Le Lutin Cafteur
Septembre 2016
Le mot du rédac’ chef
[JUSTIFIER]« Moitié homme, moitié divin, le plus grand de tous les souverains... » Allez, avouez-le ! Vous aussi, vous vous êtes pris à fredonner ces paroles, sur l’air bien connu jadis composé par Ben Arminet, le barde qui fit les délices de notre jeunesse ! Il faut dire que cette rengaine à la cotte, autant que notre vénéré empereur qu’elle dépeint fort avantageusement. Pareille popularité pourrait surprendre, d’autant qu’elle n’était pas acquise d’emblée : contesté lors de son avènement par d’odieux conspirateurs, Sa Majesté s’est récemment vue reprocher d’avoir non pas annihilé mais « simplement » vaincu la coalition luméno-manostienne – se voir reprocher une victoire, n’est-ce point cocasse ? Cependant, la donne a bien changé : aujourd’hui, tous les Mélandiens s’accordent pour louer notre révéré Swaren sar Venuma. Et ces louanges unanimes ne risquent pas de se tarir avec les réformes qui viennent d’être annoncées, réformes aussi judicieuses qu’ambitieuses dont vous trouverez le détail dans nos colonnes et qui, n’en doutons pas, conduiront au pinacle notre glorieuse nation ![/JUSTIFIER]
Eddy Thorial
Rédacteur en chef
Dossier : Les réformes impériales
Chacun sa foi, chacun son destin, passe le message aux Mélandiens...
[JUSTIFIER]On a coutume de dépeindre les aristocrates comme de fieffés comploteurs. Sans doute cette sulfureuse réputation n’est-elle pas toujours usurpée. Néanmoins, force est de constater qu’elle serait applicable à bon nombre de nos clercs. Depuis des décennies, en effet, Talosiens, Bainites et autres Cyriciens se livrent une guerre parfois ouverte, parfois larvée mais toujours sans merci dans le but d’établir leur culte en tant que religion d’État, ne parvenant ordinairement à leurs fins que pour être aussitôt détrônés par leurs rivaux. Inutile de rappeler ici toute l’instabilité causée par ces sempiternels conflits… Mais réjouissez-vous, chers lecteurs, car cette déplorable situation n’est plus que de l’histoire ancienne.
Désormais, suite à une loi promulguée par Sa Majesté, il n’y aura à Melandis plus d’autre religion d’État que le seul culte impérial : au sein de notre glorieux empire, chaque citoyen, chaque organisation se devra de rendre hommage à nôtre souverain, être exceptionnel d’essence divine et garant de l’unité nationale. Pour le reste, la liberté de culte est instaurée et tous les clergés autorisés, du moment qu’ils se plient à la légitime obligation susmentionnée.
D’aucuns se gaussent déjà en imaginant des prêtres de Lathandre ou de Sunie s’établir dans notre beau pays. Cependant, aussi saugrenue cette perspective puisse-t-elle paraître, nous pourrions bien, un jour prochain, assister à sa concrétisation : ne parle-t-on pas, déjà, d’adeptes d’Ilmater ayant sollicité la permission d’ouvrir des chapelles dans les bas-quartiers, afin d’y porter secours aux miséreux ?
Votre serviteur espère que leur sera fait bon accueil, à eux comme à ceux qui les suivront. Et il ne doute pas qu’il en sera ainsi. Ne sommes-nous pas tous frères ? N’avons-nous pas tous le même père, le sérénissime Swaren sar Venuma ?[/JUSTIFIER]
Abbé Lladone
Théologien
Libéréééééés, délivrééééés...
[JUSTIFIER]La nouvelle a fait l’effet d’une explosion de magie entropique : dans un élan d’humanisme qui restera dans les annales, Sa Majesté l’empereur a décidé de mettre un terme à une pratique aussi antique que barbare : l’esclavage.
Sitôt l’information connue – et vérifiée –, un cri unanime est monté des rangs des milliers d’affranchis de fraiche date que compte notre glorieuse nation. Un cri d’allégresse. De gratitude, aussi.
Sitôt l’information connue – et vérifiée –, un cri tout aussi unanime mais d’une nature bien différente est monté des rangs des milliers de ci-devant maîtres que compte notre glorieuse nation : « Nous sommes ruinés ! »
Passé le prime trouble, force est de constater que les inquiétudes des seconds étaient infondées.
Non, ceux qui se sont retrouvés avec à leur service non plus des esclaves mais des serviteurs n’ont pas été ruinés. Comme l’indique un récent communiqué du MEDEM (Mouvement des Employeurs melandiens), leurs dépenses sont restées stables et ont simplement changé de nature, l’argent qu’ils consacraient autrefois à nourrir et vêtir leurs gens étant désormais versé à ces derniers sous forme de salaire. La majorité des entreprises vouées au commerce des esclaves n’ont pas davantage fait faillite : fortes de leur adaptabilité et de leur expertise, elles se sont reconverties en agences de placement de domestiques. Au total, contrairement aux assertions catastrophistes des conservateurs, l’économie mélandienne n’a nullement pâti de cette mesure : au contraire, elle s’en est trouvée redynamisée.
Il y a une leçon à tirer de tout cela : il faut évoluer avec son temps et, plutôt que de demeurer cramponné à d’archaïques privilèges, savoir saisir les opportunités qu’offre la modernité. La chose est d’ailleurs valable tant pour les employeurs que pour leurs salariés : ne bénéficiant plus d’un système qui, malgré ses défauts, leur garantissait souvent la sécurité de l’emploi et leur épargnait moult tracas – en particulier ceux inhérents à la gestion d’un budget –, les affranchis vont ainsi devoir trouver leur place au sein d’un marché du travail à la fois flexible et concurrentiel et, surtout, faire l’expérience de la liberté et de la responsabilité économique. Nous espérons de tout cœur qu’ils sauront en faire bon usage et nous nous faisons fort de leur dispenser de judicieux conseils, notamment quant à l’utilisation de leur argent – dans cette optique, utiliser une infime part de leur salaire pour souscrire un abonnement à notre journal paraissant des plus appropriés.[/JUSTIFIER]
Antoine Ernest Bellefont de Pension
Économiste
Actualités mélandiennes
La nuit des morts-vivants
[JUSTIFIER]Sans doute avez-vous eu vent de cet étrange incident survenu au cimetière il y a quelques semaines : à l’heure de la fermeture, une horde effrayante avait jailli d’entre les tombes pour franchir les grilles. Jusque-là, rien de très étonnant. Sauf qu’il ne s’agissait pas de morts-vivants mais… de vivants-vivants que les fossoyeurs n’avaient vu entrer ni au cours de la journée écoulée, ni au cours des précédentes. Voilà qui laissait perplexe !
Récemment, les portes de la ville ont été le théâtre d’un incident tout aussi troublant. Peu avant l’aube, en effet, un groupe effrayant s’est présenté pour entrer à Melandis. Jusque-là, rien de très étonnant. Sauf qu’il ne s’agissait pas de vivants mais… de morts-vivants. Selon certains, c’était simplement l’escorte d’une puissante nécromancienne. Selon d’autres, en revanche, on avait affaire à des réfugiés fuyant les persécutions des Kelemvorites. Et bien d’autres hypothèses circulent…
Ces deux événements sont-ils liés ? Sont-ils le signe que les frontières entre notre monde et l’Au-delà s’affaiblissent ? Faut-il craindre d’autres incidents ? Bien malin qui pourrait le dire...[/JUSTIFIER]
C’est de l’art ou du cochon ?
[JUSTIFIER]Quelques jours seulement après l’annonce du concert exceptionnel d’Henri Deathmetal au Melandinopole (au cours duquel il jouera notamment son tout dernier tube, « Quand trois goules vont au champ »), une autre information d’importance met en émoi les amateurs de spectacles : une nouvelle pièce serait sur le point d’être montée au Bastion des Arts !
Le Bastion des Arts ? Mais oui, le Bastion des Arts ! Souvenez-vous, ce théâtre qui, il y a quelques années encore, était célèbre pour présenter des œuvres ambitieuses, impertinentes et avant-gardistes, des œuvres que les esthètes exigeants n’auraient manquées pour rien au monde… Souffrant de sa localisation dans un quartier en pleine décrépitude et confronté à de grandes difficultés financières, l’établissement a perdu une bonne part de sa superbe et de sa notoriété, au point que sa fermeture paraissait inéluctable. Cependant, il semble que son directeur ne soit pas décidé à rendre les armes et, au contraire, qu’il se prépare à tenter le tout pour le tout en donnant ce qu’il faut bien nommer la représentation de la dernière chance. Affaire à suivre ![/JUSTIFIER]
Le mystère de la potion magique
[JUSTIFIER]Quoique très encadré par les services de l’École du Necronomicon, le commerce des objets magiques est florissant en notre belle cité. Témoin l’ouverture récente, sur l’Esplanade impériale, de la Boutique d'Eldurvellir du Val Bise, laquelle commercialise principalement des potions et des onguents. Aussi nouveau soit-il, cet établissement fait déjà l’objet d’une intéressante rumeur : on dit en effet qu’il serait devenu l’un des fournisseurs attitrés du guet de Melandis. Que lui vaut pareil succès ? Certaines mauvaises langues avancent que maître Eldurvellir serait fort habile avec un alambic et que les hommes de la garde auraient été conquis par ses talents de distillateur. D’autres, au contraire, postulent que le mage prépare des potions d’une rare efficacité et que celles-ci rendraient de fiers service aux valeureux membres du guet que malmènent en permanence malfrats et autres trublions. Quel est le fin mot de cette histoire ? Notre équipe est déjà à pied d’œuvre pour le découvrir.[/JUSTIFIER]
Une famille en or
[JUSTIFIER]De tout temps, Melandis a été une terre bénie pour ceux – et ils sont nombreux ! – que passionne la vie des célébrités de tous ordres : ils ont constamment eu de croustillantes histoires à se mettre sous la dent. Mais la chose est encore plus vraie depuis l’avènement de Swaren sar Venuma et les bouleversement qu’ont entraîné ses réformes. Ainsi a-t-on rarement vu ascension plus fulgurante que celle de la maison de Valombre. Certes, ce n’est pas d’hier qu’elle occupe une place de choix parmi les familles nobles de l’empire. Toutefois, sa position et son influence se sont considérablement accrues depuis peu, comme en témoigne l’acquisition de Hautetour, l’un des plus beaux domaines du Havre bourgeois, et le recrutement d’un nombre ahurissant de domestiques. La rumeur veut même que, ces derniers jours, ait été embauché un jeune maître d’armes des plus prometteurs. Il s’agit là d’un fait curieux car, pour autant qu’on s’en souvienne, les Valombre ont toujours été des mages, non des guerriers. Certains d’entre eux auraient-ils décidé de quitter la voie tracée par leurs ancêtres ? Nul doute que nous serons bientôt fixés sur la question ![/JUSTIFIER]
Le retour de la momie
[JUSTIFIER]Le nom d’Evelyn Carnahan vous est sans doute familier : éminente archéologue, elle est célèbre pour avoir mené plusieurs expéditions dans les Antiques Cryptes qui s’étendent sous notre cité et, surtout, pour en être revenue saine et sauve, ce dont fort peu de gens peuvent se vanter. Aujourd’hui, l’érudite-aventurière revient sur le devant de la scène en annonçant l’organisation d’un nouveau périple dans les profondeurs. Son but ? Retrouver un tombeau qui, selon d’anciennes inscriptions, abriterait une précieuse momie, une importante bibliothèque et, accessoirement, un immense trésor. Forte de sa détermination coutumière ainsi que du soutien de puissants mécènes, à commencer par le Musée des Mystères qui espère bien acquérir et présenter au public ses futures trouvailles, Evelyn Carnahan est sûre de la réussite de son projet, ce malgré les dangers et les mises en garde. D’aucuns avancent en effet que la momie pourrait être toujours vivante et ne guère apprécier que l’on souhaite la déposséder de ses biens et l’exposer aux regards de tous dans une vitrine...[/JUSTIFIER]
Spéculations sur un coup de gueule
[JUSTIFIER]Cela s’est déroulé voilà peu sur l’Esplanade impériale. Les témoignages divergent mais il semble que Blazius Orchandelle ait été reconnu en train d’expliquer sa vision créative à un inconnu, ce qui, pour les non initiés, pouvait passer pour une banale engueulade. Mais les spécialistes savent voir au-delà des apparences et il paraît clair que Maître Orchandelle est sur le point de réaliser de nouvelles œuvres. Arrivé à ce stade de l’article, vous vous demandez sans doute qui est cet auguste individu. Eh bien, il s’agit du peintre le plus talentueux de notre belle cité ! Il aime représenter la mort sous toutes ses formes. Là où les non initiés ne voient en ses toiles que le reflet d’un esprit dément, les spécialistes, eux, voient la même chose mais savent l’apprécier à sa juste valeur. Qui était cet inconnu accompagnant le peintre ? Son nouvel apprenti ? Son prochain sujet ? Maître Orchandelle organisera-t-il une nouvelle exposition ? L’avenir nous le dira ![/JUSTIFIER]
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Ce quartier regorge de boutiques, d'échoppes et de petites places où se tiennent en permanence les camelots et autres vendeurs à la criée. Sis non loin de la place principale des marchands, le stade trône fièrement au beau milieu des maisons cossues des riches commerçants, symbole de la puissance mélandienne.
OYEZ, OYEZ, mauvaises gens de Melandis, après une longue fermeture, le Lutin Cafteur rouvre ses portes, pour le plus grand plaisir des Talosiens.
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