[Bellatrix et Silmandel] Mon désir ? ça me botte ! (ou la botte du désir)

[Althéa]

Elle allait, grande échalas glissant sur les pavés dans ses vêtements étriqués. Elle ne voulait pas offrir son corps malingre aux vents glacés. Elle souriait malgré elle, trimballant à l'abri des regards ses soupières rutilantes dans son havresac. Cela lui semblait un tantinet érotique et elle en riait sous cap. Quand soudain, un passant attira son regard. Silhouette balancée et un tantinet chafouine.

Attention, n'allez pas vous imaginer que ce fut le commencement d'une histoire d'amour au premier regard. Car ce n'est pas vraiment sur le jeune homme ou son anatomie - fort avenante au demeurant - mais plus exactement sur sa botte gauche.

Elle la trouvait magnifique, à la silhouette plus ciselée que sa jumelle de droite et le dessin qu'elle traçait dans la neige était fort délicat. Elle voulut la même. Non, pas la même ... Celle-là ! Mais comment allait-elle s'y prendre ?

Rassemblant ses pensées, elle appela le propriétaire des augustes chaussures.

"Hep, vous là !"

[Manfred]

Silmandel allait dans la rue enneigée, l’esprit tout à ses affaires. Son ample manteau battait dans le vent et ses belles bottes, surtout la gauche d’ailleurs, laissaient des traces déterminées. Vêture d’aventurier, rapière au côté pour l’affirmer. Mais existe-t-il elfe sans classe ? Vêture d’aventurier classieux donc.

Et voilà que ledit aventurier se faisait appeler. Il tourna la tête, avisa une demoiselle dégingandé, avec un sac. Cette vision, entrecoupée par le vas et viens des passants, nombreux en cette rue fréquentée, lui inspira une marchande ambulante. Il n’avait point le temps pour cela. Il eut un petit geste de sa main gantée pour signifier qu’il était pressé et déjà il poursuivait sur sa lancée.

[Althéa]

Mais le geste pouvait signifier tout et n'importe quoi pour Bellatrix, et pas seulement qu'il était pressé. Pour elle, il avait peut-être eu une crise de flatulence violente et cherchait à dissiper l'odeur méphitique (cela lui arrivait quand elle mangeait trop de navets), ou peut-être disait-il aux gens de circuler (les gens n'avaient pas l'air de saisir puisque certains s'étaient mis à la regarder, les bras ballants (oui, elle provoquait souvent cet effet là), ou peut-être encore, lui disait-il de la suivre. C'est la troisième option qui arrangeait le plus la mage et c'est donc celle qu'elle choisit. Aussi se rapprocha-t-elle du jeune homme.

"Je voudrais vous parler de quelque chose d'important. Non, pas à vous, ni à vous à coté mais à lui là-bas qui agite sa main. Je pense que mon intervention va vous sauver la mise. Du moins si vous l'écoutez. Parce que vous allez l'écouter ? Non, pas vous. Vous je m'en fiche."

Elle avait joint les mains sur une prière muette. Madone douteuse aux cheveux hirsutes et à l'aspect dégingandé. Et qui n'avait de saint que les petits renflements invisibles sous son manteau : par-dessus tout, Bellatrix (et son narrateur) avaient de curieuses notions d'orthographe.

[Manfred]

Silmandel, toujours tout à ses pensées, poursuivait sa route. Il avait fort à faire en cette fraiche matinée. La guilde des voleurs, pour qui il travaillait, convoitait des informations qu’il devrait pouvoir obtenir par quelques sourires, quelques boniments et, surtout, quelques charmes judicieux. Rien de telle que la magie pour convaincre les récalcitrants. Une chance que les elfes, de part leur héritage féérique, soit si peu sensibles à pareille méthode. Faire aux autres ce qu’on ne voulait pas subir soi-même était la base du succès, n’est-ce pas ?

Il entendit encore la marchande ambulante, dans son dos. Elle tenait des propos... singuliers. Encore une simple d’esprit, décidément... Mais une simple d’esprit qui prétendait pouvoir lui sauver la mise. Bah, il devait bien avoir quelques secondes à lui consacrer, ne serait-ce que pour rire. Il ralentit ostensiblement le pas et, en lui jetant un bref regard, déclara :
« Dites-moi tout, très chère demoiselle. »

[Althéa]

Miracle, il l'entendait ! Lui, la bonne personne. Non pas vous, ni eux, ni toi, ni moi, mais lui ! Lui, oui ! Quand la narratrice se calma enfin et reprit le fil de son histoire, Bellatrix qui après avoir murmuré un "C'est pas trop tôt" bien senti se retourna vers le jeune homme dont elle convoitait la botte (non, pas l’Italie et encore moins celle de votre voisin).

Elle fut tentée de répondre à son injonction par "Tout", ce qui n'aurait pas été très constructif et n'aurait rien eu à voir avec son dessein secret. Après encore quelques hésitations durant lesquelles elle ouvrit la bouche plusieurs fois comme une carpe à l'agonie, elle répondit.

"Monsieur, vous allez trouver cela fou mais il me semble ... Que vous venez de perdre un orteil. Vous ne l'avez pas senti parce que votre botte le retient. Mais j'ai entendu le bruit caractéristique. Un genre de craaaaaaac. Je suis douée pour entendre ce genre de choses. Vous savez, cela peut-être très grave. C'est arrivé à un ami. Il coupait du bois et maniait assez mal sa hache. Lui, heureusement, il l'a vu tout de suite. Mais vous ... Il vaudrait mieux que vous vérifiez et tout de suite. Dans votre botte gauche."

[Manfred]

Hum... ok. Silmandel s’était trompé. Il n’avait pas à faire à une marchande ambulante, mais à une démente. Dès fois, ce genre de personnes pouvaient être dangereuses. Pour autant, il ne se sentit pas spécialement en danger. Après tout, il savait se défendre. Au moins aurait-il une anecdote amusante à raconter à Alexandre.
« Un orteil vous dite ? Par tous les dieux, il faut effectivement vérifier cela au plus vite ! répondit-il, avec un aplomb stupéfiant, mais sans réprimer le petit sourire malicieux qui naissait entre ses lèvres fines. Voyons voir... »
Il baissa les yeux, fixa un instant sa botte gauche.
« Un, deux, trois, quatre, cinq, ils sont tous là. Et bien accrochés. »
Il releva la tête.
« Ho, j’ai oublié de vous le préciser, je vois à travers les bottes. C’est très utile. En tout cas, tout va bien. Sans doute est-ce un autre orteil qui s’est détaché. Il y a tant d’orteils ici. »

[Althéa]

Bellatrix avait fixé de tous ses yeux - même si la dernière fois qu'elle les avait comptés, ils étaient au nombre de deux et c'était mieux - la botte tant convoitée. Elle s'était même accroupie, le visage à la hauteur de celui du jeune homme. Elle lui avait souri avec obligeance et considération pour l'encourager à agir et il avait même eu l'air d'obtempérer. Mais sa réaction l'avait totalement prise de court. Comment ça, il voyait dans ses bottes ? Elle avait entendu qu'on était bien droit dedans ou qu'on avait un caillou à l'intérieur ... Mais personne ne pouvait pas voir à travers, non ? Elle en fut époustouflée. Puis elle lui demanda.

"Attendez, mais vous êtes sûr ? Parce qu'au départ, ça commence tout doucement. Et puis ensuite, tout s'accélère. Une phalange se déboite et le reste suit. Mais si vous regardez assez tôt, vous arriverez à lui faire entendre raison."

[Manfred]

« Sûr et certain, affirma Silmandel, affable. Et je m’y connais, vous pouvez me croire. Nous autres, elfes, recevons tous une experte formation en ce domaine. Les orteils, c’est capital ! On peut faire tellement de choses avec ! Les compter, les agiter, les... caresser. »
Il sembla frappé d’une idée soudaine puis ajouta :
« Tenez. Saviez-vous que si vous sautez à cloche-pied sur une certaine distance vous fortifiez vos orteils au point de pouvoir sauter deux fois plus haut. Je ne serai plus en vie sans cette formidable faculté ! Essayez ! Allez jusqu’à là-bas à cloche-pied, vous devriez commencer à constater quelque chose. »
Il désigna de l’index une tour de mage, loin, loin au bout de la rue.

[Althéa]

Totalement prise de cours, Bellatrix ne put qu'obtempérer. Après un.

"Je reviens, ne partez pas ! Non, pas vous."

Elle prit son élan pour un premier bond qui manqua la faire se vautrer dans la boue. Au second saut, elle se sentit un peu fatiguée. Elle se retourna donc vers le jeune elfe un peu perplexe et pas très convaincue avant de sauter de nouveau. Savait-on jamais ce qui pourrait se passer ?

[Manfred]

Il se passa que Silmandel, son petit sourire aux lèvres, regarda cette folle s’éloigner quelques instants, l’encourageant de poursuivre lorsqu’elle lui refaisait face, puis, sans prévenir, il replongea dans la foule des passants.
Et voilà qu’il reprenait sa route, accompagné par quelques regards amusés. Une bonne chose de faite, songea-t-il. Il était plutôt fier de son coup.

[Althéa]

Mais Bellatrix ne faisait pas partie des personnes faciles à éconduire. Dès qu'elle s'était rendue compte que Silmandel avait pris la poudre d'escampette, elle se lança à sa poursuite. Renversant des passants et des étals et criant comme la folle qu'elle était.

"Attendez ! S'il vous plait, ne me laissez pas. Je vous en conjure. Je voudrais encore vous parler !"

[Manfred]

Silmandel, toujours aussi stoïque, bifurqua dans une ruelle. Sitôt à peu près certain que personne ne le regardait, ce en quoi la démente l’aidait grandement en braillant de la sorte, il se concentra un instant et changea d’apparence.

Silmandel > Déguisement > Silmandel

Le voilà devenu un quidam fort banal et, détail d’importance, chaussé de simples souliers, non plus de ces si charmantes bottes lustrés dont la gauche avait les atours imaginaires d’un trésor pour Belatrix. Ainsi costumé par ses facultés de sorcier féérique, Silmandel poursuivit sa route comme si de rien n’était. Oui, Alexandre allait adorer cette histoire !

HRP : j’ai pris le parti de jouer mon personnage sérieusement. Confronté à cette situation, il aurait vraiment agit ainsi. Si ton personnage perd la trace du mien, alors je te laisse conclure, c’est la fin de la scénette. Et si c’est le cas, n’hésite pas à te réinscrire à l’événement, je ferai de même.

[Althéa]

Hrp : Je ne voyais pas trop comment ça pouvait se terminer autrement. C'était sympa ce petit moment de rp là

Bellatrix tenta de rattraper le jeune homme, elle tenta même de suivre ses empruntes dans la neige ... En vain ...

Il ne lui restait plus qu'à passer chez un cordonnier dans l'espoir de trouver d'autres jolies bottes. Et gare à quiconque se mettrait en travers de son chemin !