[Bâtiment] Au Luménien Noyé

[Dreiyan]

Il est, dans le quartier portuaire, une masure bien semblable aux autres si ce n’est que la lumière en émanant, signe d’une activité constante dans l’échoppe, éclairait en permanence le panneau suspendu au-dessus de la porte, chancelant au gré des vents battant les quais de la Houleuse. Sur ce panneau étaient inscrits les mots suivants, dans un encre à moitié effacé :

« Au Lumenien Noyé »

Et à toute heure on pouvait entendre à l’intérieur du bâtiment éclats de rires, chants de marins plus très sobres, mais aussi bruits rappelant étrangement une table que l’on brise sur la tête de son voisin, entre autres. Mais détrompez-vous : s’il règne parfois – bon, souvent – dans cette auberge une atmosphère chaotique, ce n’est pas pour autant le rendez-vous des malfrats en tous genre. Non, ici la clientèle vient principalement des navires faisant escale à la cité du chaos. La quantité de marchandise que ces convois déposent doit d’ailleurs être à peu près égale à la quantité de boisson ingurgitée par les marins assoiffés.
Mais les marins ne sont pas réputés pour être des enfants de cœur. Car s’il est de notoriété publique (grâce à quelques troubadours des temps modernes) que le cœur des marins, au grand vent se burine, il est vrai aussi qu’au grand vin le marin se bourrine. Je me permets donc d’insister : non, cette taverne n’est pas très mal famée comme l’est celle des bas quartiers. Elle est juste mal famée. Et il y règne une ambiance quelque peu particulière, une ambiance de vieux bouge encrassé remplis de dépravés célibataires n’ayant pas vu de femme depuis un ou deux lustres et ayant sérieusement tendance à abuser de la boisson, et même à abuser des abus de boisson… pour la plus grande joie de l’aubergiste, qui est bien content d’avoir à qui troquer ses fûts, même si cela lui oblige de remplacer régulièrement le mobilier.
Parlons-en, du patron : comme tous les aubergistes dignes de ce nom il est bien ventru, a le crâne dégarni et s’est laissé pousser la moustache pour se donner un peu de contenance. Si les affaires marchent aussi bien pour lui en ce moment c’est qu’il sait satisfaire sa clientèle, et pour cause : lui-même a été marin dans le passé avant de s’établir à Melandis. La vaste salle de l’auberge était arpentée par les employés de la taverne, toujours au service des clients assoiffés. Au mur, derrière le comptoir, était suspendue une puissante défense d’espadon, espadon qui était grand « comme ça » et que notre aubergiste avait bien évidemment pêché durant sa jeunesse. Sur la droite partait un escalier menant à l’étage, où quelques chambres étaient disponibles. Usuellement, c’est les capitaines d’équipages qui les occupaient lorsqu’ils n’étaient pas au bordel d’en face, laissant l’équipage sur le navire ou, plus couramment, dans la salle du dessous en train de boire à sa santé.
En parlant de capitaine, en voilà un qui venait d’entrer dans l’auberge. Très vite, l’un des serveurs l’interpella :

- Hey ô cap’tain, fais tinter tes gallons !

- Hein ?

- Tes gallons d’or… si tu veux piauter ç’soir, faut qu’tu payes l’addition. En théorie, la maison ne faisait jamais crédit… mais comme il est plus facile de négocier avec un marin qui a une gueule de bois qu’avec un marin saoul, le patron autorise parfois quelques exceptions…

- C’est bien la peine de suer tout son front ! Alors tiens, tes étrennes, et fais pêter l’bouchon ! La même chose que d’habitude ! Le capitaine sortit de sa poche deux grosses pièces d’or, dont la valeur représentait le contenu d’un chariot remplis de tonneaux eux même remplis de liquides divers et variés (et alcoolisés) et les pausas sur la table, le gosier à sec.
Le serveur saisit les pièces données par le capitaine et, se retournant, s’adressa au patron d’un air routinier :
-Du rhûm, des cacahuètes et d’la bière pour le m’sieur !

Le soir approchait… et les clients eux aussi. Déjà un orchestre de pacotille avait pris place et, de leurs doigts maladroits, les musiciens faisaient vibrer les cordes de leurs instruments de fortune. Ce qui rassurait l’aubergiste dans tout ça, c’est qu’il n’aurait pas à supporter ces sons désastreux toute la nuit : un marin exaspéré allait tôt ou tard leurs faire avaler leurs trompettes marines…

[Mornagest]

Revenant de sa petite balade, Mornagest passait par le port. Le quartier avait été en grande partie reconstruit, et cela avait même permis une bonne rénovation de certains bâtiments qui menaçaient de s'effondrer à cause de l'humidité et des fissures. Il tomba, au détour d'une rue, sur une taverne nouvellement implantée. Le Luménien Noyé. Original...

Il décida d'entrer. L'ambiance était sympathique, et un peu d'animation lui permettrait d'oublier un instant ses nombreux soucis. Une bonne bière ou deux, et il serait sans doute de meilleure humeur...

Il commanda donc une chopine et alla s'asseoir, tandis que les autres clients de la taverne continuaient à discuter entre eux sans lui prêter attention. Une bonne note... Il n'était pas trop connu des gens. A moins bien sûr qu'il ne fût observé à la dérobée...

[Mornagest]

Il avait commencé par une bière. Bien vite suivie d'une deuxième... petit à petit, l'alcool lui abrutissait le cerveau. Il en était à sa cinquième chope quand la table à laquelle il était assis commença à osciller légèrement sous ses coudes. Levant les yeux, il vit les murs et le mobilier de la taverne tanguer quelque peu. Il ferma les paupières et s'enivra de cette douce insouciance. Plus de pensées... plus de problèmes... seulement la tête qui vacillait.

Il but encore, jusqu'à ne plus savoir décompter les chopes qu'il ingurgitait. Son désespoir était maintenant noyé dans un océan de bière, mais il savait, au fond de lui, qu'il ressurgirait une fois l'ivresse passée... sa rage revint sourdre en lui. Il eut soudain envie de frapper. Quelque chose, ou quelqu'un...

Il se leva, manquant s'affaler à terre. Debout, l'alcool semblait avoir beaucoup plus d'effet... le sol semblait se dérober sous ses pieds, les murs ondulaient mechamment... il rencontra un objet en chemin. La chose grogna quelque chose d'incompréhensible. On le repoussa. Son poing se serra, frappa sans viser, rencontra quelque chose de dur... la bagarre commença.

Une dizaine de minutes plus tard, il était allongé sur le trottoir, visage au sol, et dormait, à moitié assommé par la bière, à moitié par les nombreux coups qu'il avait reçus.

[Mornagest]

La tête lourde. Froide. Tels furent ses premières sensations, en se réveillant une heure plus tard. Il pleuvait, il faisait une nuit d'encre. Ensuite, ses sens s'aiguisèrent. Des effluves désagréables ; les membres engourdis de froid et de courbatures. La bagarre avait été rude, apparemment. Son nez lui faisait mal, et à chaque battement de coeur, ses tempes semblaient prêtes à exploser.

Il s'était endormi dans une flaque de sa propre régurgitation. Apparemment, il avait avalé une quantité d'alcool plus importante encore que ce qu'il pensait pouvoir boire.

Mornagest leva la tête, puis la laissa retomber lourdement au sol. Mal de crâne abominable... il voulait se rendormir, mais il était dehors, dans un sale état... et à la merci de n'importe quel assassin. Il se fit violence pour se mettre à genoux. Il s'assura que son épée se trouvait toujours dans... elle n'était pas là. Un instant de panique. Le guerrier fouilla les alentours des yeux. Il faisait noir, mais une torche non loin projetait quelques timides éclats lumineux sur les pavés gras et luisants de pluie. Sa lame brillait, un peu plus loin. Il se leva pour aller la chercher, lorsqu'il trébucha sur un corps lourd. Tombant au sol, il jura, se retourna péniblement, et s'aperçut qu'il venait de heurter un cadavre mutilé. Probablement un des belligérants de la bagarre, qu'il avait dû étriper, lorsqu'il était dans un état avancé d'ébriété.

Mornagest se redressa à nouveau, récupéra son épée sans encombres cette fois, puis, d'un pas chancelant, marcha en direction du Havre Bourgeois...

[Tar Ael Velluthra]

Peu avant l’aube, Tar’Aël et Frisquette se glissèrent dans la salle lugubre du Luménien Noyé. Vous allez certainement me dire que ce genre d’endroits mal fréquentés, où des marins ivres morts croupissent dans leur gerbe, perdus dans d’éthyliques rêves de grand large, de femmes rebondies, saines et bon marché, de trésors retrouvés sans armée de squelettes pour les protéger, de vent tiède, régulier, conciliant, ne sont certainement pas faits pour accueillir des enfants, et que le fey’ri devrait avoir honte de trimballer une gamine dans un tel endroit. Vous auriez raison.
Cependant, le plus choqué des deux n’est pas celui qu’on pense, et on peut parfois être jeune d’esprit et ratatiné de corps, et vice-versa.
La demoiselle guida son aîné jusqu’au bar et commanda avec autorité, nullement impressionnée par la panse de l'aubergiste.
« Deux bolées de cidre, et que ça saute ! » s’exclama-t-elle de sa voix fluette.
« Pour moi aussi. » ajouta le fey’ri, conciliant.
Puis il jeta un regard circulaire sur l’assemblée avachie, avinée et avortonne (c’était un équipage de gnomes, cela arrive, oui) qui occupait les deux tiers de la salle. Pas un elfe en vue. Tar’Aël eut une grimace de dépit.
« Et où est votre Luménien, en fait ? » demanda-t-il alors au tavernier.

[Mornagest]

Le tavernier éclata de rire en voyant le "couple" aussi hétéroclite qui se tenait devant eux. A croire que la gamine et l'espèce d'elfe avaient échangé leurs corps !

Toujours en train de rire, l'homme déclara simplement :

"Messire, les rares luméniens que nous avons dû avoir ici n'oseraient jamais clamer qu'ils le sont ! Sinon ils finiraient effectivement noyés... notez que ça s'est déjà passé", poursuivit-il un ton plus bas. "Des affaires louches, y en a déjà eu par ici. J'suis pas l'premier tavernier ici. L'ancien m'a parlé de meurtres... de luméniens. Non pas qu'ça m'gêne, mais ça a un côté malsain quand on pense que ça a eu lieu dans la taverne même ! Oui, monsieur !"

[Tar Ael Velluthra]

Tar’Aël haussa les sourcils.
« Mais quand vous dites « Au Luménien noyé », il doit bien y avoir un Luménien quelque part, non ? Noyé, d’ailleurs. Sinon, vous mentiriez à la clientèle qui s’est déplacée pour le Luménien noyé. Comme moi, par exemple. Ce serait... classique pour un établissement mélandien, mais tellement dommage. Pensez à la foule qu’attirerait un véritable Luménien noyé ! »
Le fey’ri ne laissa pas le temps à son interlocuteur de réagir et avala d’un trait la bolée de cidre qu’on avait posé devant lui tandis que Frisquette sirotait la sienne en les observant. Le breuvage doré avait l’aspect, la consistance et l’odeur d’une bonne pisse de xvart, mais Tar’Aël n’était pas expert en jus de pommes. Il reposa les yeux sur le tavernier, scrutateur.
« Est-ce que les affaires louches auxquelles vous faites référence impliquaient six grosses dindes et quelques elfes du soleil ? Réfléchissez bien et répondez-moi sans tarder. De votre témoignage dépend peut-être l’avenir de cette cité, de cette île, si pas de ce plan ! »
Il fit une petite pause et se gratta frénétiquement l'épaule, là où d'ordinaire s'étendaient ses ailes de gargouille.
" Accessoirement, arrêtez de vous moquer de mon associée et de moi-même. Nous sommes susceptibles."
Frisquette accompagna la déclaration en montrant ses petites quenottes toutes noires dans une imitation presque réussie du gnoll mal embouché.

[Mornagest]

Le tavernier cessa de rire. Le ton employé par l'elfe ne lui plaisait guère, mais son regard sombre lui laissa penser qu'il valait mieux ne pas insister.

"Un Luménien... non, pour l'instant, on n'en a pas en stock. Mais j'vous l'dis, si ça vous intéresse, vous pouvez voir en haut. Y a quelques chambres. Occupées, sauf une, que personne ne veut. D'après ce que j'en sais - puisque j'étais pas là à l'époque, hein - c'est de cette chambre que tire le nom de la taverne..."

[Tar Ael Velluthra]

Cette remarque anodine ne manqua pas de piquer la curiosité du fey’ri. Il ouvrit de grands yeux ronds, et se pencha vers le tavernier.
« Vous voulez dire... que dans cette chambre... un Luménien s’est noyé ? » murmura-t-il d’un ton de conspirateur. « Comment a-t-il pu se noyer dans une chambre ? Etait-ce un halfling, répugnante petite créature ridicule, et s’est-il laissé submerger par son baquet d’eau savonneuse ? Etait-ce un elfe richissime que des gredins peu scrupuleux ont noyé dans une cuvette en tentant de lui arracher le secret de sa fortune ? Peut-être était-ce un nain amoureux d’une nymphe, repoussé, il s’est noyé dans son chagrin ? A moins que... un de vos marins, un capitaine au long cours, victime d’un abordage en pleine mer, sa cargaison envolée.. qui s’est noyé dans l’alcool...? Ou... Un noyer ! En réalité, le Luménien s'est pris une poutre en noyer en plein visage, son nez s'est brisé, comme ses dents et sa troisième vertèbre cervicale, il a perdu tout son sang sur votre plancher, et est mort seul dans les ténèbres d'une nuit sans lune. Vous auriez pu me le dire! »
Il s’interrompit.
« A présent, un fantôme éploré hante sa chambre. Je comprends... Pour un commerçant, avoir ce spectre errant dans votre établissement... Quelle tuile ! Mais je vais vous faire une faveur et aller voir si je peux m’en occuper. »
Il sourit et leva une main, avant que le tavernier ne puisse ouvrir la bouche.
« Non, non, ne dites rien. Je vous ferai un bon prix. »
Puis se tournant vers Frisquette.
« Ne bouge pas, petite. Je reviens dès que possible. Essaie de ne rien casser. »
La gamine leva à peine les yeux alors que le fey’ri se dirigeait d’un bon pas vers les escaliers visqueux qui montaient à l’étage. Il enjamba un gnome assoupi, contourna une étrange forme humide qui ressemblait à une pieuvre abandonnée et atteignit les marches à peu près indemne, à l’exception d’une longue tache brunâtre qui ornait désormais son manteau et qu’il décida de ne pas identifier. Entre vous et moi, c’était du vomi, un mélange semi-digéré de morue faisandée, de whisky frelaté et de pommes de terre farineuses. Les Mélandiens ne sont pas réputés pour leur gastronomie.

[Mornagest]

Le tavernier avait haussé les épaules, tandis que l'espèce d'elfe était monté quatre à quatre les marches menant à l'étage. Après tout, s'il tenait tant à vérifier... la pièce avait été nettoyée depuis belle lurette. Mais personne ne la voulait, superstition, sans doute...

A l'étage, Tar'Ael se trouvait dans le couloir principal, bordé de portes de part et d'autres. La première était close, et le verrou semblait tiré : tourner la poignée n'y fit rien.

Derrière la deuxième porte, quelques bruits supects laissaient supposer qu'un couple - sans doute un matelot ivre qui s'était offert les services d'une fille facile - était occupé à de bien énigmatiques échanges. Tar'Ael devrait chercher plus loin.

La troisième n'était pas fermée à clef...

[Ebelin]

La taverne était... on ne peut plus habituelle...

Pour ce qu'il en avait vu, elle ne différait en rien des autres tavernes qu'il avait temporairement fréquenté au cours des trois dernières semaines.

Et, encore une fois, lorsque la porte se referma derrière lui, personne ne le dévisagea avec un air fermé. Pas une personne ne fit même le moindre mouvement pour le jauger du regard. En vérité, personne ne l'avait remarqué.

C'était... habituel avec lui. Ne jamais, jamais se faire remarquer sauf s'il le voulait.

"Serveuse, préparez moi une chambre et un dîner... Et, oui, j'ai de quoi payer"

Et un instant plus tard, il avait disparu de la salle commune, sur les traces d'une serveuse un peu confuse.

[Ebelin]

Le lendemain, Ebelin descendit discrètement rejoindre les quelques personnes attroupées dans la grande salle. Le soleil dardait quelques rayons (mais pas les premiers de la journée, loin de la). Il était temps de se mettre en route...

Ce fut le tavernier qui fut surpris par la personne qui sembla apparaître juste devant lui. Un client dont il ne se souvenait d'ailleurs absolument pas.

"Bien le bonjour tavernier! J'aurais besoin de vous glisser un mot..."

Intrigué, le tavernier pointa un doigt, et les deux personnes s'en furent dans un coin sombre, où ils commencèrent à discuter d'une façon animée, mais toujours à voix basse. Parmi le peu de clients, aucun ne vit le tavernier recevoir un parchemin, qu'il déchiffra difficilement, et pas seulement parce qu'il avait des problèmes d'alphabétisation.

Tout fut réglé peu après quand quelques piècettes vinrent rejoindre la main avide du tenancier, et les deux se séparèrent peu de temps après.

D'une façon étrange, tout se passa comme si l'ombre du coin de la salle s'était étendue d'une façon surréelle vers la porte alors que le gnome Ebelin s'en allait... toujours sans un bruit.

[Tar Ael Velluthra]

Tandis que le gnome invisible quittait l’établissement graisseux, à l’étage, Tar’Aël Velluthra s’était immobilisé devant la troisième porte, celle qui dissimulait le Luménien Noyé, s’il fallait en croire les légendes urbaines en vogue dans la salle commune.
Comme les ténèbres régnaient en maître dans la petite chambre, il invoqua une source de lumière, laquelle s’exprima sous la forme d’un éclair blanc qui alla percuter une chaise qu’il désintégra. Le fey’ri eut le bienheureux réflexe de faire un pas de côté au moment où l’acariâtre arc d’électricité rebondissait dans sa direction et évita ainsi un trépas bien lamentable (sans parler de l’odeur de cochon grillé). Il se souvint alors qu’il disposait d’une excellente vision nocturne et pénétra plus avant dans la chambrette, s’extasiant en silence sur le goût exquis qui avait présidé à sa décoration : un espadon empaillé ornait le mur au-dessus du lit, les rideaux étaient décorés de rayures pittoresques, sans parler du tapis brodé représentant un Léviathan aux prises avec une caraque mal embarquée.
Il se planta finalement au milieu de la petite pièce, écarta les bras et ferma les yeux.
« Luménien Noyé ! Moyenne Lune I ! Emoi Nul ! Mule Nonne ! Loué Mienne ! Qui que tu sois, révèle-toi à ton maître ! » s’exclama-t-il.
Le silence suivit sa déclaration.
Puis un tambourinement retentit, signe que l’hôte voisin avait peu apprécié l’exercice déclamatoire.

[Mornagest]

Alors qu'il oubliait presque la raison de sa venue ici, Tar'Ael fut attiré par un mouvement, sur sa gauche, accompagné d'un léger bruit d'eau gouttant sur du plancher. Il se tourna vivement vers la source de dérangement, puis aperçu ce qui semblait être le noyé en personne... à en juger par son apparence.

Il se tenait debout, dans une bassine en cuivre emplie d'eau croupie dans laquelle surnageait quelques vagues relicats de mousse de savon flétrie par le temps, et devenue presque nauséabonde. L'homme était nu, puisqu'il se baignait probablement lorsque le fey'ri l'avait dérangé en beuglant son étrange harangue. Sa peau, ou plutôt, ce qu'il en restait après ce séjour dans l'eau, était verdâtre, avec des soupçons de noirs à certains endroits plus fragiles - que tout narrateur ayant un minimum de dignité ne nommerait point - et ses cheveux étaient parsemés d'écume d'une étrange couleur rougeâtre.

Enfin, son cou était noirci par les marques de pression qu'on avait dû lui faire subir, en le maintenant sous l'eau, lui serrant la gorge afin de l'étouffer plus vite, et sans bruit.

"Qui diable êtes-vous ? Ne voyez-vous pas que je me baigne ? J'ai "horreur" qu'on m'interrompe !"

[Tar Ael Velluthra]

« Vous êtes le Luménien ! » s’exclama Tar’Aël, absolument enchanté, sans prêter la moindre attention aux détails insignifiants de sa mise ostensiblement périmée.
Se baissant, il ramassa la carpette d’un mouvement vif et la tendit à son interlocuteur putride.
« Mais cachez-moi tout ça. Franchement, vous n’êtes pas très ragoûtant, si vous me permettez. » continua-t-il avec aplomb. « J’ai beau en avoir vu d’autres, je ne suis pas très porté sur les fifrelins avariés et autres mycoses que vous exhibez, cela dit, avec un certain panache. »

[Mornagest]

L'homme saisit brutalement la carpette, tout en dardant un regard mauvais sur Tar'Ael. Ses traits se fermèrent encore davantage, et son apparence n'en fut que plus déplaisante.

"Que me voulez-vous ? Pourquoi me dérangez-vous en pleines ablutions ? J'espère que vous avez une bonne raison !"

Sa voix devenait plus aigue à mesure qu'il parlait. A chaque mouvement de mâchoires, le fey'ri pouvait apercevoir, entre les dents, une monstrueuse substance fangeuse, qui semblait grouiller dans la bouche du mort. Était-ce sa langue ?

[Tar Ael Velluthra]

Tar’Aël lui décocha un charmant sourire (je vous rappelle, au cas où vous l’auriez oublié, que Tar’Aël, sous sa couche de crasse, est un jeune démon assez craquant !) et secoua la tête.
« Allons, allons, pas de pudeur mal placée, mon ami. Après tout, je suis bâti comme vous, à peu de choses près. Enfin… un peu mieux bâti que vous, vous avez raison. Mais n’ayez pas honte ! Rares sont ceux qui peuvent prétendre à la splendeur naturelle de la race fey’ri. Je vous pardonne donc votre laideur… Maintenant dites-moi. Est-ce que par hasard, au cours de toutes ces années, quelqu’un vous aurait averti que… comment dire… vous étiez un peu mort ? »

[Mornagest]

Mort... à ce mot, le cadavre se mit à se tordre dans tous les sens, sortant péniblement de la bassine en envoyant des giclées d'eau croupie sur le parquet et jusqu'aux pieds de Tar'Ael. Il semblait souffrir, ouvrant la bouche comme pour hurler sa douleur, mais restait parfaitement silencieux, se contentant de se contorsionner d'une manière plus qu'étrange.

Puis soudain, il se redressa et fixa Tar'Ael dans les yeux, comme si de rien n'était. Ses yeux étaient desséchés, et avaient la taille et la couleur de deux noisettes pourries.

"C'est... TOI qui m'a tué ! Je le sais ! Je le sens ! Je vais me venger !"

Et avant même qu'il termine sa phrase, il se jetait sur le fey'ri, toutes dents déchaussées dehors, cherchant à lui mordre le cou et lui arracher la peau.

[Tar Ael Velluthra]

Le fey’ri n’était pas exactement l’être le plus musclé à arpenter les nuits mélandiennes. Pris au dépourvu par l’attaque visqueuse de son agresseur, il tomba à la renverse, entraînant le noyé avec lui. En poussant des cris que n’aurait reniés un goret labile, Tar’Aël battit des mains dans une imitation remarquable du matou qui se défend, labourant au hasard le visage putréfié de son adversaire et s’arrosant au passage de substances organiques répugnantes. Il finit par attraper sa gorge d’une main, lui saisissant l’os d’une côte de l’autre, et le tint à une distance respectable de son propre visage.
« Espèce de monstre ! Agresser ainsi les gens ! » glapit -il.
Sans qu’il puisse réellement y faire quelque chose, l’entropie jaillit alors de toute sa carcasse, frappant le mort-vivant de plein fouet. Ce dernier n’y prêta qu’une attention relative et persévéra dans ses tentatives vengeresses d’égorgement. Tar’Aël nota cependant que la peau sous ses doigts avait pris un nouveau relief.
« Mademoiselle, ne vous mettez pas dans de tels états ! » s’exclama-t-il alors. « Vous faites erreur sur la personne ! »

[Mornagest]

L'"homme" cessa un instant de tenter d'égorger Tar'Ael. Il se frotta le corps des mains, constatant avec effroi ses nouvelles attributions anatomiques, puis se remit à crier, mais réellement, cette fois, d'une voix encore plus aigue que précédemment.

"Aiiiiieeee ! Maudit ! Je vais te défoncer le crâne ! Manger ton cerveau encore palpitant ! Et me repaître de ta rate, sale vermine puannnte !"

Son haleine chargée de mort et de pourriture vint empester les narines de Tar'Ael, tandis qu'elle vomissait ses menaces. Elle donna ensuite un formidable coup de genou dans l'entrejambe du fey'ri...

[Tar Ael Velluthra]

Heureusement, les nippes informes du démon formaient une armure presqu’aussi efficace que les carapaces rutilantes qu’arborent certains paladins manostiens lorsqu’ils essaient d’impressionner les minettes (relisez lentement, ça devrait aller). La vicieuse tentative d’émasculation fut donc freinée par plusieurs couches d’étoffe usée, réduisant un coup potentiellement meurtrier à une légère pression, néanmoins douloureuse. Le fey’ri étouffa son cri en se mordant l’intérieur des joues, puis se mit à ruer pour déloger sa maudite cavalière, laquelle finit par s’écraser de côté avec un fracas humide, comme lorsqu’on plonge sa botte dans la vase gluante d’un marécage, jusqu’aux éclaboussures. En un instant, l’entropiste fut sur ses pieds, cavala jusqu’à l’autre bout de la chambre et déploya toute sa connaissance des arcanes en s’invoquant vite fait une armure lumineuse, avec succès ! Comme la Luménienne morte mettait un peu de temps à se redresser, aux prises avec un tibia flasque et récalcitrant, il en profita pour incanter une salve de projectiles magiques, visant avec soin le trou béant qui s’ouvrait dans son faciès décomposé.
Du coup, il se mit à pleuvoir.

[Mornagest]

Une pluie des plus désagréables... de l'acide nitrique ! Les brûlures ne tardèrent pas à se manifester sur la peau de Tar'Ael, qui courut rapidement se mettre à l'abri, près de la porte, tandis que la morte restait sous l'ondée, apparemment peu affectée par la chose. Mais, tandis que la pluie cessait rapidement, le cadavre mort-vivant disparaissait progressivement, de même que la bassine qui le contenait, pour ne bientôt plus être visible du fey'ri... une illusion ? Une hallucination venue de son esprit ravagé par la magie corrompue ?

[Tar Ael Velluthra]

Mais quelle sale journée, songea le fey’ri en quittant son abri. Il jeta un regard circonspect tout autour de lui, cherchant la Luménienne invisible. Il ouvrit une armoire mais n’y trouva qu’un vieux casque rouillé, une fiole contenant un liquide opalescent et 7 pièces d’or. Sous le lit traînaient une dague, deux livres certainement passionnants et le manche d’une hallebarde qu’un nain forgeron doué pourrait probablement souder à une lame pour en faire une arme magique très puissante. Mais Tar’Aël n’avait que faire des choses matérielles, et n’avait jamais appris à utiliser un ustensile plus grand qu’une fourchette, il n’y toucha donc pas.
Il finit par s’asseoir sur le lit et poussa un profond soupir.
« Hey ! Noyé(e) ! Montre-toi ! » cria-t-il.
Le voisin de chambre tambourina avec force sur le mur, ébranlant au passage le crépi du plafond qui plut en cascades de poussière sur la tête de Tar’Aël. En d’autres circonstances, cette neige artificielle aurait donné un air parfaitement charmant, presque angélique, à notre fey’ri, mais avec ses brûlures sur les mains et les reliquats non identifiés qui maculaient son pourpoint troué, il avait simplement l’air misérable (ça arrive aux meilleurs).
« Damoiselle ? » souffla-t-il finalement. « Votre hôte, tavernier de son état, m’a entretenu de vos réticences à quitter ce terrestre séjour… Vous devez… être bien souffrante, prisonnière en ces lieux sordides, vous qui n’aspirez, nul doute, qu’à la magnificence lumineuse de votre cité natale… Peut-être puis-je, grâce à mes modestes qualités, vous venir en aide dans votre quête du repos ? »
Il assortit ces derniers mots d’un sourire qu’il espérait enjôleur.
Vu la qualité de la lumière, ce n'était pas spécialement un calcul très futé.

[Mornagest]

Malheureusement, sa tentative fut vaine. Seul le silence lui répondit, un silence d'ailleurs tout relatif. Les bruits de la salle commune remontaient par les escaliers et laissaient une vague rumeur dans le couloir, d'autant que la porte n'était pas fermée... le fey'ri aurait pourtant juré de l'avoir repoussée. Une trace humide était visible en bas de la porte, sur le plancher. Tar'Ael s'approcha... et retrouva cette effluve ignoble de tout à l'heure. Elle n'était pas loin.

[Tar Ael Velluthra]

Tar’Aël ouvrit la porte à la volée, espérant à demi trouver le noyé (qui normalement, avait dû retrouver son sexe originel) juste derrière. Malheureusement, il tomba nez à nez avec une imposante femme en nuisette, les aisselles hirsutes et la mine peu avenante, qu’il identifia comme étant la charmante voisine de chambre qui avait rythmé son pugilat d’élégantes percussions. Elle portait un tatouage sur le biceps gauche, une tête de mort avec un poisson chat dans l’orbite, et une jambe de bois dépassait de sous sa chemise de nuit en flanelle jaunie.
« Madame ! »s’exclama Tar’Aël avec un cri de surprise.
L’énorme pirate grommela quelque chose d’incompréhensible, mais cela semblait peu engageant de toute façon. Le fey’ri recula de quelques pas, tentant de trouver un échappatoire qui n’implique pas le moindre sortilège (voué à l'échec, il s'en doutait), mais réussit tout juste à déraper et choir sur son séant.
« Un peu moins de boucan, c'est possible !? » articula finalement la femme en le vrillant de ses yeux noirs.
« Oui oui, bien sûr... » répondit Tar’Aël.
« Tu radines tes fesses, Simone ? » beugla une troisième voix, venue tout droit des profondeurs obscures de la chambre entrouverte d’où avait émergé la probable intéressée.
Tar’Aël n’essaya pas d’identifier le propriétaire de ce terrible timbre, mais il n’aurait pas été autrement surpris de découvrir un sahuagin sous les draps. Il profita de l’inattention de Simone pour filer sans demander son reste, sur la piste humide du Luménien.

[Mornagest]

Les traces semblaient suivre le couloir, mais apparemment, la pirate imposante ne les avaient pas remarquées, alors qu'elles trônaient au beau milieu de la place, laissant une traînée fangeuse et nauséabonde. Celle-ci semblait s'arrêter devant la première porte, celle que Tar'Ael avait vainement tenté d'ouvrir, quelques minutes auparavant.

[Tar Ael Velluthra]

Tar’Aël s’immobilisa devant la porte. Malheureusement, s’il avait bien des talents (si, si, je vous assure), notre fey’ri n’avait pas grande habitude de la serrurerie. Il saisit donc la clenche et tourna énergiquement, sans résultats. Il la secoua un peu, pressa son épaule contre le bois, prit son élan, puis renonça à se luxer l’épaule.
Fialement, déroulant sa maigre musculature, il écarta les bras et fixa son adversaire avec détermination.
« Sésame, ouvre-toi ! » fit-il (d'une voix sourde, pour ne pas déranger Simone et le sahuagin). « Alohomora ! Mellon ! Hocus Pocus ! »
Rien.
Décidément, cette raclure de menuiserie était peu coopérative.
Tar’Aël se mit à réfléchir. S’il tentait d’incanter un sortilège de déblocage, les chances étaient élevées qu’il prenne une vache sur la tête. S’il invoquait une image miroir, il était bon pour la boule de feu, mais l’auberge risquait de brûler avec la porte ce qui lui vaudrait certainement quelques ennuis. Comme il obtenait souvent des écureuils avec les projectiles magiques, il s’interrogea sur la possibilité de mal prononcer le charme, histoire de matérialiser un castor, bien plus efficace pour démolir un morceau de bois récalcitrant. Mais avec sa baraka proverbiale, il se retrouverait probablement avec une loutre dans les pieds et une porte irrémédiablement close.
Je suis en train de devenir allergique aux arcanes, réalisa-t-il avec un frisson. Où a filé la tendre impatience de ma jeunesse ? La confiance aveugle en mes moyens? La certitude qu'un petit sort de travers n'a jamais tué personne (ou presque) ?
Se morigénant, il prit une profonde inspiration, passa en revue les quelques sorts qu’il avait encore en mémoire, et opta pour une flèche acide de Melf, en espérant qu’elle serait suffisante pour décomposer la porte.
Aucun trait ne jaillit de ses doigts tendus (comment ça, vous vous en doutiez?) (triste entropiste, celui qui devient prévisible!).
Par contre, un portail luminescent s’ouvrit à côté de lui, et Tar’Aël sourit, constatant que parfois, très rarement, mais quand même, l’entropie se rangeait de son côté. Dans ces instants, il l’aurait embrassée. Si embrasser l’entropie avait été une chose possible, cela s’entend.
Il emprunta donc le passage magique, prêt à en découdre avec tous les Luméniens du monde, morts, vivants ou morts-vivants.

[Mornagest]

Le fey'ri passa sans hésiter, ressentant une curieuse sensation humide, mais de courte durée, lorsqu'il pénétra dans le portail. De l'extérieur, on eut dit qu'il franchissait un filet d'eau rougeâtre, et peut-être était-ce d'ailleurs le cas.

Il fut un instant dans l'obscurité la plus totale. L'impression de flotter en l'air, sans tomber. De ne ressentir plus rien, ni d'entendre, de voir... avait-il enfin trouvé le vortex ? Une fraction de seconde, il se surprit à espérer. Pour aussitôt atterrir dans un plan très humide, froid et nauséabond. Il longea un mur, dans sa chute, avant d'atteindre un liquide à l'aspect répugnant.

Difficilement, Tar'Ael entreprit de se maintenir à la surface de l'eau, tout en regardant autour de lui, cherchant des indices pouvant révéler l'endroit où il se trouvait. Soudain, son regard se posa sur une imposante bâtisse, qu'il était certain d'avoir vu quelque part. Une véritable forteresse, surplombant le reste des bâtiments alentours. La mémoire lui revint : le temple de Talos. Il nageait dans les eaux tumultueuses de la Houleuse, non loin du pont où il avait - presque - élu domicile - si l'on pouvait appeler cet endroit ainsi.

[Tar Ael Velluthra]

« Maudit Luménien ! » s’exclama-t-il avec virulence, pataugeant dans ses robes informes.
Malgré la violence du courant, le quai n’était pas très loin et Tar'Aël entreprit donc de nager vers la terre ferme. Mais son manteau s’était pris dans quelque chose d'invisible, ancré dans la vase, et il dut s’en dépêtrer tant bien que mal, abandonnant cette relique de son existence passée dans la gueule putride du fleuve. Avec un petit gargouillement de nostalgie, il regarda l’étoffe autrefois pourpre s’éloigner dans les bouillons noirâtres de la rivière, tournoyant une fois, deux fois, avant de s’enfoncer dans les profondeurs. Il reprit alors sa brasse vers les rives, trop conscient des immondices qui flottaient autour de lui, truites boursouflées (mortes), bois pourri (mort), rats voraces (vivants), sangsues avides (vivantes), esclaves égorgés (morts), vieilles nippes (ne s’applique pas), sans compter les innombrables matières fécales en tout genre.
Tout en barbotant, il continuait à chercher son noyé du regard, moins pour lui venir en aide (comme il l’avait promis au départ) que pour le noyer une seconde fois, avec les compliments de la famille Dlardrageth. Mais il ne parvenait pas réellement à le repérer, la Houleuse était particulièrement surpeuplée, et n’importe quelle chose répugnante qui errait à sa surface aurait pu se révéler un petit morceau du Luménien... Non, le fey’ri avait bien l’intention de profiter de la vue qu’il aurait depuis la berge pour faire le tri dans ce capharnaüm. A quelques mètres seulement de son but, il fut heurté violemment par la carcasse à moitié rongée d’un embryon de wyverne. L’avorton grimaçant, encore couvert d’albumen, l’envoya tête la première dans l’onde, et le fey’ri but une bonne rasade d’eau croupie. Il se redressa en crachant, s’agrippa au rebord moussu de la rivière et maudit tous les Luméniens, sur les trois prochaines générations, leur souhaitant carnages, incendies, destructions et le reste. En remontant sur le plancher des vaches, il réalisa cependant que comme de coutume, il n’avait aucune chance d’être exaucé.


Tar’Aël s’ébroua sur la berge et remit le cap sur le Luménien Noyé, d’un air dégagé malgré la chair de poule qui lui hérissait les bras et le bruit de succion qui accompagnait chacun de ses pas. Il poussa la porte de la salle et jeta un regard mauvais sur les fêtards avinés, histoire de couper toute velléité de commentaire (en réalité, aucun ne leva les yeux : compte tenu de leur état avancé d’ébriété, ils contemplaient déjà des visions bien plus originales qu’un fey’ri trempé sur le pas de la porte). Les effluves de la Houleuse précédèrent l’entropiste au bar, et le tenancier et Frisquette l’accueillirent avec des doigts salvateurs compressant leurs narines.
« Pas de questions. » grommela Tar’Aël. « Je veux la clef de la première chambre. Vite. Il en va de la sécurité de vos pensionnaires. »

[Mornagest]

Le tenancier haussa les sourcils. Que lui voulait donc cet énergumène ?

"Dites, vous ne pensez pas que vous en avez déjà fait assez ? D'autant que la première chambre est occupée. Et les clients en ont la clé, ce n'est pas moi qui l'ai. Et ce qu'ils font ne regardent qu'eux. Sauf s'ils font des taches. Mais je ne pense pas que ce soit votre but, d'aller vérifier..."