à une poignée d’épis, c’était une concession tout à fait acceptable. Au besoin, il modifierait la structure de ses oreilles pour s’épargner le pire.

[Vel Cheran]

Dominic consulta la montre qu'il n'avait pas à leur départ d'Ambre.

"Alors, il est 17h, on a donc quelques heures devant nous pour nous y rendre. Ça nous prendra un peu de temps pour atteindre le sol, déjà, mais on n'aura pas non plus à trop se presser."

Une femme dans un costume jaune rayé d'orange s'approcha à grands pas d'eux et héla la personne la plus proche - Harold, en l'occurrence.

"Eh, vous avez réservé une place de stationnement ? Heureusement que j'ai pas grand-monde aujourd'hui, sinon je vous fichais dehors !"

Elle jeta un œil critique à la barge garée non loin de là et pianota sur un gros appareil à touches.

"C'est quinze yens de l'heure, payés d'avance."

[Féérune]

Luonto commença par toiser la femme d'un air hautain, réfléchit rapidement et esquissa un demi-sourire.

- Mais... Bien certainement. Domi, tu auras bien la monnaie nécessaire ? Ou peut-être devons-nous aller garer le véhicule ailleurs ?

Mentalement elle se prépara à neutraliser la gêneuse, et risqua une question :

- Vous travaillez pour quelle société ? L'Etat ? Savez-vous à qui vous avez affaire, au fait ?

Son regard clair, hypnotique, se vrilla dans celui de la femme si étrangement attifée. Les yeux de Missou, toujours bien caché dans la chevelure de la princesse, observaient avec intérêt la tentative d'hypnose.

[Galathée]

Harold fut pris au dépourvu par l'intervention de sa cousine, moins par le ton qu'elle employa. Il aurait opté pour une tout autre approche, mais Luonto avait manifestement du mal à se défaire de ses attitudes de princesse, même en pleine infiltration dans une Ombre inconnue. Il jeta un oeil en direction d'Eleina. Il était prêt à parier qu'elle n'allait pas résister à venir mettre son grain de sel dans la charmante interaction qui se déroulait sous leurs yeux. Mais cela ne le concernait désormais plus, aussi fit-il un pas en arrière, comptant sur Dominic pour intervenir si les choses dérapaient. De toute façon, sans poches, où aurait-il mis ces fameux quinze yens ? Sans doute payait-on avec une empreinte digitale ou une puce logée sous la peau du poignet, dans cet endroit moderne...

[Voyageuse]

Eleina n'ayant aucune habitude de ce genre de situation, se mit simplement à fouiller machinalement dans ses poches d'un geste automatique, tout en écoutant avec un peu d'inquiétude sa cousine. Il lui semblait que ce n'était pas une bonne approche. Ils ignoraient si les parkings appartenaient à des sociétés privées ou à la commune, et ce genre de méprise pouvait attirer l'attention sur eux. Mais ce n'était peut-être pas si grave ? Ce monde avait l'air nettement plus libre qu'Utopia, et les individus hautains ou étranges aux questions absurdes n'y finissaient peut-être pas en prison à subir les questionnaires inquisiteurs des gardiens de la pensée ?

Elle voulut conjurer rapidement une carte bancaire, ou quelques pièces, pour régler rapidement le souci, avant de réaliser qu'elle n'avait pas la moindre idée du mode de paiement utilisé dans ce monde, de la taille et de la couleur des pièces ou des cartes éventuelles... d'ailleurs, peut-être s'agissait-il d'autre chose, d'un badge, ou d'une appli sur portable ? Ils allaient paraître totalement décalés si elle sortait n'importe quoi de ses poches. A moins que son pouvoir ne puisse deviner d'instinct la forme à conjurer ? Elle n'en savait rien, après tout. Mais dans le doute, mieux valait attendre sagement la réaction de Dominique... qui, lui, savait certainement à quoi ressemblait la monnaie de cette ombre. Elle observa tout de même le sol à la recherche d'une piécette égarée pouvant lui servir de modèle.

[Vel Cheran]

L'employée haussa un sourcil en entendant Luonto.

"Je ne sais pas qui vous êtes, et pour être toute à fait franche, je m'en fiche. Ici, le prix est le même pour tout le monde, que vous soyez PDG, guildard ou racleur."

"Désolé," intervint Dominic, "ça fait un moment que je ne suis pas passé dans le coin, et la dernière fois on ne m'avait pas parlé de réservation."

"Pas possible : on a TOUJOURS recommandé les réservations ici."

"Alors je dois confondre" admit-il tout en portant la main à sa poche, d'où il sortit une carte de crédit. "On va prendre deux jours, si c'est possible."

Hochant la tête, son interlocutrice inséra la carte dans son appareil avant de la lui rendre.

"Tout est possible ici, sauf de stationner à l'oeil. Votre place est garantie jusqu'à demain, même heure. S'il y a dépassement, on prévient la fourrière. Bonne soirée."

[Féérune]

L'hypnose ne fonctionne pas ici ? Ou est-ce un androïde ? Si elle est humaine et que je retombe sur elle, elle pourra numéroter ses abattis... En son for intérieur, Luonto savait pourtant qu'elle ne se vengerait pas. Être vindicative, cultiver une rancoeur n'était pas vraiment dans son caractère. Enfin ! Domi avait la solution au problème, c'est l'essentiel.

Missou, qui avait suivi la scène et écouté attentivement le ton de la voix de l'employée, frémissait de colère. Il se mit à chuchoter avec ardeur dans l'oreille de sa maîtresse.

- Hé ! on ne va pas laisser passer ça ! je vais l'attaquer, l'odieuse femme !

Il fallu à Luonto beaucoup de persuasion pour éviter que Missou ne fonce sur l'employée bec en avant.

- Domi ? Deux jours suffiront, tu es sûr ?

[Voyageuse]

Eleina haussa les épaules.
" Bah, si ça ne suffit pas, nous reviendrons payer quinze yens de plus ou bien nous changerons de parking ! Et j'espère bien que ça suffira !"
Car sinon, il leur faudrait trouver un endroit où passer la nuit : elle était prête à parier que la location du parking n'incluait pas le camping à bord du véhicule. Quoique... pourquoi pas, après tout ?

Bien sûr, elle préféra ne pas poser la question à la gardienne du parking. Montrer à ce point sa méconnaissance totale des règles de fonctionnement locales n'était certainement pas une bonne idée. Il était plus prudent de passer inaperçu. Elle se souvenait des avertissements de Bleys sur le fait que les ombres n'étaient plus très sûres. Fiona aussi lui avait dit de ne pas y aller. Il devait donc y avoir un danger réel : son père et sa tante n'étaient pas du genre à s'effrayer d'un rien.
" En route ?", fit-elle d'un air interrogateur en s'adressant à Domi.
Il était leur guide en ce monde inconnu, après tout.

[Galathée]

HRP : je ne sais pas si vous m'attendiez, mais franchement, je pense que parfois ce n'est pas nécessaire de respecter le tour de rôle... Je n'ai pas grand chose à ajouter dans cette situation...

Harold attendit donc que Dominic leur montre la voie. Il ne comprenait pas bien comment payer deux jours de stationnement équivalait à revenir le lendemain, mais il n'avait jamais été bon en maths, et pas prêt à interrompre le flot des événements pour si peu. Levant les yeux vers le ciel encombré de véhicules, il se demanda combien d'heures duraient les jours en cet endroit. Il n'aurait pas craché sur un en-cas pour se donner du courage après toute cette agitation aérienne et ils avaient du temps à perdre, leur cousin l'avait dit.

[Vel Cheran]

Une fois l'employée hors de portée d'oreilles, Dominic haussa les épaules.

"Pour être honnête, c'est un peu le cadet de mes soucis. Je veux dire, on est en Ombre, non ?"

Le fils de Gérard les mena vers un tapis roulant qui les entraîna vers le bâtiment voisin. Le mécanisme semblait avoir connu des jours meilleurs, et n'était de toute évidence que peu maintenu, mais il leur permit de se déplacer sans trop d'efforts jusqu'à un hall peuplé. Une demi-douzaine de portes d'ascenseurs parsemaient les murs.

"Plus qu'à attraper un ascenseur qui descend."

[Voyageuse]

Eleina observait d'un air indifférent les tapis roulants, ascenseurs et autres escaliers automatiques. L'endroit était assez similaire à l'ombre ou elle avait vécu, bien qu'en -beaucoup- moins bon état. Les immeubles étaient différents, cependant. Moins... carrés. plus originaux. Assez esthétique, devait-elle admettre, malgré son goût conditionné par des décennies d'architecture purement rationnelle.
Elle se souvint des recommandations de prudence de sa tante et se mit à observer avec plus d'attention les personnes qu'ils croisaient, au cas, sûrement improbable, où il y ait parmi eux des créatures non humaines du genre de celles qu'elle avait déjà croisées
" L'idée, c'est de se trouver un endroit où patienter en attendant le soir ? Ou bien on y va directement ? D'ailleurs, est-ce qu'on mange là-bas ou est-ce qu'on utilise... hum... est-ce qu'on se fait à manger nous-mêmes ?"
Parler de magie à voix haute dans un lieu public n'était certainement pas recommandé.

[Féérune]

- Oui, oui. Bon, on active un peu ?

HRP : le vif du sujet, passer les trucs triviaux, ce serait bien...

[Vel Cheran]

HRP : voilà, et il fait la guitare avec les orteils et la batterie avec les oreilles.



"Mais vous avez tout le temps faim, ma parole !" lança Dominic.

Ils finirent par s'engouffrer dans l'un ascenseur, qui descendit dans un vrombissement régulier. La descente s'éternisa, et leur cousin sortit de sous ses vêtements un harmonica. Il entama une mélodie lente et mélancolique, qui paraissait plutôt saugrenu dans leur cabine de métal et de poussière.

Au bout d'un temps qui leur sembla infini, leur descente arriva à son terme et les portes s'ouvrirent en grinçant. Ils débouchèrent sur une grande rue assombrit par les gigantesques bâtiments qui les surplombait, et dont les terrasses et autres excroissances leur masquait en partie la lumière du soleil.

"Bon, on dirait que ça a pas mal changé depuis que je suis venu", constata Dominic en se grattant la barbe.

Après avoir demandé son chemin, il les mena dans une station de métro bondée, où ils furent quelque peu séparés par la foule. Ils durent laisser passer plusieurs rames sans pouvoir monter dedans. Les minutes s'éternisèrent. Au milieu de cette foule compacte, ayant juste assez de place pour respirer, Luonto remarqua alors qu'un individu au teint grisâtre la fixait depuis quelques minutes, tandis que son petit oiseau s'agitait sous sa chevelure.

[Féérune]

La princesse Luonto haussa la tête toute fierté dehors, et marcha vers l'inconnu, écartant la foule avec l'impérieuse politesse dont elle était capable.

- Nous nous connaissons, sans doute ?

Le ton froid, légèrement narquois, faisait généralement son petit effet. Missou se mit soudain à frissonner.

[Voyageuse]

Eleina observa la scène avec circonspection. Cet inconnu avait le teint... un peu trop gris. C'était peut-être le cas de tous les individus de ce monde. Ou peut-être pas. Elle le détailla, cherchant à identifier s'il y avait quelque chose de non humain dans ses traits, quelque chose d'inquiétant. Elle se souvenait de ceux qu'elle avait affrontés, de leur pilosité, de leur petite taille... y avait-il là aussi quelque chose d'étrange ?
Bien sûr, ce n'était peut-être qu'un importun. Pourquoi y aurait-il ici, précisément, l'un de ceux qui cherchait à tuer les enfants d'Ambre ?
Mais par précaution, elle s'efforça d’emboîter le pas à sa cousine -décidément trop impulsive et imprudente à son goût. Elle se glissa souplement derrière elle, discrètement, la main posée négligemment sur sa ceinture. Malheureusement, il y avait bien trop de monde ici pour dégainer un sabre, même de petite taille : elle espérait de tout son cœur ne pas en avoir besoin.
Ce n'était sûrement qu'un importun...

[Galathée]

Harold avait été séparé des autres par la foule et n'apercevait plus que Dominic qui, grâce à sa taille, constituait un point de ralliement approprié. Pour le reste, il fallait qu'il prenne son mal en patience : il avait horreur des endroits bondés et une détestation viscérale du contact physique avec des étrangers. La situation était d'autant plus abominable que la mode en vogue en cet endroit permettait une appréciation tout à fait précise de l'anatomie de ses voisins directs. Bref, que du plaisir. Mais il n'avait ni la possibilité de voir ce qui arrivait à Luonto ni, de toute façon, la possibilité de se frayer un passage dans la cohue jusque là : il y avait beaucoup trop de monde. De plus, l'intégralité de ses ressources mentales était allouée à l'apaisement de ses corpuscules sensitifs qui, tous, hurlaient grâce. En bref, il faudrait une explosion pour qu'il réalise que quelque chose d'important se déroulait à proximité. Mais de ça, Luonto était capable...

[Vel Cheran]

L'individu à la peau grise - et huileuse, vue de près - eut un rictus ressemblant à un sourire narquois en voyant Luonto approcher. Alors que Missou tentait de prévenir sa maîtresse du danger, celle-ci sentit un canon de revolver contre son ventre.

Tentant de se rapprocher de sa cousine, Eleina repéra du coin de l’œil deux autres individus au teint gris qui convergeaient vers elles à travers la foule.

[Voyageuse]

Ç'en était.
Quoi, elle ne savait pas trop, évidemment, mais ç'en était. Des types pas très humains venus exprès pour leur faire la peau.
Et puisqu'ils les avaient visiblement repérés, il n'était pas utile de rechercher la discrétion.
Eleina chercha du regard Dominic et Harold, et lança un avertissement bref, d'une voix forte, en espérant que personne d'autre qu'eux ne parlait la langue d'Ambre et que cela resterait une succession de syllabes incompréhensible pour les humains qui les entouraient.
" Attention, ils sont là !"
Elle avait la main toujours posée sur la boucle de sa ceinture, prête à dégainer instantanément son sabre. Gardant un oeil sur les deux autres individus, elle s'efforça de parcourir aussi vite que possible la courte distance qui la séparait de sa cousine, sans se soucier des personnes qu'elle bousculait. Luonto aurait certainement raison de son agresseur avant qu'elle parvienne à l'embrocher, mais il valait mieux qu'elle vienne en renfort, au cas où. Mais pourquoi diable avaient-ils choisi un endroit aussi fréquenté ?

[Féérune]

L'individu sentit quelque chose de métallique et pointu contre son propre ventre. Il n'eut pas trop le temps de réfléchir à la présence de l'élégante dague de la princesse ; Missou s'était faufilé le long du bras de sa maîtresse et le touchait, cherchant l'endroit idéal pour saisir un truc qui se morde, comme un doigt, par exemple.

Deux sensations inconnues, perçues comme déplaisantes parce que potentiellement dangereuses... L'agresseur risquait de ne pas comprendre laquelle était la plus à craindre.