[Lieu] La Traversée de la Lorien

[Galathée]

" Tu me vois soulagé de l'entendre mais... ton désir de devenir druide n'est-il qu'un pis-aller ? Ne devrais-tu pas davantage réfléchir à ce que tu veux faire de ta vie, s'il ne s'agit que d'une... vague tentative de trouver du sens ?"
Il secoua la tête.
" Pardonne-moi, je suis mal placé pour comprendre... et je ne devrais pas juger. Mais parfois je pense que toute cette... liberté que vous avez... en tant qu'humains... vous fait plus de mal que de bien. Si vous aviez une place claire, dans le monde, vous seriez moins malheureux."

[Voyageuse]

" Tu n'as pas tort, reconnut-elle avec un sourire un peu triste. Et pourtant, les dieux savent combien j'aime cette liberté..."
Elle secoua la tête.
" C'est sûrement plus simple quand on a une place bien définie, comme dans ton monde... et il existe des sociétés humaines où c'est le cas, je crois. Mais je ne suis pas sûre que ça fonctionne : cette liberté est trop fortement ancrée en nous. Et puisqu'il faut bien se trouver une place, un rôle, un but, alors pourquoi pas druide ? J'étais rôdeuse, avant... Mais j'ai la curiosité de connaître les autres races, l'envie de les préserver si elles sont menacées, de chercher à faire coexister des races différentes. Mon changement de voie m'est venu lorsque j'ai aidé une harde de centaures qui était détruite par les humains vivant à proximité. Ils étaient tués ou réduits en esclavage, et je voulais les aider à retrouver leur liberté et leur place. J'ai à demi échoué, la harde a disparu, mais les centaures ont été libérés et une autre renaîtra, mieux adaptée à la cohabitation... et c'était peut-être la volonté de Mielikki."
Elle haussa les épaules.
" Après, j'ai continué dans cette voie. Mais il y a des aspects du druidisme qui m'attirent moins, c'est vrai. Je n'ai pas l'envie de vouer ma vie à préserver un bosquet sacré, même si je comprends bien que c'est nécessaire. J'ai l'avantage qu'il existe beaucoup de liberté dans cette voie. Il n'y a pas vraiment de hiérarchie directe... Ça me convient mieux, tu te doutes !, conclut-elle avec un sourire amusé. Et de toute façon... je n'imagine rien d'autre que le pourrais avoir envie de faire... à part rôdeuse, ce que je suis aussi, encore un peu."

[Galathée]

" Rôdeuse, druide, ce ne sont jamais que des noms, au final, dit Dimitri, songeur. Tu peux sans doute être un peu des deux... même si je suppose que ton maître voudra s'assurer que tu comprends bien la subtilité du chemin que tu as décidé d'emprunter. Etre druide est assurément plus mystique que de guider les voyageurs dans les étendues sauvages en pistant le gibier."
La serveuse leur apporta le rôti de crocodile puis s'effaça promptement.
" Je te souhaite de trouver la paix au-delà du doute, si c'est ce à quoi ton âme aspire."

[Voyageuse]

Elle rapprocha son assiette de la sienne et lui versa d'autorité une bonne partie du contenu. Il avait faim, elle non.
" Je ne sais pas trop ce à quoi mon âme aspire. Enfin... si, je crois que c'est simple, en réalité. A être utile, à faire du bien autour de moi... et à aimer et être aimée... ce qui est plus compliqué puisque ça ne dépend pas de moi", conclut-elle avec une grimace.
Elle n'osa rien ajouter. Était-il capable d'aimer, lui ? Uniquement dans son monde, certainement. Et... d'une façon différente de celle des humains... ce qui n'était pas un problème à court terme, mais elle ignorait comment les choses pourraient évoluer.
Elle n'évolueraient pas. C'était aussi simple que cela.
" Et toi, tu aspires à quoi ?"
Elle s'était beaucoup trop livrée, et lui le faisait rarement.

[Galathée]

Il grimaça.
" Je ne suis pas sûr que tu vas trouver mes aspirations très glorieuses... J'aspire à être ce que je suis. A mener des hommes au combat pour une cause juste. A défaire l'ombre, quels que soient les risques. A lutter, à vaincre, à rester vigilant, car la guerre est éternelle. J'aspire au fracas."

[Voyageuse]

Elle accueillit cette dernière phrase d'un sourire. Elle, bien sûr, aspirait à la paix, mais elle n'avait pas l'envie de s'opposer à lui sur ce genre de chose.
" On se rejoint sur l'idée de cause juste, fit-elle avec un haussement d'épaules fataliste. Pour le reste... je vais être obligée de te souhaiter une petite guerre avec Mélandis, juste pour que tu sois bien !," ajouta-t-elle d'un ton léger.
C'était un voeu qu'elle ne pouvait pas faire sérieusement, mais en la matière, ses vœux n'importaient pas : il y aurait d'autres guerres, c'était inévitable, et Dimitri y trouverait sa place.
" Ou alors, quelques missions de purification dans les Landes... ou bien en Forêt Maudite... Je suis sûre qu'il y a plein d'opportunité ! Bref... Tu trouveras ta place ici", conclut-elle avec gravité, un élan de tendresse dans les yeux.
En tant que druide, elle aurait peut-être dû s'inquiéter du déséquilibre qu'il risquait de créer par sa seule présence. Mais ses pouvoirs ici étaient heureusement raisonnables. Un paladin ou un mage puissant seraient tout aussi dangereux. Elle pouvait donc simplement être heureuse qu'il ait des défis à sa mesure.

[Galathée]

" Je suis un meneur d'hommes avant d'être un combattant... Aller galoper dans les Landes... pourquoi pas... mais une guerre..."
Il secoua la tête.
" Ah, je sais, tout ça semble absurde. Je ne suis même pas certain que ça pourrait marcher, en plus : les choses tombent sous le sens, en Féérie. Je m'insère à ma juste place, dans un univers qui n'a rien à voir avec le vôtre. Nous nous heurtons... dans l'absolu. Il n'y a pas toutes ces retombées sinistres de la guerre en Toril... des populations déplacées, la famine et la maladie, les champs ravagés... que sais-je ? Nos batailles sont légendaires, épiques, et... extrêmes. Les imaginer ici... Ça n'a pas de sens."
Son expression se teinta de mélancolie.
" J'en reviens à l'absence de sens, au final. J'espère que Raevan va revenir rapidement. J'ai besoin de savoir si sa proposition va infléchir le cours de ma vie."

[Voyageuse]

Elle posa avec douceur sa main sur la sienne.
" Je suis sûre que oui. Au moins pour un temps. En tout cas, les causes qu'il te proposera seront justes et répondront à tes besoins de combattre l'ombre. Et il pourra aussi te trouver une place dans l'armée pour satisfaire tes envies de mener des hommes, si ce besoin est le plus fort... enfin, si tu parviens à supporter l'indiscipline relative des humains. Et en l'attendant... bah, les Landes pourraient t'occuper un peu. Et puis, comme tu disais, tu peux aussi surveiller que je ne fasse pas n'importe quoi... , ajouta-t-elle avec un sourire taquin. Même si, en réalité, je ne sais absolument pas où j'irai... il faut que je passe l'hiver quelque part, d'une façon ou d'une autre."

[Galathée]

" Les druides n'affrontent-ils pas les éléments dans la broussaille ?" demanda le mercenaire, avec un léger sourire
Elle le sentit distant, cependant. Leur conversation semblait l'avoir éloigné de l'instant présent, un moment, et même s'il donnait le change, elle pouvait percevoir qu'il était mélancolique.
" Au final, tu n'es toujours pas allée dans les montagnes, chercher tes yétis."

[Voyageuse]

" Je ne vais pas y aller en plein hiver. Ce serait stupide s'ils hibernent, et dangereux s'ils n'hibernent pas car ils doivent être affamés. Donc je vais essayer de me trouver un abri où attendre le printemps... j'ai déjà survécu dans des grottes, au pire. Mais il faut que je gagne un peu d'argent, je n'ai plus de matériel de montagne...."
Même si elle continuait de bon cœur la conversation, elle était sensible à son humeur, à son mal du pays, et elle serra doucement sa main.
" En Féérie, j'ai l'impression qu'il n'y a pas vraiment d'hiver... Ou peut-être que je n'ai rien vu. Ici, l'hiver, c'est le moment où on se regroupe pour se tenir chaud, et où on reprend des forces au coin du feu. Tu vas refaire tes forces, toi aussi... C'est juste une pause entre deux campagnes," conclut-elle en tendant spontanément la main pour lui caresser doucement la joue -se souvenant aussitôt après qu'il était probablement peu sensible aux gestes de tendresse.

[Galathée]

Elle perçut très nettement un mouvement de recul et la main du mercenaire monta à la rencontre de son poignet pour l'écarter de son visage. Il le fit sans brusquerie, cependant, mais peu désireux de prolonger le contact. Il déposa la main de la jeune femme sur la table, sans la lâcher, peut-être une tentative d'adoucir sa réaction.
" Tu devrais prendre quelque chose de sucré, dit-il sans la regarder. Ça te fera du bien."

[Voyageuse]

Elle ne s'offusqua pas de sa réaction. Il lui vint à l'esprit que peut-être, ce n'était pas un refus de son geste de tendresse, mais plutôt une façon d'éviter que cela débouche sur une attirance physique qu'il ne maîtriserait pas -idée beaucoup plus agréable que celle d'un rejet de sa tendresse. Elle était heureuse qu'il ait gardé sa main dans la sienne, cependant.
" Je sais..., répondit-elle avec douceur. Je vais voir s'ils ont une tarte aux pommes ou un dessert ce ce genre... Et je vais leur demander s'ils ont du miel à vendre. Pour en avoir une réserve."
Au cas où, malgré leurs bonnes résolutions, quelque chose dérape... mais surtout, en prévision d'autres nuits où, peut-être, ils décideraient d'une étreinte.
Elle chercha donc du regard un serveur.

[Galathée]

Ils avaient du miel mais par contre, rien de prévu comme dessert. La serveuse lui proposa cependant d'improviser quelque chose avec de la crème, des fruits secs et du miel. Il restait aussi des raisins confits et sans doute quelques pommes. Quant au pot de miel, ce n'était pas davantage un problème. Dimitri avait retiré sa main. Il n'était en tout cas pas féru de démonstrations d'affection en public, chose de toute façon rare en ces lieux.
Une fois la serveuse repartie, il ne relança guère la conversation, toujours plongé dans ses pensées.

[Voyageuse]

Astrée l'observait du coin de l'oeil, se demandant ce qu'elle pouvait dire pour l'aider. Des mots d'amour seraient rejetés, puisqu'il ne voulait pas d'une relation durable. Par ailleurs, elle-même n'avait pas d'avis tranché sur la question : elle n'allait pas s'amuser à lui faire des promesses qu'elle n'était pas certaine de vouloir tenir. Elle avait de l'affection pour lui, une certaine attirance, donc, finalement, de l'amour... mais elle n'était pas certaine de pouvoir s'accoutumer durablement à sa manière d'être. Mais puisque, de toute façon, il ne le voulait pas...

Elle resta silencieuse, respectant sa méditation, et attendit le dessert promis, qu'elle dégusta en silence.
" Tu sais que je suis là si tu éprouves l'envie de parler... ou si je peux faire quoi que ce soit pour te réconforter", finit-elle par dire avec douceur, une fois le repas achevé.

[Galathée]

" Je pense que je vais aller un peu marcher dehors, dit-il avec une légère grimace. Mon humeur grise va s'estomper. Je suis désolé, je ne suis pas de très bonne compagnie. Je n'ai pas l'habitude d'être... de compagnie tout court. Ce n'est pas mon point fort."
Il se leva.
" Je ne tarderai pas. Si tu es fatiguée, n'hésite pas à aller te coucher. Nous partirons sûrement tôt demain, si les patrouilleurs ne nous réservent pas d'interrogatoire supplémentaire."
Il jeta un coup d'oeil à travers la salle, vers la table où étaient rassemblés les demi-elfes, six d'entre eux.
" Je suppose qu'ils viendront vers nous s'ils désirent nous escorter. Nous n'allons pas courir après."

[Voyageuse]

" Ils m'ont dit d'attendre leur autorisation pour partir, se souvint Astrée. Donc il faudra leur parler s'ils ne le font pas."
Elle lui sourit avec douceur.
" Peut-être qu'un peu de compagnie pour ta promenade te ferait du bien, même si ce n'est que cheminer en silence. Mais je sais que tu es plutôt solitaire... alors, si tu préfères être seul, je t'attendrai dans notre chambre. Vraiment, c'est comme tu préfères. Mais je te rassure, contrairement à ce que tu affirmes, tu as été de très bonne compagnie ce soir... comme tous les soirs."

[Galathée]

Son expression refléta clairement son scepticisme, mais il ne dit rien. Il semblait apprendre, petit à petit, à encaisser les compliments de la jeune femme.
" Je préfère être seul." répondit-il néanmoins.
Il esquissa un sourire embarrassé puis se leva et sortit, laissant Astrée seule dans la salle encore animée.

[Voyageuse]

Elle le laissa partir sur un dernier sourire. Elle s'était attendue à son envie de solitude et ne s'en inquiétait pas. Pour sa part, elle allait suivre son conseil et monter se coucher pour achever de reprendre des forces.
Il lui restait cependant une dernière faveur à demander à l'aubergiste : elle n'avait plus de manteau, et ils n'étaient pas à l'abri d'une nouvelle tempête glaciale. Peut-être avaient-ils un vêtement à lui vendre ? Évidemment, c'était peu probable... Il lui fallait, également, deux couvertures supplémentaires pour confectionner un couchage confortable pour Dimitri.

[Galathée]

L'aubergiste n'avait pas de manteau de rechange à lui proposer mais il lui donna des couvertures. Il lui suggéra d'interroger les patrouilleurs : ils emportaient généralement de l'équipement de rechange, car ils passaient plusieurs mois de l'année sur les routes, sans jamais rentrer chez eux (s'ils en avaient un). Restait à voir si Astrée oserait les aborder en soirée, ou si elle préférait attendre le petit matin et leur échange obligatoire.

[Voyageuse]

Astrée n'avait aucune envie de les aborder immédiatement. Elle imaginait déjà six paires d'yeux narquois se tourner vers elle si elle osait avouer qu'elle avait perdu son manteau. Non, mieux valait attendre le lendemain : ils seraient sûrement moins nombreux, et auraient "digéré" son récit lamentable.
Et dans le pire des cas, si elle n'osait pas, ils la prendraient en pitié lorsqu'elle s'enroulerait dans la couverture prise à l'auberge précédente, et la proposition viendrait d'elle-même...

Elle monta se coucher sans enthousiasme, et installa sur le sol l'essentiel des couvertures et oreillers, pour confectionner à Dimitri un couchage aussi confortable que possible, en ne gardant que le minimum pour elle. Elle se sentait coupable de le laisser dormir par terre, mais il n'aurait pas accepté d'inverser leurs places.
Elle s'allongea avec un soupir de regret. Elle aurait voulu qu'il soit là, qu'ils puissent dormir l'un près de l'autre. Elle aurait voulu pouvoir se blottir contre la chaleur de son corps. Elle avait besoin de réconfort après cette soirée et leurs mésaventures passées, besoin qu'il la prenne dans ses bras, besoin de douceur, de tendresse, d'affection... toutes choses qu'il ne pouvait pas lui offrir. Elle ignorait jusqu'ici en avoir un besoin aussi fort. Elle songea qu'il avait peut-être raison quand il affirmait qu'elle ne pourrait pas être heureuse avec lui...

Elle se tourna et se retourna dans le lit, en s'obligeant à rester tout au bord, au cas où il préfère finalement avoir un peu de confort : elle avait gardé sa tunique et il y avait assez de place pour qu'ils ne se touchent pas s'il s'allongeait à l'autre bout du matelas. Elle s'efforça de trouver le sommeil sans l'attendre, mais ça lui était difficile : elle guettait ses pas dans le couloir, bien malgré elle.

[Galathée]

Comme il l'avait promis, il ne rentra pas très tard. Il se faufila dans la chambre discrètement, se déshabilla en silence et se coucha dans le nid que lui avait confectionné Astrée, sans s'approcher du lit. S'il était conscient qu'elle était encore éveillée, il n'en donna aucun signe, et après quelques minutes, sa respiration prit de l'amplitude, signe qu'il avait glissé dans le sommeil.

[Voyageuse]

Elle resta éveillée encore un moment, écoutant sa respiration, essayant de trouver un peu de réconfort dans sa présence, à défaut de sa proximité. Elle aurait voulu... beaucoup de choses, sans doute. Leur relation était étrange, avec ces étreintes... animales, cette froideur au-dehors, et pourtant une certaine affection, du moins il lui semblait. Elle aurait voulu pouvoir lui apporter durablement de la chaleur, être une étape agréable dans son exil. Mais il ne voulait rien de durable : peut-être n'en avait pas réellement besoin, au fond. Et puis, s'attacher à une humaine qui mourrait bientôt ne devait guère avoir d'intérêt pour lui. Elle pouvait comprendre toutes ces raisons... et elle comprenait également que leur différence de race, d'attentes, de besoins, rendait leur relation particulièrement complexe.
D'un autre côté, elle-même n'était pas certaine de parvenir à s'adapter vraiment...

Elle tendit l'oreille pour écouter sa respiration, sourit dans l'obscurité, et décida de cesser de s'inquiéter de tout cela. Ils devaient vivre cette relation au jour le jour, sans se préoccuper de l'avenir. Tout était éphémère en ce monde, et la séparation viendrait bien assez tôt, tout simplement le jour où l'un d'eux choisirait de repartir et de ne pas revenir. Elle devait veiller à ce qu'il se sente libre de partir s'il le souhaitait, quand il le souhaiterait. Même si c'était très bientôt.
Apaisée, elle se laissa glisser dans le sommeil. La fatigue des jours derniers, mine de rien, pesait sur son organisme.

[Galathée]

Au petit matin, comme l'avait suspecté Dimitri, les patrouilleurs leur annoncèrent qu'ils les escorteraient jusqu'à Nauru. Quatre d'entre eux, deux devant, deux derrière. Ce n'était pas une proposition, mais une forme de sentence, qu'ils ne pouvaient pas discuter. Mais ils avaient l'ordre de ne pas se faire envahissants, de ne pas leur parler, de ne pas s'immiscer dans leur duo, de ne pas les importuner lors des étapes. Deux galopaient devant, deux suivaient, et entre eux, Astrée et Dimitri étaient libres de vivre leur vie. Sans quitter la route, bien sûr.

[Voyageuse]

Astrée ne chercha pas à discuter. C'était vexant compte tenu des capacités réelles de Dimitri, mais ce n'était que pour quelques jours. Et ils n'avaient pas le choix de toute façon. Au moins les laissaient-ils libres de discuter sans s'immiscer. Ils n'avaient pas à jouer la comédie, à surveiller leurs paroles, à mentir. C'était l'essentiel.
Elle savait que leur présence les protégeraient sans doute des elfes qui n'oseraient pas les attaquer. Et eux, au moins, avaient du matériel...
Elle se décida enfin à demander s'ils avaient un manteau à lui prêter jusqu'à Nauru où elle promit de le rendre, s'ils lui laissaient le temps d'en acheter un..

[Galathée]

Aucun des patrouilleurs n'avait de manteau de rechange — chacun prenait grand soin de son uniforme — mais ils avaient des pulls et des capes de pluie, aussi purent-ils dépanner Astrée. Ils cheminèrent sur la route à bonne allure, la neige était plus rare à mesure qu'ils montaient vers le nord, et il leur fallut au total cinq jours supplémentaires pour rallier leur destination. Ils furent forcés de bivouaquer entre deux auberges un soir, mais les patrouilleurs avaient du matériel, et ce fut le seul soir où ils dinèrent puis dormirent à proximité les uns des autres. Les trois autres nuits, Astrée et Dimitri purent rester juste à eux deux, tandis que leur escorte gardait ses distances. Il n'y eut aucun incident et aucune trace d'elfes belliqueux. Même leur passage à l'auberge des trolls fut tranquille : les créatures infernales n'aimaient pas l'hiver et ne dérangèrent en rien leur sommeil.
Ils ne firent l'amour qu'une seule fois, avec un contrecoup épouvantable pour Astrée le lendemain, qui finit — à son grand bonheur — par chevaucher sur Recha avec Dimitri, incapable de tenir sur sa propre selle. Le mercenaire ne prit pas les choses avec autant de flegme qu'elle, et refusa de partager sa couche les deux soirs suivants.
Enfin, en fin de journée du cinquième jour, ils atteignirent Nauru.

HRP : et un petit double-post