[Quête] Guerre des plaines brûlantes : UCGPLM - Chandara & Dhast

[Taliesin]

[Quête : Un certain goût pour la mort]

Topic réservé à Chandara et Dhast
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Quittant le chemin, Chandara s'enfonça parmi les arbres, suivie sans le savoir, à distance, par un Dhast qui déployait des trésors de discrétion.
Avancer ne tarda pas à devenir difficile : les troncs étaient serrés, le sous bois envahi de fougères et d'arbustes en tous genres et, à la lueur dansante de sa torche, il n'était pas aisé de repérer avant de buter contre elles souches, racines et autres pierres dissimulées parmi la végétation dense. La paladine était donc contrainte de progresser avec une lenteur qui s'avéra vite éprouvante. En effet, devant elle, les appels de ce qui semblait être deux enfants égarés prenaient des allures de suppliques désespérées, émaillées de sanglots...
Cependant, elle se rapprochait peu à peu d'eux. Le seul souci, c'est que les loups paraissaient de moins en moins distants, eux aussi.

[Chandara]

La forêt était incroyablement dense : il y avait toujours un obstacle dissimulé sous un pied, devant un genou ou une épaule. Même de fines ronces s'échinaient à s'agripper à ses vêtements et la retenaient parfois sans prévenir ou la faisaient carrément trébucher. Par le grand chêne de Sylvanus, qu'est-ce que je lui ai fait à cette idiote de forêt, songea-t-elle non sans une certaine amertume. Il n'y avait pas si longtemps, elle se considérait pourtant comme une "fille de la campagne" ayant plus l'habitude de ce genre d'expéditions sylvestres que de battre le pavé d'une grande cité. Elle tenta de contenir une nouvelle fois sa rage - et aussi un sursaut mais elle ne l'avouerait jamais à quiconque - quand un craquement retentit juste à un mètre sur sa droite et la força à vérifier ce qui se passait. Un petit animal nocturne, rien de plus analysa-t-elle avec une certaine fierté. Heureusement que c'est moi et non Brus qui doit affronter cette panade ! Le pauvre serait complètement déboussolé !

Elle interrompit ses réflexions quand les cris d'enfants se muèrent en sanglots. Oubliée sa colère contre Gaspard, contre les mélandiens, contre elle-même qui avait perdu son sang froid bien trop souvent en cette funeste journée. Non, les appels des enfants l'émurent presque aux larmes. Les loups approchaient eux aussi, c'était indéniable. Comment ces maudits prédateurs faisaient pour se frayer un passage à travers cette végétation, c'était injuste ! La paladine tenta de presser encore l'allure mais récolta pour tout résultat de ses efforts que de s'étaler de tout son long quand une racine lui attrapa une cheville. Sa torche faillit même s'éteindre mais elle la sauva juste à temps. "Louée soit la lumière de Lathandre !" Elle avait prononcé cette parole à voix haute, sans y penser, sans s'en rendre compte. Après avoir vérifié qu'elle n'avait pas perdu le marteau suspendu à sa ceinture, elle reprit sa progression de plus belle sans marquer la moindre pause malgré un genou probablement égratigné et une cheville qui l'élançait douloureusement, se ressentant encore du choc. Elle n'avait pas le droit d'abdiquer pour de telles broutilles : la vie des enfants était en jeu, ils comptaient sur elle, même s'ils ne le savaient pas encore.

[Taliesin]

Cahin-caha, Chandara poursuivit son pénible périple à travers bois. Quoi qu'encore distant, le vacarme de la meute en chasse se faisait tonitruant, masquant presque les voix des enfants. Celles-ci étaient plus proches que jamais, pourtant : trente mètres, peut-être un peu plus... Mais elles avaient baisé d'intensité, à cause de la fatigue, sans doute. De la crainte, aussi. Malgré tout, Chandara continuait à les percevoir : elle entendit même distinctement la fillette essayer d'encourager le garçon à avancer. Mieux : il lui sembla apercevoir une lueur mouvante, devant elle, semblable à celle d'une torche.
Mais, tout à coup, une autre voix se fit entendre. Elle provenait de la droite, était à peine plus lointaine que les précédentes... Une voix de femme, douce, rassurante.
-Les enfants ! Par ici ! Vite ! Je vous protégerai des loups !
De ce côté, nulle lumière. La densité de la végétation pouvait toutefois la masquer, expliquer cette absence.

[Chandara]

Chandara commençait sérieusement à craindre d'arriver trop tard à cause de cette fichue végétation qui semblait prendre un malin plaisir à la ralentir alors qu'elle aurait voulu courir de toutes ses jambes. Les loups étaient proches maintenant, bien trop proches. Les enfants aussi. Elle redoubla de vitesse sans plus se soucier des branches qui la giflaient à toute force, qui la griffaient sans pitié. Sans plus s'occuper de ses poumons en feu du fait de la débauche d'efforts, sans accorder la moindre attention à ses jambes raidies par les appuis répétés et la nécessité de retrouver un équilibre précaire à chaque pas. Elle avait vu la lumière. Celle des torches des enfants à n'en pas douter ! Rien d'autre ne comptait que les rejoindre à présent. Puis, la voix se fit entendre, douce, apaisante, presque étrange. Qui était-elle ? Les chances de croiser une autre paladine en mal de sauvetage infantile dans ces bois étaient quasi nulles... Devait-elle se méfier de cette étrangeté ou au contraire bénir Tymora et tous les dieux bons pour cette intervention d'une alliée miraculeuse face aux loups affamés ? A bout de souffle, se heurtant à un tronc qu'elle cherchait à enjamber sans aucune force, elle hurla à toute force désormais :

- Tenez bon les petits ! Je viens vous aider !

Mais la puissance de son cri avait quelque peu été étouffée par la vive douleur qu'elle ressentit aussitôt au côté : point de fatigue ou blessure du combat rouverte de ne pas s'être assez ménagée. Songeant soudain à ses entraînements intenses à Cojum où Garath s'échinait à lui faire repousser ses limites, sa douleurs, ses larmes, elle reprit bravement sa progression. Si le nain avait été là à cet instant, elle l'aurait embrassé ! A leur plus grand étonnement à tous les deux sans doute... Elle ne voulait pas savoir ce qui l'avait freiné entre blessure ou fatigue et elle chevaucha l'obstacle qui lui barrait la route puis se remit à courir de plus belle vers la lumière, trop lentement. Bien trop lentement à son gout. Tu peux faire mieux que ça, gamine, aurait-il déclamé de sa voix grave, non sans dissimuler tout à fait une certaine fierté sans doute.

[Dhast]

L'avancée s'était elle aussi nettement compliquée pour le roublard qui, en plus d'essayer d'observer une relative discrétion devait éviter branchages et racines de plus en plus denses. Brus était loin d'être familier de ce genre de milieu et ce genre de moments ne l'incitaient pas à les fréquenter davantage. Cependant il avait pour lui sa souplesse et un poids léger, et malgré les obstacles, il ne perdait pas de vue la paladine. Les enfants en même temps que les loups, étaient de plus en plus proches. Quand soudain, une autre voix sortie des fourrés, étrangement douce et délicate. Se pouvait-il que d'autres personnes encore soient présentes dans ce bois? Cette forêt n'était décidément pas bien déserte. Devant, Chandara continuait à avancer vers les enfants, Brus bifurqua sur la droite et freina l'allure pour redoubler de prudence et de discrétion. Mieux valait identifier cette personne avant l'arrivée des loups. Si c'était une alliée, tant mieux, sinon, mieux valait traiter un problème à la fois.

[Taliesin]

Vingt-cinq mètre. Puis vingt. Puis quinze.
Chandara touchait au but. Elle n'avait plus aucun doute, à présent : c'était bien la lueur d'une torche qui dansait devant elle. Et si les gamins n'appelaient plus à l'aide, il lui semblait les entendre parler entre eux. Elle ne pouvait saisir leurs mots, mais leur ton trahissait l'angoisse, l'indécision...
Enfin, l'autre voix retentit à nouveau.
-Par pitié, les enfants, hâtez-vous ! Ne vous laissez pas attraper par ce qui se rue à votre rencontre, mais rejoignez-moi ! Je vous protégerai de tous les êtres maléfiques qui hantent ces bois !
Silence.
Et tout à coup...
-On arrive !
A l'inconnue qui courrait à grand bruit dans leur direction et les avait interpellés d'un cri rauque, ils avaient préféré la voix douce, pressante mais réconfortante.
La paladine les entendit se mettre à courir, vit leur torche se déplacer. Si elle voulait les intercepter, elle allait devoir agir vite. Très vite.

Brus

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Malheureusement, le roublard ne put aller bien loin. Chandara s'éloignait rapidement, le privant de lumière, le laissant au milieu de ténèbres grandissantes où progresser silencieusement tenait de l'impossible.
Toutefois, son changement de direction ne fut pas vain.
D'abord parce qu'il eut vite une certitude : nulle lueur ne provenait de l'endroit d'où s'était manifestée la voix. Pas de torche, pas de feu. Dans le cas contraire, il aurait remarqué des reflets, aussi ténus soient-ils.
Ensuite, parce qu'il ressentit une désagréable sensation. Légère. Indéniable, pourtant.
Une sensation de menace, de malfaisance...
Cependant, peut-être n'était-ce qu'une fausse impression due à l'obscurité, à l'urgence de la situation, aux hurlements de la meute sans cesse plus proches...

[Dhast]

Taliesin

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Brus n'avait pas pensé qu'avec la densité du bois, il perdrait si vite la lumière que lui procurait la torche de la paladine. Il ne tergiversa pas longtemps. Il lui fallait sa propre source de lumière, mais il n'était pas question d'allumer sa torche et d'être repéré immédiatement. Il fallait aussi qu'il s'approche davantage pour identifier avec précision si la source de la voix et de la sensation désagréable qu'il commençait à ressentir était la même. Brus alluma donc son briquet, tout en le couvrant partiellement de sa main, et continua bon gré mal gré à avancer. Il espérait que, de son côté, Chandara pourrait rattraper les enfants à temps.

[Chandara]

Chandara ne réfléchit pas un instant : Elle un être maléfique hantant les bois et se ruant sur des enfants ?! L'inconnue avait des circonstances atténuantes : elle ne savait pas qui elle était et, à voir son état sans doute passablement échevelé et à entendre sa voix rauque de fatigue, elle ne se serait probablement pas fait confiance non plus. Mais ce n'était pas une raison pour fourvoyer la jeunesse. Et cette voix était trop mielleuse pour appartenir à un être pur et innocent ! Qui prouvait que l'autre n'était pas tout ce qu'elle dénonçait d'ailleurs ? Mais il était maintenant bien trop tard pour y réfléchir : elle devait intercepter les enfants. Elle annonça d'une voix pressante et passablement essoufflée tout en courant vers la torche :

- Par Manost et Helm, je suis une paladine ! Arrêtez-vous, s'il vous plait...

[Taliesin]

Qu'ils n'aient plus la force de changer d'avis ou qu'ils redoutent quelque duperie, les gamins ne répondirent rien, accélérant même leur course.
Mais ce fut également le cas de Chandara. Adulte, décidée, ayant bénéficié de quelques heures de repos, elle finit par prendre le dessus sur le duo épuisé, par lui couper la route.
Il s'agissait de jumeaux d'une dizaine d'années au grand maximum, les traits tirés, la mise transformée en loques suite à leur fuite éperdue à travers bois.
Ils pilèrent net en l'apercevant, poussèrent de concert un cri de pure angoisse.
Puis ils se ressaisirent. La fillette tendit devant elle la torche qu'elle tenait, comme pour repousser l'intruse, pendant que le petit garçon brandissait un bâton d'un air menaçant.
Harassés, terrifiés... mais décidés à vendre chèrement leur peau.

Brus

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C'est donc à la seule lueur de son briquet que Brus poursuivit son chemin à travers le sous-bois encombré. La pénible sensation ne le quitta pas, ne s'accrut pas non plus. Sur sa gauche, il entendit la paladine et les enfants courir, se rejoindre. Et, plus loin, les loups se rapprocher. En dehors de cela, rien que le silence...
Pendant un moment, rien ne changea dans le paysage.
Mais, brusquement, le jeune homme déboucha sur une sente étroite quoique clairement dessinée, qui louvoyait entre les troncs et les buissons.
Un soudain battement d'ailes le fit sursauter. Cependant, ce n'était rien qu'une chouette qui, s'envolant d'une branche voisine, alla se poser à quelque distance, sur un arbre bordant la piste.

[Chandara]

Chandara était horrifiée de voir l'état misérable des deux pauvres petites créatures. Et par les cieux, ils étaient si jeunes ! Comment diantre s'étaient-ils retrouvés dans une telle situation ? Certes, elle était très très mal placée pour leur faire la leçon sur ce dernier point ayant eu une enfance plus qu'agitée avec son propre jumeau mais cela ne l'en scandalisait pas moins : les enfants étaient épuisés, terrifiés, leurs vêtements étaient déchiquetés et ils souffraient probablement de dizaines d'égratignures. Elle se fit la réflexion qu'elle même ne devait pas affichait une mise bien plus enviable, surtout à en juger par leur réaction angoissée mais néanmoins très brave. Elle avait vraiment l'impression de se voir ainsi que Marvin - par quelque truchement temporel - dans ces deux jeunes gens. En réponse à leur défiance, elle s'essuya le front et montra ses mains en un geste rassurant de paix universel avant de leur dédier un sourire qui se voulait avenant, un sourire qui laissait rarement les gens insensibles mais les conditions ne lui étaient pas non plus particulièrement favorables. Elle crut donc bon d'ajouter d'un ton encourageant :

- Je suis désolée de vous avoir fait peur. Je suis Chandara. Une paladine. Il faut vous mettre à l'abri sans plus tarder. Vous savez grimper aux arbres ? Vous allez voir, c'est très amusant !

[Dhast]

Taliesin

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Par réflexe, le roublard s'était accroupi à l'envol de la chouette. Si quelqu'un était dans les parages, il avait également entendu l'oiseau. Brus éteignit son briquet et resta accroupi au cas où on viendrait dans sa direction. Il était bien difficile de dire où menait cette piste mais elle avait l'air suffisamment empruntée ou entretenue pour signaler une présence dans les environs. Bien qu'il ne l'ait pas vue, la personne qui avait appelé les enfants était donc bien réelle, devait probablement habiter les environs, si tant est qu'on puisse vivre dans un tel endroit, et avait certainement été alertée, comme eux, par les appels des enfants. Hormis des druides ou des rôdeurs, Brus ne voyait pas bien de qui il pouvait s'agir d'autre, mais comme tout cela n'était qu'hypothèses, il préféra ne pas se signaler. Du reste, les druides et les rôdeurs n'étaient pas des êtres maléfiques. En revanche, ce qui représentait une menace bien plus certaine était l'arrivée des loups, et lorsqu'il entendit Chandara suggérer aux enfants de grimper aux arbres, il songea qu'il ferait mieux d'en faire autant. Il attendit simplement de savoir si les enfants étaient en sécurité, ou si l'autre présence décidait de se montrer.

[Taliesin]

Les jumeaux n'avaient pas baissé leurs armes improvisées. Mais ils hésitaient manifestement quant à l'attitude à adopter face à la nouvelle venue.
-Je suis pas sûr que ça soit très amusant, passer la nuit dans un arbre alors qu'il y a plein de loups en dessous.
-En plus, comme on pourra pas amener nos torches, on sera dans le noir. Et si on s'endort, on tombera.
-Moi je crois qu'il faut qu'on aille vers l'autre dame. Elle a dit qu'elle nous protégerait des loups et des êtres maléfiques de la forêt.
-Vous avez qu'à venir aussi, si vous en êtes pas un. D'être maléfique, je veux dire. On voit bien que vous êtes pas un loup.
-Ce n'est pas non plus un être maléfique, fit brusquement la voix. Je me suis trompée sur son compte. Dame Chandara, accompagnez-les. Vous trouverez bientôt un sentier : les loups n'oseront s'en approcher. Vous y trouverez aussi le jeune homme fort discret qui vous suivait dans l'ombre...

Dhast

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C'était la chouette qui venait de parlé. aucun doute à ce sujet : Brus avait clairement pu identifier l'origine de la voix. De surcroit, aucun individu de quelque sorte que ce soit ne se trouvait à proximité, il en avait également la certitude. Pour le reste, la sensation de malaise qui s'était un temps emparae de lui s'était totalement dissipée, à présent.

[Chandara]

Chandara était prête à insister auprès des enfants en assurant qu’elle veillerait à ce qu’ils ne tombent pas. Ce ne serait pas exactement la première fois qu’elle-même dormirait dans un arbre mais il fallait reconnaître que la présence de loups affamés était tout de même inédite…

Pourtant, la nouvelle intervention de la femme lui fit changer ses plans : jusque-là elle ne lui accordait aucune confiance et elle n’avait pas encore tout à fait changé d’avis mais ses paroles modifiaient tout de même quelque peu la donne : d’une part elle était assez proche pour avoir entendu son nom et rien ne l’empêcherait donc de venir à eux si elle en avait l’intention. D’autre part elle avait fait en sorte de rassurer les enfants sur son compte. Si c’était là une manœuvre subtile, elle n’en voyait pas l'intérêt… Et se rajoutait maintenant un paramètre pour le moins inattendu : le jeune homme discret qui la suivait ne pouvait être autre que Brus, elle en était intimement convaincue. Le lieutenant avait-il changé d’avis ? C’était peu probable lorsqu'on se souvenait de l'air furibond qu'il avait arboré à son départ. Donc ce devait être une initiative personnel du jeune manostien. Elle n’en était pas moins soulagée de pouvoir compter sur lui et le remercia mentalement : décidément, Brus était un ami loyal et courageux pour l’avoir suivie dans cette forêt hostile au mépris de toute prudence voire de toute logique raisonnable.

Il n’était cependant pas encore temps de crier victoire ou même de perdre la moindre minute: les loups étaient tout proches. De plus, le danger que représentait la femme à qui appartenait la voix, même s’il n’était pas avéré, restait une perspective tangible. Elle ne pouvait décemment pas laisser les enfants en arrière pour aller vérifier à qui ils avaient affaire aussi décida-t-elle de procéder avec prudence et annonça d’une voix calme :

- Très bien les enfants, nous allons y aller ensemble. Restez derrière moi et ne vous éloignez sous aucun prétexte. Vous pouvez me donner la main si ça vous rassure...

[Dhast]

Dès que la voix se fit de nouveau entendre, Brus la chercha immédiatement du regard. Il sursauta lorsque ses yeux tombèrent sur la chouette qu'il avait dérangé plus tôt. L'animal avait parlé? La voix devait définitivement appartenir à un druide ou à quelque chose comme ça. Brus se redressa et alluma sa torche à l'aide de son briquet afin de guider la paladine et les enfants dans sa direction :
"M'dame Chandara? Par ici, le sentier est là."
Le temps que le petit groupe trouve son chemin, Brus se retourna vers la chouette :
"Merci beaucoup d'votre aide m'dame... chouette? Vous êtes une druide n'est-ce pas? J'ai entendu dire que vous pouviez changer de forme comme... ça. Moi, c'est Brus! Dites-moi, si vous habitez la forêt, vous avez vu passer un groupe de cavaliers plus tôt? Avec un mage parmi eux, et un prisonnier sur un des ch'vaux. Vous sauriez où ils allaient?"

[Taliesin]

-Enchantée, Brus, répondit la chouette, amicale. J'ai effectivement vu les cavaliers dont vous parlez. Ils sont passés sur le grand chemin en début de nuit, repartant là d'où ils étaient venus plus tôt dans la journée... Où exactement, je ne sais, ne m'intéressant guère aux affaires du monde extérieur. Mais peut-être pourrai-je l'apprendre...
Sur ces entrefaites, Chandara fit son apparition, suivie des deux enfants qui, poliment mais fermement, avaient décliné son offre de leur donner la main.
-Le temps presse trop pour que nous discutions davantage, reprit l'oiseau. Suivez le sentier, il vous conduira jusqu'en ma demeure. Et surtout, ne trainez pas, ne vous en écartez pas : si la Meute n'osera vous assaillir sur la piste, elle vous suivra de près, guettant la moindre opportunité de s'emparer de vous...
Derrière eux, les hurlements avaient redoublé, et les loups devaient se trouver à une centaine de mètres tout au plus.

[Chandara]

Se voir confirmer qu'il s'agissait bien de Brus soulagea Chandara d'un grand poids : de paladine sans pouvoir isolée elle se retrouvait accompagnée d'un ami loyal et talentueux. Elle ne manqua pas de lui sourire avec chaleur mais résista néanmoins à l'impulsion de lui donner une accolade reconnaissante : le moment aurait été particulièrement mal choisi pour cela.

D'autant qu'elle était maintenant subjuguée par leur étrange interlocutrice. Un oiseau ? Presque comme dans le contes... Mais l'important n'était pas son apparence mais bien qu'elle propose de les mener à l'abri et même de se renseigner sur l'itinéraire des mélandiens. Et d'Arthur.

- Alors je suis également enchantée de cette rencontre, euh... Dame ? Nous vous suivons.

Maintenant que le danger n'était plus si immédiat, elle aurait bien pris une seconde pour interroger les enfants pour connaître leur nom et ce qui les avait mené dans ces bois sombres en pleine nuit mais elle se contenta de leur adresser un sourire et quelques mots d'encouragement :

- Passez devant les enfants. Vous ne craignez rien entre mon jeune ami ici présent et moi pour veiller sur vous. Mais pressons tout de même le pas comme la dame le suggère !

Sa voix était calme mais elle ne pouvait s'empêcher de jeter des regards nerveux en arrière. En paladine, elle avait évidemment dans l'idée d'assurer leurs arrières à tous en s'interposant au plus près du danger.

[Dhast]

Brus aurait préféré pouvoir regagner le plus vite possible le campement en compagnie des enfants mais il semblait qu'ils étaient en quelque sorte piégés par leur abri. Les loups seraient bientôt sur eux et ils ne pouvaient donc plus quitter la sente, qui menait Brus ne savait où hormis à la demeure de la chouette et certainement pas à Hurlegloire et au reste des Manostiens. N'ayant guère le choix le roublard préféra se concentrer à mémoriser les lieux et le chemin qu'ils allaient prendre pour le retour, pour quelqu'un qui était si peu habitué aux forêts, c'était un vrai effort. Il emboîta donc le pas aux autres et, chemin faisant, fit remarquer, comme s'il avait une conversation banale dans n'importe quelle rue de n'importe quelle ville :
"C'est quand même très fort ce coup d'la piste, comment faites-vous ça? Et... vous êtes vraiment une chouette? Ou alors vous parlez... à travers elle?"

[Taliesin]

-La magie de la nature n'a pas de limites pour qui est en accord avec elle... répondit la chouette. Mais cela réclame beaucoup de concentration... Alors avançons, si vous le souhaitez bien. Nous parlerons une fois chez moi...
Ils se mirent donc en route. L'oiseau leur montrait la voie, volant de branche en branche. Brus venait ensuite, suivi par les jumeaux puis par Chandara. Tandis qu'ils progressaient, le roublard eut l'impression que la sente apparaissait au fur et à mesure qu'ils marchaient, comme si l'épaisse végétation du sous-bois s'écartait à leur approche. A l'inverse, il sembla à la paladine que la piste se refermait après leur passage, avalée par les arbustes et les buissons. Quoi qu'il en soit, ils pouvaient avancer vite, aucune souche, aucune pierre ne menaçant de les faire traitreusement tomber.
Une minute s'écoula. Puis deux. Puis trois.
Les hurlements étaient juste derrière eux, désormais.
Et soudain, ils virent les loups. Les entraperçurent, du moins, sombres silhouette se coulant entre les arbres, sur leur droite, sur leur gauche. Leurs appels étaient assourdissants, leur halètement perceptible.
Les enfants frémirent, se serrèrent l'un contre l'autre, pressant le pas malgré eux.
Mais la meute n'approcha pas davantage, tenue à quelque distance par le pouvoir de leur guide...

[Chandara]

Les loups étaient maintenant clairement visibles et audibles mais ce n'était pas la seule chose qui inquiétait Chandara. Elle était en effet la mieux placée pour voir que le chemin surnaturel qu'ils empruntaient se dérobait juste derrière eux, leur fermant par là même toute possibilité de retraite si ce qui les attendait devant était pire que ce à quoi ils tentaient d'échapper.

La chouette ou quoi qu'elle fut se montrait rassurante mais elle éludait les questions et sa vraie nature ce qui ne manquait pas d'éveiller la vigilance de l'ancienne paladine sinon sa méfiance. Ils n'avaient pas d'autre choix que d'avancer cependant et Chandara ne voulait pas passer pour une ingrate devant cette démonstration de pouvoir qui leur évitait un combat à l'issue bien incertaine. Voyant les enfants se crisper, elle tenta de se faire apaisante et de se montrer sereine. Une gageure quand on n'était pas soi-même en paix avec les événements :

- Allez, continuez ainsi les enfants ! Vous êtes formidables et courageux. Nous allons leur en remontrer à ces loups !

[Dhast]

Brus hocha la tête en continuant à marcher. Lui qui tentait de trouver des repères dans leur environnement, il ne tarda pas à réaliser la réelle nature de la sente et cela compliquait nettement la tâche qu'il s'était donné. Aussi commençait-il à se demander où ils allaient comme ça et comment ils en repartiraient ensuite. Mais les loups furent bientôt sur eux et cette fois-ci ils n'eurent plus du tout le choix. Quand il y réfléchissait, Chandara et lui n'auraient eu aucune chance contre la meute, heureusement que leur bienfaitrice avait fait son apparition. Du reste il préféra ignorer du mieux qu'il put la meute et tâcha de rester concentrer sur son orientation, bien difficile, dans un tel décor. Dans un sens il avait hâte de savoir à quoi la maison de leur hôte pouvait bien ressembler.

[Taliesin]

Brus finit par le savoir, tout comme ses compagnons. Mais seulement après un périple qui dura deux bonnes heures et qui s'avéra si tortueux que, malgré tous ses efforts, il en perdit le nord longtemps avant d'être arrivé à bon port.
Pour les enfants, la marche fut éprouvante. Cependant, pas une fois ils ne se plaignirent. Et quand l'un d'entre eux venait à trébucher, l'autre le rattrapait, le soutenait, l'encourageait à mi-voix.
Les loups, eux, ne s'éloignèrent jamais du quatuor. Ils firent même quelques tentatives pour s'en rapprocher, tentatives qui échouèrent toutes : l'invisible pouvoir de la chouette leur interdisait le passage.
Au-dessus de leurs têtes, parmi le dôme dense des ramures entremêlées, les voyageurs virent le ciel passer du noir au cobalt, puis au bleu sombre.
Enfin, la meute hurlante s'immobilisa, les laissant s'échapper.
Une trentaine de mètres plus loin, alors qu'ils étaient déjà environnés des trilles joyeuses d'une myriade d'oiseaux, la sente s'interrompit, les arbres s'écartèrent.
Chandara, Brus et les jumeaux se tenaient à la lisière d'une vaste clairière. Et quelle clairière ! Son sol était recouvert d'un moelleux tapis de gazon verdoyant, piqueté de fleurs multicolores parmi lesquels s'ébattaient des papillons chamarrés ; d'une butte aux doux contours, à quelque distance, jaillissait l'eau claire et abondante d'une source qui formait un bassin circulaire avant de s'écouler en un riant ruisseau qui, plus loin, s'en allait serpenter parmi les arbres de la forêt ; au centre de l'espace dégagé se dressait un chêne magnifique, gigantesque, dont les splendides frondaisons semblaient partir à l'assaut du firmament...
Illuminé par les chauds rayons du soleil levant, ce paysage onirique avait de quoi laisser sans voix.
Assurément, aucun d'entre eux n'avait jamais contemplé pareil paradis...
-Bienvenue en ce lieu dont je suis la gardienne, fit la voix désormais familière.
D'où provenait-elle ? Impossible à dire : la chouette, en tout cas, s'était volatilisée.
-Si vous désirez y pénétrer, je crains qu'il ne vous faille accepter certaines conditions, car la civilisation n'a pas sa place en ce havre préservé, reprit-elle. Néanmoins, si vous le souhaitez, vous pouvez demeurer sur son pourtour. Les loups ne vous y menaceront point.

[Chandara]

Après la nuit qu'ils venaient de passer à marcher, Chandara s'était sentie passablement épuisée mais toujours elle avait tenu bon, pour les enfants qui manifestaient un courage étonnant pour leur jeune âge. Elle s'était laissé porter par son devoir de les protéger contre la meute sans plus vraiment se soucier d'où le sentier les conduirait : seul importait qu'ils échappent à la meute sanguinaire. Elle voulait garder espoir que le chemin débouche sur un havre où ils seraient un instant en paix, où ils pourraient enfin prendre le temps de comprendre, de faire le point, d'écouter les enfants. Et d'apprendre enfin leur nom, leur histoire, la raison de leur présence dans ces bois sombres. Il allait de soi qu'elle avait dû mettre en sommeil toutes ses questions concernant leur mystérieuse bienfaitrice : elle n'était pas née de la dernière pluie, ils devaient avoir affaire à une puissante force de la nature pour qu'elle se modèle ainsi selon sa volonté. Il s'agissait peut-être d'une druidesse mais la paladine doutait encore quelque peu de ses motivations. Ces êtres pouvaient constituer de puissants alliés ou des ennemis implacables selon que vous vous trouviez en accord avec leurs objectifs qu'ils maintenaient souvent secrets. Chandara n'aimait pas s'en remettre ainsi à la merci d'autrui et d'autant moins qu'elle se sentait maintenant responsable de la sécurité et du bien être des enfants, et aussi de Brus dans une certaine mesure.

Tous ses doutes s'évanouirent à l'instant même où le chemin prit fin, révélant le lieu le plus paradisiaque dont la jeune femme aurait un jour pu rêver. La jeune helmite n'en croyait tout bonnement pas ses yeux à tel point qu'elle les frotta et les ferma plusieurs fois avant de se convaincre que ce n'était pas simplement un rêve justement. Après la forêt hostile, le contraste était tout bonnement saisissant et la vision féérique réussit à la laisser muette d'admiration et de respect. Pour un temps seulement, néanmoins. Un temps que ses sens tentaient de mettre à profit pour embrasser toute la beauté des lieux et de chaque détail bucolique ou vénérable.

- C'est... c'est magnifique. Non, plus que ça, bien plus. Je ne connais pas de mot suffisamment fort...

L'attirance de ce lieu était quasiment irrésistible. Elle avait envie de tout toucher, de tout voir, de se laisser enfin aller à un instant de paix. Et de se baigner dans cette eau si pure qui promettait de la débarrasser de toute sa crasse, de tous ses doutes sur l'avenir, le passé, le présent. Elle avait envie d'avancer, de ne pas être exclue de ce paradis qui lui tendait les bras. Mais elle était paladine, elle avait un devoir. Celui de protéger avant tout ses compagnons avant de songer à son propre confort. Les mots d'accueils de la chouette franchirent enfin la barrière de son émerveillement et elle s'entendit demander sans fixer d'endroit en particulier :

- Merci pour votre hospitalité. Quelles sont ces conditions que nous devons accepter ?

[Dhast]

"Ben ça."
Brus resta un instant muet devant un tel spectacle, rendu d'autant plus frappant par le contraste avec la nature hostile et étouffante qu'ils venaient de traverser. Il détailla un à un les éléments du décor, comme s'il voulait s'assurer de leur existence réelle. Mais ce qui défiait toute raison était l'arbre colossale qui trônait au centre de la clairière. Quand la chouette avait parlé d'une maison, le roublard s'était imaginé une sorte de cabane au fond du bois. Ce paysage dépassait de loin tout ce qu'il avait imaginé. Cependant la gardienne les mit en garde et Chandara posa la première une question. Brus attendit de connaître la réponse, avant de lâcher toutes celles qu'il retenait.

[Taliesin]

-Avant d'entrer dans le havre, vous devez renoncer à toutes vos possessions comportant du métal arraché au sein de Mère Terre, du bois coupé sur un arbre encore vivant, du cuir ou des ossements volés à un animal asservi par l'homme ou abattu par quelqu'un n'ayant pas agi pour des raisons de pure survie, répondit, paisible, la voix qui semblait désormais provenir de partout à la fois. Cependant, soyez rassurés : vos affaires resteront là où vous les aurez déposées, et vous pourrez les récupérer quand vous reprendrez votre route. Ensuite, une fois dans la clairière, vous devrez vous abstenir de violenter sciemment la faune et la flore, ainsi que d'allumer du feu, ce fléau destructeur. En somme, il vous faut accepter de vivre en accord avec la nature, de respecter son harmonie, de ne pas la souiller avec les maux du monde extérieur dont j'ai pour charge de la préserver.

[Chandara]

La paladine était attentive aux demandes de la voix qui n'avait toujours pas révélé sa réelle apparence, si toutefois elle en avait une. Les objets en métal ou ceux récupérés sur des animaux... cela excluait ses bottes et sa ceinture en cuir, son sac de voyage également. Mais aussi toutes ses protections : sa cotte de mailles manostienne et surtout le marteau forgé par son frère et qui lui était si cher... Et pourtant, pourtant toutes ces conditions lui semblaient parfaitement raisonnables : faire un feu ou même couper du bois ou cueillir la moindre fleur lui aurait paru sacrilège dans un endroit aussi merveilleux. Une seule chose la retenait. Ou plutôt deux : la première était la réaction qu'aurait ses compagnons à ces conditions et la seconde était son inquiétude et le sentiment d'être responsable de la protection des enfants. Or elle ne se voyait pas l'assumer efficacement si elle renonçait à tous ses moyens de défense. Elle voulait pourtant se convaincre qu'ils pouvaient faire confiance à leur sauveur et relâcher un moment leur propre garde. Mais c'était si difficile quand on avait été helmite et qu'on s'était efforcé d'en suivre les préceptes l'essentiel de sa vie. La paladine posa son sac et son marteau, cela n'engageait à rien. Puis elle se tourna vers Brus tout en répondant :

- Vos exigences me paraissent raisonnables et ne me pèsent pas mais je devrais d'abord m'assurer que vous n'avez que des bonnes intentions à l'égard des enfants et de mon ami avant de pouvoir y répondre favorablement. Consentiriez-vous à nous dire qui vous êtes ? Vous semblez déjà nous connaître et ce pourquoi nous sommes ici mais je me tiens prête à répondre à toutes les questions que vous vous poseriez à mon sujet si cela peut contribuer à mieux nous comprendre...

[Dhast]

Brus acquiesça à toutes les demandes de leur hôte en tâchant de faire l'inventaire mental de ce qui y correspondait parmi son équipement. Puis, sans attendre, Chandara enchaîna sur l'identité de la mystérieuse chouette. Brus renchérit sur le dernier point, à savoir la raison de leur présence ici :

"Moi aussi ça m'semble honnête. Mais, c'est vrai qu'en parlant d'ça, rester j'veux dire, on a laissé notre groupe dans la forêt et maintenant qu'le soleil se lève ils vont sûrement s'mettre en route. Je pensais pas qu'on irait aussi loin pour trouver votre chez vous, mais sauf votre respect, je n'pense pas qu'on puisse rester bien longtemps... C'est qu'on a une poursuite sur le feu, et on a pris pas mal de retard..."

[Taliesin]

-Je suis ce que vous appelleriez un esprit de la nature, chargé de sa protection, de sa préservation. Et je sais beaucoup de choses, oui, car les animaux et les plantes sont mes yeux et mes oreilles en cette forêt. Je sais, par exemple, que le père de ces enfants est un forestier dévoué, et c'est pour l'en remercier que j'ai choisi de les sauver de la meute. Je sais également que vous n'avez pas hésité à prendre de grands risques pour les secourir, raison pour laquelle j'ai choisi de vous mener également ici : je respecte profondément votre dévouement, car toutes les espèces veillent sur leurs petits, quoi que les humains aient parfois tendance à oublier cette règle sacrée...
Bref silence.
-Brus, je comprends que vous ayez hâte de retrouver vos compagnons et de vous lancer aux trousses de ces cavaliers qui, si j'ai bien compris, ont capturé l'un des vôtres. Malheureusement, je crains qu'il ne vous faille rester ici le temps que je parvienne à éloigner les loups, ce qui ne sera pas chose aisée : leur meneur n'a pas pour habitude de renoncer à ses proies... Cependant, essayez d'envisager cette halte non comme un inconvénient mais comme un atout : elle vous permettra de vous reposer, ce dont vous avez grand besoin. De plus, je m'efforcerai de localiser la destination de vos ennemis, et je vous montrerai le plus court trajet pour vous y rendre. Ainsi est-il possible qu'au final, ce détour vous ait fait gagner du temps plutôt qu'en perdre.

[Chandara]

Brus et son côté pragmatique qui ne perdait pas de vue leur objectif en toute circonstance. Chandara songea qu'il ferait un bien meilleur meneur qu'elle même quand il aurait acquis davantage d'expérience. Il ne serait jamais paladin bien sûr mais Gaspard maintenait la loyauté de ses hommes ne l'étant pas non plus. La paladine n'avait pas pensé une seule fois à lui au cours de leur périple et elle devait s'avouer encore plus honteusement qu'elle n'avait pas songé au calvaire d'Arthur non plus. Elle avait été trop obnubilée par le péril pressant et la nécessité absolue de sauvegarder les enfants en danger.

Mais la voix de l'esprit l'avait au moins en partie rasséréné sur ce point : ils allaient devoir s'arrêter quelque temps mais c'était de toute façon une nécessité après n'avoir dormi que quelques heures et avoir marché la majeure partie de la nuit. La jeune femme était jeune et de bonne constitution mais elle avait été blessé et depuis qu'elle avait perdu la faveur de Helm, elle guérissait bien moins vite. Savoir qu'ils pourraient malgré tout tirer un avantage tactique de ce détour était rassurant. Chandara allait pouvoir tourner ses inquiétudes vers la santé des enfants. Sans attendre la réaction de Brus, la paladine défit les lacets de ses bottes et les retira, foulant l'herbe étonnamment douce sous la plante de ses pieds.

- Merci pour tout, esprit des bois, si c'est bien ainsi qu'il convient de vous appeler. Les enfants, je vais profiter de cette halte pour vérifier que vous n'avez pas été blessés. Et un bain ne nous fera pas de mal non plus après toutes ces émotions. Puis-je connaître vos noms ?

[Dhast]

Bien qu'il brûlât de repartir sur le champ, Brus dut se rendre à l'évidence : ils avaient besoin de l'aide de l'esprit contre la menace des loups, qui restait réelle, et ils avaient aussi besoin de repos. La proposition d'aide de l'esprit acheva de la convaincre qu'il valait mieux rester.
"Faisons comme ça alors... Merci de votre aide."
Le roublard imita la paladine et commença à se défaire des objets interdits : dague, bottes, ceinturon, cuir. Quand ce fut fait, Brus agita les bras et s'avança de quelques pas vers le centre de la clairière. Comme il n'était pas certain de n'avoir rien oublié qui fut interdit et comme il ignorait le sort réservé à ceux qui enfreignaient la règle - étaient-ils foudroyés sur place ou bien avalé littéralement par un sol mouvant? - il préférait n'évoluer que pas à pas dans ce milieu si étrange. Il se tourna vers Chandara qui engageait la conversation avec les enfants. Il tiqua sur le bain :
"Euh... "nous"?" Brus tira le col de sa tunique et tâcha d'en évaluer rapidement le fumet. Il dut admettre que ces dernières chevauchées et aventures depuis Graëlon avaient laissé leur empreinte. "Oui, bon. Peut-être..."

[Chandara]

La paladine mettrait plus de temps à se délester des objets qui l'encombraient, à commencer par sa cotte de maille qu'elle entreprit de retirer avec précaution.

- Je vous suggère d'y aller le premier, Brus : je dois examiner nos petits protégés avant de m'offrir le même luxe. Mais soyez bien prudent !

Elle reporta son attention vers les enfants qui n'avaient pas encore répondu à sa question. Etaient-ils timides ? Ou perturbés par l'idée du bain ? Non, ça ne pouvait pas être ça ! Tous les enfants aimaient les jeux d'eau, non ?