[BD] Maus

[Mornagest]

Un témoignage, indirect, mais tiré du récit de son père, qui a (sur)vécu dans les camps de la mort. Encore un ? Oui, mais celui-ci est spécial. D'abord parce que comme tous les récits sur la guerre, il est unique - de par le fait qu'il est conté par une personne différente, déjà - mais aussi par sa mise en scène. Des dessins de souris (représentant les Juifs), et de chats, les Nazis, traquant les souris, les enfermant, les tuant, parfois - souvent.

Nulle critique dans l'histoire. La réalité, à peine déformée par l'ancienneté des souvenirs (recueillis vers la deuxième moitié des années septante), passe au premier plan. Et on se prend rapidement au "jeu", en s'imaginant à la place du jeune Juif, évitant d'abord les rafles et survivant grâce à son astuce et à sa volonté, pour ensuite terminer à Auschwitz, comme travailleur forcé dans l'un des pires camps de concentration que la Pologne a pu compter.

Et on rassemble ses propres souvenirs, de lecture, de films, de témoignages également recueillis, pour les mettre en relation, se souvenir, et se demander : comment ? Et se dire que cela peut à nouveau arriver.

Je cherche à retrouver qui avait dit : "La question n'est pas de savoir comment cela a-t-il pu arriver, puisque cela s'est produit. La question est de savoir pourquoi." Si quelqu'un peut éclairer ma lanterne...

[Althéa]

Très bonne bande dessinée en effet Devenue un classique avec le temps. Peu de choses à rajouter.

A tout ça vient aussi s'ajouter le thème de la culpabilité. La culpabilité d'avoir survécu, ou plutôt celle de ne pas avoir vécu la guerre et l'holocauste vécue par le fils. Celui-ci a en effet un frère mort en bas âge à cause de la barbarie nazie. Ne reste de lui qu'une photographie floue mais qui reste pour les parents celle de l'enfant idéal et idéalisé face à laquelle le fils qui n'a pas connu la guerre fait face.

Il se pose aussi la question de la transmission du témoignage de son père. Il doute plusieurs fois de son bien fondé. A-t-il le droit de représenter les camps, lui qui n'y a pas vécu ? La question le taraude tout au long de la bande dessinée. Car tout au long de l'ouvrage, nous assistons à l'élaboration puis à la naissance de ce document. Donc, double témoignage. Bel hommage à l'écriture qui sert à transmettre, à lutter contre l'oubli, l'intolérance, la bêtise.

[Umbre]

D'accord aussi. Je crois que l'histoire qui m'a le plus frappé dans cette BD c'est celle d'un juif polonais qui a survécu au camp, il rentre chez lui, du moins il arrive dans la ville ou est sa maison. Elle est occupé par ses voisins qui lui en refuse l'entré car ils prétende que désormais elle est à eux. Faible et choqué il ère dans les rues et la neige. Il meurt de froid dans la nuit...

[Mornagest]

Pire que ça, en fait : il dort dans sa grange, et les Polonais l'y retrouvent... et le pendent.

[Umbre]

Euh c'est possible, j'ai lu cette BD au lycée, donc ça remonte un peu . Mais oui encore pire finalement. Il avait retrouvé l'espoir....pour rien.