[Commerce] Au Loyal Paladin, Tome II

[Folken]

A la surprise du barde c'est une autre voix qui répondit à la place de celle de son interlocutrice :
- Ca ne saurait tarder ! Il n'est jamais bien vu de s'échapper d'un templs comme un voleur ....Surtout par les temps qui courent... s'ils étaient au courant, certains m'auraient déjà conseiller de mettre votre tête à prix Althéa !

Le barde intrigué par les propos de ce nouvel arrivant se tourna vers Althéa pour comprendre. la jeune fille baissa ls yeux.

- J'ai assez de preuves pour vous faire enfermer au fort... On vous retrouve au loyal paladin lors de l'incendie criminel, on vous amène au temple, vous vous enfuyez comme une voleuse, et comble du comble un homme accusé de tentative de meurtre nous laisse un indice qui me ramène à vous...Il portait ceci

Sur ces mots, le conseiller sortit un médaillon semblable à celui que portait Althéa, qui écarquilla les yeux à sa vue.

- Comprenez-donc que j'aimerais un brin d'explications et je vais peut-être vous paraitre brusque mais fuir serait très mal perçu par les cavaliers et les arbalétriers qui attendent à chacune des sorties de la taverne ....

Ces mots valurent au conseiller des regards noirs de la part des deux clients, il rassura alors le la jeune fille et le barde.

- Rassurez-vous, je ne suis pas là pour vous jeter au juge, je ne sais pas pourquoi mais je vous imagine mal en assassin de grand chemin... le fait que vous soyez retournée au Loyal Paladin le prouve d'ailleurs assez bien. Et je suis persuadé que vous avez des choses à m'apprendre sur ce médaillon qui persuadront mon sergent de garde en service actuellement que je n'avais pas tort de ne pas vous faire jetter aux fers comme il l'aurait sans doute préférer.

Les propos tenus par le conseiller étaient durs, mais le temps semblait presser ces dernières heures pour lui. Chaque affaire qui mettait en jeu la sécurité des citoyens devenaient une affaire d'une importance capitale, et les éléments qu'il avait recueilli sur cette dernière affaire lui faisait présentir qu'il s'agissait là d'une toute autre affaire que la série de vols et de crimes commis par la vague de voleurs récemment débarquée.

[Althéa]

Une foule d'émotions contradictoires submergea l'esprit d'Althéa. D'abord l'incompréhension, la surprise et la peur provoquées par les propos de Folken. Dans quelle mauvaise affaire s'était elle plongée ? De quelle agression parlait le conseiller ? Et pourquoi le médaillon de son fiancé se trouvait t'il en sa pocession ? Mais par dessus tout, elle se sentit heureuse. Enfin, une trace, même infime de celui sans qui la vie perdait tout son sens. Elle se leva pour faire face à Folken. Le vertige qui l'avait quitté revint presque instantanèment :

"Le médaillon, demanda t'elle aux limites de la conscience, où l'avez vous trouvé ?"

[Taliesin]

Taliesin ne perdait pas un mot de l’étrange pièce qui se jouait devant lui. Il était certain que la jeune fille ne s’était rendue coupable d’aucun méfait : son imprudence et son impulsivité étaient sans aucun doute la cause des étranges coïncidences qu’avait rapportées le nouveau venu. D’ailleurs ce dernier (il devait s'agir d'un officier manostien de haut rang, à en juger par son uniforme) n’avait pas l’air d’un accusateur, mais bien plutôt d’un adulte grondant un enfant qui aurait fait une bêtise. Quoi qu’il en soit, les choses s’accéléraient et des éclaircissements ne tarderaient plus.

Au moment où elle se levait, Althéa sembla défaillir. Taliesin se leva prestement et, en même temps que le manostien, s'avança vers elle.

[Folken]

Le conseiller ne chercha même pas à répondre à la jeune fille ; dans son état c'était inutile. Aidé du barde qui se tenait à ses côtés, il eut juste le temps de l'empêcher de s'effondrer.

- C'était de la folie de sortir dans son état... pourquoi n'a-t-elle pas suivi les conseils du prêtre ?

- C'est une jeune file très têtue

A la réponse du barde, le conseiller esquissa un sourire

- J'avais cru comprendre en effet...Au fait je me présente : Folken, gardien de la défense de Manost...

Puis le conseiller ordonna qu'on réquisitionne une chambre et fit dépêcher un prêtre guérisseur sur place pour qu'on porte de nouveau des soins à le jeune fille.

[Althéa]

En ouvrant les yeux, Althéa apperçut Taliesin et le conseiller. Le barde lui adressa son habituel sourire, Folken fronça les sourcils. Se sentant trop fatiguée pour parler, elle se contenta de les regarder attendant avec angoisse ce qu'ils allaient lui dire.

[Taliesin]

Althéa avait émergé de son évanouissement. Mais elle semblait encore très faible. Taliesin décida donc de détourner sur lui l’attention de Folken afin de laisser le temps à la jeune fille de se remettre, ou mieux, de se rendormir. Il se tourna donc vers le manostien :

-Et bien, malgré toutes ses imprudences, il faut reconnaître qu’Althéa sait se trouver des alliés puissants ! C’est un honneur de vous connaître, seigneur Folken. Je me nomme Taliesin et je ne suis qu’un modeste barde. Pourtant, si je puis vous être utile d’une quelconque manière en ces temps difficiles, mes modestes moyens sont à votre service.

[Folken]

Le conseiller garda le silence un instant, comme concentré sur la jeune fille puis finit par répondre :

- Notre rencontre tient du plus pur des hasards... je me suis trouvé par deux fois sur le chemin de cette jeune fille... Son histoire m'intrigue, vous qui semblez la connaitre, que savez-vous de son passé ? Il me parait totalement illogique qu'elle fasse partie d'une quelleconque guilde de voleurs, et pourtant elle se retrouve liée à une affaire d'homicide... ce talisman qu'elle porte au cou, copie conforme de celui que je tiens dans la main... je serai curieux de savoir d'où il provient...

Alors que les deux hommes parlaient, la jeune fille épuisée par cette cascade d'émotions semblait avoir replongé dans un profond sommeil, ce qui selon le prêtre guérisseur était une bonne chose.

[Taliesin]

Taliesin contempla le talisman, puis leva les yeux sur le conseiller qu’il dévisagea un long moment, tentant de le jauger, de deviner ses intentions. L’intérêt que Folken portait à la jeune fille semblait dénué de toute malice, il paraissait honnête et ne cherchait sans doute que la vérité, voulant protéger sa cité mais aussi Althéa.

-Je vais vous dire tout ce que je sais, seigneur Folken. Mais je crains que ce soit fort peu de choses. J’ai connu Althéa il y a dix ans, alors qu’elle n’était qu’une petite fille. Elle travaillait sur le bateau de son père et voulait devenir un véritable marin. J’ai rarement rencontré quelqu’un d’aussi volontaire qu’elle : malgré les brimades des matelots, malgré la difficulté de la vie à bord, elle ne baissait jamais les bras. Elle n’a pas beaucoup changé depuis ce temps : toujours aussi courageuse, mais également imprudente et impulsive…

Le barde contempla le visage de la jeune fille endormie, puis poursuivit.

-Je ne l’ai connue que le temps du voyage, et c’est la première fois depuis ce temps que je la revois. Elle m’a abordé tout à l’heure et nous avons discuté. Elle m’a dit s’être lancée à la recherche de son fiancé, disparu en mer dans d’étranges circonstances… Si j’ai bien compris ce qu’elle m’a dit, son père avait accepté de discuter avec un "marchand de merveilles" et elle n’aurait pu assister à l'entretien. Dans la foulée, son fiancé aurait à plusieurs reprise tenté de lui parler, mais il aurait disparu avant de parvenir à ses fins… Je suppose qu’il avait découvert la nature des transactions et que cela lui fut fatal.

Taliesin regarda Folken droit dans les yeux.

-Quant au médaillon, je ne l’ai jamais vu… Mais je crois pouvoir vous dire sans me tromper que si Althéa est mêlée à quelque sombre affaire, c’est par hasard ou à cause de son imprudence. J'ai vu bien des personnes mauvaises dans ma vie, seigneur Folken. Mais elle n'est pas l'une d'entre elles, je puis vous l'assurer. Si elle est un danger pour quelqu'un, ce n'est que pour elle-même…

[Folken]

Toutes ces infos s'empilèrent dans l'esprit du demi-elfe sans qu'il puisse réussir à faire le lien entre elles. C'était même là une énigme en plus, cette affaire étrange qui avait eu lieu sur le navire pouvait expliquer bien des choses ...mais quelles choses ? Ce genre de noeud indénouable avait pour don d'agacer le conseiller qui fût tiré de ses réflexions par un garde qui entra l'air catastrophé :

- Monsieur ! On a un problème !

- Mpf.... c'est pas nouveau. Mais doucement svp, il y a là une jeune fille en convalescence qui a besoin de repos

Le soldat s'excusa puis entraina son supérieur dans le couloir, refermant la porte pour lui murmurer quelques mots à l'oreille. La nouvelle tombée, le demi-elfe soupira d'un air quelque peu blasé :

- Ah là effectivement on a un problème, c'est inutile de demander s'il y a des témoins...

- Euh ...

- Pas la peine d'en chercher soldat, s'il y en avait eu ils seraient déjà morts. Ces créatures là ne laissent rien d'autre que des cadavres derrière eux...

- ...

- On a l'air fin... On a intérêt à mettre un terme à tout ça et très vite ! Faites rappeler tous les hommes au repos ! Envoyez un message à la forteresse de la cordillière, et fermez les portes ! On entre plus sous aucun prétexte à Manost !

Par soucis de discrétion, et par politesse, le barde n'avait pas prêté l'oreille à la discussion qui se déroulait de l'autre côté de la porte, jetant un regard fraternel sur la jeune fille qui se reposait. Toutefois, alors qu'il était plongé dans ses pensées, ces derniers mots exprimant une mesure exceptionnelle vinrent résonner dans son esprit malgré lui. Se retournant il vit le conseiller rentré de nouveau dans la chambre avec un air des plus graves.

- Je suis désolé, de nouveaux joueurs sont venus pimenter le jeu...

Ne saisissant pas la portée des propos du demi-elfe, Taliesinn essaya de l'interroger des yeux.

- Je ne puis vous en dire plus si ce n'est que je déconseille à toute personne ne sachant pas se défendre de mettre les pieds dehors à la nuit tombée.

Et avant de quitter précipitamment la chambre, le demi-elfe regarda le barde:

- Je suis désolé, mes manières doivent vous paraitre bien cavalières mais je n'ai malheureusement pas le choix. Je dois vous quitter ... temporairement, je repasserai très vite prendre des nouvelles de notre jeune amie...d'ici là j'espère pouvoir compter sur vous pour la surveiller...voire la protéger si besoin est. Un garde restera en permanance devant la porte. Si vous avez besoin de moi, n'hésitez pas à m'envoyer un message.

[Taliesin]

Taliesin acquiesça. Un instant, il avait envisagé d’interroger Folken sur les nouvelles alarmantes qu’on venait de lui apporter. Mais il avait renoncé : il attendrait que le demi-elfe lui fasse suffisamment confiance pour parler, s’il en ressentait le besoin. De toute façon, au regard des mesures d’exception qui venaient d’être prises, il serait sans doute sous peu question de combats. Taliesin savait se battre, mais il détestait cela. Il faudrait un péril mortel pour qu’il envisage seulement d'en venir à de telles extrémités... Et puis, pour l’instant, il avait une mission d’importance à accomplir.

Il lança donc au manostien qui s'éloignait déjà :

-Très bien, je veillerai à ce qu’Althéa ne cause aucun nouvel ennui et à ce que personne ne lui en cause à elle. Bonne chance, seigneur Folken.

[Althéa]

La mer déchainée, l'équipage courrant en désordre sur le pont pour se mettre à l'abris, la vague déferlant sur le pont...
Althéa se réveilla en sursaut. Durant quelques interminables secondes, elle se demanda où elle était. Puis sa folle équipée entre le temple et le loyal paladin lui revint en mémoire. Le médaillon.
Ses yeux vinrent se porter sur Taliesin. Visiblement, Folken n'était plus là. Curieusement, elle se sentit déçue de ne pas le revoir même si elle s'attendait à de fortes réprimandes. Cela irait sûrement de même avec le barde.

[Taliesin]

Taliesin, calé dans un confortable fauteuil, jouait doucement de sa harpe. Voyant la jeune fille s’agiter et gémir dans son sommeil, il déposa l’instrument, se leva et s’approcha du lit. Althéa finit par se réveiller. Elle se redressa, fit des yeux le tour de la pièce puis les ramena sur le barde. Elle semblait inquiète. Taliesin sourit pour la rassurer quant à ses intentions.

-Ne faites pas cette tête-là, je ne vais pas vous gronder ! Le seigneur Folken s’en est déjà chargé aujourd’hui. Tout va bien, rendormez-vous. Il vous faudra des forces pour l’affronter lorsqu’il reviendra pour vous tirer les vers du nez !

[Althéa]

Althéa fronça les sourcils et secoua la tête.

"Comment cela me tirer les vers du nez, demanda t'elle un peu inquiète, je n'ais rien fait de répréhensible...du moins qui mérite que l'on m'interroge. Vous ne pensez pas ?"

[Taliesin]

Taliesin hocha la tête.

-Oh, je suis prêt à parier que vous n’avez rien fait de mal… Malheureusement, vous avez un peu tendance à agir inconsidérément. Sans le vouloir, vous vous êtes retrouvée mêlée à d’étranges affaires…

Voyant l’inquiétude augmenter sur le visage de la jeune fille, le barde s’empressa d’ajouter :

-Mais Folken ne vous pense pas coupable et j’ai essayé de le conforter dans cette idée. Néanmoins, il vous faut rester sage jusqu’à ce que toute la lumière soit faite sur ces évènements.

[Althéa]

Les propos de Taliesin ne firent qu'amplifier l'angoisse d'Althéa. Quelles étranges affaires ? Visiblement, il s'était passé quelque chose durant son sommeil, quelque chose de grave. Cela avait peut être un rapport avec le médaillon de son fiancé. Il fallait qu'elle sache.
"Que s'est il passé ? , commença t'elle , est où est passé Folken ?"

[Taliesin]

-Il a été rappelé par ses responsabilités, demoiselle Althéa ! Pensez-vous vraiment que le Gardien de la Défense de Manost puisse passer tout son temps à votre chevet ? Mais rassurez-vous, il a promis de revenir prendre de vos nouvelles dès qu’il en aurait l’occasion. Alors, en attendant, cessez donc de vous agiter comme cela et prenez un peu de repos.

[Althéa]

Althéa, contrariée par les propos du barde secoua la tête.

"Je n'ais aucunement envie de rester ici. Je ne suis plus une petite fille voyez vous : je ferai donc ce qui me semble bon , marmonna t'elle en croisant les bras, de plus, j' ignore par quel hasard mais Folken se trouve en pocession du médaillon de mon fiancé. Quelque chose m'échappe et je n'aime pas cela."

Son regard se fit implorant.

"Vous allez me laisser sortir sans rien dire. N'est-ce pas ?"

[Taliesin]

Tout en notant la nouvelle information qui venait obscurcir encore un peu plus un tableau déjà bien touffu, Taliesin ne put s’empêcher d’éclater de rire à la demande de la jeune fille :

-Oh, mais il n’en est pas question jeune damoiselle ! Le seigneur Folken m’a officiellement chargé de veiller sur vous, et je puis vous assurer que vous ne quitterez pas cette chambre. Et puis, regardez-vous : le moindre geste vous épuise. Vous n’iriez pas bien loin dans votre état ! Résignez-vous : vous n’avez d’autre choix que de retourner au pays des songes. La, vous pourrez faire toutes les bêtises qu’il vous plaira !

[Althéa]

Althéa eût un hoquet de surprise en entendant les paroles du barde. Arrêter de faire des bêtises et retourner dormir ? Pour qui la prenait t'elle ?

"Je ne suis pas une petite fille, répéta t'elle au bord de l'éxaspération, vous n'avez pas le droit de me retenir contre mon gré. Alors transmettez mes amitiés à Folken quand vous le verrez mais je ne resterai pas ici une seconde de plus."

Et comme pour donner plus de portée à ses paroles, elle se leva de son lit.

[Taliesin]

Taliesin se leva brusquement, dominant de toute sa taille la jeune fille qui titubait légèrement. Tout sourire avait disparu de son visage et ses yeux brillaient. Lorsqu’il parla, ce fut d’une voix douce et calme, mais étrangement beaucoup plus impressionnante que des hurlements :

-Il suffit, Althéa ! Ne vous-êtes vous pas déjà attiré suffisamment d’ennuis ? Vous êtes liée à des affaires d’une extrême gravité, n'en êtes-vous pas consciente ? Vous n'êtes plus une petite fille, dites-vous. Alors prouvez le. Recouchez-vous sur le champ et plus un mot !

[Althéa]

Althéa recula d'un bond, comme si Taliesin l'avait frappée et le regarda impressionnée. Ce n'était plus un simple barde qu'elle avait en face d'elle mais un magicien capable d'user de ses pouvoirs pour l'empècher de sortir. Dans ce cas là, elle ne résisterait pas. Son regard vint défier le sien. Dans son état, il était sa seule arme.

Leurs deux volontés s'affrontèrent pendant de longues minutes. Ce fut finalement elle qui dût baisser les yeux. Vaincue, elle retourna s'assoir sur son lit sans prononcer un mot.

[Taliesin]

HRP : Althéa voulait que j'écrive une chanson... C'est chose faite. Vous pouvez vous en prendre à elle pour vous avoir imposé ça !

Althéa resta assise pendant un long moment puis finit par se recoucher. Toutefois, elle refusa de s’endormir et lutta avec obstination contre la fatigue. Le barde qui s’était de nouveau calé dans le fauteuil gardait les yeux fixé sur elle, mais il était plongé dans ses pensées. S’il avait réussit à la faire renoncer à son projet, il était très mécontent de la manière dont les choses s’étaient passées. Ses tentatives de conciliation avaient toutes échoué et il s’était laissé gagner par l’impatience, usant d’artifices pour l’emporter… Son maître, lui, n’aurait pas eu besoin de cela… Il aurait su trouver les mots pour convaincre la jeune fille…Taliesin sentit son cœur se serrer : son maître avait-il eu raison de lui faire confiance ? Etait-il assez fort pour affronter les malheurs de ce monde ? Il se sentit soudain très fatigué.

Au bout de quelques instants, le barde se secoua. Il prit sa harpe et commença à chanter à mi-voix. Certes, il espérait ainsi apporter la paix à Althéa et lui permettre de profiter d’un sommeil réparateur… Mais du même coup, il espérait bien se redonner du courage. Il ne pouvait se permettre de flancher alors qu’on aurait sans doute besoin de lui sous peu… Il s'abandonna donc entièrement au chant qu’il avait appris bien des années plus tôt :

Je suis à peine né et déjà m’interroge
La route que j’emprunte est amère et sans joie
Chaque pas m’est effort et m’assèche la gorge
Je voudrais m’arrêter et pourtant je vous vois
Vous marchiez déjà bien avant ma naissance
Les épreuves ont marqué votre visage si doux
Père, le monde est gris. pourquoi votre confiance ?
Père, le monde est gris, pourquoi continuez-vous ?

Pour l’aube chaque jour illuminant le monde
La caresse du vent qui effleure ta joue
Le trille de l’oiseau, le murmure de l’onde
Le parfum de la fleur, de la pomme le goût.
Pour l’ami qui survient et repeuple ton âme
La belle qui t’étreint et estompe tes larmes.
Pour ta main dans la mienne, et dans mes pas les tiens.
Pour ta main dans la mienne, et c’est pourquoi je tiens

Je viens juste de naître et déjà m’interroge
La route que j’emprunte est moins dure à présent
Chaque pas m’est effort mais ainsi je me forge
Je ne veux m’arrêter mais le doute est présent.
Si vous n’êtes plus là pour me tenir la main
Et que nul bonheur ne marque mon chemin
Père, le monde est gris, que devrais-je faire alors ?
Père, le monde est gris, attendrais-je la mort ?

Si rien de tout cela ne devait subsister
Et que sur ton chemin, l’aube ne dusse poindre
S’il n’est nulle compagne pour venir t’étreindre
Il te faudrait pourtant ne jamais renoncer
Si à aucun ruisseau tu ne peux t’abreuver
Et que tu restes seul, sans ami avec toi
Si ta main ne pouvait serrer de petits doigts
Il te faudrait pourtant ne jamais t’arrêter

Chaque pas en avant est comme une victoire
Chaque homme qui persiste nargue le destin
Qui veut que tous succombent un jour au désespoir
Mais au lieu de cela nous préparons demain
Si au cours de ta vie, tu ne vois la lumière
Tu ouvres le chemin pour ceux qui te suivront
Le monde est gris mon fils, mais ne soit pas amer
Le monde est gris mon fils, et nous le changerons

Quand le chant se fut éteint, Althéa était profondément endormie. Quant à Taliesin, rasséréné, il se sentait prêt à veiller la jeune fille aussi longtemps qu’il le faudrait.

[Althéa]

*Hrp : j'assume. Elle est très belle ta chanson*

Durant toute la chanson Althéa avait lutté avec acharnement pour ne pas s'endormir. Tournée vers Taliesin, elle était restée à le dévisager, le regard chargé de reproches. Mais aidé par la voix appaisante du barde le sommeil avait fini par l'emporter sans qu'elle ne s'en rende compte.

Pour la première fois depuis longtemps, son sommeil fût paisible. Quand elle se réveilla, elle était parfaitement reposée, prête à affronter Folken.

[Folken]

Revenu du bureau de la garde où il avait pris le temps de donner des instructions très précises, le conseiller retournait donc au Loyal Paladin avec de nouveaux éléments afin d'en apprendre un peu plus sur ce fameux médaillon. Prenant le soin de frapper discrètement à la porte, il fut rassuré de voir que la jeune fille était encore là et visiblement en meilleure forme que lorsqu'il l'avait quittée. Son air cependant trahissait une certaine colère contenue avec peine, le dialogue ne s'annonçait pas simple.

[color= #7FFFD4]- Je sais que vous avez vécu de durs moments, mais il me faut cependant vous poser quelques questions très importantes.[/color]

La jeune fille d'un air empressé semblait plus intéressée par les réponses que pourrait lui apporter le gardien de la défense que par les questions qu'il allait lui poser.

- Moi aussi, coupa-t-elle, comment se fait-il que vous vous trouviez en possession du médaillon de mon fiancé ?

[color= #7FFFD4]- Votre fiancé ? Ce médaillon apparten.... appartient à votre fiancé ? [/color]

- Oui et j'aimerai comprendre ce que vous faites avec ! rendez-le moi d'abord !

Pas de doutes là dessus, la jeune fille était désormais en pleine possession de ses moyens et visiblement très remontée par les mésaventures qu'elle avait subi.

[color= #7FFFD4]- Je ne peux pas vous le rendre... nous en avons besoin pour une affaire d'homicide. [/color]

Le demi-elfe, une fois n'est pas coutume, fût interrompu, et c'est avec un agacement difficilement masqué qu'il reçut un messager du fort... Un nouveau meurtre avait été commis ... Le vieil homme venu livré le médaillon l'avait visiblement payé de sa vie. On venait de retrouver son corps non loin du fort vidé de son sang. Et le rapport de l'enquête ne sembalit plus guère laisser de doute. Ce que Folken redoutait venait de prendre forme sous ses yeux... Il regarda Althéa avec un air de compassion .... En un instant les élémants qu'il ne parvenait pas à assembler venaient de s'imbriquer ... un lien venait d'être fait entre le vampire qui s'annonçait comme la nouvelle grande menace à Manost et le fiancé d'Althéa. Celle-ci qui n'avait pas remarqué l'embarras du demi-elfe enchaina :

- Et d'abord ...qui vous l'a donné ce médaillon ? Il n'est rien arrivé à mon fiancé n'est-ce pas ?

Un long moment, un lourd silence se fit dans la salle. Folken jetta un regard vers le barde qui lui-même de ses yeux semblait réclamer la vérité pour la jeune fille. S'ils savaient ... c'était sans aucun doute bien pire que ce qu'ils pouvaient s'imaginer de pire... C'est pourquoi le conseiller choisit finalement de leur annoncer le pire auquel ils se préparaient :

[color= #7FFFD4]- Je suis désolé... votre fiancé .... est mort [/color]

Ce qui en soit ne constituait qu'un demi-mensonge... mais aller annoncer une nouvelle telle que celle-ci à la jeune fille lui semblait bien mal venu, le conseiller ignorait comment la jeune fille aurait réagi ... Elle semblait déjà complètement désorientée et être inconsolable. Les larmes innondaient son corps, mais sa fierté la poussait à ne pas gémir. La jeune fille semblait plongée dans ses souvenirs, faisant abstraction de ce qui l'entourait. Profitant de ces conditions, le demi-elfe fit alors signe au barde de le suivre un court instant dans le couloir, demandant au messager et à la serveuse qui venait d'entrer de surveiller la jeune fille. Invitant d'un geste le barde à le précéder, Folken savait très bien que de toutes les manières, la jeune fille serait amenée à affronter la vérité un jour ou l'autre et que pour son bien, il vallait mieux qu'elle l'apprenne d'une bouche amie que devant le fait accompli. S'assurant que la jeune fille ne percevrait pas un mot de ce qui se dirait, il exposa la situation au barde qui semblait avoir deviné que quelque chose semblait gêner le manostien plus encore que la mort du compagnon de la jeune fille.

- Quelque chose semble vous tracasser plus que ne le devrait le décès de ce pauvre garçon ... et comment celà est arrivé au fait ?

[color= #7FFFD4]- Justement ... il n'est pas tout à fait mort... Il l'est sans l'être[/color]

Les barde comprit très vite à quoi faisait allusion le gardien. Les dispositions extraordinaires et ces mots ... la vision du vampire le fit palir ... d'autant plus que ce mort-vivant était lié à son amie.

[color= #7FFFD4]- C'est après lui que nous courrons ... mais je viens seulement de faire le lien... J'ignore même s'il est seul, qui l'a engendré, ce qu'il veut ... une chose est sûr ... s'il se trouve dans la même cité qu'Althéa ils seront forcément amenés à se recroiser... cette histoire de médaillon semble l'indiquer en tous cas. Nous n'avons pas le choix... il faudra le lui apprendre...sans quoi elle pourrait s'en apercevoir de ses propres yeux ...ce qui serait terrible[/color]

- Le meilleur moment aurait peut-être été tout à l"heure, non ?

[color= #7FFFD4]- J'avais peur de sa réaction face à une nouvelle aussi monstrueuse... Il faut bien qu'elle comprenne que quoi qu'elle voit, son promis est mort ! Même si elle le voit, il ne s'agit là que d'une enveloppe corporelle...son âme n'est plus...du moins telle qu'elle l'a connu ...maintenant c'est un démon, il n'y a qu'une alternative face à lui....le tuer ou mourir.[/color]

Le barde comprit vite les craintes de son interlocuteur...qu'Althéa garde l'espoir secret de faire revenir à la raison une âme qu'elle croit encore vivante et que celà mène à un drame. Lui-même le savait bien de par les légendes qu'il connaissait, un vampire était un démon, beaucoup trop rares étaient les vampires dotés d'une morale qui ne leur était pas dicté par autre chose que par le sang. Désormais il allait falloir expliquer tout ça à une jeune fille déjà durement éprouvée par la nouvelle et sa journée...

[Taliesin]

En son for intérieur, Taliesin sentit la révolte le gagner. Pourquoi le destin s’acharnait-il ainsi contre les innocents ? Pourquoi le mal venait-il gâcher les vies de ceux qui mériteraient de connaître le bonheur ? Il était profondément peiné pour la jeune fille et il désirait faire tout son possible pour soulager son chagrin. Pourtant, ce que Folken attendait de lui le mettait mal à l’aise, surtout après les évènements de la veille. Comment Althéa prendrait de telles révélations venant de sa part ?

-Seigneur Folken… Persuader Althéa de rester couchée n’a pas été de tout repos et les moyens que j’ai dû employer ont sans doute été maladroits… Je crains qu’elle ne m’en veuille énormément… Si je lui fais de telles révélations, elle risque de ne pas me croire ou, pire, de penser que je lui cache la vérité pour l'empêcher de se jetter dans le danger… Je veux bien tenter de lui parler, mais j’aurai besoin de tout votre appui. Elle craint votre colère ; cependant elle semble vous faire confiance. Si elle vient à douter de moi, à croire que je lui ment délibérément, il faudra que vous interveniez. Si elle se persuade qu’elle peut sauver son défunt fiancé, nous n’arriverons jamais à la faire changer d'avis, et je n'ose imaginer ce qu'il en résulterait…

[Althéa]

Dans l'esprit d'Althéa, la vacillante flamme d'espoir qu'elle avait entretenu durant toute une année s'éteignit d'un coup. Elle se sentit soudain glacée. Une partie d'elle même, sans doute la plus belle venait de mourir. Ses larmes se tarrirent, comme si elle n'en aurait jamais plus assez pour exprimer sa peine. Pourtant, quand Taliesin et Folken revinrent dans la pièce, elle parvint à leur faire face aussi droitement que sa faiblesse lui permettait.

"J'aurais dû aller écouter moi même la conversation de mon père, murmura t'elle, ainsi je serai morte à sa place."

Elle regarda Taliesin sans animosité contrairement à ce qu' il attendait.

"Vous qui êtes si sage, dîtes moi que tout est de ma faute."

[Taliesin]

Taliesin venait de rentrer dans la chambre en compagnie du conseiller Folken. A la vue d’Althéa, une vague de compassion l’envahit. Le désespoir de la jeune fille était si grand que la carapace mentale qu’elle s’était bâtie pour se protéger avait volé en éclats, mettant son âme à nue… Et alors qu’il aurait voulu lui apporter du réconfort, il allait devoir lui affliger de nouvelles souffrances… C’était pour son bien, pour assurer son salut… Mais en cet instant, Taliesin se demandait si le remède ne serait pas pire que le mal. Pourtant, il devait le faire… Il n’avait pas le choix… Prenant son courage à deux mains, il se lança :

-Sage ? Si j’ai jamais eu le malheur de me juger comme tel, la réalité s’est très vite rappelée à moi et m’a durement montré le long chemin qu’il me restait à parcourir… Non, je ne suis pas sage, Althéa. Pourtant, je puis vous dire que vous n’êtes pour rien dans ce qui s’est passé. Et vous ne faites que vous infliger d'inutiles souffrances en endossant une culpabilité qui n’est pas la votre…

Il s’interrompit un instant. Il avait tenté de mettre dans sa voix et dans ses propos toute la conviction et tout le réconfort dont il était capable, essayant ainsi de redonner un peu de courage à la jeune fille pour qu’elle puisse affronter la terrible révélation. Il ne savait s’il avait réussit, mais il ne pouvait attendre plus longtemps…

-Althéa, j’ai quelque chose d’autre à vous annoncer… Comme Folken l’a dit, votre fiancé est mort… Son esprit à disparu…. Mais son corps… Une créature démoniaque en a pris possession… Althéa, votre fiancé est devenu un vampire...

[Althéa]

Althéa eût un sursaut qui laissa craindre le pire mais elle se ressaisit. Au fond d'elle même, elle mourrait une seconde fois. Elle s'assit doucement sur son lit.

"Un vampire, dit elle et sa voix sonna comme sortant d'outre-tombe, non, ce n'est pas possible. Je ne comprends pas. Ce ne peut pas être lui. S'il est mort, il s'est noyé... Un être démoniaque n'a pu en prendre possession. Pas de lui. Il n'avait aucune once de méchanceté."

Elle se tourna vers les deux hommes qui n'avaient pas osé bouger. Ses yeux bleus nuit se remplirent de larmes.

"Vous vous trompez, n'est ce pas ?"

[Folken]

Le conseiller ne laissait plus transparaitre la moindre émotion... un exercice qui lui devenait d'une facilité accablante au fur et à mesure du temps. Il répondit d'un ton impassible :

- Je dois vous confesser que ce n'est là qu'une conclusion, je n'ai jamais vu votre fiancé ni ce vampire ...celà étant la présence de ce pendentif combinée à la votre dans la même ville en même temps, des enquêtes qui nous ramènent aux docks....bon ça c'est loin d'être la première fois mais là c'est différent .... enfin il n'y a pas de doutes permis Althéa... je connais très bien ces créatures ...

Le demi-elfe interrompit son explication ; ce qui devait suivre faisait partie d'un passé que seule une personne sur ce monde devait connaitre... S'il connaissait les vampires comme peu de personnes, c'est qu'il les avait cotoyé en combattant et vivant à leurs côtés bien que répugné par ces créatures tout comme il les avaient également chassé...

- Donc vous n'avez aucune preuve ! je savais bien que ça ne pouvait pas être lui !

- Althéa ! Il faut vous raisonner... je ne vous aurais jamais annoncé une horreur pareille si je n'étais sûr de ce que j'annonçais... L'homme assassiné près du fort était celui qui a dérobé le collier similaire au votre à son agresseur... Son corps a été fouillé de partout, et sur ce collier on relève une inscription presque effacée par le sel de la mer... Angelo Gorneval

- Mais si il cherche après ce collier c'est qu'il a encore des ...

- N'y pensez même pas... C'est un démon et s'il vous croise dites-vous que ce sera vous ou lui ... J'ai encore beaucoup de choses qui m'échappent mais un vampire ne vient pas rechercher un objet à l'intérêt si banal sans raison.

La jeune fille tenta de donner des explications qui pourraient expliquer les faits mais le conseiller les démonta toutes avec une impassabilité et une froideur qui lui donner un air guère plus humain que les démons qu'il chassait.

- Je vous promet que je vais me charger personnellement de cette enquête ! Vous n'avez rien à craindre...

[Althéa]

A chaque explication du conseiller, Althéa s'enfonçait d'avantage dans le désespoir.

"Il ne peut rien m'arriver de mal, soupira t'elle et sa voix devint à peine audible, je vis mon pire cauchemard en étant éveillée. L'homme que j'aimais est ... mort. Que voulez vous qu'il m'arrive de pire ? Qu'il me tue ? Qu'importe ! Au moins, je n'aurais pas à supporter le poids de la vie sans lui."

Ses derniers mots avaient sonné comme un cri de révolte devant l'air inflexible du conseiller. Elle se détourna pour qu'il ne voie pas de nouvelles larmes couller.