[Lieu] Les Hauts Plateaux du Sud

[Galathée]

Les plateaux au nord de la Lorien sont généralement ensoleillés, même au plus fort de l’hiver. Il y fait extrêmement froid la nuit, en toute saison, et torride au cœur de l’été. Vers l’ouest, on rencontre une steppe aride, d’herbe drue et de rocaille, de rares points d’eau, beaucoup d’oiseaux et quelques grands mammifères, des reptiles curieusement adaptés aux variations de température. Plutôt inhospitalière, jamais vraiment verdoyante, elle n’est pas très peuplée. Les humains survivent cependant sur tous les terrains, et on y trouvera quelques villages épars, ainsi que des tribus nomades.
Vers l’est, on atteint plus rapidement les collines et l’extrémité des Rocheuses du Dragon. Quelques pics vertigineux protègent le versant ouest de la chaîne de montagnes de zones plus périlleuses, notamment du canyon de Kahn’ym.

Mais, dès qu'on descend de ces plateaux, on arrive dans la Campagne de Soleil, fleuron de la civilisation humaine en Hélonna, ses champs, ses vergers, ses prés et ses hameaux.

***

Quête : Des goûts, des couleurs, des valeurs et des mauvaises nouvelles à annoncer...

Quittant le couvert de la Lorien, Dimitri, Astrée et leur guide elfe atteignirent les hauts plateaux alors que le soleil était encore tout juste visible à l'horizon. Le froid était déjà plus piquant et on devinait que la situation empirerait lorsqu'il serait complètement couché. La steppe devant eux était presqu'uniformément grise, avec quelques taches de brun. Ils semblaient à l'exact endroit où les collines qui bordaient les Rocheuses du Dragon cédaient devant les plateaux.
Inavaris désigna leur droite puis parla un moment. Dimitri posa quelques questions. Ensuite, l'elfe s'inclina, et disparut dans les bois, sans autre forme de procès.
" Bon. Elle dit que si nous allons vers les collines, il y aura plus de végétation, de l'eau — sans doute gelée, cela dit — et des grottes. Pas très profondes, mais ça peut être une possibilité plutôt que la tente pour notre première nuit. Elle dit que ça souffle souvent."

[Voyageuse]

HRP : "fleuron de la civilisation, rien que ça ?" Hé bé ! Y z'ont les chevilles qui enflent à Solarcis !
Et donc, il n'y a plus de neige ?

" Vu le paysage, ça ne me surprend pas, commenta Astrée. Il a l'air de faire rudement froid la nuit. On a intérêt à s'abriter dans une grotte, si on peut en trouver une avant l'obscurité... même si je sais bien que tu y vois clair dans le noir. Mais c'est une bonne nouvelle si on peut trouver de l'eau facilement... sinon il faudra que je mémorise un sortilège adapté demain matin."
Elle observa d'un air songeur les collines, sur leur droite : le canyon légendaire devait se trouver quelque part au-delà, dans un relief plus accidenté. Le village de Kalju se trouvait certainement à une distance raisonnable, bien avant d'atteindre la zone dangereuse, mais ils risquaient d'avoir du mal à le trouver dans ces collines.
Elle était cependant bien trop épuisée par leur journée de marche pour s'en préoccuper dans l'immédiat. Il leur fallait un abri pour la nuit, et le reste attendrait le lendemain.
" Bon... J'imagine que tes espèces de pressentiment féériques se limitent à la Lorien, et que tu ne peux pas ressentir la présence de grottes comme tu ressens les choses en Lorien ?"

[Galathée]

HRP : c'est givré, en fait, pas vraiment enneigé, non... et c'est dans la description du sous-forum, sinon

" Je ne pressens rien en cet endroit, sinon que je vais avoir froid." dit-il avec un sourire.
Il prit une profonde inspiration.
" On peut réinvoquer les chevaux, le terrain le permet. Mais tu penses que Kalju vit en plaine ou dans les collines ? Nous allons devoir chercher des rassemblements, sans quoi nous pourrions passer un siècle à tourner en rond."

[Voyageuse]

" Je ne sais pas du tout d'où il vient. Je sais juste que ce n'est pas très loin du Canyon, puisqu'il m'en parlait. Donc, pour moi, il faut aller plutôt du côté des collines... et essayer de trouver un village, ou des nomades, ou n'importe qui qui aurait pu entendre parler de lui... ou de la faille."
La recherche risquait en effet de leur prendre des jours et des jours. Mais après tout, ils n'avaient rien d'urgent qui les attende ailleurs.
" Ce serait plus simple si on pouvait voir l'ensemble depuis le ciel. Si d'aventure, demain, on trouve un rapace coopératif, je peux toujours tenter de l'interroger. Mais même ça... ça n'est pas gagné."
En attendant, Dimitri avait raison : ils pouvaient utiliser leurs montures pour avancer plus vite. Elle caressa Prince, toujours dans sa poche, et lui rappela qu'il était aussi cheval et pas seulement écureuil en hibernation... et qu'en ce moment c'était d'un cheval dont elle avait besoin.

[Galathée]

" Bon, mais s'il a parlé du canyon, les collines sont préférables... Il en a parlé comme s'il y était allé une fois, ou bien comme si c'était juste dans son jardin ?"
Il avait sorti la pierre de Recha et invoqua l'étalon d'un mot.
" A mon avis, trouver un oiseau de bonne composition est une bonne solution pour demain. Ou alors interroger les animaux ? Tu sais faire ce genre de choses ?"
Prince était sorti de sa cachette sans faire trop de manières, sans doute lassé de tant d'immobilité, et il se fit cheval à son tour.

[Voyageuse]

" Oui, je sais communiquer avec les animaux. Mais il faut en trouver un qui ait un territoire suffisamment grand pour savoir quelque chose... Un rapace est idéal, sinon un grand animal... avec le risque qu'il ne soit pas ravi de nous voir sur son territoire. On verra ce qu'on trouve..."
Elle haussa les épaules.
" Et pour le reste, Kalju m'a un peu parlé du canyon de Kahn'ym, surtout pour insister sur ses dangers et me dire de ne jamais m'en approcher. Il semblait bien le connaître, il a parlé de créatures dangereuses, de magie ancienne, de pierres, il disait qu'il voyait parfois passer des groupes d'aventuriers et que ça finissait par des morts. Bref, j'ai cru comprendre que son village en est relativement proche... et il a probablement donné son nom, un jour ou l'autre, mais je ne m'en souviens pas. Je n'ai retenu que le secteur, je n'avais pas prévu de devoir me rendre précisément dans son village."
Elle se hissa sur le dos de Prince, décidée à entamer l'exploration des collines avant la nuit.

HRP : en fait, je viens de tomber par hasard sur le nom de son village, si tu ne l'as pas...

[Galathée]

Le mercenaire mit Recha au pas vers les collines. Le vent sifflait déjà, encore paresseux, mais porteur de promesses glaciales.
" Je n'imaginais pas trouver le village de Kalju du premier coup, dit Dimitri. Mais si on peut déjà croiser d'autres êtres humains, ce serait un début pour nous mettre sur la bonne piste. Il a fatalement dû passer non loin... A mon avis, du peu que je l'ai connu, il aura essayé de passer par la forêt avant de réaliser que c'était impossible."
Une fois Astrée bien en selle, ils accélérèrent l'allure. Les collines étaient relativement douces à cette distance des rocheuses, mais on devinait que le terrain deviendrait rapidement traître, dangereux et probablement impraticable. Malgré le gel, la steppe voisine paraissait beaucoup plus hospitalière. Se dirigeant au jugé dans une lumière toujours plus ténue, ils finirent par trouver quelque chose d'acceptable pour passer la nuit, un renfoncement à flanc de colline, vide, mi-pierre, mi-terre. Ils pouvaient chercher mieux, mais Astrée serait bientôt complètement aveugle, et cheminer deviendrait hasardeux.

[Voyageuse]

C'était un abri acceptable et Astrée n'avait pas l'intention de chercher mieux. Elle mit pied à terre, et laissa Prince libre de se transformer s'il le souhaitait pour venir se réchauffer dans sa poche.
" On va avoir une nuit glaciale, observa-t-elle. On a intérêt à chercher de quoi faire un bon feu... Même si à deux on arrive toujours à se réchauffer. Je parle de simple chaleur corporelle," précisa-t-elle avec un sourire en réalisant qu'il pouvait interpréter la phrase tout autrement.

[Galathée]

" Je pense qu'on va réserver ce genre de chaleur pour des moments plus fastes et moins exposés." dit sobrement le mercenaire.
Il descendit de cheval.
" Je vais chercher du bois. Il y avait une sorte de bosquet épineux un peu plus loin sur la droite. Peut-être que tu peux voir si la toile de tente peut bloquer en partie le vent ?"

[Voyageuse]

" Oui, je vais voir comment on peut calfeutrer notre abri..."
Elle serait bien incapable d'aller chercher efficacement du bois : on n'y voyait plus assez clair et elle risquait de revenir dans le noir total, à moins que la lune daigne faire son apparition. Conjurer une flamme n'était pas très pratique ni très efficace.
Elle laissa donc Dimitri aller de son côté et rapatria leurs sacs à l’abri, avant de les fouiller à la recherche de la toile en question : il devait être possible de la fixer contre la paroi, des deux côtés, en laissant une ouverture en haut en guise de cheminée s'ils avaient assez de place pour faire le feu "à l'intérieur". Ils fixeraient le bas de la toile si cela s'avérait nécessaire, une fois qu'ils se seraient glissés à l'abri, en laissant une arrivée d'air pour le tirage. La seule difficulté était de parvenir à enfoncer les pitons de fixation dans la roche,... Mais heureusement, on distinguait de la terre par endroit : la paroi ne semblait pas de roche pure.

[Galathée]

La terre était gelée et Astrée n'eut guère de difficultés à y fixer ses pitons puis sa toile. Dimitri revint peu après avec une belle provision de bois et ressortit trois fois pendant qu'elle allumait leur flambée, de manière à ce qu'ils ne doivent pas faire d'excursion nocturne. La température baissa rapidement mais, avec leur feu et leur abri, ils n'étaient pas si mal protégés. Dimitri convint que même pour une druidesse, la saison était difficile. Ils étaient fatigués après toute la marche de la journée dans les frimas, et se couchèrent peu après avoir mangé. Leur cachette s'emplit d'une chaleur presque agréable et ils dormirent jusqu'au matin, sans inquiétude particulière.
Quand la lumière perla au travers de la toile de tente, ils s'éveillèrent transis et rallumèrent leur feu. C'était le moment de décider du programme de la journée. La région était immense et peu hospitalière : errer au hasard n'avait aucun sens.

[Voyageuse]

Astrée se réveilla un peu courbatue -elle s'était trop bien habituée à dormir dans un vrai lit-, mais s'éveiller à proximité de Dimitri était un plaisir qui compensait l'inconfort des lieux. Elle prépara du thé, et piocha dans leurs provisions de quoi faire un solide déjeuner, tout en réfléchissant à voix haute à la suite de leur programme.
" Il nous faut trouver quelqu'un pour nous renseigner. Homme ou bête. Si on continue tout droit vers les montagnes, vu le relief, on a peu de chance de rencontrer des humains. Le mieux qu'on puisse espérer, c'est un oiseau. Ou alors, on contourne la zone de montagne, soit par la gauche, côté plateaux, soit par la droite, côté Lorien, pour rester sur un relief moins escarpé, en espérant tomber tôt ou tard sur un secteur plus fréquenté. On pourrait croiser un sentier, une piste... Côté Lorien, on a probablement plus de chance de croiser l'itinéraire de Kalju, mais moins de chance de croiser des gens, il ne doit pas y avoir grand-monde coincé entre la forêt et les montagnes...

[Galathée]

Dimitri l'écouta puis hocha la tête, dubitatif.
" C'est toi le guide, moi je ne suis que ton garde du corps. Je ne connais pas cette région, je n'ai pas entendu le quart du tiers de ce que t'a raconté Kalju, et je n'ai jamais pisté personne : je me fie donc à ton jugement. Je pense, cependant, pour notre survie à tous les deux, que nous n'avons pas intérêt à nous attarder dans ces zones glaciales plus que nécessaire."

[Voyageuse]

Astrée grimaça.
" Je ne connais pas les lieux plus que toi, et Kalju ne m'en a rien dit d'utile. L'elfe avec qui tu as parlé disait qu'il venait de pas très loin au nord... mais c'est flou, pas très loin. Les plateaux au nord ont l'air froid, déserts et inhospitaliers, les collines à l'est sont rocheuses et tout aussi inhospitalières. Il est difficile de savoir dans quelle direction des humains ont pu choisir de s'installer... Au nord, il y a sûrement des villages, mais on s'éloigne du canyon. Vers l'est... je ne sais pas s'il y a suffisamment de place entre les montagnes escarpées et la Lorien pour une communauté humaine. On a probablement plus de chance de trouver du monde vers le nord, même si ça nous éloigne un peu..."
Elle fronça les sourcils.
" Tu n'avais pas parlé de cartes des lieux, dans le matériel que tu t'es procuré ? Si tu as ça... et qu'on y voit un village ou une piste pas trop loin d'ici... ça nous ferait un bon début."

[Galathée]

" Oui, tu as raison, j'ai des cartes... Attends."
Il se tourna vers son sac et en sortit des parchemins pliés.
" Elles sont assez sommaires, je le crains."
C'était peu de le dire.
La première était surtout centrée sur Nauru et ses environs, et les annotations en elfique n'évoquaient rien à Astrée. On devinait la rivière, son trajet vers les montagnes, et la route qui partait vers l'ouest.
La seconde était incompréhensible, toute en symboles et en lignes disparates. Dimitri apprit à Astrée que c'était une ancienne notation elfique, que les symboles représentaient différents lieux dits mais que les distances étaient représentées en temps de trajets, en usant d'une orientation basée sur la magie et les étoiles.
La troisième, une carte humaine, représentait des lieux beaucoup plus au nord, et on distinguait la bordure des hauts plateaux, les montagnes, et un entrelacs de routes et de hameaux.

[Voyageuse]

La seule qui pouvait être vaguement utilisable était la troisième... mais bien sûr, il était impossible de deviner où se situait l'endroit où ils se trouvaient par rapport aux lieux représentés.
" Bon ben... ça prouve juste qu'il y a des villages quelque part au nord... mais on s'en doutait un peu", commenta Astrée.
Elle leva les yeux des cartes avec un soupir.
" Si tu sais tirer quelque chose de celle-ci, tu me dis..., fit-elle en lui rendant la seconde carte, totalement illisible pour elle. Moi, je ne sais pas. Mais puisqu'il faut bien prendre une décision... Je propose qu'on contourne les montagnes par le nord, en restant dans des zones peu accidentées, juste dans les contreforts des collines? On aura une vue plus ou moins dégagée sur les plateaux, on verra peut-être suffisamment loin pour apercevoir un hameau quelconque en bordure des reliefs... et peut-être qu'il sera sur la carte. Et bien sûr, si on a la chance de croiser la route d'un oiseau coopératif, je peux tenter de communiquer".

[Galathée]

" Très bien, dit Dimitri. Va pour cette formule."
Il replia les cartes, ne conservant que la seconde.
" Si on trouve un des points de repère mentionnés, je pourrai peut-être en tirer quelque chose... mais ici, il n'y a rien de spécial. Des collines, des rochers... Trop quelconque."
Il ne leur restait plus qu'à ranger leurs affaires et se mettre en route.

[Voyageuse]

Astrée rangea soigneusement la seule carte à peu près utilisable à ses yeux -la dernière- et aida Dimitri à replier la toile et à ranger l'ensemble de leurs affaires dans leurs sacs. Elle demanda à Prince de bien vouloir quitter le confort de sa poche et de redevenir cheval -le terrain devrait a priori rester praticable pour les montures-, puis se hissa en selle et se mit en route en direction du nord, entraînant Dimitri dans son sillage. Elle n'était pas plus qualifiée que lui pour mener leur équipée et n'avait donc pas de raison de chercher à prendre la tête : ils chevaucheraient probablement de front tant que cela serait possible.
Son objectif était de rester à la frontière entre les collines et les plateaux, et de contourner peu à peu le massif, à la recherche d'un signe de présence humaine, ou, à défaut, d'un oiseau ou d'un grand mammifère pouvant les renseigner. Elle gardait son arc et son carquois à portée de main, par prudence : en cette saison, les grands prédateurs devaient être à l’affût du moindre gibier, et elle ignorait ce qui vivait dans ces parages.

[Galathée]

Les lieux étaient glacés et désertiques, et même sous le soleil, la température était peu agréable. En cause, la bise qui soufflait, implacable, et les contraignait à rester engoncés sous leur capuchon et leur écharpe pour s'en protéger. Cela limitait leurs possibilités d'observer leur environnement, car le vent changeait sans cesse de direction, leur balayant le gel dans les yeux. Les chevaux, qui avaient progressé à vive allure un temps, ralentirent rapidement, luttant contre le froid. Il était impossible de tenir une conversation, et Dimitri finit par se placer entre la plaine et Astrée, pour la protéger du pire de la bise, en gentleman. Les protestations de la druidesse ne servirent, en cette matière, à rien du tout. Il était plus grand, son cheval plus massif, échanger leurs rôles n'aurait servi à rien. Ils profitèrent d'un bosquet d'épineux rachitiques pour faire une pause à la mi-journée. Jusqu'ici, rien de spécial, mais sans doute n'était-ce pas une surprise.

[Voyageuse]

" On va finir congelés," remarqua Astrée en avalant rapidement un peu de pain et de viande séchée. Je vais essayer de nous faire une infusion..."
Il faisait si froid que même parler ou manger devait se faire rapidement, avant de se ré-engoncer dans les écharpes.
Tout en cherchant du regard quelques menus branchages ou brindilles, elle adressa à Dimitri un sourire fugitif, les yeux brillants d'une lueur espiègle.
" On va finir par être obligés de monter ensemble pour se réchauffer !", fit-elle d'un ton taquin.
Malgré le froid glacial, elle était d'humeur légère. Ils étaient hors de danger -d'autant qu'il était assez peu probable qu'un prédateur sorte par un temps pareil-, elle était heureuse de cheminer avec Dimitri, et elle repoussait tout au fond de son esprit la raison qui l'avait amenée dans ces parages pour ne pas ternir trop tôt son moral. Ce ne serait pas aujourd'hui... et cela viendrait bien assez tôt.

[Galathée]

HRP : hors de danger à -10... Elle a quand même une appréciation de la situation un peu étrange, cette fille...

Quand ils eurent terminé, ils remontèrent en selle. Le vent était toujours aussi brutal, la moindre parcelle de peau exposée à son souffle avait pris une couleur écarlate, et les chevaux n'étaient pas ravis de poursuivre. Ils continuèrent à longer les collines en direction du nord, courbés contre la bise, qui venait tantôt de la plaine, tantôt des hauteurs, parfois du nord, parfois dans leur dos, comme si elle n'arrivait pas à prendre de décision. Le phénomène était franchement désagréable.
Ils ne virent aucun oiseau — ils étaient sans doute cloués au sol ou beaucoup plus haut — et pas davantage de faune. Sans doute les natifs des lieux avaient-ils leurs coins protégés, inconnus des étrangers. Le soleil déclina sans qu'ils aient croisé âme qui vive, ni la moindre trace de civilisation. Il ne leur restait plus qu'à se rabattre vers les collines pour y chercher un nouvel abri.

[Voyageuse]

Tant qu'ils bougent, c'est tenable...

Astrée songea que trouver le village de Kalju allait s'avérer compliqué si les jours à venir ressemblaient à celui-ci. Il fallait au moins espérer que le vent tombe le lendemain, pour qu'hommes et bêtes sortent... Mais pour l'heure, il leur fallait absolument un abri. Ils n'attendirent donc pas la tombée du jour pour bifurquer vers les montagnes : la plaine était trop inhospitalière pour y passer la nuit. Il leur fallait une grotte, ou au moins un endroit bien abrité du vent. Elle avait ajouté une couverture autour de son manteau en cours d'après-midi, pour tenter de se réchauffer, mais sans guère d'amélioration : faire un feu devenait vital.
" Je me demande s'il ne faut pas cheminer dans les collines et non en bordure du plateau, demain. Il y aurait peut-être moins de vent. Personne ne doit vivre sur un terrain pareil..."

[Galathée]

C'est donc ce qu'ils firent pendant les deux jours suivants. Il leur était impossible de savoir si ce vent était habituel pour les lieux, ou même pour la saison, ou s'ils s'étaient trouvés, par hasard, au coeur d'une tempête inhabituelle. Progresser dans les collines fut un peu moins pénible d'un point de vue température, mais le terrain était nettement moins praticable et ils ralentirent sensiblement. Ils ne trouvèrent aucune trace de sentiers, durent se frayer une trajectoire à travers tout, dans la rocaille, contraints par moments de rebrousser chemin ou de faire de larges détours pour descendre vers le nord.
Au bout du troisième jour dans ce décor glacial, le moral de Dimitri se fixa au gris. Il ne se plaignait pas, mais il n'était manifestement aucunement heureux de leur situation. Elle devait être transitoire, cependant, même si cette recherche d'un village au milieu de l'immensité, sans précision particulière, s'apparentait de plus en plus à une folie mal inspirée.
Le lendemain matin, contre toute attente, le vent était tombé. Il faisait toujours glacial, mais leur parcours, incurvé désormais vers l'est, les avait menés à proximité d'une énorme rivière, dont on devinait le miroitement dans le soleil matinal. Ils l'attendraient en quelques heures.

[Voyageuse]

Astrée était sensible au changement de moral de Dimitri, et s'en désolait. Malgré leurs conditions de voyage désagréables, elle-même ne regrettait pas que le trajet dure un peu : cela retardait le moment où il affirmerait avoir rempli sa part du marché, et, peut-être, déciderait de partir. Elle n'osait pas aborder franchement le sujet, puisque, les rares fois où elle avait tenté d'en parler, il lui avait dit de ne pas se faire trop d'illusion -sans pour autant affirmer qu'il la quitterait sitôt arrivés. Elle gardait l'espoir qu'il reste encore un peu, jusqu'à la fin de l'hiver peut-être. Mais il était de toute façon impossible de faire des plans pour la suite tant qu'ils n'auraient pas trouvé ce fameux village.

Elle persistait donc, stoïque au milieu des éléments, paisible et même souriante -de façon parfois un peu forcée- pour tenter de soutenir le moral défaillant de son compagnon. Il avait certainement déjà traversé des situations similaires ou pires... Mais elle fut cependant soulagée de voir le vent enfin tomber ce matin-là. Et encore davantage d'entendre le bruit de l'eau.
" Il y a des chances qu'on trouve un village quelque part le long de la rivière... On devrait enfin en apprendre davantage. Et puis, cette rivière, on l'a peut-être sur nos cartes... On regardera ça à la pause".

[Galathée]

Difficile de ne pas repérer cette rivière : c'était le cours d'eau le plus important du nord de l'île, qui se subdivisait en deux à Sailorath pour devenir la Lumineuse vers Solarcis, et la Formidable vers Fondor. Tout cela était inscrit sur la troisième carte. Dans les hauts plateaux, à bonne distance encore de la civilisation, on l'appelait apparemment l'Orageuse ou la Crépusculaire, les deux noms figuraient en traits fins en bordure du parchemin. Ils étaient cependant trop au sud pour se trouver déjà sur la carte.
" Je ne cracherais pas sur une bonne flambée, un bon lit et un bon repas." dit Dimitri en observant la rivière, la main en visière.

[Voyageuse]

" Moi non plus, admit Astrée. En particulier la flambée... même s'il fait moins glacial aujourd'hui."
Elle sourit.
" Je pense qu'on a plus de chance de trouver ça vers l'aval. Même si ça nous éloigne sûrement de notre destination, ça vaut le coup de faire un détour. Et puis, de toute façon, il faut qu'on aille à la pêche aux renseignements..."
Évidemment, cela les faisait aller complètement à l'opposé de la direction où se trouvait le canyon. Mais partir vers l'amont sans certitude d'y trouver quoi que ce soit serait hasardeux, d'autant qu'il leur fallait également trouver du ravitaillement. Ils iraient donc vers l'aval, par prudence. A tout hasard, elle chercherait tout de même si elle trouvait un oiseau à interroger sur une éventuelle présence humaine en amont.
" Tu vois quelque chose, toi ?"

[Galathée]

HRP : a priori, Astrée n'a aucune idée de la direction précise dans laquelle se trouve ce canyon, sauf si elle a déjà étudié des cartes d'Hélonna... mais il n'y a pas de raison rpique pour qu'elle connaisse ce coin, si ?

" Vu les conditions, nous devons arrêter de nous diriger au jugé. Nous ne sommes pas dans la campagne hélonnienne, dit Dimitri. Un détour de quelques jours est nettement moins risqué qu'une errance de plusieurs veilles en terrain hostile. Pour le reste, je ne vois pas grand chose : le soleil m'éblouit. Mais je suis prêt à parier qu'il y aura un village juste à la descente des collines, sur le bord de l'eau. Il y a sûrement des ressources à exploiter dans ces montagnes, et les humains ont le nez pour ça."

[Voyageuse]

HRP : elle a déjà étudié des cartes d'Hélonna, mais je ne sais pas si ça suffit à ce qu'elle se souvienne de ce canyon. Mais même sans ça, a priori, un canyon, c'est plutôt dans des montagnes... et Kalju disait qu'il venait du nord des montagnes. Bref, en tournant le dos aux montagnes, elle s'en éloigne, si elle se fie à ça.

" Je pense comme toi, répondit Astrée, laconique. Mais si on ne voit rien au pied des collines, je suggère de suivre l'eau vers les plateaux et non vers la montagne."
Ce n'était pas vraiment de sa faute à elle s'ils avançaient "au juger", et elle n'appréciait pas qu'il le lui reproche. Ils n'avaient simplement trouvé personne pour les renseigner... Et si elle avait vraiment voulu avancer au juger, elle aurait piqué droit vers les montagnes. Ce qui aurait été stupide, évidemment.
Mais Dimitri était de mauvaise humeur, et, à en juger par sa susceptibilité, son humeur à elle ne valait guère mieux. Heureusement, ils arrivaient... Elle soupira, lui adressa un sourire apaisé et se remit en route en direction de la rivière.

[Galathée]

Le mercenaire ne s'était pas trompé : il y avait bien un hameau à proximité de la rivière, et la fumée qui s'échappait des cheminées indiquait qu'il y avait quelqu'un. Il n'y avait qu'une vingtaine de maisons, et toutes se trouvaient sur la rive opposée à celle sur laquelle ils cheminaient. De leur côté, on devinait les limites de champs qui devaient être exploités à la belle saison. Il y avait heureusement un pont, mais de route à proprement parler, et plus ils approchèrent, et plus il apparut qu'il n'y aurait sans doute pas d'auberge dans un village aussi modeste. Mais il y avait de la vie, et c'était déjà quelque chose.

[Voyageuse]

Il y avait de la vie, donc ils pouvaient espérer trouver les renseignements qu'ils cherchaient. Étant situé près d'un cours d'eau important, le hameau devait voir passer quelques embarcations, chargées de minerai ou d'autres richesses des montagnes -si toutefois il y en avait. Ses habitants devaient être au courant de l'apparition d'une faille, et de l'existence d'autres hameaux situés près de celle-ci. Peut-être, même, qu'ils avaient entendu parler d'un genasi.
Mais dans l'immédiat, ce serait l'occasion de passer la prochaine nuit de façon plus confortable que les précédentes.
" Le lit confortable, le repas et la bonne flambée dans une cheminée, c'est pas gagné..., commenta-t-elle. Mais on devrait tout de même dormir au chaud ! On va voir comment les choses se présentent..."
On les laisserait certainement camper dans une grange, a minima.
Elle entraîna Dimitri en direction du pont, avec tout de même une petite appréhension quant à la façon dont ils seraient reçus.