[Lieu] Les Commerces du Port

[Voyageuse]

Le jeune barde réfléchissait, les yeux brillants.
" C'est une idée géniale ! Enfin... je trouve! c'est exactement l'idée que j'aurais dû avoir, en tant que barde. Je m'en veux de ne pas y avoir pensé... Mais bravo, c'est formidable !"
Il s'interrompit, concentré et enthousiaste, réfléchissant peut-être déjà à un air, à des paroles. Puis il secoua la tête.
" Il y a une faille à ce plan. Si elle entend la chanson, si par miracle quelqu'un l'entend et la fredonne en sa présence, alors elle saura qu'un ami est là... mais comment saura-t-elle où nous rejoindre ? Il faut que je mette un message qui lui indique où nous trouver... ou simplement, qui lui dise de se fier à la garde, peut-être..."
Il grimaça soudain.
" Et il y a une deuxième faille : ceux qui la cherchent pourraient comprendre le message eux aussi..."

[Cendres]

« Tu as raison Swan, il faut trouver des paroles avec des mots clefs… Aquila est une chouette, c’est un animal qui chasse la nuit et particulièrement des rongeurs ! Oui…pour préciser le lieu du rendez-vous, à l’auberge Bienveillance, tu pourrais ajouter une petite histoire ; Aquila lors d’une chasse pista un mulot, mais alors qu’elle plongea sur lui pour le prendre dans ses serres, elle vit des petites formes qui le suivaient à la queue leu-leu. C’était une mère avec ses petits. Prise de compassion, elle lui préféra un serpent pour en faire son dîner.
Est-ce que c’est suffisamment explicite ? Rendez-vous à l’auberge Bienveillance aux vêpres… ? »
Gabriel attendit la réponse de Swan avec optimisme.

[Voyageuse]

Swan secoua la tête.
" Même pour moi c'est compliqué d'y voir un message... alors pour elle... ce n'est pas une intellectuelle vraiment..."
Il réfléchit.
" Je pense qu'il faut être plus direct. Raconter une histoire qui ressemble à la sienne, en laissant apparaitre dans la conclusion que l'auberge de la Bienveillance accueille les aventuriers en détresse dans son genre... tiens, on pourrait même vendre ça auprès de l'auberge en disant qu'on fait une chanson à leur gloire, peut-être qu'ils nous encourageront à la chanter là-bas et qu'ils nous offriront des repas... Mais tu as raison, il faut parler d'Aquila pour qu'elle sache qu'elle est visée par la chanson. Il faudrait que je chante des anecdotes qui lui ressemblent, qu'elle a vécues... mais que ses poursuivants ne connaissent pas. Pour que sa mésaventure récente soit noyée dans le reste et qu'ils ne fassent pas le lien... Tu aurais des idées ?"

[Cendres]

Gabriel se souvint de la créature télépathe aux exigences farfelues.
« Swan, après avoir échappé aux esclavagistes, Anita et moi avons été les hôtes forcés d’un poulpe télépathe et pernicieux. Nous étions prisonniers dans une caverne sous une île des Landes de la Sirène. J’ai dû danser la pavane, oui…pour lui…et je l’avais bien amusé…ainsi qu’Anita … »
Gabriel sourit à ce souvenir et poursuivît.
« Contre notre liberté, le céphalopode, hum.. oui, la créature est un Être des temps anciens, bref, il nous avait demandé de récupérer son sceptre volé par un magicien extrêmement puissant. Grâce à l’intelligence et à la persévérance d’Anita, nous lui avons rapporté après de nombreuses péripéties, comme des pièges magiques, des rencontres avec des araignées, des squelettes animés et des voleurs.
Que penses-tu de cette histoire, elle devrait suffire ? »

[Voyageuse]

" Un poulpe télépathe... un être Ancien. Et une danse... un parcours semé d'embûches..."
Il avait sorti un morceau de parchemin, un crayon à mine, et commençait à noter des idées.
" Il y a de quoi meubler, là... Je n'ai plus qu'à trouver un air entraînant. Et on ira proposer nos services à la Bienveillance. Il me faudrait peut-être aussi glisser des informations sur qui elle est... où elle vit... Mais c'est peut-être risqué. Je crains qu'ils n'aient fouillé dans nos mémoire à notre insu, au moins pour savoir qui nous sommes. Ils n'auront pas des anecdotes d'aventures, cependant, c'est trop insignifiant....
Il réfléchissait tout haut.
" Je dois penser à glisser quelque chose sur sa chouette, donc. Et peut-être que je peux raconter aussi comment vous vous êtes rencontrés ? Enfin, s'il y a une aventure derrière votre rencontre... Heu, enfin, quand je parle d'aventure... n'y mettez pas un sens libertin : je parle de péripéties."

[Cendres]

Les dernières paroles de Swan surprirent Gabriel. Le jeune guerrier lui répondit en riant.
« Non, non, Swan ! Anita, m’a rencontré dans une posture peu avantageuse… J’étais comme un scarabée sur le dos qui s’agitait en vain pour se remettre sur ses pattes. Oui… ce jour là, j’étais perdu dans les sables mouvants, un feu-follet m’y avait attiré. J’étais pris au piège. Pour éviter de m’enfoncer dans le bourbier, j’étais à demi-allongé sur le dos en faisant des petits mouvements avec mes jambes pour les sortir de la lise. Puis, j’ai entendu des voix et j’ai crié à l’aide. C’est alors que Noah, son mentor, et Anita m’ont sauvé en faisant fuir le feu-follet qui attendait patiemment mon agonie… »
Gabriel éprouva un sentiment de tristesse, Anita lui manquait. Il se tut et attendit la réponse de son compagnon en essayant de sourire.

[Voyageuse]

" Je vois bien que tu es attaché à elle, fit le jeune barde avec un sourire compatissant, songeur. Mais c'est normal au vu de cette histoire !"
Tout en discutant, ils se rapprochaient de la taverne de la Bienveillance : Gabriel reconnaissait les lieux. Des effluves appétissant montaient d'ailleurs de diverses boutiques, petits échoppes, et demeures : il était l'heure de dîner.
" Est-ce que... est-ce qu'on doit aller dès ce soir à la Bienveillance ? Parce qu'il me faudrait un peu de temps pour composer... bon, je peux aussi prendre un air connu et juste changer les paroles, c'est plus simple... Et c'est peut-être urgent... Et puis, il faut bien manger quelque part. Qu'est-ce qu'on fait ?"

[Cendres]

« Je n’ai pas la patience d’attendre Swan. Je préfère ta deuxième suggestion. Et puis allons manger,…sens-tu cette incroyable odeur de tourte aux truffes noires ? »
Gabriel tendit son bras en direction de l’auberge tout en souriant à son compagnon.

[Voyageuse]

Le jeune barde rougit -ce qui ne se voyait guère sur son teint très mat, mais se devinait à son regard fuyant-, l'air embarrassé.
" Je... je n'ai pas 'argent sur moi. Les Ithilliens nous ont tout pris. Non que j'aie eu une fortune auparavant, d'ailleurs... mais là, je n'ai même pas de quoi payer un repas. Je vais essayer de négocier en leur promettant une chanson, mais si elle n'est pas encore composée... il va falloir que j'y réfléchisse pendant le repas... Est-ce que tu crois qu'on leur en parle tout de suite ?
Ces derniers mots les avait amenés juste devant l'auberge.