[Quête] Le mange pierre: chapelle du souvenir

[Lothringen]

[Lieu-dit] Chapelle du souvenir


Une falaise abrupte, dominée par des vents violents et une végétation broussailleuse à hauteur d’homme, si touffue qu’on ne peut s’empêcher de se demander si les druides noirs n’y sont pas pour quelque chose.

D’après les cartes, c’est ici que devrait se trouver la chapelle du Souvenir, premier édifice du culte helmite bâti aussitôt après le débarquement des colons féeruniens (1150 CV). Censée célébrer le souvenir des navires perdus en mer, elle fut longuement vénérée pour elle-même, puis sombra dans l’oubli qui semble absorber peu à peu toutes choses dans le golfe.

D’après les livres d’histoire, elle avait été une première fois redécouverte en 1304 CV, lorsqu’un paladin déchu du nom de Piedlevé, en guide de pénitence, avait été y rechercher l’une des deux statues de l’autel et l’avait ramenée triomphalement à Manost. Force est de constater que la nature a repris ses droits depuis lors : pour retrouver la chapelle, il faudrait d’abord se frayer un chemin dans la broussaille.

[Althéa]

Ils ne savaient pas comment ils y étaient arrivés, mais ils y étaient ... Et cela leur avait pris du temps. Ils avaient localisé le toit, à quelque pas dans les broussailles. Presque des ruines. Et les vents qui soufflaient à vous arracher la tête.

Althéa avait resserré les pans de son manteau sur ses épaules avant de descendre de cheval. Sitôt attachée, la bête se mit en devoir de s'attaquer aux broussailles. Lui flattant le museau pour la remercier de son initiative - même si elle s'avérait en pure perte - elle se retourna vers le vieux prêtre. Celui-ci avait aussi mis pied à terre. Elle lui murmura :

"Ils ne doivent pas être très loin, nous ferions mieux d'être prudents. Peut être déjà vérifier qu'il y a bien leur carriole ...."

[Lothringen]

Corwin fronçait le nez, incommodé par les embruns, le vent et la luminosité excessive du bord de mer en cette fin d'après-midi. Malgré la nuit relativement calme qu'ils avaient passée à l'auberge, il avait dix heures de cheval dans la colonne vertébrale, et c'était suffisamment éprouvant pour se demander quelquefois s'il n'allait pas finir cette aventure au format d'un duergar. Il ne pouvait se défendre d'admirer un peu l'endurance -ou bien l'inconscience, c'est selon – de sa compagne de route. Comment Althea faisait-elle pour supporter plusieurs jours de cheval, en son état? Même leurs chevaux tiraient la langue.

Il approuvait les propos de la bretteuse, et c'est d'un simple mouvement du menton qu'il l'invita à regarder un peu plus loin sur le côté: la charrette était à l'abandon, en évidence, sur le bord de la voie pavée. Il s'approchèrent prudemment. Elle était vide de tout occupant, de toute statue, et le cheval qui l'avait traînée, attaché à un tronc d'arbre, broutait nonchalamment quelques chardons de miséricorde. Ses flancs exempts de toute écume signalaient qu'il était là depuis déjà longtemps.

Non loin de lui, ils ne purent manquer la trouée dans le taillis: on aurait dit que des flammes dévorantes avaient entièrement calciné, sur un étroit couloir, l'enchevêtrement de branches et de ronces qui enserrait la chapelle. Le couloir avait l'air de se diriger vers cette dernière, du reste. Il était assez large pour laisser passer des humains en file indienne.

[Althéa]

Ils étaient donc passé par là. Ils avaient sûrement brûlé la futaille et les taillis pour s'ouvrir un chemin jusqu'à l'entrée de la chapelle. Ils y étaient vraisemblablement encore. S'ils allaient à leur rencontre, ils pourraient éventuellement les surprendre. Le seul hic était que le mage devait être assez puissant. Mieux valait donc rester sur ses gardes. Les espionner d'abord, aviser ensuite. Mais avant tout, se reposer. Elle n'en pouvait plus.

Elle proposa donc au prêtre de s'éloigner quelque peu afin de récupérer des forces. Vu son âge et le voyage à cheval qu'ils venaient d'effectuer, un temps mort ne serait pas de trop.

[Lothringen]

Corwin eut envie de sourire en entendant Althea évoquer son âge vénérable comme excuse à leur repos. Il mit pied à terre, prit son cheval par la longe et, quand elle l'eût imité, la suivit un peu à l'écart de la voie pavée, du côté opposé à la falaise. Après s'être un peu enfoncés dans le sous-bois, ils constatèrent qu'ils ne seraient pas visibles de la route, à moins qu'on ne suive les traces des sabots dans la terre.

L'helmite s'adossa à un tronc d'arbre et ne tarda guère à se laisser glisser sur le sol, les yeux clos.

"Vous avez raison, nous devrons retrouver un peu de forces avant de nous jeter dans la gueule du loup..."

[Althéa]

Ils devaient se reposer. Elle le sentait dans chaque fibre de son corps ... Tout en elle n'aspirait qu'au repos. Et pourtant, elle n'arrivait pas à s'endormir. Elle y serait presque parvenue si le prêtre endormi n'avait pas lâché une flatulence qui empuantit l'air pendant cinq bonnes minutes.

Après s'être écartée légèrement, elle essaya de refermer les yeux mais le sommeil l'avait tout simplement désertée. Elle tenta donc d'occuper utilement son temps de repos en tendant l'oreille pour voir si des sons lui provenaient de la chapelle.

[Lothringen]

Mais elle eut beau tendre l'oreille, elle n'entendait que le vent qui hurloit et l'helmite qui ronfloit: ils s'étaient beaucoup trop éloignés de la chapelle pour espérer pouvoir distinguer quoi que ce soit de plus discret. La nature paraissait paisible, nul cataclysme en cours, et bientôt, la fatigue eut raison de la bretteuse, qui commença à dodeliner de la tête, en grand péril de rejoindre Corwin dans la galerie des orchestres involontaires.

Elle s'éveilla en sursaut. Combien de temps s'était-il écoulé? Une ou deux heures, peut-être: le crépuscule tombait sur la côte. Et une voix murmurait.

"Debout les morts! Et rejoignez discrètement la chapelle: je vais tenter de raisonner ces fous, aussi risqué-je d'avoir besoin de vous deux avant longtemps."

Corwin paraissait s'être éveillé en même temps qu'elle, et il regardait nerveusement de droite et de gauche. Elle balaya à son tour l'espace environnant: personne en vue.

"Hein? Hein? Qui a parlé?"

[Althéa]

Un peu plus et elle aurait répondu que c'est Helm qui venait lui parler. Elel aurait aussi bien pu faire semblant de n'avoir rien entendu et le laisser croire qu'il entendait des voix. Mais le moment n'était pas à la plaisanterie. Un semi-drow et sans doute furibard devait se trouver dans les parages. Du moins, si elle reconnaissait bien sa voix. Elle regarda encore si des oreilles pointues ne venaient pas ajouter leur touche pointilliste au paysage mais ne vit rien. Elle se demanda alors si c'était bien à eux qu'il s'était adressait et que ce n'était pas le contraire, s'il ne disait pas aux deux autres de venir les maîtriser, eux.

Pour le moment, mieux valait faire profil bas. Elle se leva doucement, tendit une main bienveillante au prêtre pour l'aider à se remettre debout et lui dit simplement :

"C'est un allié précieux. Ne vous en faites pas, il n'en aura qu'après moi"

[Lothringen]

Corwin se releva en grommelant. Non seulement on interrompait prématurément sa sieste, mais c'était pour se jouer de lui avec des énigmes à la noix.

"Si c'était un nouvel effet de votre bonté, marmonna-t-il en saisissant machinalement sa masse, et puisque vous paraissez le connaître, avant de lui confier ma peau, j'aimerais savoir qui c'est. "

Le prêtre regardait encore aux alentours, mais décidément, rien.

"Un de ces satanés mages de la guilde, je parie. Il n'est pas dans le coin par hasard, hein? C'était nous qu'il filait, ou bien eux?"

Malgré cette déferlante de questions, l'helmite semblait plutôt disposé à répondre à l'appel, car, bien qu'il se tint sur ses gardes, ses pas commençaient de le porter inexorablement vers la falaise.

[Althéa]

Si elle lui avait dit qu'il s'agissait de Helm ou d'un de ses émissaires, il serait sans doute parti le rejoindre en courant. Que dirait il s'il apprenait qu'il s'agissait de Lothringen ? Bon, Helm lui était apparu et il avait même ramené une sainte relique chez elle. Mais que dirait il de celui qui avait quitté le troupeau ? Une rumeur quant à sa conversion inopinée s'était répandue en ville. Enfin ...

"Il s'agit de Lothringen. Ne me demandez pas comment je le sais ... En fait, je ne sais pas. Mais je suis convaincue qu'il s'agit de lui ... Heu ... vous savez, il s'intéresse beaucoup aux reliques fugueuses ... C'est un peu ... sa passion ... "

[Lothringen]

Corwin Balder hocha la tête.

"Pourquoi ai-je tant de peine à vous croire. Si c'est bien du conseiller que vous parlez, je le vois mal s'émouvoir pour l'archéologie helmite... Ni quoi que ce soit d'helmite d'ailleurs. Qu'importe, je suppose qu'on a les alliés qu'on peut."

Ils s'avancèrent jusqu'au chemin. La pénombre du crépuscule recouvrait à présent les alentours, mais ils n'eurent guère de peine à distinguer la masse d'un second cheval, encore sellé, qui paissait près du précédent: sa robe fumait de sueur chaude.
Alors qu'ils allaient s'enfoncer dans l'étroit passage tracé à grand renfort de sorts de feu par le mage halruaan, ils distinguèrent au loin un bruit de voix, en direction de la chapelle. Impossible de relever de là où ils étaient le détail des paroles; ces dernières leur parvenaient étouffées par la distance, mais aussi par quelque obstacle en dur: sans doute les divers intervenants se tenaient-ils à l'intérieur du bâtiment. Les murs de la chapelle avaient franchi avec succès l'épreuve du temps; si la charpente leur était apparue nue depuis la route, il devait être encore possible de s'y frayer un chemin au milieu des gravas d'ardoises brisées par les tempêtes.

C'est en ce moment où ils tentaient en vain de reconnaître les voix que l'armure du vieux prêtre, sur un faux mouvement, émit un cliquetis digne d'une batterie de cuisine bringuebalant à la queue d'un chat. Heureusement, ce ne fut sans doute pas entendu de la chapelle, où la conversation ne s'interrompit pas; en revanche, leur effort d'attention était définitivement réduit à néant.

Corwin grimaça un sourire d'excuse.

"Je ne suis pas vraiment équipé pour les missions d"infiltration discrète. Mieux vaudrait que vous passiez devant..."

[Althéa]

Maintenant, ils pouvaient arriver à danser la gigue et même la carmagnole en choquant des casseroles les unes contre les autres, ils ne seraient pas moins discrets. Althéa, réprimant un sourire nerveux ouvrit donc la marche. Elle non plus ne se sentait pas discrète : la courbe de son ventre remplissait l'espace qui d'ordinaire lui permettait de se cacher. La fatigue dans ses muscles engourdis lui interdisait toute esquive, toute légèreté. Elle se sentait pataude.

Au cas où les choses tournaient mal, elle serait dans l'incapacité totale de combattre. L'espace d'un instant, elle se maudit d'en être arrivée là. Comment avait elle pu partir à la poursuite d'une imbécile de statue helmite qui n'avait aucune valeur à ses yeux ? Etait elle plus importante que l'enfant qu'elle portait ?

Elle s'arrêta et s'accouda contre un mur. Elle n'était pas de taille.

"Allez tout de même devant, murmura-t-elle bravement pour donner le change, je crois qu'ils seront plus impressionnés en vous voyant ..."

[Lothringen]

Corwin se renfrogna.


"Bah, je ne suis qu'un vieillard qu'ils ont déjà volé et assommé sous son bonnet de nuit, je dois vraiment leur flanquer la frousse ... Puis, il ne me semble pas que nous sommes là pour les impressionner, non? Enfin, vaudrait mieux. Il a pas dit "discrètement", le conseiller? Ecoutons toujours ce qu'ils se racontent, voyons où ils se tiennent et nous aviserons. Ça peut être utile, un effet de surprise. Vous ne pensez pas?"


Non que le vieil helmite ait eu aucun plan bien défini, ni aucune idée précise de ce que Lothringen avait à l'esprit, ni de ce qu'ils risquaient dans cette affaire: mais c'était justement pour cela qu'il voulait en savoir plus avant d'aller trop loin.

[Althéa]

Althéa avait hoché la tête, l'air un peu coupable. Après tout, elle lui devait bien ça. Rassemblant toute sa volonté et les forces qui lui restaient, elle parvint tant bien que mal à s'éloigner du mur mais continua de le longer jusqu'à la porte de la chapelle. Finalement, elle était parvenue à garder un semblant de discrétion.

Dissimulée dans l'ombre de la porte, elle se pencha légèrement afin d'observer ce qui se tramait à l'intérieur.

[Lothringen]

La nuit était tout à fait tombée et ce qui attira d'abord son attention fut le petit feu poussif que le serviteur, Hugo, avait allumé dans le transept gauche. Il se penchait sur une forme allongée au sol, indiscernable. Le mage Salgissran se tenait debout, au niveau de l'autel, et faisait face à Lothringen, dont elle ne distinguait que la chevelure blanche et la cape bleu nuit, et qui lui lui tournait le dos, s'étant avancé depuis le porche d'une dizaine de pas dans l'allée centrale. Les deux mages étaient en pleine discussion. Le semi-drow avait apparemment gardé les armes rengainées...

"...- et peu importe. Nous devons parler."
"Que faites-vous ici?"
"Je vous espionne et je vous suis. Et vous même?"
"Cela ne vous regarde pas, ce me semble."
"Vous volez une statue et violez un sanctuaire, et cela sur mon territoire: ça me regarde."
"Votre territoire?"
"C'est sans importance. Vous n'avez pas répondu. J'ai la vague impression que votre petit sortilège n'a pas tourné comme vous vouliez, n'est-ce pas? Dites-moi à présent : qu'espérez-vous trouver?"
"Un trésor? Un monstre? Un secret? Je n'en sais rien. Je suis tombé sur cette affaire par hasard et j'entends mener cette aventure à son terme, quel qu"il soit. Je sais comme tout le monde que la magie des statues gardiennes est dangereuse et n'est pas employée sans grand enjeu, même chez les helmites. Ne partagez-vous point ma curiosité?"
"Peut-être... Mais il y a toutes chances que les helmites aient eu de bonnes raisons de sceller cette entrée. Et en jetant ce contresort n'importe comment, vous avez risqué la vie de cet homme."
"Bah! Ne l'avait-il pas déjà donnée? Mais je suis heureux de savoir que sa survie vous intéresse. J'en déduis que vous vous abstiendrez de tout geste hostile, si vous ne voulez pas qu'Hugo ne l'achève..."

Althea reporta alors son regard sur le groupe formé par Hugo et la silhouette allongée, près du feu. Elle distingua à leur côtés un bouclier et une cotte qui lui rappelèrent vaguement une statue qu'elle avait longuement observée, et alors elle comprit: la statue s'était faite chair.

Derrière elle, Corwin s'était prudemment avancé jusqu'au coin, et il lui jeta un caillou pour attirer son attention: il entendait mais ne pouvait voir.

"De quel blessé parlent-ils?"

[Althéa]

Plusieurs pensées se bousculèrent dans la tête d'Althéa. Elle pensa d'abord à l'Helmite envoyé en pénitence qui avait découvert le lieu de culte et ramené la statue. Etait ce lui ? Avait il était victime de quelconque sort de pétrification ? Ou bien était-ce une victime des druides noirs ? Elle se souvenait des corps pétrifiés, semblables à des statues morbides disséminées autour de leur repère. Sixtine Ombreclaire ... Qu'était elle devenue maintenant ? Dans tous les cas, la pétrification était ancienne. Et l'homme allongé par terre avait perdu une grande partie de sa vie sous son masque de pierre. Elle se demanda si le prêtre était au courant, s'il n'était pas responsable. Et préféra oublier sa question. Elle pensa à toute cette vie gâchée sous forme d'icône, de pieuse statue donnant force et espoir aux plus pauvres alors que lui, lui-même n'avait plus rien ... Condamnée à monter la garde, comme le dieu des sentinelles qu'il n'était en rien.

"Hé bien ... Comment dire ... Certains prétendent que votre statue est vivante ... Hé bien ... ceux-là ne se sont peut être pas trompés"

[Lothringen]

Corwin écarquilla les yeux en affichant une stupéfaction qui paraissait sincère. Pour compléter le tableau, il se mit même à balbutier.

"Quoi!" chuchotait-il, effaré. "Vous voulez dire que?... Par Helm..."

Il aurait sans doute été disposé à commenter l'information davantage, si les deux mages n'avaient repris leur discussion. Lothringen conservait un ton égal en dépit des menaces.

"Je ne suis pas venu pour vous combattre, seulement pour tenter de vous convaincre. Laissez en paix les vieux souterrains empoussiérés..."
"Je fais ce que je veux! Sinon quoi?"
"Sinon... Déjà, il reste une deuxième statue à monter la garde ici, et je suppose que vous avez échoué à la dépétrifier comme l'autre? C'est que cette fois, le sortilège a correctement fonctionné. Elle est évidemment prévue pour vous attaquer si vous essayez de pénétrer dans l'escalier."

L'escalier? En s'usant les yeux dans la pénombre, Althea crut distinguer une ouverture béante dans le sol, derrière Salgissran. A l'endroit où devait se trouver l'autel avant qu'il ne soit poussé de côté...

"Non", répliqua l'halruaan. "Ce n'est pas comme cela que je vois les choses. J'espérais que cet homme qui gît là pourrait nous fournir quelques informations, mais il ne paraît pas en état de dire quoi que ce soit d'utile... "
"C'est déjà un petit miracle qu'il ait survécu à la transformation, et vous le savez bien!"
"En fait, je compte assez sur votre aide..." sussura le mage avec un ton un peu trop mielleux pour être bien rassurant. "Vous m'avez l'air d'un mage compétent. Que diriez-vous de m'ouvrir la voie? N'oubliez pas qu'Hugo tient la vie de cet homme en otage..."
""Et qui vous dit que je la préfère à ma propre sécurité?"
"Hum... Mon petit doigt."

Il y eut un silence, durant lequel le semi-drow évalua sans doute ses chances d'échapper à ce chantage. Aux côtés d'Althea, Corwin s'agitait, impatient.

"Avez-vous une idée de ce que nous devrions faire? J'avoue que je me sens un peu dépassé"murmura-t-il enfin.

[Althéa]

Althéa réfléchit à toute vitesse. La vie de Lothringen et celle d'un inconnu étaient en danger, et cela à cause d'elle. Sans compter celle du prêtre en cas de faux pas. Il y avait une solution, et elle était risquée, très risquée. Mais elle ne voyait pas d'autres choix. Il fallait neutraliser le dénommé Hugo d'un manière ou d'une autre, ce qui créerait une diversion que Lothringen pourrait prendre à son avantage et leur laisserait le temps d'intervenir. Elle dégaina la dague de Thom Mérrilym qui ne la quittait plus désormais. Le temps aidant, elle avait appris à s'en servir et avait gagné chaque fois en précision. Restait à voir si elle arriverait à être assez rapide et discrète ...

"Je vais entrer dans la chapelle et essayer de me rapprocher. Restez là pour le moment. Ne sortez que lorsque j'aurai lancé la dague. L'autre magicien va sûrement vouloir réagir. Si Hugo représente toujours une menace, neutralisez-le, Lothringen se chargera de l'autre ..."

Et sans rien ajouter d'avantage, elle s'accroupit pour entrer dans la chapelle. Salgissran, occupé à toiser Lothringen ne la vit pas entrer, ni se cacher derrière l'un des bancs. De là, elle pouvait atteindre Hugo sans trop de mal. Alors, sans plus réfléchir d'avantage, elle lança sa dague en direction de l'épaule ...

[Lothringen]

Surpris de l'irruption de cet adversaire inattendu, Hugo lâcha un gémissement et, comme elle l'avait espéré, oubliant sa mission, se retourna vivement dans la direction du projectile. Il remarqua aussitôt la silhouette d'Althéa, abritée derrière le bois pourri de son banc. Elle s'est assez imprudemment approchée de lui, presque à portée de sa colère... Comme il n'avait en main qu'une dague, il s'avança vivement vers la jeune femme accroupie, dans l'intention de lui faire payer la cuisante douleur qui lui vrillait l'épaule.

Pendant ce temps, la bretteuse entendait Corwin incanter derrière elle. Il y avait urgence. Hugo semblait avoir aperçu son gros ventre, et son sourire amusé n'augurait rien de bon... Elle avait difficilement esquivé une première attaque un peu trop brouillonne de son adversaire quant le vieux prêtre lâcha – enfin – son sortilège.

Corwin Balder = = > injonction = = > Hugo.

Le serviteur halruaan s'effondra comme une masse sur les pierres éparses du sol: son visage s'écorcha sur les arrêtes tranchantes des gravats, et un filet de sang coula près de sa nuque. En tout cas, il était hors de combat pour un moment.

Ce n'est qu'alors qu'Althea songea à regarder en direction des deux mages: après un temps de stupéfaction, ils avaient tous les deux réagi à ce renversement de situation en se préparant au combat: mais tandis que Lothringen, après une salve de flèches ardentes, courait sus à Salgissran, ce dernier avait disparu.

Lothringen = = > flèches de feu = = > Salgissran.

Salgissran = = > invisibilité suprême = = > Salgissran.

Impossible en l'état actuel des choses de savoir où il se tenait. Alors que le conseiller, après un grommellement de contrariété, se préparait à lancer un nouveau sort, on entendit bientôt l'halruaan faire de même.

Lothringen = = > dissipation de la magie = = > la zone où se tenait Salgissran quelques instants plus tôt.

Le sort de Lothringen fut sans effet: le mage s'était déplacé dans l'intervalle en faisant suffisamment peu de bruit pour ne pas être remarqué. Il allait désormais être assez difficile de le localiser.

Salgissran = = > convocation de?

Le monstre qui apparut alors au beau milieu de la chapelle avait quelque chose de terrifiant, une aura infernale. Il provenait manifestement d'outreplan: son corps à la peau noirâtre paraissait dégager une chaleur intense. S'il se déplaçait sur deux pieds comme un humanoïde, il n'avait pas à proprement parler de visage, sinon deux espaces vides à la place des yeux. Des chaînes pendaient de ses poignets, et il semblait s'en servir comme d'un fléau contre ses ennemis. Pour l'heure, furieux d'avoir été invoqué, il attendait les ordres: le jetterait-on contre le drow, ou bien contre les deux nouveaux intrus, de l'autre côté?

Dans l'intervalle, Corwin n'était pas intervenu: il avait rejoint Althea pour s'assurer qu'elle n'avait rien, et il se tenait à présent à ses côtés, le souffle coupé par l'horreur de ce qu'ils contemplaient. A l'autre bout de la salle, Lothringen n'en menait pas plus large.

[Althéa]

Elle s'était souvenue d'une Galathée lançant des pommes sur un Taliesin rendu invisible par l'obscurité ... Elles avaient fini par s'en sortir in extremis. Mais cette fois, elle n'aurait pas cette chance. Leur adversaire était bien trop fort, peut être invincible. Pour le moment, il ne bougeait pas, attendant des ordres. Mais il n'allait pas tarder à les charger, et ils ne pourraient rien faire d'autre que de périr carbonisés.

Corwin lui fit signe de reculer, ce qu'elle fit machinalement. Que pouvait on faire d'autre face à une telle créature. Comment pouvait on le battre ? De son coté, le prêtre incanta.

Corwin ==> renvoi ===> Balor

[Lothringen]

La créature mugit quand le sortilège de l'helmite la frappa de plein fouet en dessinant au sol un éphémère cercle de lumière vive. Un instant, elle parut vouloir résister à cette nouvelle injonction; son regard furieux se tourna vers le prêtre, et la bave commença de goutter de ce qui lui tenait lieu de lèvres. Corwin retenait son souffle, la main crispée sur sa masse: si son sort échouait, il n'avait fait que se désigner lui-même à la vindicte du monstre.

Puis... la tension magique se résolut d'un coup, et l'invocation disparut dans un souffle à peine aussi violent qu'une brise. Au moment où l'image du monstre allait s'effacer tout à fait, se produisit un phénomène qui, même aux yeux d'une personne ignorante des arcanes comme l'était Althea, semblait étrange: la substance de la créature s'était dissipée, et en guise de trame, laissait voir une silhouette faite d'ombres tissées, tantôt cendrées, tantôt brunâtres, comme arrachées de force à l'obscurité environnante. Quand elles se défirent à leur tour, la pénombre alentours leur sembla plus épaisse.

Ce qui ne pouvait signifier qu'une chose: la créature en question n'était pas un balor, mais une illusion; une illusion, pourtant, qui pouvait acquérir suffisamment de présence pour être dissipée par un sort de renvoi... Quel genre de magie était-ce donc?

Là où ne se tenait plus la silhouette démoniaque, Corwin aperçut Lothringen qui observait le phénomène, aussi perplexe que lui. Cela ne dura guère: profitant de ce que l'invocation avait dû fatiguer un peu leur invisible adversaire, le guerrier-mage se lançait déjà dans une nouvelle incantation...

[Althéa]

Pas un balor, une illusion ... Voila qui était bien mieux. Le prêtre et Althéa avaient laissé échapper un soupir de soulagement.

Lothringen s'était mis à incanter. Le prêtre fit de même histoire de l'aider et aussi de montrer qu'il était encore dans la partie.

"Prêtre ==> détection du mal ==> zone supposée du mage

Althéa quant à elle s'avança pour surveiller Hugo.

[Lothringen]

Hugo était bel et bien hors jeu pour un moment; il n'esquissait pas le moindre mouvement, et sa respiration bien que régulière était presque inaudible, couverte qu'elle était par celle du malade anonyme qui, allongé non loin de là, semblait lutter contre l'inconscience, hochant la tête, crachotant et marmonnant des paroles incompréhensibles. Dans le chaos ambiant, Althéa eut néanmoins tout le temps de l'examiner à la faveur des flammes; c'était bien là le visage de pierre qu'elle avait détaillé tantôt. L'homme était jeune encore... D'une extrême pâleur, trempé de fièvre, il ne valait guère mieux qu'un masque de mourant.

A côtés de ces trois personnages plus ou moins immobiles, c'était une déferlante d'incantations et une grande débauche d'énergie magique à laquelle la bretteuse, spectatrice en retrait, n'entendait pas grand chose...

Lothringen = = > vision magique = = > Lothringen

Au terme de l'incantation du semi-drow, les yeux de ce dernier s'étaient emplis d'une lueur bleutée, surnaturelle; jamais elle ne s'avait vu employer un tel sortilège. Il donnait l'impression que le mage voyait au-delà du visible: Lothringen se précipita alors derrière le troisième pilier de droite de la chapelle, les haches tirées, et il y parvint juste au moment où Salgissran y achevait sa propre incantation, redevenant alors partiellement visible pour tous.

Salgissran = = > sphère d'Otiluke = = > Lothringen.

Une sphère glaciale fusa de ses mains translucides pour exploser sur la poitrine de l'elfe noir, qui étouffa un gémissement. Peu découragé par sa blessure, il frappa d'un coup de hache le mage halruaan qui gémit à son tour.

Et rougit. Rougit comme rarement on avait vu rougeoyer un corps depuis l'invention du sort de détection du mal. Pourtant, Althea éprouvait un certain malaise, dont elle mit quelques temps à identifier l'origine: la pénombre autour d'eux s'était épaissie, au point qu'elle devinait à peine les traits du visage de l'helmite inconscient, quelques instants auparavant si clairs auprès du feu... La forme du mage ennemi n'était plus qu'une vague tache dans le lointain, et bientôt l'effet du sort de Corwin se dissipa, et les ombres engloutirent tout à fait la chapelle...

"Moi, je vous vois, murmura Lothringen. Dans les ténèbres ou dans les plans, je vous distingue: votre aura vous trahit. Une dernière fois, renoncez..."

Salgissran se contenta de rire.

"Vous ne savez visiblement pas à qui vous avez affaire..."

Incanta-t-il? Esquissa-t-il un seul geste, ou bien ce sort était-il si simple qu'il ne laissait même pas à Lothringen le temps de réagir? Toujours est-il qu'un projectile fusa; elle ne le vit même pas venir. Une pierre. Droit sur son ventre. La douleur... la crampe... insupportable.

Salgissran = = > manipulation à distance : pierre des gravats = = > Althea.

"Ah! Déjà une de moins! Au suivant!"

[Althéa]

Althéa était tombée sur le dos, à la limite de l'inconscience. Il n'y avait plus rien, plus rien que la douleur et une certitude terrible : le bébé qu'elle portait était mort. Et tout cela par sa faute. Rien ne l'obligeait à se ruer à la poursuite du mage. Elle ne se le pardonnerait pas. L'espace d'un instant, elle sentit l'enfant bouger en elle, à peine un sursaut.

Elle vit à peine Corwin se précipiter vers elle et incanter de nouveau.

Corwin ===> protection du mal ===> Corwin et Althéa

[Lothringen]

Le sortilège de l'helmite était bien inutile: Salgissran ne s'intéressait déjà plus à eux. Satisfait de voir Althea incapable de s'occuper de quoi que ce soit d'autre que de son ventre, il se garda bien de la blesser plus grièvement : elle lui était encore très utile en retenant Corwin auprès d'elle.

Car le clerc s'était à son tour tout à fait désintéressé de la bataille, au profit des trois invalides qu'il avait sous les yeux. Un homme dépétrifié et très faible, sans doute serviteur de Helm comme lui, un serviteur assommé et peut-être choqué à la tête, une femme enceinte peut-être sur le point d'accoucher malgré elle. Le vieil helmite décida alors qu'il se devait d'être guérisseur, avant que prêtre de bataille; Lothringen se débrouillerait bien sans lui.

Après avoir rampé jusqu'à elle, le prêtre posa une main sur le ventre d'Althea.

"L'enfant vit encore... il bouge..."

Ses traits se tirèrent.

"Il bouge trop..."

Althea se tordit soudain en deux; une douleur fulgurante lui minait le bas-ventre.

"C'est une contraction. Il y en aura beaucoup d'autres. Allongez-vous et respirez..."

Pendant ce temps-là, des éclairs magiques traversaient de temps à autres l'obscurité, derrière eux, prouvant que les deux mages continuaient d'en découdre. Tout avantage ayant son prix, Salgissran ne pourrait néanmoins plus trop compter sur la mansuétude de Lothringen.

[Althéa]

Une contraction. Voila qui signifiait que ... Non, ce n'était pas possible, c'était beaucoup trop tôt. Juste une crampe due au choc. Dans quelques secondes, elle serait à nouveau d'attaque pour affronter le mage. Elle tenta de se lever mais ses jambes ne la portant plus, elle retomba de nouveau, soutenue par le prêtre.

Alors, le moment était arrivé, maintenant. Tout du long de sa grossesse, elle avait évité de penser à ce moment. Elle saurait tout en temps voulu. Et maintenant, ça y était. Une terreur glacée s'empara d'elle. En l'espace de quelques secondes, elle se trouva quasiment incapable de reprendre sa respiration.

Il n'y avait plus rien à part cette terreur, et l'enfant qu'elle sentait bouger, lui qui maintenant n'aspirait plus qu'à sortir.

[Lothringen]

Corwin grommela dans sa barbe que ce n'était pas en se comportant comme cela qu'elle allait rendre les choses plus faciles.

Corwin Balder = = > apaisement = = > Althea

"Je vous dis de respirer, bon sang! Et calmez-vous. Vous ne serez pas la première femme que j'accouche..."

Derrière eux, les deux mages n'avaient pas encore épuisé leur répertoire; pour le peu qu'ils pouvaient en entendre ou en voir, Lothringen poursuivait un Salgissran qui s'efforçait de se cacher à la faveur des ténèbres ou des obstacles présents dans la chapelle, afin de pouvoir lâcher son sort sans crier gare. Il ne faisait pas de doute qu'à ce petit jeu, le prétendu mage halruaan perdrait à brève échéance: aussi ce dernier changea-t-il rapidement de tactique.

Salgissran de Valdur = = > Traversée des ombres

On l'entendit incanter une nouvelle fois, puis lancer d'un ton goguenard:

"Vous venez avec moi? Je voudrais vous présenter quelques amis..."

Lothringen lâcha une exclamation de surprise, puis... ils ne furent plus là. Ce fut soudainement le silence, à peine troublé par les gémissements d'Althea et de l'helmite inconscient. Aussitôt, les ténèbres surnaturelles qui avaient envahi la chapelle peu de temps auparavant se dissipèrent, et ils purent apprécier la pénombre tout à fait supportable d'une nuit assez claire, sous un ciel étoilé.

Corwin éprouvait un vague sentiment de culpabilité. Si les choses tournaient mal pour Lothringen à présent, il n'aurait plus aucun moyen de l'assister. Chassant cette idée, il se força à sourire.

"Où qu'ils soient partis, le répit est bienvenu pour nous."

L'helmite regardait de droite et de gauche, cherchant par où commencer l'installation de son hôpital de campagne.

[Althéa]

Un répit, mais quel répit ? Ce n'était pas lui qui allait accoucher, ce n'était pas non plus lui qui venait de voir son amant disparaître dans les ombres. Elle allait répliquer quand elle fut interrompue par une deuxième contraction, une troisième, et une autre encore. Toutes de plus en plus rapprochées telles des vagues de douleur. La douleur lui vrillait le bas ventre avant de se répandre dans tout son corps. Elle se mordit les lèvres pour ne pas crier. Des larmes roulaient sur ses joues. Elle n'avait plus que mal. Elle sentait l'enfant bouger, se frayer un passage vers la sortie, écartant tout sur son passage tel un cyclone dévastateur. Plus rien n'existait hormis la douleur. Ni le prêtre qui l'assistait, ni l'endroit qu'il avait emménagé pour elle et le blessé. Plus rien.

Au même moment, elle sentit un liquide chaud lui couler entre ses cuisses. Du sang à en croire la couleur des mains de Corwin, chaque fois qu'il s'affairait sous la couverture qu'il avait pudiquement posée sur ses cuisses. Elle se sentait faiblir. Et pourtant, il fallait pousser et pousser encore. Et le supplice durait, s'éternisait. Comme si l'enfant ne voulait pas venir. Le prêtre s'efforçait de garder un visage impassible, mais chacun de ses traits trahissait son angoisse. Quelque chose n'allait pas. Elle ne survivrait pas à son accouchement. Elle allait mourir.

[Lothringen]

Ils s'étaient rematérialisés en un endroit étrange, où il se trouva tout d'abord complètement désorienté. Toutes les couleurs s'étaient fondues en des camaïeux de gris; la lumière s'estompait dans une sorte de brume laiteuse; même l'obscurité semblait moins dense que tantôt. La vision de Lothringen devenait floue, au point qu'il était incapable de distinguer la forme exacte de ce qui se trouvait à ses pieds. Il butta dedans: une pierre. Il s'accroupit pour la palper: une pierre brisée, aux arêtes rendues tranchantes par l'éclatement. Alors il examina les formes mouvantes autour de lui, ou plutôt, les silhouettes vagues qu'elles projetaient dans le brouillard omniprésent: et il sut qu'il se tenait toujours dans la chapelle.

Althea, Corwin, Hugo, l'helmite dépétrifié: aucun d'entre eux n'était visible, le dallage paraissait vide, personne ne répondait à ses appels. Ce n'était donc pas qu'un simple sort d'altération de la vue.
Salgissran ricana quand il l'entendit appeler.

"Vous vous fatiguez pour rien. Ils ne sont pas du voyage."

Un voyage? Il comprit soudain: ils n'étaient plus dans le plan matériel. Presque aussitôt, Lothringen sentit dans sa chair la morsure d'une flèche acide: pendant qu'il essayait de se repérer, son adversaire ne perdait pas de temps.

Ses mains se crispèrent sur le manche de ses armes, tandis qu'il suivait le faux halruaan jusque ce qui aurait dû être le seuil de la chapelle. Sauf qu'il avait parcouru en un pas une distance beaucoup plus grande, et il ne reconnaissait plus rien autour de lui.
Il comprit le danger trop tard: d'autres silhouettes humanoïdes se dressaient devant lui.

"Tuez-moi ça."
----

Corwin était soucieux. Elle avait la taille trop frêle, et des hanches trop étroites; l'enfant peinait à s'y frayer un passage vers le grand jour, déchiquetant bien malgré lui sur son passage tout ce qui n'aurait pas dû lui faire obstacle. Et l'helmite ne l'arrêtait pas, accompagnait son parcours de ses larges mains, continuait même d'exhorter Althea à user de ses dernières forces pour pousser. Car le nourrisson devait passer par là, il n'y avait plus d'autre solution ; il se trouvait déjà bien trop engagé pour qu'il soit encore possible de tenter une césarienne.

Ce qui inquiétait le plus Corwin, c'était la quantité de sang que perdait sa parturiente. Il avait des sorts de soin en réserve, bien sûr, mais pas en nombre illimité. Il fallait espérer que les déchirures ne seraient pas trop souvent rouvertes par un nouveau faux mouvement de l'enfant.

Corwin Balder = = > soins importants = => Althea

"Courage, murmura-t-il enfin. Nous y sommes presque. J'aperçois les cheveux."

Des cheveux blancs comme neige, oublia-t-il de préciser. Voilà qui pouvait expliquer certaines choses... Mais il n'avait vraiment pas le temps d'y songer. L'autre chose qu'il avait oublié de préciser, c'est que cela faisait déjà quelques temps qu'il apercevait les cheveux de l'enfant, et qu'en dépit des poussées d'Althea, il ne progressait plus d'un pouce.

[Althéa]

Elle avait à peine entendu la voix de Corwin, comme à travers un brouillard. L'espace de quelques instants, elle avait retrouvé un regain d'énergie pour pousser de nouveau. Mais très vite, l'épuisement avait repris ses droits. Plus la force de gémir, plus la force de pleurer, à peine celle de pousser et de respirer. Elle faiblissait encore et encore, et l'enfant ne venait pas. Ses blessures s'étaient rouvertes et elle saignait de nouveau.

Plus de force, rien. Elle avait tout donné, ne lui restait plus rien. Elle avait levé les yeux vers Corwin et avait secoué la tête l'air désolé ...