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Dire qu'Ubisoft n'est pas en difficulté n'a, selon moi, pas grand chose à voir avec le fait d'être de gauche ou de droite. Je pense cependant que de nombreux éléments viennent corroborer l'idée d'une période de crise chez Ubisoft, et même si l'article de Ouest-France ne va pas en profondeur dans les éléments qui attestent ça, il ne me semble pas abusé de dire "c'est la merde".
Comme évoqué plus tôt, Star Wars Outlaw est un échec (et les résultats du 1er trimestre 2024 qu'on a n'incluent pas les performances de Star Wars Outlaw qui est sorti après). Les patrons d'Ubisoft en espéraient beaucoup plus. Pour donner une comparaison : en un mois, l'an dernier, et sur le même créneau (triple A monde ouvert à partir d'une licence connue), Hogwart's Legacy s'était vendu à 12 millions d'exemplaires. Je pense qu'Ubisoft ne croyait pas atteindre de tels chiffres, mais souhaitait au moins atteindre les cinq millions.
Par ailleurs, si les résultats pour le premier trimestre 2024 étaient en forte hausse et si l'année 2023-2024 était bonne, il faut quand même noter que c'est à la suite d'années sombres : les exercices 2021-2022 et 2022-2023 étaient des baisses de résultats sévères (18% de baisses de revenus sur 22-23 quand même): https://www.lefigaro.fr/flash-eco/jeu-v ... 4-20220511 https://www.lefigaro.fr/secteur/high-te ... r-20230516. Dans ce contexte, on rappelle que Assassin's Creed Mirage n'avait pas égalé les ventes de Vallhala et les ventes de Far Cry 6 étaient en recul par rapport à Far Cry 5. On est donc à un moment où les grosses licences d'Ubisoft ne sont plus une garantie de retombées monétaires. Dans notre période où les temps et coûts de développement pour chaque triple A augmentent, cette baisse des retours c'est une vraie plaie pour la boîte. Il faut ajouter à ça plusieurs échecs de nouvelles licences triple A ces derniers temps: le jeu Avatar n'avait pas convaincu (on a pas de chiffres de vente, mais les baisses de prix très vite après la sortie du jeu augurent le pire), Skull and Bones n'avait pas atteint le million de ventes en premier mois (https://insider-gaming.com/skull-and-bo ... ers-total/) et même si Xdefiant a fait un bon démarrage, ça reste un jeu gratuit et le nombre de joueurs est en baisse (avec même des rumeurs de fermeture du jeu d'ici peu, aujourd'hui démenties : https://www.ign.com/articles/xdefiant-d ... nt-improve). Les revenus de "The division" continuent d'être bons, mais difficile de savoir pour combien de temps, et les actionnaires ne vont pas s'en contenter. A cela, il faut également ajouter les difficultés sur certains projets, tels que l'arlésienne Beyond Good and Evil 2 ou le remake de Prince of Persia dont le développement patinent. Bref, on a plusieurs échecs qui fragilisent la boîte auxquels Star Wars Outlaw s'ajoute et Ubi le reconnaît lui même en baissant ses objectifs pour 2024-2025 : https://www.zonebourse.com/cours/action ... -47938291/
L'idée que le report de AC Shadows est lié à la présence de Yasuke (le fameux samouraï noir) est fausse. Yves Guillemot, le PDG d'ubi, a bien précisé que ça n'avait rien à voir. C'est bien une volonté de sortir un jeu bien fignolé (là où Outlaw affichait des problèmes de polish à la sortie) qui a poussé à reporter le jeu.
Certes, les report dans le jeu vidéo c'est une habitude, mais il y a deux éléments qui rendent celui-là marquant :
1) les précédents échecs qui font un peu de ce jeu "le jeu de la dernière chance" pour Ubisoft, je ne reviens pas dessus. (il y a aussi les reports de The division mobile et The division résurgence qui s'ajoutent ).
2) le report à Février, ça veut dire que le jeu loupe la période cruciale des fêtes de fin d'année, grosse période pour la vente de jeu.
Ce n'est donc pas une bonne nouvelle pour Ubisoft : suite à ces annonces, le cours de sa bourse a baissé de 40% en un mois, signe que les actionnaires sentent le vent tourner. La deutsche bank a émis le même avis en conseillant de ne pas vendre l'action : https://www.tradingsat.com/ubisoft-ente ... 23880.html. Il y a également eu une demande pour destituer Yves Guillemot de sa position. Même si ça n'aboutira pas, ça suffit cependant pour montrer un peu l'étendue des conflits et difficultés de la boîte.
Il y a également tout un tas de difficultés amenées par l'organisation de la boîte. Je n'ai pas le temps de résumer tout ça ici, il y a cet épisode assez cool d'entendez vous l'éco sur le sujet : https://www.radiofrance.fr/francecultur ... as-8867153 . Pour résumer quelques éléments : une rentabilité plus faible que beaucoup d'autres boîtes, une entreprise avec une masse salariale très forte à cause du refus de passer par la sous-traitance, un management encore très familial etc.
J'ai un peu de mal ici à voir ce qu'auraient pu faire les syndicats et salariés. Je suppose qu'il y a déjà eu des discussions à ce sujet lors des précédentes grèves de février. Tu peux éclairer ce que tu veux dire par là ?loupgris a écrit : ↑mer. 16 oct. 2024, 10:50 Ce qui est déplorable dans l'affaire Ubisoft, c'est cette histoire de télétravail qui dérive par des licenciements détournés pour réduire de façon dégueulasse leur masse salariale.
Je ne comprends vraiment pas que ni les salariés ni les syndicats n'aient envisagé ou prévu ça...
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