[Lieu] La Caserne de la Garde Luménienne

[Voyageuse]

Astrée hocha la tête, gravement.
" Les deux..."
Elle hésita un instant, cherchant ses mots.
" Reynald a essayé de contacter la harde, sans succès. C'est mauvais signe. La magie du shaman les protège probablement de la divination, mais le shaman n'a jamais mentionné qu'il pouvait aller jusqu'à couper tout moyen de communication lorsqu'on a évoqué le sujet. Donc on pense que la situation là-bas est peut-être plus critique que prévu..."
Elle jeta un coup d'oeil à Reynald.
" Reynald veut se téléporter là-bas au plus vite pour voir ce qu'il en est. Mais on se dit que l'idéal serait de pouvoir emmener avec nous un représentant officiel de Luménis, qui préviendrait les villageois qu'une enquête est en cours, qu'une délégation s'apprête à venir sur place, et leur demanderait de cesser immédiatement leurs attaques..."
Elle allait refuser, sûrement, comme on leur avait annoncé....

[Galathée]

" Si votre question est de savoir si je vais accepter de me téléporter au milieu de nulle part avec Messire d'Eredhun, sans escorte, et à la merci de sa magie... plus ou moins bardique, la réponse est non, dit l'officier, et il était clair qu'elle serait inflexible. Vous ne savez rien de ce qui se passe dans cette vallée, et je ne vais pas risquer ma vie, et la réussite d'une opération importante, sur vos angoisses.
— Ce sont un peu plus que des angoisses... osa Reynald.
— Je suis prête à me téléporter à Borthéias. Mais vous êtes gentil, messire d'Eredhun, je le ferai sans votre aide."

[Voyageuse]

Astrée posa la main sur le poignet de Reynald, en un geste de soutien moral face à l'agacement qu'il devait éprouver, et ferma les yeux quelques instants. Elle était fatiguée de courir d'administration en administration, d'insister pour ne rien obtenir du tout... Fatiguée. Pour eux, ça n'était qu'une affaire parmi d'autres, ils s'en fichaient des vies risquées là-bas, des vies centaures d'autant plus...
Elle inspira calmement. Non, on ne pouvait pas dire qu'elle n'avait "rien obtenu du tout", elle avait quand même un réel espoir d'accélérer un peu les choses...
Elle rouvrit les yeux, et les fixa calmement sur l'officier.
" Ce ne sont pas que des angoisses. Les centaures sont trop peu nombreux, leur situation est plus que précaire, il suffit que les humains repèrent leur cachette pour qu'ils soient fichus, c'est une certitude... Et ça n'est pas normal qu'on ne puisse pas les contacter. Mais je peux parfaitement comprendre que vous hésitiez à risquer votre vie en allant là-bas sans escorte, même si je doute qu'ils prennent le risque de s'en prendre à un officiel. Et je précise que j'ai une confiance absolue dans le sortilège de téléportation de mon ami, pour l'avoir utilisé plusieurs fois."
Elle soupira.
" Il faut au moins quatre ou cinq jours pour aller de Bortheïas à Montequine, auxquels s'ajoute le temps que vous mettrez pour trouver un mage ici, pour réunir une équipe là-bas. Pendant tout ce temps perdu, est-ce que vous m'autorisez à me rendre sur place avec Reynald ? Je sais qu'il faudra que je sois présente lorsque vous arriverez au village, si j'ai bien compris..."

[Galathée]

" Ce que vous appelez du temps perdu, jeune fille, j'appelle ça la garantie de la réussite d'une mission. Je ne vous empêcherai certainement pas de courir au devant du danger, mais vous devez savoir que votre décès, outre attrister probablement votre sympathique compagnon, pourrait causer un certain ralentissement dans la procédure. Enfin, c'est vous qui voyez, bien sûr. Nous devons convenir d'un moment où nous retrouver. Oh... et n'oubliez qu'à présent que l'affaire est entre les mains de la justice... Il serait dommage que vous vous rendiez coupables de crimes."
Elle n'avait pas l'air de plaisanter le moins du monde.

[Voyageuse]

Astrée secoua la tête.
" Ce n'est absolument pas notre intention, madame. Nous voulons juste nous assurer que les centaures vont bien. Si c'est le cas, il n'y a aucune raison que nous intervenions. S'ils sont en danger, nous pouvons peut-être les aider à fuir, à déplacer leur cachette, détourner l'attention de leurs agresseurs, je ne sais pas... Mais je suis parfaitement consciente que ce que nous pouvons tenter est très limité. C'est votre venue qui changera les choses..."
Elle soupira. L'officier n'avait pas tort : ils ne devaient pas prendre de risques inutiles... quoique Byron pourrait bientôt témoigner et sa présence suffirait. A condition de pouvoir se téléporter... donc que Reynald, lui non plus, ne prenne pas de risques inconsidérés.
" Est-ce que vous avez une idée de quand, à peu près, vous pourriez être sur place ? Et est-ce que vous pensez possible d'amener avec vous quelqu'un susceptible de rouvrir magiquement les failles rocheuses qui ont été obstruées et empêchent l'accès à la vallée ?

[Galathée]

" J'emmènerai un mage, oui, ne vous en faites pas. Celui-là même qui me téléportera à Bortheias."
Elle parut songeuse.
" Je serai dans cinq jours devant le village. Je me ferai guider par un local, ça ira plus vite. Vous..."
Elle se tourna vers Reynald.
" Vous me contacterez tous les jours pour me dire où vous en êtes. Je veux être informée des développements. Et si votre shaman centaure bloque les communications... Vous lui demanderez de faire une exception pour vous."

[Voyageuse]

Hum... Il lui semblait que le dernier point n'allait pas être simple. Peut-être que la protection magique mise en place par le shaman, sans doute pour éviter d'être découverts par divination, n'était pas "fractionnable", peut-être qu'il ne pouvait pas alléger sa protection pour autoriser les communications sans mettre en danger la harde. Mais elle n'y connaissait rien, après tout. C'était le domaine de Reynald, ce genre de chose, c'était donc à lui d'émettre une éventuelle objection.
" Pour ma part, cela me convient... Il faut donc que je sois dans cinq jours à l'extérieur de la vallée close, près de l'entrée du village. Et que Reynald vous tienne informée. En espérant que ce soit possible..."
Elle lança un regard interrogateur au Sorlyn.

[Galathée]

" C'est difficile à dire, murmura le clerc avec une grimace. Je ne suis pas exactement expert en magie centaure.
— Mais votre shaman l'est, lui. Vous lui demanderez de vous faire une fleur. Au pire, vous vous téléporterez quelque part où ça fonctionne. Débrouillez-vous. Si vous voulez faire cavalier seul, soit. Il faut assumer, c'est tout."
Reynald poussa un bref soupir.
" Bien sûr. Je trouverai un moyen."
L'officier sourit.
" C'est bien. A présent, si vous voulez bien m'excuser, j'ai une expédition à préparer."

[Voyageuse]

Astrée hocha la tête.
" Bien sûr. On ne va pas vous ennuyer plus longtemps. Excusez-nous de vous avoir dérangée, et merci beaucoup, encore une fois, pour votre aide... Je vous retrouverai dans cinq jours."
Elle jeta un coup d'oeil vers Reynald. Il allait probablement, une fois l'officier partie, chercher une bonne raison de ne pas l'emmener. Elle n'en voyait pas de valable, elle était persuadée qu'elle pouvait être utile auprès des centaures. Mais pour l'heure, l'essentiel était qu'ils avaient bien avancé. Cinq jours, c'était peu...

[Galathée]

Ils regagnèrent la rue et Reynald s'immobilisa, avant de se fendre d'un sourire.
" Je l'aime bien, annonça-t-il de but en blanc. Elle fait la dure mais c'est une pose."
Il se tourna vers Astrée.
" Bon. J'imagine que je ne vais pas réussir à te convaincre de rester ici. Alors va faire ton sac."

[Voyageuse]

Astrée lui retourna un sourire radieux, et l'enlaça joyeusement pour déposer un baiser sur ses lèvres.
" Ce sera un bonheur de faire équipe avec toi !"
Lui prenant la main, elle l'entraîna à sa suite, enthousiaste. Ca voulait dire quelques jours de plus ensemble, ça voulait dire qu'elle ne resterait pas à se ronger les sangs tandis qu'il prendrait tous les risques, ne pas rester impuissante, avoir des nouvelles... Agir.
" Il faut juste qu'on se trouve quelques provisions dans la zone portuaire, et qu'on rentre récupérer nos affaires à l'auberge. Pour le reste, j'ai acheté tout le matériel qu'il me fallait à Bortheïas, y compris un peu de matériel de montagne... Bon, je manque un peu de simples mais avec un clerc ce n'est pas utile ! "
Elle l'entraîna en direction de l'ouest. Elle savait exactement ce qu'il leur fallait : les courses ne seraient pas très longues et ils parviendraient vite à l'auberge. Et si Tybert n'était pas rentré quand ils y seraient, ils lui laisseraient un message. Il resterait juste à trouver où se téléporter...

[Galathée]

Ils firent donc rapidement leurs emplettes, sur les bons conseils de la rôdeuse. Reynald n'était pas vraiment un débutant en matière de paquetage, mais il avait manifestement l'esprit ailleurs, et laissa les choses pratiques à la jeune femme, se satisfaisant d'observer la ville autour d'eux tandis qu'elle procédait à ses achats. Ils musardèrent un moment sur l'esplanade du port, où Astrée trouva tout ce dont elle avait besoin et plus encore, avant de retourner vers leNid Douillet.

[Voyageuse]

RP : Crise politique

En provenance du sud-est

Jordin et Marie parvinrent aux alentours du Fort à l'heure où, dans toutes les administrations, les fonctionnaires quittaient leurs postes. Les rues étaient encombrées de fiacres, de piétons, de messagers à cheval, et des attroupements se formaient devant les quelques tavernes du quartier. La démission du Conseil, et les pronostics concernant les candidats qui se présenteraient aux prochaines élections, semblaient occuper la majorité des discussions du moment, mais ils n'avaient guère le temps de s'y intéresser: le fort, comme les autres administrations, n'était peut-être pas ouvert à toute heure au public.

L'agitation des rues diminua au fur et à mesure qu'ils approchaient du Fort. La rue devant celui-ci était d'ailleurs totalement déserte. Son entrée était gardée par deux soldats en uniforme, plutôt jeunes, à l'allure sérieuse et concentrée, qui les orientèrent vers la porte d'un bâtiment attenant : leur affaire concernait la Garde lumenienne et non l'armée.
Deux autres gardes s'y trouvaient, dans un uniforme légèrement différent, aux couleurs de la ville.
" Bonjour, messieurs-dame. Nous vous informons que les civils ne sont pas admis à l'intérieur du bâtiment. A moins que vous n'ayez une convocation?"

[Vel Cheran]

Jordin se tourna vers Marie avec un regard interrogateur.

"Nous v'nons suite à une attaque à main armée, dans la boutique de mon amie. Par contre, j'sais pas si elle a une convocation écrite ou quoi. À l'oral, c'est bon ?"

[Voyageuse]

Marie avait l'air un peu décontenancée, mais s'efforça d'embrayer.
" J'ai vu un capitaine... il m'a dit de revenir lui dire si j'avais d'autres informations qui me revenaient en mémoire...
- Son nom ?
- Heu... je me souviens plus...
- Alors comment voulez-vous qu'on le prévienne ? s'agaça le soldat.
- C'est celui qui s'occupe de l'enquête sur l'attaque de la mercerie de la rue Guignolet...
- Je vais me renseigner, proposa son comparse.

Il revint quelques minutes plus tard, leur demanda leurs noms et les invita à les suivre. Ils traversèrent une cour intérieure où quelques soldats s'entraînaient au combat, avec des épées de bois mais de vraies armures. Marie semblait nerveuse, son regard détaillant l'épée et l'armure du soldat qui les guidait, les armes de ceux qu'ils apercevaient.
Il les introduisit dans un petit bureau où un homme en uniforme les attendait, et resta près de la porte, vigilant.
" Asseyez-vous", fit-il en levant à peine les yeux de ses dossiers.
Ils durent attendre une ou deux minutes avant qu'il pose son regard sur eux.
" Alors... Vous êtes Marie Fromont et Jordin Tombétoile... vous venez pour l'attaque de la rue Guignolet ? Je vous reconnais, effectivement, vous êtes leur serveuse. Et vous dites avoir de nouvelles informations à me donner.
- Oui... heu... Oui. c'est juste... On a retrouvé mon agresseur... Il s'appelle Tim Acchard, de Paymill ! Et ils font exprès de faire accuser les mélandiens !"
Le capitaine ouvrit de grands yeux, mais son expression restait dubitative.
" Qui ça, ils ?
- Les foulards blancs !
- Enfin, madame, on n'accuse pas comme ça une organisation publique ! Vous avez des preuves ? Et pour ce Acchard ? Sans preuve, c'est une accusation gratuite... et c'est vous qui allez avoir des ennuis pour diffamation..."
Le capitaine semblait médusé, peut-être choqué, et toisait Marie sans aménité. Celle-ci ouvrit la bouche, la referma, puis commença à bafouiller.
- Ben... Il avait une épée neuve... et puis... c'est le même accent... Et ils avaient un guetteur en face aussi, ils travaillent tous à la forge !"
Consciente qu'elle s'emmêlait dans les explications, elle jeta un regard anxieux à Jordin.

[Vel Cheran]

Jordin tâcha de prendre un air calme et avenant, sans être certain que c'était bien le cas.

"Voilà ce que mon amie essaie d'expliquer : elle a été témoin - ou plutôt victime, comme vous le savez, de cette attaque à main armée. Un témoin, entré dans la boutique à ce moment-là, vous a ensuite affirmé que l'accent de l'agresseur était mélandien. Nous avons discuté avec la tenancière de l'auberge située en face de la boutique, pour savoir s'ils avaient vu quelque chose, et nous avons appris qu'un jeune homme, travaillant à une forge avoisinante, était locataire de l'appartement dont la fenêtre donne sur la boutique."

Il reprit son souffle, pour laisser le temps à l'officier d'assimiler ces informations.

"Or, en visitant cette forge (nous pouvons vous en donner l'adresse si nécessaire), Marie y a formellement reconnu son agresseur, travaillant de concert avec ledit locataire. Nous l'avons identifié comme étant Tim Acchard, un jeune homme d'une famille originaire de Paymill, et dont l'accent n'a rien à voir avec Mélandis. Nous savons d'ailleurs, de source sûre, que ces deux jeunes hommes sont des sympathisants des foulards blancs - l'inverse complet de mélandiens, donc."

Jordin fit mine de compter sur ses doigts.

"Pour résumer, nous avons : un foulard blanc qui pille une boutique de mercerie quelconque, pas spécialement connue pour avoir beaucoup d'argent en caisse ; son collègue, foulard blanc également, qui loge juste en face (pour seulement quelques jours) dans une chambre dont la fenêtre permet de surveiller la rue où a lieu l'attaque ; et un client n'ayant jamais mis les pieds dans la boutique (qui est majoritairement fréquentée par des femmes) qui affirme avec certitude que l'accent de l'agresseur était mélandien, alors que pas du tout."

Montrant ses paumes, il prit un air conciliant.

"Peut-être n'était-ce qu'une initiative isolée de quelques membres zélés de ce parti, je vous le concède. Nous venons simplement vous informer de nos découvertes, et nous pensons que la suite serait de nous renseigner auprès du témoin. Peut-être a-t-il simplement confondu cet accent avec un autre, ou bien était-il choqué par l'attaque et a affirmé la première chose qui lui passait par la tête. Nous ne souhaitons porter aucune accusation hâtive, nous cherchons simplement à comprendre."

[Voyageuse]

Le capitaine avait commencé à prendre des notes, à toute vitesse, sur un parchemin. Il releva les yeux vers eux et les considéra, sourcils froncés.
" Ce sont des accusations très graves que vous portez là. Il nous faut un peu plus que des ressentis et des suppositions...
- Mais j'ai reconnu mon agresseur ! s'offusqua Marie.
- Oui, bien sûr. Je ne remets pas ça en cause, même si on peut toujours imaginer une coïncidence, quelqu'un qui lui ressemble... Mais donc, je veux bien vous croire là-dessus. Ce qui m'interpelle c'est... tout le reste !"
Il se tourna vers Jordin.
" Vous dites que vous savez de source sûre que ces hommes que vous accusez sont des foulards blancs. Quelle source ? Vous prétendez que l'un d'eux loge en face de la mercerie et faisait le guet. Là encore, comment pouvez-vous en être sûr ? Et qu'êtes-vous allés faire dans cette forge où ils travaillent, exactement?"

[Vel Cheran]

"Nous étions allés dans cette forge pour discuter avec ce jeune homme, pour savoir s'il avait vu quelque chose. Mais nous nous sommes abstenus quand Marie a reconnu son agresseur. Quant à leur sympathie pour les foulards blancs, ils ont été vus à traîner avec eux par l'aubergiste qui le loge, pour le premier, et par un tavernier où il a ses habitudes, pour le second."

Jordin haussa les épaules.

"J'ai bien conscience que nous manquons de preuves, ce ne sont que des soupçons pour l'instant, des indices. Mais nous avons la sensation que ce témoin providentiel pourrait être la clef de l'histoire, si histoire il y a."

[Voyageuse]

" Qu'ils connaissent tous deux des personnes membres de cette organisation ne prouve en rien qu'il y ait un lien avec votre affaire. Si je résume bien, on a... un présumé coupable, que vous identifiez formellement ; un de ses collègues qui habite en face et aurait pu faire le guet. Ou pas... mais c'est de l'ordre du possible en effet. Pour le reste... Je ne vois aucun élément qui permette de conclure, comme vous le dites, que les Foulards Blancs sont impliqués. Même si ces deux personnes en sont membres, ce qu'on ignore totalement, il peut s'agir d'un banal cambriolage.
- Oui mais quand même, ce témoin qui reconnaît l'accent mélandien alors que ça ne l'est pas, ça ne vous semble pas suspect ? Je ne l'avais jamais vu dans la boutique !
- Il peut être de bonne foi. Il n'y a rien permettant de l'impliquer. Il a pu en toute sincérité identifier un accent inconnu, et, compte tenu des circonstances, ou de ses préjugés, mettre ça sur le dos des Mélandiens.
- Oui mais quand même, un homme dans une boutique de mercerie, pile à ce moment-là, c'est suspect.
- J'entends bien vos soupçons. Mais... même si le témoin était de mèche avec l'agresseur, il peut y avoir une explication complètement indépendante des Foulards Blancs : il peut avoir énoncé cette phrase pour empêcher d'identifier son complice, qui justement n'est pas mélandien"
Le capitaine soupira.
" Vraiment, j'entends vos soupçons... Mais on ne peut pas attaquer comme ça une organisation de ce genre sans arguments solides. De simples coïncidences risquent d'être vite balayées par un juge et ils auraient beau jeu, alors, de se plaindre qu'une cabale est montée contre eux. les choses sont suffisamment tendues..."

[Vel Cheran]

"Je comprends vos réserves : c'est votre métier de ne pas sauter aux conclusions trop vite. Voilà ce que je vous propose : vous nous donnez l'adresse du témoin, et on mène une petite enquête de notre côté, sans vous impliquer. Si on trouve quelque chose d'intéressant, on vient vous en informer, et on vous laissera reprendre la main à partir de là. Et sinon, eh bien on retournera à notre quotidien et on oubliera cette histoire."

[Voyageuse]

Le capitaine fronça les sourcils.
" Cela voudrait dire impliquer des civils dans une enquête officielle. Je comprends bien votre désir d'aider, mais tout de même... ce n'est pas quelque chose que je peux faire à la légère, vous le comprendrez bien. Qu'est-ce qui me prouve que ça ne va pas dégénérer en bagarre ? Vous semblez ne guère les porter dans votre coeur, ces foulards blancs, et vous avez tout de même été victime d'une agression", argumenta-t-il en se tournant vers Marie.
Celle-ci leva une main apaisante.
" Je ne me bats jamais ! La violence est totalement contraire à mes principes, j'ai d'ailleurs été de toutes les manifestations contre la guerre en Dorrandin !
- Ça n'a rien à voir !, protesta le capitaine. Et... Non, vraiment, je ne peux pas envoyer des civils enquêter. C'est contraire à nos principes."
Il ferma brièvement les yeux, poussant un profond soupir.
" Mais cette affaire, si elle prend la tournure que vous suggérez... Elle n'est probablement plus tout à fait de mon ressort. Écoutez... je pense que je vais plutôt en référer à mes supérieurs, qui alerteront les services compétents. Ils voudront sûrement vous entendre à leur tour, d'ailleurs. Et c'est eux qui décideront de la suite à donner. Dites-moi simplement où vous logez, et où on peut vous trouver dans la soirée, ou dans la journée de demain..."

[Vel Cheran]

Jordin jeta un regard ennuyé à Marie.

"Je comprends bien votre position, mais je crains que nous ne puissions pas attendre aussi longtemps. Le jeune homme de l'auberge rend sa chambre demain : s'il est impliqué, il s'envolera dans la nature avant que nous n'ayons pu en apprendre davantage."

Il regarda ses mains calleuses, suffisamment grandes pour briser une noix de coco.

"Je n'en ai peut-être pas l'air, mais je suis membre d'un ordre monastique pacifique, qui prône la méditation et la connaissance de soi. De plus, j'ai autrefois été moi-même garde dans une cité lointaine. Croyez donc que je serais la dernière personne à déclencher une bagarre. Nous ne recherchons que des indices, des preuves, mais rien d'autre."

Il ajouta, après une pause :

"Et nous n'avons pas à être officiellement impliqués. Après tout, le témoin de l'attaque a oublié sa commande à la mercerie. Nous avons donc besoin de son adresse pour la lui rapporter. Rien de plus."

[Voyageuse]

Le capitaine secoua la tête.
" Vous ne comprenez pas... Je n'ai juste... pas le droit d'impliquer des civils dans une enquête. Ni de divulguer le nom d'un témoin. Il me faudrait la permission de mes supérieurs. Ce genre de décision n'est pas... de mon ressort."
Il soupira.
" Mais je comprends l'urgence. Laissez-moi juste... une bonne heure pour faire mon rapport. Peut-être deux heures. L'enquête, vu ses implications potentielles, va être reprise par d'autres services, mais quand ils verront l'urgence, ils agiront. La priorité est bien sûr d'empêcher ce complice supposé de disparaître dans la nature... Je vais leur dire que vous souhaitez être mis à contribution, mais je ne sais pas s'ils accepteront."
Il se leva.
" Indiquez-moi juste où vous résidez... et précisez-moi où vous passerez la soirée. Les services qui vont reprendre l'affaire vont certainement chercher à vous voir rapidement. Ou peut-être que vous pouvez attendre ici... mais ça peut être un peu long."


(HRP : j'ai changé de lieu après discussion avec Gal... le fort c'est pour les affaires externes)

[Vel Cheran]

"Je loge au Bon Barde."

Jordin n'avait pas hésité avant de répondre à l'officier : il lui semblait être un bon bougre, et de bonne foi. Peut-être était-il naïf, mais il n'aimait pas voir du cynisme partout, et leur insistance à participer et presser l'enquête semblait réellement
couronnée de succès. Ce n'était dons pas le moment de tergiverser.

"Ce n'est pas tout à côté, donc on pourrait aussi vous attendre dans les environs de la caserne, dans un restaurant peut-être."

Il jaugea Marie du regard.

"Après tout, ça fait des heures qu'on cavale à droite à gauche, donc on pourrait en profiter pour se remplir l'estomac."

[Voyageuse]

Marie acquiesça avec un sourire. Le capitaine fut plus hésitant.
" Des restaurants, il n'y en a pas vraiment dans le quartier... et j'aimerais savoir où vous trouver...
- Il y en a du côté de l'Assemblée, suggéra Marie. Ce n'est pas très loin. Je me souviens d'une rue étroite qui part presque en face de l'entrée est de l'amphithéâtre, de l'autre côté de la place...
- La rue Fontaine, acquiesça l'officier. Effectivement, je visualise bien quelques terrasses...
- Vers le milieu de la rue, poursuivit Marie, si ma mémoire est bonne, il y a une sorte de petit troquet qui ne paye pas de mine avec une devanture rouge et blanche... On sera par là.
- Alors c'est entendu. J'enverrai quelqu'un vous chercher. Il viendra de ma part... Je suis le capitaine Le Page", précisa-t-il avant de faire un bref signe de tête à son subordonné.

Le jeune soldat qui les avait guidés ouvrit aussitôt la porte du bureau et les précéda dans les couloirs, les ramenant à travers les couloirs jusqu'à l'entrée de la caserne. Quelques minutes plus tard, ils se trouvaient dans la rue, plus calme que lors de leur arrivée : l'heure de sortie des bureaux était passée et le soleil déclinait peu à peu. Marie prit la tête et entraîna son compagnon vers le sud.

[Voyageuse]

Quête : Influences

Le soir tombait lorsqu'ils atteignirent la caserne. L'heure de fermeture des bureaux devait être toute proche : le hall était quasiment désert.
Pas totalement cependant : il y avait bien évidemment deux gardes à l'entrée, comme toujours, et Gabriel reconnut immédiatement l'un d'entre eux. Grand, l'allure athlétique, ses yeux bleus et ses cheveux blonds bouclés lui valaient généralement les faveurs des jeunes filles. Il se nommait Barthélémy. Et aux yeux de Gabriel, il était tout sauf un ami. Il l'avait plusieurs fois surpris son regard moqueur, narquois, posé sur lui, tandis qu'il riait avec d'autres. Gabriel ne savait pas ce qui lui valait ces moqueries à peine dissimulées, mais il y avait entre eux une certaine antipathie larvée. Heureusement, l'un étant membre de la garde et l'autre soldat de l'armée, ils se côtoyaient relativement peu. Mais le coup d'oeil narquois qu'il lui lança en le voyant entouré de gardes laissait augurer d'autres moqueries à venir.

[Cendres]

Le regard railleur du garde amena Gabriel à considérer la situation dans laquelle il se trouvait. Il était parti avec son régiment pour combattre les morts-vivants à l'Est d'Hélonna et il revenait à la caserne comme une personne suspecte. L’esprit mesquin de Barthélemy avait matière à médire.
Mais ce n’était pas sa préoccupation, il la chassa de sa tête comme une chose futile et adressa un sourire amical et rassurant à Swan

[Voyageuse]

Deux des gardes qui les accompagnaient bifurquèrent, sitôt le mur d'enceinte franchi, emmenant avec eux les trois montures. Aucun d'eux ne se soucia du regard narquois de Swan. Gabriel savait qu'ils emmenaient les montures vers la grande cour, puis vers les écuries, communes aux gardes et à l'armée. Il se trouvait certainement, là-bas, des camarades qu'il connaissait... mais le capitaine les entraîna à l'opposé, franchissant le hall et la salle principale, pour les emmener vers un labyrinthe de couloirs, de bureaux et de cellules que Gabriel ne connaissait pas.
Il s'arrêta devant une porte semblable à toutes les autres, qu'il poussa, et s'installa derrière un bureau -le sien- en leur faisant signe de s'installer à leur tour sur les deux chaises qui leur faisait face.
" Je vous laisse me faire un rapport complet sur toute cette étrange affaire. Essayez d'être précis, distinguez les faits de vos interprétations et de vos déductions... mais vous savez faire, puisque vous êtes un peu de la maison."

[Cendres]

Gabriel fut étonné que le capitaine n’ait pas prévenu un officier supérieur pour entendre son rapport. La situation n’était pas réglementaire mais plutôt douteuse.
« Capitaine, avant de vous faire mon rapport, je voudrais savoir pourquoi vous seriez le seul à l’entendre…sans un deuxième témoin ? Sans vouloir vous offenser, je ne vous connais pas. »

[Voyageuse]

Le capitaine leva un sourcil.
" Je vais juste prendre vos notes par écrit, et vous faire signer votre déposition, comme je le fais pour tout témoin d'événements suspects. Vous pourrez vérifier que tout est correctement retranscrit. Je transmets ensuite à mes supérieurs, et c'est eux qui jugent s'ils souhaitent vous recevoir. C'est comme ça qu'on procède habituellement."
Il haussa les épaules.
" Après, vous préférez peut-être faire votre propre rapport à vos propres supérieurs hiérarchiques, je le comprendrais sans peine. Mais les faits dont j'ai été témoin et ceux dont vous m'avez parlé relèvent potentiellement de la sécurité intérieure de la cité et non de la sphère d'action de l'armée. Et donc je dois faire un rapport. Après, si ce qui vous gêne c'est que je sois seul... effectivement, d'ordinaire j'ai un de mes subordonnés comme secrétaire, mais à cette heure tardive je préférais le laisser en paix. Mais si vous insistez, je vais l'appeler. Est-ce que les choses vous sembleront ainsi plus réglementaires ?"