[Attraction] La Tour des défis

[Lothringen]

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Cette attraction, dressée au beau milieu de la clairière du festival, ressemble à s'y méprendre à une tour de siège, et effectivement, c'est de cette manière que cette grande tour de bois montée sur roues commença très probablement sa carrière. Elle a été ornée de la base au sommet de guirlandes de fleurs odorantes dont on ne comprend l'utilité que lorsque l'on apprend qu'il s'agit en réalité d'une allusion ironique à la fonction de la tour : d'ici, une fois juché sur la plate forme élevée, chacun peut lancer ses provocations ou ses défis à qui lui plaît - la personne apostrophée peut être réelle ou imaginaire, dieu ou homme, présente ou absente - mais de manière la plus *fleurie* qui soit.

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[LEFT]Il s'agit donc avant tout d'un concours d'éloquence destiné à honorer Oghma, mais attention ! Il se pourrait bien que la personne blâmée et défiée ici, faute de sens de l'humour ou de la répartie, décide de prolonger l'affrontement sur le sable de la lice toute proche.

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[LEFT]Les organisateurs se permettent donc très humblement de citer la sagesse aigrelette des sirènes: "Réfléchissez en agissant, imbéciles!!"

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HRP: Vous êtes libres d'intervenir ici comme bon vous semble, sans préalable. Soignez votre discours ! Et évidemment, selon l'identité de la cible de votre défi, attendez-vous à de possibles réactions.

[Mornagest]

Il y avait foule, autour de la construction en bois. Les gens se massaient pour assister au premier défi, et a fortiori, voir ce qui en résulterait ; une bonne baston, très probablement, ce qui était bien. Une mise à mort ? Encore mieux !

Une espèce de grand escogriffe fendit les premiers rangs, se détournant à peine pour fixer d'un œil mauvais les dames qui osaient l'invectiver sur sa conduite rustre, avant de poursuivre son chemin. Il s'extraya de la masse de spectateurs et arriva dans la clairière devant la tour, avant d'y grimper quatre à quatre, le visage dur et fermé.

Mornagest était d'une humeur massacrante. Sa nuit avait été mauvaise, entrecoupée par les cris venant de la chambre à côté où séjournaient une petite troupe de gnomes hédonistes et illusionnistes. De plus, la bière de l'auberge était infâme - il ne s'était pas privé de le signaler au tavernier, à qui il dû ensuite décocher un bon direct dans la figure pour tempérer ses ardeurs. Enfin, un petit malin s'était amusé à lui coller un papier dans le dos, mentionnant la douce maxime : "Ma mère a couché avec un nain", et il ne s'en était aperçu qu'une bonne heure plus tard, lorsqu'il se rendit compte qu'un groupe de gamins le suivait en riant bruyamment. Il en avait d'ailleurs attrapé un, pour lui administrer la fessée la plus mémorable de sa courte existence - achevée brutalement suite à l'hémorragie causée par le coup de lame infligé, par ailleurs.

Bref, il avait envie de passer sa rage sur quelqu'un, et la victime était toute trouvée. Arrivé en haut, il contempla les étendues sauvages qui s'étalaient devant lui, presque à perte de vue. La mer, non loin ; les forêts, vers les terres ; les landes, à ses pieds, encombrées de gens qui lui criaient des choses inaudibles à cause du vent qui soufflait dans la mauvaise direction.

Inspirant à fond, et saisissant un mégaphone magique totalement anachronique mais bien pratique le cas échéant, le guerrier déversa sa bile d'une traite.

"Taliesin ! Je t'ai juré de te poursuivre jusqu'en enfer, et c'est presque chose faite ! Je suis là, je vais venir t'écraser ta face d'elfe mal dégrossi ! Je vais te piétiner les côtes, te retailler les oreilles, t'arracher les cheveux un par un et les recoller à un autre endroit de ton anatomie qui en manque certainement, je vais te pendre avec les cordes de ton luth moisi, je vais te faire écarteler par un quatuor d'étalons en rut, je vais soudoyer un magicien de te changer en naine croisée avec un demi-orque balafré, et enfin, je viens ici pour te faire une demande officielle de mariage !"

Voilà, c'était dit.

[Taliesin]

Lorsque la voix tonitruante retentit, couvrant en partie le vacarme des conversations, Taliesin et Victor levèrent les yeux vers la haute tour sise au milieu de la clairière.
-C'est de toi qu'il parle... souffla le môme.
-Mais non, voyons...
-Ah ouais ? Tu en connais beaucoup, des Taliesin qui jouent du luth ?
-Non. D'autant que moi, je joue de la harpe.
-Allez, arrête, c'est presque pareil !
-Bon, d'accord. C'est de moi qu'il parle.
-Ah ! Je savais bien ! Et il veut se marier avec toi !
-Oui. ça c'est pire que tout ce qu'il m'a promis d'autre. Mais j'enverrai une lettre à Galathée : elle viendra lui refaire le portrait.
-Ouais ! Comme ça elle pourra s'occuper des étalons dont il a parlé. Z'ont l'air d'avoir une maladie... Mais le monsieur voulait aussi te couper les cheveux pour te les coller quelque part. J'ai pas bien compris où...
-Sur le menton. Tu sais bien que les elfes n'ont pas de barbe.
-Ah oui... Bon, mais c'est qui, ce monsieur qui veut t'épouser, au fait ?
-Mornagest, le Chancelier de Mélandis.
-Morganest ? C'est un nom pourri.
-Je ne te le fais pas dire.
-Et il a pas de bougie.
-Pardon ?
-Ben, pour un chandelier, il...
-ChanCelier, Victor. Ce type n'est pas une lumière. C'est pour ça qu'il est chef, à Mélandis.
-Ah, d'accord... Mais faut que tu monte sur la tour quand même ! Pour lui répondre.
-Je le ferai. Pas tout de suite, cependant. La vengeance est un plat qui se mange froid.
-Mais si tu fais rien, tout le monde va se moquer de toi !
-J'ai dit que je ne monterai pas immédiatement sur la tour. Pas que je ne ferai rien... Suis-moi...
Et l'elfe entraîna l'enfant vers la taverne. On allait bien rire.

[Tar Ael Velluthra]

Entouré d’un petit cercle de vide au milieu de la foule, Tar’Aël Velluthra applaudit à tout rompre la prestation du guerrier barbare en kilt qui venait de se produire sur la tour.
« Il est bien, hein ? » lança-t-il à un voisin au hasard. « C’est mon chancelier ! Le mon-mien à moi ! De la même ville ! On est taillés dans le même roc ! Enfin, chair ! Enfin, pas vraiment, parce que lui, c’est un humain, donc c’est un peu… de la sous-race, quoi. Vous comprenez. »
Le nain hocha la tête.
« Tout ça pour dire qu’il parle bien, non ? Bon, j’ai pas tout compris mais… Je crois que c’était une sorte de déclaration d’amour. On est toujours dur avec ceux qu’on aime, c’est comme ça, mais c’est plein de tendresse, vous l’avez entendu, non ? Cette précision dans le verbe, cette emphase dans le geste, ces petites expressions si bien trouvées ! On pourrait penser qu’un barbare de ce genre manquerait de vocabulaire, mais pas du tout. Et si on peut critiquer ses goûts en matière vestimentaire ou sentimentale, un elfe a-t-on idée, franchement, on ne peut pas dire qu’il manque de voix ou de tempérament, ça non ! Je peux sûrement vous avoir un autographe, ou une empreinte digitale si vous êtes intéressé ! Non ? On tuerait vous savez, pour une empreinte digitale de mon Chancelier adoré de ma ville à moi. Une empreinte de sang. Du meilleur goût, vraiment, délicieux. Au-dessus de l’âtre, avec les orteils plongés dans une pelisse de loup des glaces. Merveilleux. »
Le nain se gratta la tête.
« J’comprends rien. Vous vendez quelque chose ? »
« Pas vraiment, non. Pas encore. »
Alors son interlocuteur haussa les épaules, et s’en fut. Le fey'ri resta silencieux quelques instants, balaya la foule du regard, se trouva une victime et reprit.
" Il était bien, hein ? C'était mon chancelier à moi ! Le mien ! A moi !"

[Tar Ael Velluthra]

Le fey’ri retrouvait peu à peu ses sensations après l’épouvantable épisode du vortex criard et dédaléen qu’il venait de subir dans la tente des cartes merveilleuses. Il bouillait cependant de colère, une colère qu’il lui fallait extérioriser sous peine de se sublimer dans des conditions atroces (au sens physique du terme, pas métaphyisico-gnangnan). Bref, son besoin de catharsis était tel qu’il déboucha devant la tour des défis, laquelle se remettait à peine de la déclaration d’amour tonitruante qu’elle venait de subir, et l’escalada sans attendre. Une fois perché sur son promontoire, il leva un poing rageur vers le ciel, et lui tint à peu près ce langage :

Elle a une face de rat,
Mon amie Tymora,
Elle est bête et pas sympa,
Mon amie Tymora.

Elle a beau être une déesse,
Elle est complètement bouchée,
Les oreilles pleines de graisse,
Faut toujours tout répéter.

Quand je dis Boule de Feu,
Ça veut dire Boule de Feu !
Pas écureuil, t’es sourde ou quoi ?
Pas mains brûlantes, ou je ne sais pas…
Jolies couleurs, changement de sexe, cristallisation, transformation, transmutation, illusion, nécromantion, tu vois ?
C’est quand même pas du chinois.

Elle a vraiment rien pour elle,
Mon amie Tymora,
Elle sait pas faire la vaisselle,
Ni changer les draps.

Tu as beau être une déesse,
On se demande bien pourquoi,
Tu ramènes jamais tes fesses,
Quand on a b’soin d’toi.

Quand je dis Orbe Chromatique,
Ça veut dire Orbe Chromatique !
Pas éclair ou flèche acide, t’as saisi ?
Et j’veux pas d’pièces d’or en plus, compris ?
Pluie de pétales de roses à la noix, vache volante de l’hyperespace miniature, invisibilité mais que dans le noir, débile !
C’est quand même pas difficile.

Je pondère ma tirade,
Sur mon amie Tymora,
Je m’dis qu’p’t’être que la coupable,
C’est plutôt Mystra.

MYSTRA, FACE DE RAT !

A ce moment précis, une tomate atteignit le fey’ri en plein visage et déséquilibré par la violence du choc, il tomba en arrière. Il faut dire que la tomate en question était encore verte et l’entropiste pas tout à fait remis de ses émotions.
Quant à ceux qui se poseraient des questions sur la qualité médiocre de son intervention, je ne peux leur dire que ceci : on peut être beau, intelligent, et un artiste lamentable. Ainsi parlait Tar’Aël Velluthra.