[Quête : Tel est pris qui croyait prendre] Groupe 1 : Eomer

[Taliesin]

Venant d'ici

Eomer se retrouva guidé par un elfe qui semblait d'âge mûr. Grand, mince et élancé, il arborait un visage sévère que quelques cicatrices durcissaient indéniablement, sans pourtant altérer ses dehors agréables. En tout cas, elles témoignaient assez qu'il était un vétéran aguerri.
Il guida Eomer hors du village, par des sentes invisibles sur lesquelles, conciliante, la végétation s'écartait sans difficulté, facilitant leur progression.
Enfin, une dizaine de minutes plus tard, il s'immobilisa.
-Je suis Adrenor, rôdeur tout comme vous, semble-t-il. Cela tombe bien : notre mission est de nous assurer que l'une des plus puissantes forces de la nature présente sur cette île ne s'allie pas à nos ennemis.

[Eomer]

Eomer avait suivi son guide sans dire un mot pendant les quelques minutes qu'avaient duré le trajet vers l'extérieur du village. Quand l'elfe se présenta comme un rôdeur, l'estime d'Eomer pour cet homme des bois remonta légèrement et il lui répondit aimablement:

"Enchanté Adrenor, on vous a sûrement déjà dit mon nom mais comme on n'a pas été présentés je vous le redonne... je m'appelle Eomer. Mais pour en venir à ce qui nous amène ici, qu'elle est cette puissance ? Un animal monstrueux ?"

[Taliesin]

L'elfe hocha la tête.
-Oui, en quelque sorte. Bien que je sois porté à croire qu'il faille parler uniquement de monstres... Il s'agit des Achaïeraï, de gigantesques oiseaux incapables de volés, dotés de quatre pattes aux serres acérées, d'un bec non moins redoutables et de la capacité d'émettre un nuage terriblement toxique. Ils sont normalement originaires des plans extérieurs, mais quelques-uns d'entre eux ont réussi à se forcer un passage - ou ont été projetés ici - lors d'une perturbation particulièrement violente, il y a un siècle environ. Depuis, ils hantent les forêts au sud-ouest de l'île. Notre objectif sera d'approcher leur repaire suffisamment pour nous assurer que nos ennemis n'ont pas, grâce à d'innommables moyens, réussi à conclure un pacte avec eux. Car, en plus de leur grande intelligence, ces créatures sont dotées d'un certain sens de l'honneur, d'une loyauté étrange... Les compter parmi nos adversaires serait dramatique.

[Eomer]

" Humm, je comprends... et comment saura t'on si ils ont étés ensorcelés ? Nous ne sommes pas mages, je doute qu'ils nous répondent si on leur demande et je ne suis pas très enthousiaste avec l'idée d'en affronter plusieurs." Demanda le rôdeur pragmatique.

[Taliesin]

-Oh, mais nous n'avons pas pour objectif de les combattre et de les éliminer. Si un affrontement a lieu, ce sera le signe que nous aurons en partie échoué, puisque notre mission consiste "juste" à les observer le plus discrètement possible. C'est à leur comportement que nous verrons s'ils ont été ensorcelés ou si nos adversaires se sont attachés leur loyauté par quelque autre moyen, promesse ou manipulation... Je connais assez bien ces créatures : je m'en rendrait vite compte, si quelque chose s'est produit.

[Eomer]

" Ah, ça ne semble pas bien difficile... avec nos compétences de rôdeurs et de furtivité on devrait s'en sortir sans soucis. D'ailleurs à mon avis ça serait limiter les risques que de me laisser le faire seul. Si vous me faites part de vos connaissances sur eux je pourrai mener à bien cette mission rapidement." Eomer n'avait pas perdu le Nord, il n'était pas hostile envers son elfe-guide mais cette situation ne lui plaisait toujours pas. D'un autre côté il était convaincu de gagner en discrétion si l'autre rôdeur ne l'accompagnait pas.

[Taliesin]

L'elfe secoua la tête.
-Je ne doute pas que, partout ailleurs que sur cette île, vous puissiez venir seul à bout de cette entreprise. Malheureusement, ce lieu est si particulier qu'il faut des décennies, même au plus doué des rôdeurs, pour en devenir familier. Et encore, l'on n'est jamais à l'abri d'une mauvaise surprise... Alors, si vous partiez en solitaire, et malgré toutes les qualités dont vous pourriez faire preuve, toutes les compétences que vous pourriez déployer, vous auriez toutes les chances de voire votre présence trahie sans même que vous vous en rendiez compte. Il vaut donc mieux que nous voyagions de concert.

[Eomer]

Eomer n'était pas inconscient au point de ne pas reconnaître une certaine vérité dans ces propos. Il ne connaissait pas les pièges que la forêt pouvait dissimuler et il allait gagner un temps précieux en écoutant ce que l'elfe pouvait lui dire.
Après tout, malgrès sa mauvaise humeur, sa curiosité avait été aiguisée... les elfes de cette île avaient ils développé des techniques ou conservé de plus anciennes n'ayant plus cours sur le continent ?

" D'accord, je vous laisse ouvrir la marche." Lui dit il tout en se préparant à analyser chacun des mouvements de son confrère rôdeur dans le but de découvrir de possibles techniques qu'il ne connaissait pas...

[Taliesin]

De prime abord, les techniques de l'elfe ne différaient guère de celles d'Eomer. En revanche, il bénéficiait d'un avantage certain : la connaissance parfaite d'un milieu dans lequel il évoluait depuis son plus jeune âge. Ainsi, il se tenait prudemment éloigné de plantes ou d'arbres qui ne paraissaient pas plus étranges que tous ceux qui les entouraient. En une occasion, pour s'expliquer, il approcha un bâton d'une liane à la mine anodine, laquelle s'enroula autour du morceau de bois avec une vivacité et une voracité aussi incroyables qu'imprévisibles. Il faisait aussi des détours pour éviter des zones apparemment tranquilles, distinguées en rien de celles qui les voisinaient. Il apprit à son compagnon que le sol y était particulièrement traître, ou que les propriétés magiques de l'île y sévissaient malignement ; il lui montra, surtout, les signes terriblement ténus qui permettaient de les repérer. Enfin, lorsqu'ils venaient à croiser une piste animale, il faisait preuve d'attitudes bien différentes selon les cas : il arrivait qu'il s'en éloigne, arguant que ceux qui les avaient tracées pourraient s'offusquer du fait qu'ils les suivent, voir cela comme une intrusion, une agression. Or, survivre sur cette île impliquait de ne pas marcher sur les plates-bandes de certains prédateurs, pour peu qu'ils ne soient pas une menace. Coexister en restant à distance, en somme. En d'autres occasions, il scrutait l'attitude de la faune ambiante avant de s'engager rapidement sur ces minces voies ouvertes au milieu de la végétation. Quelquefois, enfin, il s'engageait sur les pistes avec confiance : les créatures qui en étaient à l'origine n'en seraient pas fâchés et constituaient d'excellents guides pour éviter les dangers cachés de la jungle.

[Eomer]

Eomer n'était pas particulièrement déçu de voir que le rôdeur n'avait pas de techniques ou de mouvements qu'il ne connaisse déjà puisqu'il apprit beaucoup de choses sur la faune et la flore locale. Il fit attention de bien mémoriser quelles traces de bêtes étaient associées à des animaux dangereux et celles qu'il pouvait suivre sans risques.
Il n'allait probablement plus jamais avoir besoin de ces connaissances en rentrant à Lumenis mais avant tout il aurait été stupide de ne pas comprendre son intérêt à plus court terme !

[Taliesin]

Eomer comprit néanmoins qu'il lui faudrait bien plus qu'un seul voyage en compagnie de son guide pour se familiariser avec cette île : tout y était si étrange, si imprévisible, les signes de danger ou de sûreté étaient si ténus, si semblables, parfois, jusqu'à en devenir indistincts... Se familiariser complètement avec la nature environnante était sans doute impossible : comme l'avait dit Adrenor, il restait toujours, même après des décennies, une part d'inconnu, de surprise, qu'il fallait compenser par une vigilance de tous les instants.
Et vigilant, l'elfe l'était indéniablement : toujours sur ses gardes, toujours aux aguets, il paraissait ne jamais relâcher son attention. Sans doute grâce à cela, et peut-être, un peu, à la chance, ils ne rencontrèrent aucun obstacle majeur au long de leur progression. La journée s'écoula donc, paisible mais épuisante, et le soir s'annonçait lorsqu'ils tombèrent sur une grande tranchée au milieu de la forêt.
-Un Achaïeraï est passé par là il y a une semaine sans être revenu depuis, constata le rôdeur. Mais nous approchons de leur habituel territoire de chasse. Je propose donc que, compte tenu de l'heure, nous retournions quelque peu sur nos pas pour trouver un lieu de bivouac. Demain dès l'aube, nous nous remettrons en route : nous devrions atteindre leur gîte en milieu de journée.

[Eomer]

Après cette journée dans la forêt, Eomer en venait presque à se demander si cette île était bien de ce monde, à tel point que il en venait presque à penser qu'il pouvait y avoir de la vie dans les étoiles qui commençaient à briller en cette fin de soirée !
Il chassa ces stupides pensées d'un mouvement de droite à gauche de la tête et acquiesça à la demande d'Adrenor. Il était temps qu'il se repose visiblement si il en venait à avoir de telles idées ! Mais il avait aussi quelques questions d'ordre pratique à poser à l'elfe.

[Taliesin]

L'elfe regarda autour de lui, désigna un arbre.
-Nous n'avons qu'à nous installer sur celui-ci : les branches, à mi-hauteur, restent assez larges pour que nous puissions y dormir sans craindre la chute. Nous ne pourrons faire de feu et devrons nous contenter de manger froid, mais je crois que c'est plus prudent. Ah, et il faudra faire un tour de garde, aussi : on ne sait jamais... Vu votre expérience, néanmoins, je pense que cela ne vous posera pas problème.

[Eomer]

" D'accord, mais avant ça il y a quelque chose que j'aimerai savoir à propos de vous autres elfes vivant ici: alors même que vous vivez dans cette forêt mutante aux animaux monstrueux, vous n'avez jamais imaginé que l'environnement local pouvait avoir des effets sur vous même ? Cela pourrait expliquer la folie de vos femmes alors que peut être les hommes seraient immunisés ?" Demanda Eomer.

[Taliesin]

-Oui, l'environnement a des effets sur nous, répondit l'elfe. Ténus, limités, mais pourtant bien là. Quoi qu'ils ne se traduisent pas par des mutations physiques, heureusement, pas plus que par de véritables transformation psychiques. Il s'agit d'avantage d'un processus d'adaptation à ce milieu particulier, comme peuvent en mettre en place tous les êtres pensants... Notre comportement, nos pratiques ont dû s'adapter, déjà. Ensuite... Nous avons développé, au fil des siècles, une sensibilité particulière à la magie étrange et imprévisible des lieux. Nous avons appris à la sentir, à l'utiliser à notre profit, dans une certaine mesure, ou au contraire à nous en prémunir, selon les cas. Quant aux femmes...
Il haussa les épaules.
-Je ne sais pas. J'ai du mal à croire que cette île ait pu avoir sur elles des effets différents. Même si ce n'est pas impossible... Toutefois, j'ai plutôt l'impression que ces choses, cette volonté d'avoir le pouvoir pour elles seules, ce désir d'asservir les hommes étaient présentes en elles depuis toujours. Peut-être le sont-elles chez toutes les femmes. Peut-être est-ce la raison pour laquelle, dans d'autres cultures, les hommes les maintiennent dans une rôle et à une place inférieurs : pour éviter qu'elles ne laissent libre cours à leurs instincts enfouis... Chez nous, l'égalité était notre maître mot. Et elles n'ont pu s'en satisfaire. Il y avait des signes de leur mécontentement. Depuis longtemps. Nous n'avons pas su, pas voulu les interpréter comme les prémisses d'une catastrophe à venir. D'autant qu'elles cachaient bien leur jeu, malgré tout. Ce qui a pu les décider à passer à l'offensive, à détruire notre organisation juste et séculaire... L'influence de l'île, oui, qui sait ? Celles des mages, indéniablement : ils ont dû les encourager, leur promettre je ne sais quels avantages si elles nous asservissaient... C'était le prétexte qu'elles attendaient, et elles ne l'ont pas laissé passer. Nous, en tout cas, avons été insensibles à ce genre d'appel inconscient. Il se peut que nous y soyons immunisés, ce qui prouve que nous valons mieux qu'elles... Dans tous les cas, influencées ou non, leurs crimes étaient volontaires. Elles étaient trop bien organisées pour que ceux-ci soient le fruit d'une lente dégénérescence ou d'une folie brutale. Elles sont désormais nos ennemis mortelles, elles n'aspirent qu'à notre élimination, elles servent les mages, leurs nouveaux maîtres, avec un zèle sans limites... Il nous faudra les terrasser, si nous voulons jamais débarrasser notre île du joug des sorciers déments.

[Eomer]

Eomer réfléchit quelques instants puis lui dit:
"Hum, donc vous ne mutez pas comme ces monstres qui pullulent sur l'île... ou du moins vous ne vous en rendez pas compte..." Ajouta Eomer en laissant quelques secondes de sous-entendu planer avant de reprendre:
" En ce qui concerne votre idée de volonté, plus profonde qu'on ne le croît, des femmes de prendre le pouvoir, personnellement j'en doute énormément. Mais en même temps vous n'avez pas tord: les femmes au même titre que les hommes ont forcément des envies de grandeur. Mais contrairement aux hommes qui sont coutumiers de tels élans du fait de leur éducation et de leur supériorité physique, les femmes elles ont peut être du mal à résister à une influence de leur métabolisme déréglé par cet environnement de magie sauvage.
J'ai eu l'occasion de connaître beaucoup de femmes dont des elfes et je n'ai jamais ressenti chez elles de tentation pour le pouvoir, à mon avis elles s'en désintéressent largement. Il s'agit typiquement d'un concept masculin que le "pouvoir" à tout prix, surtout au prix de massacrer ses enfants et parents.

J'imagine que l'influence des plans ici doit être plus insidueuse qu'on le croirait et si j'étais à votre place je quitterais cette île lorsque on aura rêglé le problème. Il y a de nombreuses communautés d'elfes libres dans les bois d'Hélonna qui seraient sûrement ouvertes à vous.
D'un autre côté il s'agit d'une théorie de ma part... Si on pouvait capturer une de vos femmes j'aimerai bien l'interroger pour apprendre leur point de vue. "

[Taliesin]

-Aucune d'entre elle ne se laissera capturer : elles préféreraient mourir. Et... Face à de telles adversaires, tenter de faire des prisonnier c'est sans doute s'exposer inutilement à la mort. Mieux vaut frapper vite, frapper fort et définitivement sans leur laisser une chance de riposter. Croyez-en mon expérience...
Il soupira.
-Pour en revenir au sujet précédent... Non, nous ne mutons pas. Nous ne venons pas des plans, contrairement à la majeure partie des créatures, ici. Et nous sommes sur cette île depuis quelques siècles seulement, pas depuis des millénaires... Enfin, nous avons toujours veillé à nous installer dans lez zones les plus stables, les plus préservées. Notre ancien village était bâti en un tel lieu... Nous l'habiterons à nouveau, lorsque tout sera terminé. Nous ne quitterons pas cette île : nous avons dû abandonner bien des terres, déjà. Nous n'abandonnerons pas celle-ci.

[Eomer]

" Bah vous pouvez penser ce que vous voulez mais rester dans un tel lieu et au vu des évènements que l'on connaît et surtout sachant que des problèmes commençaient à apparaître avant que les mages se libèrent, il y a des chances pour que le comportement de vos femmes soit lié à cet environnement. Même si vous ne vivez pas dans les zones les plus atteintes, les animaux que vous chassez le font eux ! Enfin, de toute façon si nous ne pouvons pas sauver vos femmes vous serez bien obligés de partir d'ici si vous voulez avoir des enfants. Il vous faudra trouver des communautés elfes sur le continent.
Mais bon, il est tard et la journée sera longue demain... Pensez juste un peu à ce que j'ai dit, il y a sûrement du vrai dans mes propos même si ils se basent sur des hypothèses."
Eomer quittant l'elfe monta dans l'arbre qu'il avait choisi et dit:
" Je prends le premier tour de garde si ça vous va, je vous réveille vers minuit d'accord ?"

[Taliesin]

-Oh, mais nous comptons bien épargner les plus jeunes, celles qui n'ont pas participé aux combats... avait répondu l'elfe avant qu'Eomer ne change de sujet. Elles n'ont pas à payer pour les crimes de leurs aînées.
Il suivit le rôdeur dans les branches hautes de l'arbre, s'installa sur l'une d'entre elle, d'allure large et confortable, avant de sortir et de distribuer les provisions pour le repas du soir.
-Parfait pour les tours de garde. Vous ne devrez pas hésitez à me réveiller avant minuit, si vous entendez ou percevez quelque chose de bizarre.
Il commença à manger, le dos calé contre le tronc. Autour d'eux, la nuit étendait peu à peu son sombre manteau sur la forêt toujours bruissante.

[Eomer]

Eomer commençait sérieusement à se demander si les elfes hommes n'étaient pas aussi atteints mentalement que leurs femmes, bien que de façon différente...
Cependant il ne dit rien de plus et ils mangèrent dans le silence.
Le rôdeur s'intallant le plus confortablement sur sa branche se prépara à prendre son tour de garde pendant que Adrenor allait s'endormir.

[Taliesin]

L'elfe, son repas terminé, s'apprêta à entrer dans la transe réparatrice de son peuple. S'il garda ses armes à portée de main, il s'endormit sans craintes visibles, apparemment confiant dans les capacités de son compagnon de route.
La nuit était complètement tombée, à présent. Ce qui n'avait en rien assoupi la jungle alentour. L'activité y était toujours aussi intense : seuls les acteurs avaient changé. Les rapaces nocturnes signalaient de leurs cris le début de leur chasse ; de grandes chauves-souris prenaient leur envol, tandis que des myriades d'insectes mêlaient leurs stridulations en une étrange berceuse. Loin en dessous des deux aventuriers, des créatures faisaient bruire le sous-bois, qui en simple promeneur, qui cherchant déjà sa proie.
Le bruit de la nature. Plus étrange qu'ailleurs, peut-être, mais le bruit de la nature tout de même. Il ne semblait en tout cas pas y avoir de danger particulier à l'horizon.

[Eomer]

L'attente était longue et ennuyeuse mais Eomer avait pas mal de choses à propos de quoi il devait réfléchir. Il y avait une chose qu'il ne comprenait pas: les elfes disaient vivre de façon égalitaire avec leurs femmes, l'égalité pour le rôdeur signifiait que personne ne détenait le pouvoir sur les autres et donc que chacun était "roi" en quelque sorte. Alors pourquoi les femmes auraient elles décidé de tuer leurs maris et enfants males si ces derniers ne détenaient aucun pouvoir ? Et pourquoi les tuer de toute façon alors qu'elles voulaient du pouvoir ? Le pouvoir s'exerce sur d'autres donc tuer ces "autres" est stupide non ?
Comment les elfes pouvaient se dire que seule la soif de pouvoir motivait leurs femmes dans ces conditions ?
D'autant que si ils étaient réellement organisés de façon égalitaire, comment une haine si grande aurait pu se développer, au point qu'ils s'entretuent ?
Eomer ressassant ces pensées ne vit pas le temps passer. Il trouvait la situation bien étrange et sa conclusion était que les hommes devaient être aussi atteints que les femmes.
D'ailleurs, qui pouvait dire que la haine actuelle des hommes n'était pas déjà présente avant que les femmes se rebellent ? Si ils étaient tombés sur les femmes après leur naufrage, que leur auraient t'elles dit ? Que les hommes étaient fous et qu'elles avaient fait que de l'autodéfense ?

Vers minuit, le rôdeur se déplaça sans un bruit pour réveiller l'elfe.

[Taliesin]

Adrenor passa de la transe à l'éveil en un instant. Déjà alerte, il se redressa, souhaita la bonne nuit à Eomer puis entreprit de commencer son tour de garde.
Le rôdeur ne tarda guère à s'endormir, emporté par un sommeil profond, sans rêves. Lorsqu'il ouvrit à nouveau les yeux, il constata deux choses : d'abord, il se sentait parfaitement reposé. Ensuite, l'aube était proche, le monde était peuplé des grises lueurs qui la précèdent.
-La nuit fut calme et paisible, commenta l'elfe après l'avoir salué, tout en sortant de son sac leur petit-déjeuner. Gageons qu'il s'agit d'un bon signe pour la journée à venir.

[Eomer]

Eomer était assez soupçonneux vis à vis de l'elfe mais il avait déjà établi que ces derniers ne voulaient pas le tuer dans l'immédiat et avait passé une bonne nuit.
Le lendemain il se réveilla avec les premiers rayons de soleil; un peu de mauvaise humeur comme à son habitude.
" J'espère surtout qu'on va vite en finir avec cette mission parce que de toute façon elle ne rime à rien ! Si effectivement ces monstres sont alliés aux mages on ne pourra rien contre eux et ça ne changera rien à notre problème. Au contraire même, on serait peut être bénis de ne pas avoir la réponse pour garder notre moral." lui répondit le rôdeur.

[Taliesin]

-Allons ! lança le rôdeur avec optimisme. Quand une guerre s'annonce, il vaut toujours mieux savoir précisément l'état des forces adverses. Et dans tous les cas, notre expédition n'aura pas été vaine : s'ils ne se sont pas alliés avec nos ennemis, nous seront rassurés. S'ils se sont alliés... A nous deux, nous ne pourrons rien faire. Mais si tout le clan se mobilise, nous pourrions les éradiquer... Ou envisager d'autres stratégies plus subtiles.

[Eomer]

" Humf, si vous le dites... bon on y va ? Je mangerai un bout en marchant." Répondit Eomer grognon.

[Taliesin]

-Vous seriez-vous levé du pied gauche ? demanda l'elfe. Enfin, pour ma part, si vous le permettez, je préfère déjeuner assis...
Il termina donc sans se presser, puis ils levèrent le camp, continuant leur progression au sein de la si étrange forêt. Vers le milieu de la journée, ils croisèrent une première tranchée. Une heure plus tard, ils en virent une seconde. Puis une troisième.
-Bon, a partir de maintenant, il va nous falloir être très prudents et très discrets... commenta Adrenor.

[Eomer]

Adrenor aurait volontairement voulu énerver Eomer qu'il n'aurait pas pu faire mieux qu'en s'asseillant pour déjeuner alors que le rôdeur voulait se réveiller en marchant.
A la troisième tranchée qu'ils passèrent il demanda:
" C'est quoi ces tranchées ?"

[Taliesin]

-La trace laissés dans la forêt par le passage des Achaïeraï, expliqua le rôdeur. Vu leur taille, ils ne peuvent se frayer un passage au milieu des arbres et des buissons sans faire quelques dégâts. Évidemment, de telles tranchées ne se font pas en une fois : il faut bien des allées et venues pour parvenir à un tel résultat. Et, de fait, ces créatures aiment à emprunter la voie ouverte par leurs congénères... Cela fait presque comme un réseau de chemins, au final. Qui mènent au cœur de leur domaine.

[Eomer]

" C'est à ce demander si ils sont si intelligents que ça pour ne jamais sortir des sentiers battus..." Signala Eomer.
" Quel est le plan et la stratégie maintenant ?"